Les jours ont passés depuis l’incident mais Oktyabrin reste toujours sur ses gardes. Il a beau avoir acheté le silence de tout son petit monde, la paranoïa règne dans son esprit au point qu’il s’est même partiellement confié à ses amis Arsieniev et Belinsky. Les deux ont tirés une drôle de tête lorsqu’il leur a fait jurer de s’occuper de Dekabrina si il lui arrivait malheur. Il n’a pas voulu répondre à leurs inquiétudes, inutile de les mettre en danger eux aussi.

Tout se passait plus ou moins comme d’habitude jusqu’à cette après-midi fatidique. Il aurait dû se rendre compte de la supercherie bien avant. Voir Dekabrina emmenée de force par ces inconnus l’avait attiré dans un piège stupide, la jeune fille avait plus d’un tour dans son sac, elle ne se serait pas laissé faire si aisément. C’était un stupide Zorua qui avait revêtu l’apparence de sa fille et maintenant, il se retrouvait encerclé par quatre individus qui n’avaient en rien l’air bienveillant. Oktyabrin avait libéré Bogatyr et Domovoï pour se battre avec l’une et laisser la possibilité à l’autre de sortir de cette ruelle déserte pour chercher de l’aide.

Les coups avaient rapidement commencé à pleuvoir et cela aurait été trop beau d’imaginer que Bogatyr n’aurait pas d’ennemi à sa taille. Un Laggron féroce se battait avec elle et ne lui laissait aucun répit. Son maître n’était pas en meilleure posture, il passait plus de temps à esquiver qu’autre chose et cela ne pouvait pas durer éternellement. D’ailleurs, cela ne dura pas éternellement, en effet. La lame d’un des assassins se ficha dans son ventre et son visage se déforma dans un cri de douleur muet. Reculant de quelques pas et tremblants comme une feuille, le brun regardait ses quatres agresseurs d’un air plein de haine et… De dépit.

Il allait mourir ici. Et dire qu’il n’avait même pas souhaité bonne journée à Dekabrina ce matin avant de partir au travail. Il la laisserait toute seule après lui avoir tant demandé, c’était injuste pour elle. Cette pensée lui donna assez d’énergie pour une charge du désespoir, sortant sa propre lame pour abattre deux de ses ennemis avant de se prendre un nouveau coup de couteau dans la cuisse et un autre dans l’épaule, le faisant définitivement chuter à terre dans un gémissement de douleur. Aux bruits qui se faisaient entendre, Bogatyr avait vaincu son ennemi mais ne semblait pas en état de venir en aide à son maître. Seul le cri désespéré du Dracaufeu lui parvenait…

Sa respiration était sifflante et sa conscience vacillait. Si il n’était pas aussi rouillé, il aurait sans doute pu se débarrasser de ces quatre amateurs sans soucis mais il n’était plus le soldat des services secrets qu’il avait été par le passé. Il allait mourir là, dans cette ruelle discrète et son nom ferait la une des journaux. Résigné, il ferma les yeux et attendit le coup de grâce.

C’était sans espoirs.

Enfin, c’est ce qu’il pensait car de son coté, Domovoï avait fait la rencontre d’une petite Polichombr bien curieuse et prête à aider en cas de besoin. Comme si les Sankta eux-même voulaient veiller sur la survie d’Oktyabrin…

Oktyabrin n’était pas vraiment en état de se rendre compte de la situation, tout ce qu’il constatait c’est que le coup de grâce ne venait pas. De son coté, Bogatyr n’avait pas eu besoin qu’on lui dise deux fois pour venir en aide à son maître et le prendre dans ses bras avec douceur et attention, en revanche, il lui avait fallu un peu plus de temps pour faire confiance à l’inconnu. Mais n’ayant pas d’alternative moins dangereuse, elle se résigna à suivre cet homme qu’elle ne connaissait pas tandis que Domovoï avait grimpé sur son épaule pour vérifier l’état de son dresseur et pousser un piaillement affolé.

Pendant un long moment, le Ministre resta dans un état vaseux, confus, ignorant si il était mort ou vif. Mais quand la douleur revint lui frapper le ventre, l’épaule et la cuisse, il sut que la faucheuse n’était pas encore venue se servir. Ouvrant les yeux avec difficulté, voyant un peu flou, il avait observé l’environnement dans lequel il se trouvait. Un inconnu s’affairait à panser ses blessures d’une façon un peu sommaire, sans doute en attendant qu’un professionnel se charge de l’affaire.

