TW : Yeux de Tritox, Cannibalisme, Meurtre, Mauvais Goût.

Victoria est née dans une famille très pieuse mais aimante. Première enfant d’Edmund Howard et de son épouse Ayesha née Lanskoï, elle a fait le bonheur du petit foyer. Son père ne gagnait pas énormément d’argent et revenait souvent la gueule cassée tandis que sa mère était femme au foyer, tous deux d’origine nobles, ils vivaient pourtant humblement, reniés par leurs familles respectives. Victoria a grandi ainsi, comme une enfant normale, entourée d’amour et devant se confronter aux privations de la classe moyenne.

Rien ne présageait son destin, si ce n’est qu’une parenté avec la famille Lanskoï qui lorgnait de temps en temps sur cette enfant à marier potentielle. La petite paraissait normale en apparence mais quelque chose dans son cœur n’allait pas : elle ne ressentait pas d’amour ni d’attachement particulier, elle jouait un rôle qui la répugnait et se sentait lasse d’être vide d’affection pour ses chers parents pourtant si affectueux à son égard. Il ne faut pas se tromper, elle ne détestait pas Edmund et Ayesha et exprimait même une forme de regret – si l’on peut dire ça comme ça – à ne pouvoir pas leur rendre l’amour qu’ils lui donnaient. Mais elle se sentait différente d’eux.

Victoria possédait aussi un don familial, commun chez les Lanskoï, celui de la lecture d’auras. Elle pouvait donc « observer » les sentiments d’autrui sans pour autant les comprendre, elle les enviait peut-être un peu mais sans plus. Toute son enfance, elle eut l’impression que le monde n’était pas fait pour elle, trop vivant, trop émotionnel, trop intense. La jeune fille aimait le calme, s’isoler et réfléchir en silence. Rien ne lui plaisait, elle jouait la petite fille modèle et la première de la classe par défaut, sans vraiment y trouver de plaisir ou d’intérêt. Même les agressions répétés des harceleuses de son école Arkéenne ne lui faisaient rien.

Jusqu’au jour où ils la passèrent à tabac. Le sang qui perlait de son nez et qui se déversait sur le bitume de la cour de récré la fascinait. Sans comprendre pourquoi, elle ressentait enfin quelque chose. Bien évidemment, les scarifications ne suffirent pas à la satisfaire puis après avoir été prise sur le fait, elle fut envoyée devant un psychologue des plus stupides et fut forcée par son père de prier le Saint Arkée pour aller mieux. Non, si elle voulait continuer à s’émerveiller de la couleur de ce liquide vermeille, elle devrait trouver une autre méthode. Et cette méthode, elle la trouva au même moment qu’un petit Tritox égaré dans les rues de Pryderi.

La suite n’est pas joyeuse, le Tritox fut mutilé gravement et n’aimant pas le regard plein de détresse stupide qu’il lui lançait, Victoria décida que ses yeux ne lui étaient en rien nécessaires. C’était amusant, même si elle n’avait sur elle qu’un compas et une paire de ciseaux pour s’amuser. Mais il se fit vite tard et Victoria prit une décision étrange : ramener le Tritox à ses parents, le visage couvert de larmes de Crocorible, prétendant l’avoir trouvé ainsi dans la rue. Elle voulait le garder, le dresser, faire de lui sa chose et à sa grande surprise, le pokémon s’attacha à elle au fil du temps et des maltraitances constantes à son égard.

Mais mis à part ce plaisir coupable, Victoria ne ressentait toujours rien. Cela lui pesait de plus en plus, toujours à se sentir un peu plus anormale de jours en jours. Et l’amour de ses parents était une aiguille qui lui transperçait le cœur. Puis vint un beau jour où Ayesha et Edmund annoncèrent à Victoria qu’elle aurait un petit frère. Quelque chose se déclencha chez elle, ne comprenant pas vraiment pourquoi. Peut-être était-ce à force de voir son père humilié par ses collègues de travail ou sa mère enfermée silencieusement au logis mais elle se décida bien vite : elle ne voulait pas finir comme eux, ignorée, rejetée au profit d’un héritier plus accommodant.

A la base, il s’agissait juste de provoquer une fausse couche en poussant sa mère dans l’escalier. Rien de plus. Aucune volonté de la tuer et pourtant… Victoria le « regrette » encore à ce jour, gardant avec elle le secret de la vérité sur « l’accident » d’Ayesha Howard. Edmund changea drastiquement à la mort de sa femme, il devint plus sévère, plus autoritaire et surtout, il s’endetta subitement pour vivre au-dessus de ses moyens. Comme si ses désirs de grandeur venaient compenser la mort de son épouse bien-aimée.

Qui dit dettes dit rapidement team Sealg, Victoria fit très tôt connaissance avec les sbires de la team et fut assignée à la tâche ingrate de s’occuper des pokémons blessés à la suite de combats illégaux. La team Sealg n’était pas vraiment regardante sur le sort de ces pokémons, ce qui arrangeait bien la jeune fille. Alors pendant son temps libre, elle s’amusait encore à faire gicler ce liquide rouge qui la fascinait tant, puis elle s’intéressa aux muscles, aux nerfs, aux os, aux veines. Bien vite, elle apprit rapidement le fonctionnement d’un corps, son mécanisme, sa fonction.

La « faim » ne vint qu’après.

