Parmi tous les scientifiques que vous pouvez rencontrer à Strana, Viktor est bien l’un des plus… étranges que vous pourriez avoir le malheur de rencontrer. Du haut de ses 1m95, il aura très souvent la chance de pouvoir juger les gens de haut, et sa forme très svelte et fine n’arrangera pas cette impression de grandeur qu’il donne. Son apparence ne vous rassurera guère : entre ses très longs cheveux noirs raides qui flottent aisément au moindre mouvement, ses yeux d’ambres qui semblent chercher à percer votre être et sonder votre âme, et le fait que le reste de son visage se cache toujours derrière un étrange masque noir ou chirurgical… c’est à se demander si c’est bien un humain qui vous fait face et vous observe.

Pourtant, sous ce masque (qui couvre aussi son cou et de couleur noir avec une fermeture éclair au niveau de la bouche, parfois remplacé par un simple chirurgical) se cache un beau, très beau visage fin à l’apparence soignée : une peau porcelaine et qui ne montre aucune cicatrice ou défaut, un nez finement sculpté, Viktor possède un magnifique physique efféminé qui pourrait faire jalouser bon nombre de femmes. Seulement, à le cacher avec son masque, ou même avec ses habits sombres rappelant les uniformes militaires, sa casquette elle-aussi faisant partie de l’uniforme, de longues bottes à talons noires et des gants qu’il porte toujours… difficile de voir facilement sa belle apparence sous cette tenue sombre, surtout s’il porte une blouse blanche au-dessus. Mais ce n’est pas comme s’il avait vraiment un choix : son état de santé fragile et sa tendance à tomber facilement malade sans précaution le forcent à toujours être masqué et à avoir les mains protégées pour éviter d’entrer en contact avec des bactéries ou autres virus. Et même s’il ne peut avoir de gants sur le moment, il met toujours en place des bandages sur ses mains et bras comme dernière barrière de protection.

Derrière cette apparence étrange, pourtant, se cache quelqu’un qui est calme, voire presque imperturbable dans sa façon d’être. Sa voix ne peut être très forte, mais elle est terriblement douce, certains le prenant parfois pour une femme tant son apparence couplé avec peut le rendre ambigu. Une remarque qu’il ne prend jamais mal… il y a toujours plus important, et son physique n’est pas ce qui lui importe le plus, très franchement. Non, si quelque chose le passionne véritablement, c’est son métier.

Viktor est un scientifique, un chercheur, et il est fier de l’être. Cette blouse blanche qu’il porte au travail, il la garde et en prend soin comme si elle était le plus beau symbole de son statut. Cette carrière est tout ce qui lui importe dans sa vie. Il veut rechercher, il veut découvrir de nouvelles choses, être un véritable pionnier dans la science notamment pour son plus grand et merveilleux but : trouver la clé pour rendre un humain parfait. Ce but l’obsède, vit dans sa tête à chaque seconde de son existence, et Viktor est prêt à tout les sacrifices possibles pour y arriver. Toute morale et éthique est disparu depuis bien longtemps depuis qu’il a adopté cet objectif, chose peu difficile en premier lieu vu qu’il ne voit déjà pas les autres personnes comme des égaux. Les seules exceptions étant ses collègues scientifiques, docteurs ou chercheurs- les autres humains, eux, sont presque comme des Pokémon à ses yeux, sauf qu’ils sont capables de parler et de mieux les comprendre. Et cela reste toujours mieux que les “cobayes” humains : eux sont vraiment traités comme des Pokémon à qui il leur fait subir bon nombres d’expériences “pour leur propre bien” et “au nom de la science”. Au moins, ils seront peut-être assez chanceux pour que Viktor se montre plus “doux” et attendri devant eux… Peut-être.

Il est donc obsédé par son travail, mais reste quand même très calme voir même un peu frivole lorsque les choses ne se déroulent pas comme prévu : c’est les risques du métier, et la science ne s’est pas faite que sur des réussites, bien loin de là. Une expérience qui échoue ? Ce n’est pas grave, il faudra revoir les méthodes et réessayer. Un cobaye qui meurt ? Son sacrifice ne sera pas vain, il n’était juste pas fait pour être parfait. Viktor ne se laisse pas abattre par les échecs ou les imprévus : il faut savoir accepter et s’adapter pour mieux retomber sur ses deux pieds.

Tant qu’il peut continuer à faire ses recherches et approcher son but, c’est tout ce qui lui importe.