Il lui fallut un temps infini pour reconnaitre ce visage familier.

« Olsen… ? »

Juste un murmure. Il avait croisé l’écrivain quelques fois lors de grandes occasions, de remises de prix littéraires et autres mais aussi à Golurkvaya en compagnie de Volkov. L’homme était une tête connue du grand publique alors qu’est-ce qu’il fichait là, à le soigner ? Oktyabrin avait tant de questions au bout des lèvres et si peu d’énergie pour les poser qu’il laissa juste s’échapper un long soupir douloureux.

« Que s’est-il passé ? » Articula-t-il avec difficulté. « Pourquoi vous… ? »

Un instant, il croisa le regard de l’auteur et tout lui devint soudain plus clair et plus cohérent. Ces yeux couleur topaze, il les avait déjà vu. Cela lui parut si simple et à la fois si saugrenu qu’il en vint à laisser échapper un petit rire bien douloureux. Après une courte période de silence, il finit par souffler, sourire aux lèvres.

« Merci… »

Rien de plus sincère, grâce à Olsen, il allait pouvoir tenir sa promesse à Dekabrina, celle de toujours veiller sur elle. Même si à l’heure actuelle, c’était plus lui qui avait besoin de quelqu’un pour veiller sur lui…

Le Ministre essaye de se concentrer, d’écouter Olsen parler, une tâche colossale qu’il réussit au prix de nombreux efforts. Et lorsque ce denier termine sa phrase, le brun se laisse aller à la détente, son esprit parcourant un bref instant la frontière entre la conscience et l’inconscience avant de revenir lentement. Il lui faut du temps pour répondre, il espère qu’Olsen ne sera pas trop énervé de devoir attendre ses réponses ou même devoir répéter si nécessaire. Mais pour cette fois, il pense avoir compris du premier coup.

Penser clair lui demande des efforts mais il finit par souffler quelques phrases dans un raisonnement qu’il estime logique.

« Mettons que… Que le médecin que j’ai mandé pour mes blessures lors de notre confrontation… Mettons qu’il soit des leurs… L’appâter ici serait une idée intéressante. Des soins et des révélations intéressantes, voilà… Ce qu’il pourrait nous procurer… »

Il imagine sans mal Olsen être capable de malmener suffisamment le médecin en question pour lui arracher quelques informations intéressantes. Ou pour l’obliger à lui procurer les soins dont il a besoin. Il espère ne pas trop surestimer le fameux tueur en série dont parle les journaux. Enfin, son esprit vogue déjà ailleurs, sur d’autres pensées…

« Ce n’est pas la Tsarine. Elle… Elle aurait envoyé ses… Ses « filles ». A moins que… Non, elle n’aurait pas besoin de se cacher… Elle ne s’est jamais caché… Nous faisons fausse route… »

Il reprends son souffle, faire de longues phrases lui coute beaucoup et peut-être qu’Olsen lui demandera de se taire. Mais il ne pouvait s’empêcher de réfléchir à voix haute sur le sujet. Ces hommes… Quelque chose lui souffle qu’ils ne travaillaient pas pour la Tsarine, du moins pas comme il l’avait imaginé jusque-là…

C’est ironique, maintenant qu’il y pense. Ses paroles sont soufflées sans même qu’il s’en rende compte, trop fatigué pour garder sa langue dans sa poche.

« Idolâtrée malgré elle… »

Il finit par indiquer l’une de ses poches à Olsen, dans son état, impossible de la fouiller pour en sortir son téléphone. Il se concentre pour donner quelques instructions nécessaires.

