Pour parfaire ce voyage scolaire déjà rocambolesque, les professeurs avaient organisé un détour par l’île Kury qui contenait aussi des trésors archéologiques. Louison était réellement fasciné mais cela le peinait vraiment de voir que Vania ne suivait rien à côté, ce n’était vraiment pas du tout son dada. Alors il restait avec lui et lui réexpliquait le plus simplement possible l’exposé du guide touristique pour qu’il ait quand même la moyenne à la prochaine dissertation.

Ils passaient à présent dans un petit village d’anciens nomades tout droit venus de la toundra Bolshoï. Cela faisait un peu de peine à voir, on aurait plus dit des bidonvilles et les professeurs avaient beau louer la générosité de la Tsarine, cette île ressemblait plus à une poubelle de table qu’autre chose. Enfin, ce n’était pas le moment d’y penser, pause sandwich, il était grand temps car le borgne sentait sa tête tourner un peu sous l’effet de la faim.

Comme à son habitude, il alla avec Vania, un peu à l’écart du reste de la classe, posant sa main sur celle de son ami et lui esquissant un sourire. Les plaines magnifiques de l’ile Kury s’étendaient devant eux en guise de panorama, ils ne pouvaient pas avoir choisi de meilleur endroit. Le jeune garçon libéra son Zorua pour qu’il puisse gambader avec le Mimiqui de Vania avant de souffler avec un peu d’humour.

« J’espère qu’aucun Riolu ne viendra interrompre notre repas, cette fois ! »

Louison manqua de crier de surprise en voyant son ami se faire expulser de la sorte par un éclair sombre. Il lui fallu un peu de temps pour réagir mais dés qu’il reprit pleinement ses esprits, ce fut pour courir auprès de Vania et s’assurer qu’il aille bien. Le pauvre s’était méchamment érafler le genou, il faudrait aller voir les profs pour désinfecter et panser ça.

Un regard furieux vers le Moumouton qui se prit une floppée d’injures dans l’indifférence la plus totale puisqu’il mastiquait avec joie le sandwich végétarien du borgne. Après un moment à soutenir un Vania claudiquant jusqu’aux professeurs pour qu’il reçoive quelques soins – il avait beau jouer les durs, Louison voyait bien les larmes au creux de ses yeux, le borgne se décida à aller chercher leurs affaires à tous les deux. Tant pis pour la pause sandwich. De toute façon, plus de sandwich, ce gros con de Moumouton avait tout mangé.

Il soupira lourdement en ramassant le cartable de Vania quand il sentit un coup dans les côtes. Se retournant en arrière, il vit Anton, l’un des plus stupides et virulents de ses camarades de classe, le regarder de haut en ricanant.

« Alors, Arseniev, qu’est-ce que ça fait de savoir que ton petit copain chiale comme une meuf quand un pauvre Moumouton de merde le bouscule un peu ? »

Louison allait lui répliquer quelque chose de cinglant – il ne savait pas encore quoi, mais cinglant quand même – quand le Moumouton mentionné vint le charger… Directement dans les roubignoles. Et c’est dans un cri de fillette qu’Anton s’effondra pour se recroqueviller par terre, sans doute stérile à présent. Louison resta silencieux et observa le Moumouton qui semblait fier de lui. Il esquissa alors un sourire.

« Tu m’excusera, Anton, mais j’ai autre chose à faire que de te voir te rouler par terre comme une fillette qui a trébuché sur sa corde à sauter. Réfléchit-y à deux fois avant de traiter les autres de chochottes. »

Il n’avait jamais été aussi heureux de ne pas posséder un service trois pièces. En attendant, il fit mine au Moumouton de le suivre. Ce que la brave bête fit sans se faire prier.

Un sandwich, c’était pas cher payé pour la castration de bullies un peu trop chiants, non ?