Petites informations utiles sur lui : Viktor souffre de prosopagnosie. Il peine à retenir le visage des gens et de ses collègues : il se déplace donc toujours avec un grand cahier qu’il utilise pour noter des choses sur les gens qu’il rencontre avec leurs caractéristiques propres, qu’il s’agisse de choses physiques, des manières d’être, de parler, qu'il consulte rapidement pour vite reconnaître la personne… Il n’est pas non plus très bon avec les prénoms : pour dire, il reconnaît toujours mieux les cobayes par le nombre qui leur est attribué plutôt que leur prénom.

(cette histoire se passe pendant cette mission d'Artyom si vous êtes curieux !)

- … Un Poussacha ? Vraiment ?

Un scientifique hoche la tête à la réponse incrédule de Viktor, l’identité de son prochain “cobaye” le laissant perplexe.

- Oui, oui, je sais… mais il le faut bien. Ne traîne pas trop.

Viktor hocha la tête, acquiesçant sans un son, et laissa son collègue le laisser seul dans la pièce. Un instant, un silence de mort règne, jusqu’à ce que l’homme le brise d’un léger soupir, laissant ses yeux retourner sur la paperasse devant lui. Ses dernières notes sur un cobaye prometteur… un humain.

Comment en était-il arrivé là ? Oh, c’est plus ou moins une longue histoire. Mais une histoire qui lui plaisait énormément, alors qu’il relisait ce qui était écrit devant lui- une histoire qui lui avait permis de faire ce qu’il voulait tant, lui qui de base n'avait aucun avenir potable de prometteur.

Un gamin comme lui, sans aucune identité sur ses parents, laissé directement à l’abandon bébé devant la porte du premier orphelinat venu. C’est tout ce qu’il était, de base : un gosse indésirable, d’une façon ou d’une autre. Est-ce que ses parents auraient changé d’avis, s’ils avaient su le destin qui lui était accordé ? Qui sait. Eux n’avaient en tout cas pas vu son potentiel. Les autres non plus, lorsqu’il était arrivé. Mais ce n’est pas de leur faute, il était lui-même trop jeune pour le savoir.

Qui aurait pu croire que ce pauvre gamin abandonné avait été béni d’une grande, très grande intelligence bien supérieure à la moyenne ?

Il aura fallu attendre quelques années pour en être certain, mais aucun signe ne trompait : Viktor savait parler, lire, écrire, plus vite et plus efficacement que la moyenne. Son envie d’apprendre, de découvrir de nouvelles choses semblait insatiable, si bien qu’il commençait à dépasser en intelligence ses “camarades” plus âgés avec aisance. Pendant sa scolarité, on lui prête attention, on l’observe, on l’étudierait presque, tant son cas est intéressant. On lui fait même faire des choses hors de son niveau pour voir comment il tient- et même s'il échoue parfois, Viktor ne renonce jamais. Il veut tout faire pour savoir, pour apprendre, pour réussir.

C’était peut-être inné en lui, cette envie de devenir scientifique et chercheur. Après tout, quoi de mieux que pour satisfaire la soif de découverte que de découvrir ce que nul autre n’a connu avant ? Mais bon, quand on est un gamin comme lui, un orphelin qui n’était pas désiré… avoir la chance de faire de grandes études n’est pas donné à n’importe qui, et certainement pas à des gens comme lui.

Et pourtant… Quand il quitte l’école, bien des années en avance face aux autres, son “cas” est de plus en plus connu autour. Assez pour qu’il se souvienne encore de cette visite, de celle de personnes du gouvernement qui voulaient le voir, aussi en apprendre plus sur lui- et qui lui avaient offert la chance de “sortir du lot”. Une place dans les meilleures écoles du pays, pour devenir scientifique ou chercheur, sans avoir à se soucier de ses dépenses, de sa survie, de quoi que ce soit.

La seule condition ? Travailler plus tard pour le gouvernement. Un gamin comme lui ne peut pas refuser une telle occasion. Son orphelinat ? Il pourra enfin le quitter. Ce n’est pas comme s’il avait de véritables attaches là-bas : un gars comme lui, ça préfère rester seul dans son coin à étudier qu’à jouer avec les autres ou à mieux les comprendre. De toute façon, ils étaient inférieurs, alors il n’avait rien à gagner à se concentrer sur eux ou leur sort.