« Troisième contact dans les F, iel n’est pas très commode mais… L’argent l’appâte facilement. Un membre de la team Stal… Si ils ont même infiltré la team alors… Nous sommes foutus… »

Tel qu’il connaissait Nana Fujiwara, iel serait furieux.se de se faire réveiller à une heure pareille pour un con qui s’était laissé guidé dans une ruelle sombre pour presque s’y faire assassiner. Il aurait bien aimé se passer de ses commentaires acides, mais il préférait largement vivre. Puis voir Olsen lea malmener pour avoir quelques réponses aurait quelque chose d’amusant, sans doute…

Oktyabrin avait plus ou moins conscience que ses propos ne devaient faire aucun sens pour l’écrivain et vu sa tête… Oui, ce n’était pas vraiment gagné. Il soupira et ferma les yeux, méditant sur le tourbillon de questions qui s’emmêlaient dans son esprit sans concentration réelle pour trouver un semblant de réponse. Se concentrer sur le moment présent était peut-être la seule chose qu’il pouvait faire pour calmer son esprit en ébullition et pourtant, il ne parvint pas à suivre la courte conversation téléphonique entre Olsen et Fujiwara.

Il ignora combien de temps s’écoula avant que la porte ne soit tambourinée, il reconnaissait bien là l’agacement de lea docteur.e et cela lui arracha un faible souffrir ainsi qu’un soufflement de nez. Ses yeux restèrent mi-clos, fixés sur la silhouette qui s’approchait de lui, ses longs cheveux bruns touchant presque le sol et son air nonchalant. Pas de doute, c’était bien ellui.

« Okty, je jure devant Arceus lui-même que je vais te-… »

Pas le temps de finir sa phrase que le regard ambre du Ministre se fixa sur ellui et que ses lèvres se mouvèrent pour souffler une simple question, avec difficulté mais avec une froideur digne de l’ancien militaire qu’il était.

« M’avez-vous trahi, Fujiwara ? »

Un long silence s’en suivit, puis une vive discussion entre Olsen et Fujiwara, il entendit frapper sur la table. Ça devait être lea médecin, lassé.e de ces conneries qui perdait clairement patience avant qu’un petit piaillement se fasse entendre. Domovoï semblait d’avis que toutes ces questions pouvaient attendre et qu’il fallait mieux requinquer le Ministre en urgence. Ce qui fit rire Oktyabrin malgré la douleur.

« Peu importe, après tout. Faites votre travail, ce sera déjà bien. »

Autant dire que vu comment iel était offusqué.e, Nana ne prit aucune douceur dans ses actes et cela s’avéra plutôt douloureux. Heureusement pour l’amour propre du Ministre, il avait vu pire et cela ne lui arracha même pas une grimace. Après un court silence, lea jeune personne finit par soupirer et par déclarer d’un air des plus blasés.

« Voilà, c’est tout ce que je peux faire. Ça vaut pas l’hosto mais il survivra. Par contre, avec toutes vos emmerdes, va falloir prévoir un plan Okty. » Après un bref silence, lea brun.ne ajouta d’un air hésitant. « T’es sûr que tu veux pas prévenir Tol-… »

« Ferme ta putain de gueule, Fujiwara » Grogna Oktyabrin, crispé par la colère qui traversait son être sans pourtant avoir l’énergie de l’exprimer clairement.

Gros soupir de la part du médic...

« Bah va falloir trouver une idée quand même parce que là… » Iel se retourna vers Olsen en le regardant d’un air critique. « Et vous… ? Z’avez une idée, ptêt ? »

Oktyabrin grogne légèrement en entendant les paroles d’Olsen parce qu’il sait qu’il a raison et que cela va permettre à Fujiwara de reprendre le sujet qui fâche. Et au fond… Il n’a pas tort, Tolstoï est tout à fait apte à l’aider pour diverses raisons… Dont une étrange culpabilité qu’il semble avoir développé envers lui.

« Bon… » Soupire le Ministre après un lourd soupire. « J’imagine que nous n’avons pas d’autre choix que de le contacter. Je te prierais de préciser qu’il s’agit là de ton idée et non de la mienne, Fujiwara. »

Le médecin soupire et s’excuse auprès de l’écrivain, lui demandant si il peut emprunter une pièce de libre pour téléphoner rapidement. Oktyabrin n’est pas à l’aise d’avoir parler de son cher et tendre Tolstoï en face d’un quasi-inconnu mais bon, il n’a plus vraiment le choix à présent et des décisions drastiques doivent être prises. Il prends une grande inspiration et entrouvre les yeux pour observer Olsen d’un air interrogateur avant de lui demander d’une voix faible.

