La visite impromptue d’Ilya avait été plus qu’éprouvante, enfin, tout aujourd’hui était plus qu’éprouvant. De la pression mise par la Tsarine pour que le Ministre de l’Intérieur soit sans pitié jusqu’au simple SMS qu’il venait de recevoir. Ce dernier, il l’avait lu et relu une bonne quinzaine de fois pour que l’information s’imprime bien dans son crâne. Mishka était en couple avec une personne qu’il aimait, Mishka était heureux sans lui, c’était… Plutôt une bonne nouvelle, non ?

La frustration était bien présente malgré tout, l’amertume aussi. C’est peut-être sur le coup de l’émotion ou sur le coup de la fatigue qu’il envoya un simple message en guise de réponse.

Je suis heureux pour toi. J’imagine que nos chemins se séparent ici à présent, Adieu.

Soupirant, il avait manqué de jeter son portable à travers la pièce mais s’était contenté de s’affaler dans sa chaise de bureau et de regarder le plafond un bon moment. Ce n’était pas la première mésaventure de la journée et ce ne serait sans doute pas la dernière puisqu’un Garde Impérial fit irruption dans son bureau, l’air particulièrement embarrassé. Oktyabrin le toisa d’un regard remplit d’interrogation et avant même que son sentiment se transforme en question, l’homme prit la parole.

« Monsieur, votre fille, elle… »

Inutile de continuer la suite de la phrase, le ministre savait pertinemment ce qu’il avait dû se passer. Se levant d’un mouvement fatigué, il leva un regard blasé vers le Garde et lui demanda simplement.

« Où est-elle ? »

La réponse lui fut donnée bien vite et il soupira, ne sachant si il s’agissait d’exaspération ou de fierté « paternelle ». Un dernier coup d’œil à son téléphone, trainant sur la table. C’était peut-être mieux ainsi après tout, il avait fait ce qu’il avait pu. Maintenant Dekabrina avait besoin de lui, il devait se concentrer sur elle et sur son avenir, c’était sa fille après tout.

Il allait suivre le Garde quand un autre homme arriva en trombe, le visage crispé par… Sans doute trop de stress. Rien d’étonnant au vu des évènements actuels. Une Marche de la Fierté auquel Oktyabrin ne se serait pas rendu, même si cela n’aurait eu aucune conséquence. Et forcement, les nouvelles que le nouveau-venu avait à apporter n’étaient pas bonnes.

« Monsieur le Ministre, un groupe extrémiste s’est joint au cortège, il y a des émeutes sur la Place Bleue, que devons-nous faire ? »

La question était implicite mais on lui demandait clairement à quel camp donner sa faveur. Il soupira, ricanant nerveusement au passage avant de toiser une nouvelle fois le porteur de mauvaise nouvelle et de hausser les épaules d’un air flegmatique.

« Et bien, tapons du fachiste pour une fois. La Marche a été autorisée par la Tsarine elle-même après tout, tout mouvement à son encontre relève de la rébellion. » Se retournant vers le garde impérial, il lui fit signe de poursuivre. « Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, j’ai des affaires bien plus importantes à traiter à présent. »

Dekabrina avait besoin de lui et pour l’instant, c’est tout ce qui comptait.