Un instant, Viktor remarque que ses yeux avaient dévié de leur chemin pour se diriger vers son pendentif : le seul souvenir concret de son orphelinat. C’était leur cadeau de départ, pour le féliciter de son départ- un objet qui, apparemment, était un porte-bonheur pour la suite de sa carrière.

… Ce n’était qu’un simple objet, avec un côté magique impossible et irréaliste à avoir- mais il ne s'en était jamais détaché, pourtant. Va savoir, lui-même ne comprenait pas, et il ne serait pas triste de le perdre : mais il aimait aussi l’avoir en même temps à ses côtés. Curieux.

- Viktor, qu’est-ce que tu fais ? Il doivent t’attendre, là !

La voix de son collègue le ferait presque sursauter- il se tourne, ses notes en main, et s’approche de la sortie sans un mot… jusqu’à ce que l’autre scientifique reprenne la parole et le coupe dans son élan.

- Attends, qu’est ce que tu fais avec les notes sur ce militaire, là… A̶̰͋̒͘r̶̢̩͌͘t̷̛͚̾͑y̷̢͒o̵̡̙̊m̶̙̯̿ ?

Viktor hausse un sourcil, le prénom ? Nom ? Ne lui était pas familier (comme toujours)- mais il voit bien vite que son collègue regarde ce qu’il porte avec lui.

- J’ai encore besoin de les revoir et utiliser pour plus tard.

Pas plus de réponse, l’homme quitte enfin la pièce et se dirige ailleurs, dans cette usine abandonnée transformée en “labo de fortune”, tout en rangeant ses notes dans un large cahier.

Ces recherches… ça lui rappelle son adolescence. A peine dans ses belles écoles où il était pris en charge par le gouvernement communiste de l’époque, il ne leur faudra que quelques mois avant qu’ils se mettent à utiliser parfois son temps libre pour lui donner l’occasion de déjà faire de l'apprentissage sur le tas, de commencer à apprendre à rechercher et à expérimenter pour le gouvernement. Quitte à rentabiliser leur “investissement”, autant le faire au plus vite, pas vrai ? Et puis, avec un gamin aussi motivé et doué que lui, ils ne doutaient pas qu’il prendrait vite les choses en main.

Il ne s’attendait juste pas à ce que ses premières expériences là-bas soient bien “différentes” de ce qu’on lui apprenait dans ses écoles… notamment dans les sujets de tests. Expérimenter sur des plantes, des objets fascinants, il était habitué. Des Pokémon, parfois, mais il fallait être très doux et attentif avec eux, ne pas leur faire de mal.

Mais avec le gouvernement, sur son terrain ? Il ne pensait pas avoir affaire à un humain à utiliser. Et ce, sans règles sur la douceur à prendre- il devait juste suivre les ordres que les scientifiques qui l’entourent lui donnent, écouter leurs conseils et écrire ce qu’on lui disait de noter. Au début, on ne le laisse pas trop toucher aux cobayes, parce qu’ils sont parfois dangereux, plus agressifs, qu’ils sont “précieux” et qu’il a besoin de plus d’expérience.

Ils avaient peur qu’il ne tienne pas mentalement la responsabilité de faire de telles choses.

Sauf que Viktor, lui, avait déjà bien mis de côté la question de la moralité depuis qu’il avait accepté que c’était un sacrifice nécessaire pour en apprendre plus. La science ne s’était pas développée sans avoir versé la moindre goutte de sang, après tout. Il l’avait bien compris. Et ces cobayes… à défaut d’être utiles ailleurs, ils devraient voir cette occasion de participer activement au futur de l’humanité ! Cette souffrance était pour leur bien, et celui des autres humains !

Couplé à cela son apprentissage intensif mais très prometteur… ce n’était qu’une question de temps avant qu’il soit laissé plus “libre” dans son petit travail. Il apprenait encore plus avec ses expériences, et cela ne faisait que l’aider dans ses études, qui en retour l’améliore encore dans son travail- un cercle infini, qui le mènera à réussir ses études à la perfection. C’était bien ce qu’ils attendaient de lui, de toute façon.

Même si cette “promesse” était déjà tenue depuis quelques années, Viktor fut aussitôt qu’il avait ses diplômes en main donné une belle position de scientifique dans des expériences qui étaient important pour le gouvernement, mais aussi pour lui et sa curiosité sans fin… on l’attacha immédiatement au Projet Nebulak. La promesse de créer des soldats parfait… de donner la perfection à un humain.