« Qu’attendez-vous de moi, exactement ? »

Parce que ça l’étonnerait fort de recevoir de l’aide gratuitement. Peut-être que l’écrivain veut s’assurer une immunité judiciaire ou quelque chose du genre. Oktyabrin n’est que trop habitué à ce genre de stratagème, Olsen aura au moins la décence de ne pas jouer les amoureux pour obtenir de telles faveurs, il peut au moins lui accorder ça.

Quand Fujiwara revient, iel a l’air plus détendu déjà. Oktyabrin l’interroge du regard et lea médecin lui adresse un sourire narquois.

« Ton appel au secours a été entendu, ils vont te foutre sous surveillance et te confier un pokémon dressé pour tuer. »

Encore un soupir de la part d’Oktyabrin.

« Merveilleux… » Grommelle-t-il, sachant néanmoins que tout ceci est nécessaire.

Finalement, Fujiwara finit par tourner la tête et pointer Olsen du doigt.

« Et lui, c’est qui au juste ? Un pote, ton nouveau mec ou ton gentil voisin qui fait de bons poffins ? »

Oktyabrin ne réponds que par un autre soupir, il laisse tout le loisir à Olsen de se présenter si il le désir, pour sa part, il préfère rester silencieux et continuer à réfléchir sur cette situation des plus délicates…

Fujiwara resta un long moment silencieux.se avant de grimacer et de venir s’asseoir sur le premier truc à sa portée – la table basse en l’occurrence mais vu son poids plume, elle ne bascula pas. Oktyabrin pouvait sentir que toute cette histoire de secte turlupinait lea médecin et il finit par lâcher d’une voix complètement blasée – voir résignée à ce stade.

« Inutile de s’en faire pour moi, je sais de quoi est capable l’élite de notre société… Crever est la chose la plus douce qui peut m’arriver, je pense. »

Il resta un long moment silencieux pendant que Fujiwara le regardait d’un air un peu énervé – iel vient de le sauver et ça parle direct de crever, sympa le respect du travail du medic, hein. Puis iel se tourna vers Olsen en pointant cette fois Oktyabrin du doigt.

« Vous pourrez le frapper pour moi quand il ira mieux ? Non mais parce que c’est pas la première fois qu’il me fait le coup du discours de dépressif suicidaire et ça commence à me saouler. »

Les paroles de lea médecin arrachèrent un ricanement bien douloureux à Oktyabrin, estimant que c’était tout de même mérité si Olsen suivait les indications du doc. Puis après un bon moment, il soupira, quittant son air amusé pour demander franchement.

« Il viendra en personne ? »

Fujiwara grimaça et sa grimace voulait tout dire, pas besoin de réponse pour que le ministre foute un coup de poing dans le mur le plus proche en lâchant un « putain… » plein d’amertume. Forcement, il fallait qu’Ilya ramène sa sale gueule pour jouer les héros après avoir lui-même foutu le bordel ? Quel adorable enculé.

« Il est au courant, pour ce petit… Problème de secte ? »

« Tu déconnes ?! Il-… » Fujiwara s’arrêta et lança un regard intimidé vers Olsen. « J’suis pas sûr de pouvoir faire confiance à ce type, en toute amitié… »

Oktyabrin secoua la main d’un air nonchalant.

« Bah, au point où on en est. »

Fujiware souffla doucement, sembla peser le pour et le contre avant de passer nerveusement une main dans sa chevelure et de commencer son résumé de la situation – catastrophique – de la lutte de la team Stal contre le trafic humain venu des îles orientales – Kury et Khaline. Aussi précisa-t-iel pour le fameux marquage au fer rouge de l’Artikodin impérial que portait chaque victime découverte. Oktyabrin resta silencieux avant de souffler, pensif.

« Etrange, si c’était elle… Elle aurait envoyé « ses filles » sans l’once d’une hésitation, cette garce aurait voulu que je sache que c’était elle avant de crever. » Tournant mollement la tête vers Fujiwara, il demanda le plus naturellement du monde. « Un lien avec Nebulak, peut-être ? »

« J’en sais foutrement rien… » Répondu lea docteur en haussant les épaules, visiblement pas à l’aise de discuter de ça en face d’Olsen. « T-… Enfin, « Il » fait tout pour pister les responsables. Ça vient d’en haut, pour sûr, mais de là à dire que c’est quelque chose d’officiel… »

Après un nouveau silence embarrassé de la part du doc, Oktyabrin finit par poser la question qui le tracassait intérieurement depuis les interrogations d’Olsen.

