Oktyabrin nait dans une famille nombreuse, il est le sixième enfant de la fratrie et même si sa famille n’est pas dans le besoin, son éducation est plus ou moins négligée par ses parents au profit des aînés qui seront sans doute plus utiles que ce gamin frêle et maladif. Car en effet, l’enfant est prématuré, il ne vient au monde qu’après six mois de grossesse et manque d’y laisser la peau. La seule personne lui accordant un peu d’attention n’est autre que le précepteur de la famille Fyodorovitch, voyant un potentiel d’intelligence conséquent chez l’enfant qui a appris à lire quasiment en autodidacte.

Le jeune Oktyabrin se passionne vite pour l’Histoire avec un grand H, plus particulièrement sur celle de Strana, il idéalise la révolution et le communisme, plus par lui-même que part influence externe. Son précepteur l’encourage cependant dans cette voie et en constatant qu’en grandissant, le jeune garçon perds son côté chétif pour vadrouiller dans la nature, été comme hiver, malgré les dangers du froids, l’idée lui vient de faire de ce petit un futur soldat au service de la nation. Il vise haut, le précepteur, il ne veut pas qu’Oktyabrin ne soit qu’un simple croupion qui épluche des pommes de terre pendant que les autres défendent le pays. Il veut en faire un leadeur, un chef à l’effigie du célèbre Fyodor Pavlenko qui « règne » sur la région Orientale d’une main d’acier.

C’est donc un mélange de cours d’exercices physiques et de politiques ainsi que d’éloquence que reçoit Oktyabrin, dès l’âge de huit ans. Un âge où il n’a pas vraiment la capacité de comprendre les tenants et aboutissants d’un entrainement dont il ne voit pas l’intérêt. Tout ce qu’il constate, c’est que ses cheveux longs sont coupés à la militaire et qu’on refait sa garde-robe d’enfant pour en faire celle d’un mini-adulte. Il n’a plus le temps de jouer avec ses soldats de plomb ou avec les jeunes du quartier. En bref, Oktyabrin est forcé de devenir adulte trop tôt dans sa vie.

Son père l’invite bien vite à participer à des réunions et des réceptions entre hauts-placés militaires. C’est là qu’il fait la rencontre de l’homme qui deviendra son second mentor, son ancien nom n’a aucune importance, on le connait à présent sous le titre de Monsieur Tolstoï et il fait trembler la région entière. Oktyabrin et Tolstoï ne sont clairement pas sur la même longueur d’onde, ce dernier n’a pas d’idéal et n’accorde aucune importance au communisme. Il est cependant assez charismatique pour qu’Oktyabrin l’écoute et apprenne de lui : il apprends les tenants et aboutissants politiques et les façons de survivre aux diverses trahisons et autre coups de poignards dans le dos.

Bien que Monsieur Tolstoï voit d’avantage en Oktyabrin un politicien, le jeune homme insiste tout de même pour rester dans l’armée après son service militaire. Il veut se rendre utile, rendre service à son pays, faire bouger les choses et anéantir la terrible Unys qui menace sans cesse Strana et la nargue de par sa puissance. Il ne sait pas vraiment si c’est de par ses connaissances, son charisme ou ses compétences qu’il se retrouve embarqué dans les forces d’espionnage sous les ordres direct de Monsieur Tolstoï. Son mentor est ravi pour lui, il prend plaisir à lui apprendre les bases du métier.

Un métier qu’Oktyabrin juge bien vite comme sournois et cruel. Voir le dessous des cartes Stranaïtes le dégoute profondément, il se rends compte que le communisme n’a plus d’importance dans cette société corrompue – en a-t-il vraiment eu un jour ? Si ce n’était pas pour ne pas décevoir Monsieur Tolstoï, il aurait rapidement abandonné ce foutu métier pour devenir autre chose… Peut-être un politicien qui changerait les choses ? Oui, malgré son expérience, Oktyabrin garde une grande part de naïveté et d’idéalisme. Tolstoï le constate avec une pointe de déception, son apprenti ne semble pas décidé à lâcher sa foi candide en l’humanité.