Avoir la chance de travailler sur un tel projet était un honneur grandiose pour Viktor, qui s’attacha bien vite corps et âme là-dessus. Son but d’en apprendre le plus possible dans sa vie se poli, s’affine avec le temps passé à travailler- bien rapidement, son objectif est de réussir à le créer, cet humain parfait, ce soldat parfait. Quelque soient les sacrifices à faire.

C’est difficile, de voir des pistes parfois échouer, parfois mener à la mort d’un cobaye qui pourrait sembler prometteur. Mais cela n’arrête jamais Viktor, qui refuse de se laisser abattre. Il s’améliore, retravaille ses recherches avec ses collègues, et continue encore et encore. Tant qu’il n’a pas réussi, jamais le scientifique ne s’arrêtera.

Et pourtant, ce n’est pas comme si l’univers s’amusait à le pousser dans des situations difficiles, parfois. La chute du communisme… Il savait que ce système ne tenait qu’à un fil, fragilisé par tous les problèmes qui l’entourent. Mais il ne pensait pas que cela tomberait aussi soudainement, qu’il apprendrait cette prise du pouvoir de Genya par les militaires tsaristes qui avaient débarqué dans le laboratoire où il travaillait pour l’arrêter, et l’interroger.

Oh, Viktor avait bien cru que cela serait la fin, et savoir qu’il ne pourrait pas avancer ses projets, ses recherches, qu’il ne pourrait plus être un pionnier de la science… Ça l'inquiétait bien plus que sa propre survie, presque. Alors quand on l’interroge, qu’on lui pose des questions, le scientifique se montre docile et prête toute sa coopération. Il aide le nouveau pouvoir, lui donne ce qu’il veut sans refuser ou douter. Son temps “libre”, à défaut de pouvoir travailler, est d’en apprendre plus sur ces tsaristes, sur cette Genya qui les dirigeait à présent. Quelqu’un qui promettait de la stabilité pour le pays, une meilleure économie… Bien de jolis arguments, qu’auparavant Viktor aurait simplement ignorés.

Mais d’un autre côté, sans stabilité, ils étaient condamnés à ne jamais pouvoir travailler sans risquer leur vie au moindre changement- et sans argent, fonder les recherches, et même donner la chance à des gens comme lui de travailler dans de si beaux métiers… tout cela serait impossible.

Devenir un tsariste pour continuer ses recherches tranquillement et toujours sous le gouvernement n’était qu’une suite logique pour Viktor, qui avait pu enfin reprendre son travail cette fois pour le nouveau gouvernement avec joie : un véritable chanceux, vu comment certains de ses collègues semblaient ne pas avoir été chanceux du tout dans leur destin. Certes, il n’était plus qu’un de leurs pantins qui doit obéir aux ordres, à qui on a plus ou moins effacé l'identité ou plutôt, gardé secrète pour sa sécurité et celle des projets sur lesquels il travaille : mais au vu de sa morale quasiment inexistante… tant qu’il peut continuer à travailler sur ce qu’il aime, Viktor est prêt à tout les sacrifices.

Ses pas s’arrêtent lorsqu’il arrive dans la salle d’expérimentation : Viktor constate que tout semble presque prêt, et qu’il est le dernier arrivé. Un Poussacha est là, agité et effrayé, se débattant pendant qu’ils essaient de l’attacher comme il peuvent à la table d’auscultation. Le scientifique se hâte donc de rejoindre ses collègues, venant aider à la préparation d’autres produits qu’il connaît plutôt bien. Il le faut bien, lorsque l’on est sur le Projet Nebulak.

Ce projet est à présent ce qui lui tient le plus à cœur. Il veut tout faire pour le réaliser. Il est même assez chanceux pour travailler avec des “grands noms” dessus, comme Piotr Demikhov. Il l’admire, admire sa manière de travailler, de ne jamais lâcher ce projet lui aussi : Viktor aimerait être un scientifique aussi acharné et doué que lui dans le futur. Et même s’il préfère expérimenter sur les cobayes humains… si c’est pour le bien de leurs recherches, il travaillera sur tout ce qu’on lui donne, tant que cela reste une chance de progresser.

Jusqu’à ce que cette porte s’ouvre, qu’un homme armé et à la tenue différente des gardes censé les protéger apparaisse, de quoi surprendre tout le monde- et hurle une drôle de phrase avant de lever son arme.


Une balle, la panique se créée- et d’autres tirs se font.