Victoria était fluette, petite et chétive. Elle n’avait jamais vraiment aimé la viande avant mais son régime alimentaire changea drastiquement, elle en voulait plus, toujours plus. Si bien que quand son père refuser de satisfaire sa faim dévorante, elle se servait elle-même dans les réserves de pokémons mourants de la team Sealg. La préférence pour la viande crue et saignante se fit bien vite sentir. Pour ne pas se faire attraper dans son cirque macabre, la jeune fille demandait à son cher Tritox d’éliminer les preuves à coup de flammes. Elle ne s’imaginait pas que cette technique allait devenir sa signature.

Sa faim ne cessait de grandir et bien vite, l’incident qui devait arriver arriva. Lors d’une violente dispute avec son père, elle lui mordit le bras, goutant son sang, sa chair. C’était délicieux. Edmund développa une sorte de crainte et de dégout envers sa fille peu après cela. Plus les années passaient et plus ces sentiments à son égard s’aggravaient. Il remarquait peu à peu son petit cirque carnivore, craignait qu’elle ne s’en prenne un jour à un humain. Fort heureusement pour lui, cela n’arriva jamais, du moins pas de son vivant. Mais il suffit d’une réunion de la famille Lanskoï à Strana pour sceller le destin d’Edmund Howard.

Il ne remarqua pas immédiatement la curiosité de Victoria à l’égard du champion de Dusknograd, Dimitri Volkov. Il faut dire que la jeune femme n’avait jamais connu de personnes aussi semblables à elle, avec son aura si « malsaine ». Les confidences qu’elle fit à Dimitri semblèrent plus l’amuser que l’horrifier. Son cœur de jeune adulte idiot se demanda un moment si le sentiment dans sa poitrine n’était pas de l’amour. Il fallait absolument qu’elle vérifie, au moins le temps d’une nuit. Juste pour être bien déçue d’apprendre que le sentiment qu’elle ressentait enfin n’était qu’une solide amitié.

Elle s’imaginait reprendre sa vie morne et terne lorsque son père lui annonça du jour au lendemain qu’elle irait dans un couvent. « Pour son bien ». Il en était bien entendu hors de question, surtout quand Victoria se rendit compte par l’absence de règles et la venue de nausées matinales qu’elle était enceinte. La colère d’Edmund quand il trouva le test de grossesse positif fut sans nom. Il voulut la battre, la frapper jusqu’à ce qu’elle perde la vie qu’elle abritait dans son ventre. Il en était hors de question. Comme un Démolosse enragé, elle lui sauta au cou et planta ses dents dans sa jugulaire, ses mâchoires boostées par l’adrénalines firent le reste.

Quand elle revint totalement à elle, elle était à genoux face au corps inanimé de son père, la gorge béante. C’est avec un bien moins grand regret que pour Ayesha que Victoria ordonna à sa chère Âmmout de brûler les restes du corps du paternel, ne gardant que le cœur qu’elle fit revenir avec un peu de beurre dans une poêle. Comme si par cet acte, elle voulait enfin ressentir l’affection parentale de son géniteur. Mais non, elle ne ressentait toujours rien pour lui. En revanche, pour la vie qui grandissait peu à peu dans son ventre…

Bien évidemment, la justice ne passa pas à côté d’un crime si grossier et si évident. Victoria finit bien vite emprisonnée, en l’attente de son jugement. Dans le même temps, ce qu’elle ignorait, c’est que les Lanskoï se désistaient tous pour reprendre les rênes de l’arène familiale de Stolista. Ce qui fit d’elle la seule héritière et ce qui lui valut une visite de la part de nulle autre que Genya 1ière en personne. Elle lui proposa une offre impossible à refuser : un titre de noblesse, un avenir pour ses enfants et un crime passé sous silence en l’échange de sa loyauté et de l’acceptation de son titre de championne ainsi que de l’entrainement qui allait avec.

Elle précisa aussi avoir un autre marché à lui proposer, mais plus tard. Quand elle serait sûre de sa loyauté.

Après un accouchement laborieux et un entrainement tout aussi difficile, Victoria réussit à prouver à l’impératrice qu’elle était digne de cette seconde mission : Assassin Impériale. Elle ne fut qu’à moitié surprise de constater que son collègue serait Volkov avec qui elle eut de chaleureuses retrouvailles entre une bonne bouteille de vodka. La toute nouvelle bourrelle se surprit à beaucoup aimer son nouveau métier, son double-jeu amusant. Championne respectable de jour et sombre assassin la nuit. La Tsarine l’autorise même à s’adonner à son plaisir cannibale de temps à autre.

Et mis à part cette monstruosité apparente, Victoria peut être une bonne amie, une bonne mère, une bonne amante. Car oui, elle s’est découverte faite pour les femmes, plus particulièrement pour Mélisandre Arseniev, Première Ministre du Gouvernement. Une amourette dangereuse mais la championne aime jouer avec son élément, après tout. Alors même si les rumeurs la qualifie de « Démolosse de la Tsarine » et de « Bouchère de Stolista », on ne peut que changer d’avis en voyant son élégance et sa jovialité. Puis surtout l’amour inconditionnel qu’elle porte à ses enfants !

Toutes ces rumeurs ne doivent être que des mensonges inventés de toutes pièces par les opposants politiques si virulents de la Tsarine. Une mère ne peut pas être aussi tendre et monstrueuse en même temps, non ?