The Tsarevna Who Never Was
Solo Flashback
Elle venait de fêter ses quatorze ans à présent, son corps changeait avec la puberté et Madame Katerina avait beau trouvé que c’était un miracle, le cycle menstruel d’Anastasia la tourmentait au plus haut point. Son corps répondait plutôt bien, comme celui d’un humain « normal », donc pas de risques de décès surprise comme avec certaines de ses petites sœurs – elle les pleurait en silence lorsqu’elle retournait dans sa chambre le soir après les tests et les entrainements.
Mais aujourd’hui était un moment privilégié car Genya 1ière avait accepté qu’Anastasia visite pour la première fois le Palais Pourpre. La petite était toute excitée et avait brossé son petit uniforme comme si elle allait parader. C’était encore à l’époque où elle pensait que cette femme pouvait lui rendre son affection. Elle vit pour la première fois le monde extérieur du laboratoire, c’était grand, très grand, un peu trop grand pour une gamine comme elle. Quand la Tsarine pointa le bout de son nez, elle fit signe à la petite de la suivre sans rien dire.
Bien vite, des escaliers furent descendus, des dédales secrets parcourus et des portes cachées entrouvertes. Anastasia et sa « mère » finirent par arriver dans une grande salle qui semblait être une sorte de crypte. Sur un piédestal, une statue de pierre à la tête auréolée. Une question brula les lèvres de la petite, une deuxième ne tarda pas à suivre et elle aurait bien demandé tout cela si Genya ne lui avait pas fait signe d’approcher de la tombe.
« L’homme dans cette tombe est le fondateur de notre lignée, Sankta Rusalka lui-même. Les communistes n’ont jamais mit un pied ici, la localisation de ce lieu est resté un mystère pour eux jusqu’à la fin. »
Anastasia ne connaissait pas vraiment les histoires des Sankta mais le premier des Rusalka ? Elle connaissait son histoire par cœur, comme il avait combattu les Fléaux et unit les autre Sankta dans une même cause. Mais pourquoi l’amener ici ? Genya eu dû lire dans ses pensées car elle répondit immédiatement dans cette question muette.
« Quand j’avais dix ans, ma mère me racontait l’histoire de Sankta Rusalka, comment il avait uni les Saints Dresseur sous la même bannière pour sauver Strana de la destruction. » Commença-t-elle pendant que son regard se perdait sur les diverses statues et gravure. « Mais je savais que ce n’était qu’un mythe, elle voulait que je sache que notre destinée était de revenir au pouvoir quoiqu’il arrive. »
Anastasia observa autour d’elle d’un œil émerveillé, peu importe à quel point le pays se déchirait à la surface, peu importe que les tsaristes se fassent tous massacrer ou que les Rusalka perdent à nouveau le pouvoir, cet endroit souterrain resterait intacte, promesse pour le futur. Sa main vint caresser les murs et elle se prit à rêver à voix haute.
« L’uniforme de la garde Obsidienne portera ces symboles, tout de bleu avec le symbole d’Arkée, brodé d’or véritable. Mais celui-ci sera plus petit que l’Artikodin Bicéphale, pour montrer que la grandeur de l’empire passe même par la religion. » Elle se tourne vers Genya avec un fin sourire. « Le Capitaine sera loyal comme un Ponchien, intelligent mais docile, pour que nous puissions le manipuler à notre guise. Il siègera à la droite de la Tsarine et-… »
« Peut-être que tu pourras un jour siéger à sa gauche. » Lança Genya, le regard transperçant la jeune fille, comme si elle cherchait à la jauger.
Les yeux d’Anastasia, incrédules, croisèrent ceux de la Tsarine. Un mélange de joie et de peur lui prenait les tripes. Que voulait-elle dire ? Elle se risqua à demander d’une voix hésitante.
« Vous… Vous me donneriez le titre de Tsarevna ? »
Genya eut un petit rire.
« Je te donnerais le monde entier, gamine, si tu me prouves que tu es capable de ne pas crouler sous son poids. »
Un bruit fit sursauter la jeune fille tandis que la Tsarine se retournait, comme si tout ce moment avait été sciemment orchestré… Peut-être n’était-ce qu’une impression. Mais le cœur d’Anastasia manqua quelques battements en voyant les gardes impériaux trainer une de ses sœurs. Une de celles qui avaient eu l’autorisation de l’accompagner lors du voyage.
« Elle a été surprise voulant s’échapper du Palais Pourpre, votre Majesté. »
Genya s’approcha de la gamine qui ne devait pas avoir plus de douze ans et la saisit violemment par le menton, tournant son visage dans tous les sens et semblant se délecter de son regard apeuré.
« Que devrions-nous faire d’elle ? »
Après un court silence, Anastasia se reprit et déclara d’une voix la plus autoritaire possible.
« Elle ne devrait pas nous poser problème. Une fois rentrée à Magnetongorsk, elle subira le programme que le Docteur Legassova réserve aux sujets récalcitrants. »
Genya ne bougea pas, comme si ce verdict déjà cruel ne lui plaisait pas. Se retournant vers Anastasia, elle lui lança l’un de ces regards qui lui indiquait clairement qu’elle avait fait une erreur. Un regard quelque peu déçu.
« Si nous devions perdre notre temps ainsi pour chaque traitre à l’Empire, ils auraient le temps de se multiplier comme de la vermine. Gardes-là en vie pour plus tard et elle pourrait représenter un risque pour l’ordre de l’Empire, entrainant des centaines de tes sœurs à la mort. Tue-la maintenant et tu les sauvera toutes. »
Anastasia avait beau essayer de contrôler sa respiration, elle ne pouvait s’empêcher de sentir celle-ci s’accélérer sous la panique. C012 ne commettrait jamais de chose pareille, elle était la plus douce de ses sœurs. Et ce regard qu’elle lui lançait, suppliant et remplit de larmes, n’arrangeait rien à la situation.
« Mes sœurs son loyales ! Ce n’était qu’une simple erreur, elle se rachètera ! Nous pouvons faire preuve de pitié ! »
Après un long moment de silence, Genya fit volte-face et en un clignement d’œil, le regard de C012 avait perdu son éclat, la main de la Tsarine serrée autour de son cou lui ayant brisé la nuque d’un geste sec si rapide que personne n’avait eu le temps de le voir.
« Un vrai Rusalka n’a pas de pitié. »
Et il était clair maintenant aux yeux de Genya qu’Anastasia n’en était pas une.