Viktor sentira une violente douleur traverser son épaule, le laissant tomber- et voir aussi vite un autre collègue lui tomber dessus à son tour, l’écrasant et le tachant de son propre sang, se vidant aussi vite que sa vie le quittait. Un nouveau moment où il pensait qu’il allait perdre la vie et ne plus pouvoir avancer la science, une terrible pensée qui le déchirait en silence, alors que sa vision se floutait et qu’il pouvait voir l’homme récupérer leur cobaye et fuir dans ses derniers moments de conscience.

Mais la vie avait décidé de lui offrir une nouvelle chance, de ne pas le laisser mourir, tant que son destin n’avait pas été accompli- c’est en tout cas ce qu’il se disait, alors qu’il reprenait conscience dans ce qui ressemblait à une petite chambre d’hôpital, et qu’une personne l’approche, se présentant comme un collègue et lui expliquant ce qui était arrivé.

- C’était un cobaye, nommé A̸̞͑r̴̜͝t̴̡̍y̶̼̒ő̸̬m̷̮͑ ̷͚̽M̴̡̾e̴̞͛ḏ̸̕v̷͍̽ę̴͗v̷͙͋. Il a réussi à fuir et à faire quelques dégâts dans son chemin, comme la balle dans ton épaule.  

Un haussement de sourcil, puis un soupir, et Viktor prend la parole.

- … Son numéro d’identification. Je ne retiens pas leurs prénoms.

Ou les prénoms de quiconque, en général. Peut-être de quelques chanceux qu’il voit comme vraiment intéressant ou important- mais le reste, il n’en est pas capable. Comme les visages- ce collègue devant lui pourrait aussi bien être un collègue qu’il côtoie souvent, qu’un autre qu’il n’a vu qu’une fois dans sa vie. Ce n’est pas pour rien qu’il se balade toujours avec un gros cahier- celui-ci contenait des notes, des images ou dessins sur les gens qu’il avait rencontrés pour qu’il se les remémore au plus vite lorsqu’il les recroise. Cahier qui n’était pas à portée de main, le laissant quelque peu dans le brouillard durant cette interaction.

- Euh, c’était… le militaire, le militaire… Ah, le numéro 147 !

Le scientifique se figea aussitôt que le nombre fut prononcé, ses yeux ambres s'écarquillent un instant-

- Ah… Lui. Oui, je me souviens, j’ai assisté monsieur Demikhov pour son injection et à la prise de notes quelques temps avant. J’imagine que sa fuite n’a pas dû durer longtemps, ce genre d’expérience était encore assez risqué à entreprendre pour sa santé.

- Non, non- il n’a pas que fui là où on le retenait, il a fui le labo et les lieux ! Avec un Pokémon. On a perdu sa trace, mais il a vraiment réussi à nous filer entre les doigts.

- … Pardon ? Il est… encore en vie ?

Son regard se plisse, tout comme sa voix se veut légèrement plus forte- le collègue se frotte l’arrière de sa tête, avant de reprendre, un peu gêné.

- On ne sait pas vraiment, vu qu’il a fui, mais… en tout cas, on a pas trouvé de traces qui pourraient nous faire croire qu’il est mort. On a aussi surveillé les médias locaux, mais rien qui ne parlait d’un militaire mort dans les environs. Donc, c’est… une probabilité.

Un silence s’installe, pendant un instant- le collègue lui dit en tout cas qu’il peut prendre son temps pour se rétablir, lui souhaite bon repos, et le laisse enfin seul. Difficilement, Viktor quitte son lit, maladroitement et manquant de tomber- foutue santé fragile…- pour se diriger vers une petite table, là où était posé son précieux carnet de notes. Ses doigts feuillètent le livre, jusqu’à ce qu’il s’arrête sur la fameuse page de 147, ou il avait glissé les notes rédigées sur lui le jour de l’incident.

“Artyom Medvev”

Un ancien militaire de l’époque communiste qui avait déjà participé au projet en tant que cobaye, avant de fuir- qui a été retrouvé récemment et dont les recherches et expériences sur lui ont repris. Enfin, jusqu’à sa nouvelle fuite. Et depuis tout ce temps… il a survécu.

Un cobaye qui peut survivre aux expériences, même dangereuses, du Projet Nebulak…

Viktor sourit.

- Un tel cobaye, si prometteur… 147, donc. Il faut absolument que je le retrouve.

C’est une promesse. Il le lui faut, pour le bien du projet, pour la science, pour l'humanité.

Pour créer l’humain parfait.