« Penses-tu qu’ils aient pu infiltrer la team ? »

Le faible « eew » de Fujiwara suffit à Oktyabrin pour imaginer la grimace qu’iel tirer à cette idée mais iel finit par donner son verdict à contrecœur.

« Possible. Seul les membres de la team savaient pour ton altercation… Eux et la gamine, la, la bru-… »

« Ce n’est pas elle. » L’interrompit Oktyabrin, agacé.

« Mouais… »

Fujiwara se tourna vers Olsen et finit par accepter l’idée de coopérer avec ce type à contrecœur. Iel fut d’ailleurs clair et net sur cela.

« Ecoutez, j’vous aime pas, j’ai pas un bon feeling avec vous. Mais Okty c’est mon pote alors je vais vous aider comme je peux. J’vais vous faire une liste de tous ceux que j’ai contacté directement après l’incident… Et une fois vos p’tites choses de faites, cramez cette liste. Cette histoire pue la merde, vraiment. »

Lea médecin parti donc chercher du papier et un stylo sans la moindre gène et commença à écrire une liste. De son coté, Oktyabrin observait sans rien dire Olsen avant de lui murmurer d’un air… Heureux ? Peut-être, ou soulagé… Un peu des deux, sans doute.

« Je vous suis reconnaissant de ne rien demander en échange de votre aide. Soyez assuré qu’à votre place, certains en aurait largement profité. Pardonnez ma méprise, je suis plus habitué aux profiteurs qu’aux bénévoles, malheureusement. »  

Le but d’Olsen était bien noble, ce qui arracha à Oktyabrin un sourire triste et un soupir tremblant. Après avoir prit une grande inspiration, il reprit la parole. C’était difficile, pas tant pour la douleur mais pour l’émotion que cela suscitait.

« Vous agissez pour vos idéaux, rien de plus noble. Alors qu’en comparaison, j’agis – même indirectement – pour ce système pourri. Je pensais pouvoir changer les choses de l’intérieur, vraiment. Mais j’ai l’impression que c’est moi qui suis en train de changer. »

Voilà que les larmes apparaissaient au coin de ses yeux. La fatigue, sans doute, Olsen avait raison, il fallait mieux qu’il se repose. Il souffla doucement pour évacuer ce trop-plein de chagrin et essuya doucement ses yeux d’un revers de manche.

« Pardonnez-moi, je ne sais plus ce que je dis… »

Fujiwara revint bien vite, fourrant la liste dans les mains d’Olsen, un peu brusquement avant de venir voir Oktyabrin une dernière fois pour vérifier son état. Après un moment de silence à ausculter son patient, iel finit par souffler et par se relever pour s’étirer.

« Bon, l’hémorragie est maitrisée mais tu va devoir passer une petite vingtaine de jours à y aller mollo, j’sais qu’t’es ministre et tout mais là, il va falloir te chercher une doublure et faire travailler tes larbins parce que tu va pas tenir si tu t’y remets tout de suite. »

L’idée de rester là sans rien faire ne plaisait pas à Oktyabrin mais il se contenta de hocher la tête. Il n’avait pas le choix dans cette histoire et mieux valait qu’il reparte avec toutes ses forces, qui sait ce que cette bande de fanatiques religieux préparait. Il entendit vaguement lea médecin discuter traitement et changement de bandages avec Olsen – il se demanda un instant si iel s’adressait à la bonne personne pour ça – puis il se détendit et ferma les yeux, s’assoupissant peu à peu.

Le bruit de la porte d’entrée claquant, indiquant le départ du médecin, le ramena à un état semi-conscient pendant quelques temps où il souffla quelques paroles à Olsen.

« Si Dekabrina m’appelle… Soyez gentil, dites-lui que le vent du printemps continue de souffler… Elle comprendra. »

Dernières paroles avant de sombrer dans un sommeil profond. Il aurait besoin de repos pour faire face à Ilya mais surtout pour faire face à ce cauchemars dans lequel on l’avait fourré sans qu’il sache pourquoi. Mais bon…

…Du moment qu’ils ne s’en prenaient pas à Dekabrina, tout irait bien.