Autre désillusion pour le jeune homme, il se rends compte de son homosexualité dans la même période, ayant une brève aventure avec un collègue. Mais quand ce dernier menace de le trahir et de révéler l’affaire au grand jour, Oktyabrin n’hésite pas une seconde à l’éliminer, mettant en scène sa vendetta comme l’élimination d’un traitre au service d’Unys. Si le jeune homme a bien apprit une chose de son mentor, c’est que les sentiments n’ont pas leur place dans les jeux de pouvoir de l’armée Stranaïte. Sa foi en l’humanité s’amenuise au fur et à mesure qu’il en apprends un peu plus sur les meneurs de Strana. Et…

… Et quelque part, lorsqu’il fête sa trentaine et que le régime soi-disant communiste s’effondre, il le prends avec un certain soulagement. Contrairement à beaucoup de ses collègues, il ploie le genou devant la Tsarine et lui promets loyauté et obéissance. Il est ainsi épargné mais quitte tout de même les services secrets pour s’engager en politique, son charisme lui permets en effet de rassembler ce qu’il reste du parti communiste, du moins ceux qui n’ont pas exprimé clairement leur opposition. Ironiquement, sa démarche est plus sincère que celles des différents groupuscules radicaux qui sèment le chaos sur leur passage.

L’idéalisme reprends peu à peu sa place dans sa vie, malgré le fait qu’il ait gardé contact avec son mentor à présent chef de la team Stal. Il travaille parfois pour lui et l’aide à étendre son territoire, espérant que le chaos ainsi créer déstabilise le pouvoir en place. Mais le plus difficile pour lui n’est pas ce manque d’éthique stratégique, le plus difficile est de réprimer ses désirs et ses sentiments. Il tombe amoureux plusieurs fois, se force à tourner la page par peur de reproduire les erreurs du passé. Sa seule action maladroite sera d’offrir anonymement un Verpom au champion de Sankt-Duraluburg pour qui il voue une certaine affection.

Malgré sa soumission apparente, Oktyabrin voue une haine farouche envers la Tsarine et s’est promit de l’éliminer dès que l’opportunité se présentera. En attendant, il joue le rôle d’un politicien indécis, socialiste plutôt que communiste, un peu idiot, qui ne doit son succès qu’à son charisme. Il joue le Nirondelle à l’aile brisée pour se jouer du Roublenard Tsariste et cela semble marcher. Genya 1ière le considère comme une marionnette qu’elle peut manipuler à sa guise, un os à jeter aux Ponchien gauchistes pour leur faire croire qu’ils ont une place dans le gouvernement. La Tsarine a toujours été moins futée qu’elle ne le pensait et Oktyabrin use de cela à son avantage.

Sachant que sa position est délicate, c’est le plus indirectement possible qu’il aide la team Stal et c’est avec une volonté d’acier qu’il réprime son homosexualité. Jusqu’à ce que le communisme fasse son grand retour, plus beau et plus juste que l’ancien, il doit tenir son rôle et être irréprochable. Il occupe ainsi depuis peu la place de Ministre de l’Intérieur, ce qui semble satisfaire « la populace de gauchiasses » comme la qualifie la Tsarine avec mépris. Oh, bien sûr, il a pieds et poings liés mais cela ne l’empêche pas d’être un grain de sable dans le mécanisme du gouvernement.

Paradoxalement, il entretient une amitié très forte avec la Première Ministre du gouvernement, Mélisandre Arseniev. Tous deux ne se le sont jamais avoué par peur d’être trahi mais Oktyabrin et Mélisandre savent l’un comme l’autre qu’ils sont homosexuels. Il n’est pas rare de les voir discuter ensemble de ragots sur la Tsarine, étant d’accords pour dire que cette femme arrogante n’a rien à faire sur le trône de Strana. Le lien entre les deux amis est assez fort pour qu’Oktyabrin ait informé Mélisandre de l’appartenance de son fils à la team Stal et ait promit de garder le secret sur l’affaire.

Qui sait, peut-être qu’un jour, Ponchien et Chaglam s’allieront contre le pouvoir en place, promettant à Strana un avenir des plus incertains qu’Oktyabrin se force à voir comme meilleur.