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Agrippina suit avec peine sa jumelle, son bras est toujours bien douloureux. Le Zoroark ne l’a vraiment pas loupé mais elle ne lui en veut pas, c’était de sa propre faute. Elle avait oublié les pièges de la toundra à force de passer ses journées au Palais Pourpre, il fallait bien un petit rappel de la réalité. Elle estime cette douleur amplement méritée.

Et la colère d’Anushka à son égard aussi, c’est pour ça qu’elle se contente de sourire tristement lorsque cette dernière se retourne enfin pour lui gueuler dessus. Elle n’a pas tort, cette timbrée de Nina serait capable de s’en prendre à elle pour ce bras entaillé à l’os brisé. Le fait d’avoir la confirmation qu’Anushka voulait crever à Kolowal lui retourne également les tripes mais elle n’en montre rien et garde son calme.

Après avoir laissé le temps à Anushka de cracher sa colère, elle déclare d’une voix calme, sérieuse, presque autoritaire.

« Je peux convaincre le Capitaine Belinsky de te couvrir, il a une résidence secondaire à Okæn mais vu son travail, il n’y passe jamais. Il parait que l’air marin fait du bien. Tu pourrais y rester le temps que je trouve un moyen de régler la situation. »

Elle reste silencieuse un instant, se demandant comment régler cette situation justement. Mais elle a des contacts et elle n’y avait jamais pensé avant mais… Pourquoi ne pas faire chanter sa mère ? Menacer de dévoiler ses sombres manigances au grand jour ? C’est monnaie courante à la cour et ce ne serait que justice.

Mais c’est une colère sourde et moins raisonnable qui la fait parler.

« De toute façon, si cette garce tente quoique ce soit, je la tue. »

Bah, voler le revolver d’Igor ne devrait pas être trop compliqué. Et même sans, un coupe-papier bien affuté peut faire l’affaire. Et si elle ne veut pas se salir les mains, elle n’aura qu’à demander à Camellia de la bruler vive. Quelque chose du genre, elle ne manque pas d’idées sur ce sujet. Et elle se fout bien des conséquences de ses actions.

Ce qui donne à sa menace un ton très sérieux, trop sérieux…

Enfin, elle secoue la tête et reprends son sourire. Elle est prête à encaisser un peu plus de colère de la part d’Anushka, quelque chose lui souffle à l’oreille qu’elle n’a pas finit de s’en prendre plein la gueule. Mais elle est heureuse, profondément heureuse.

« Je suis vraiment soulagée que tu sois en vie. Je ne sais pas comment j’aurais fais si tu étais morte, pour être honnête. Peut-être que moi aussi, j’aurais… Enfin, peu importe. » Elle jette un regard un peu plus concerné et perds son sourire pour demander plus sérieusement. « C’est ton fiancé, c’est ça ? Je peux m’arranger pour l’éliminer, si tu le souhaites. Sauf si tu veux le faire toi-même, dans ce cas, je te couvrirais. Cet homme ne peut pas être un obstacle à ta survie. Si c’est toi ou lui, ce sera à lui de mourir. »

Le tout dit sur un ton trop calme, bien sûr. Agrippina est plus que sérieuse, elle a des alliés à ses côtés, l’un fidèle et l’autre terriblement efficace. Car oui, Victoria a bien répondu à son appel, trouvant la situation « très amusante » et Agrippina compte bien lui offrir le divertissement qu’elle attends.

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Toujours avec autant de patience, Agrippina laisse sa sœur se déchainer contre elle, contre leur mère, contre le monde entier même. Elle laisse couler, déconcentrée parfois par une remontée de douleur dans l’épaule de son bras en écharpe. Mais elle doit se reconcentrer bien vite pour écouter et pour répondre au mieux.

Alors quand le silence reprends sa place, la jeune albinos se contente de hausser les épaules. Puis elle finit par lâcher en toute franchise.

« Tu n’es pas comme elle. Pas de mon point de vue. Et tu ne le deviendra que si tu le désire ou que tu continue de te laisser faire parce cette garce. C’est pour ça que je te tends la main, pour que tu aies une chance de choisir par toi-même qui tu veux être. »

Le silence retombe, Agrippina aurait cents-cinquante mots à ajouter mais tout est dit. C’est à Anushka de décider de son destin. Après un instant à regarder autour d’elle, elle finit par lancer d’un air nonchalant.

« Je suppose que ce n’est pas Kotik qui t’as mené ici. Tu dois avoir loué un Cerbyllin, non ? Rentrons à Thunduruska en premier lieu, je téléphonerais à Belinsky une fois arrivée pour lui expliquer la situation et tu pourras partir à Okæn via l’Orient Express. » Elle marque une pause et croise le regard de sa sœur d’un air des plus sérieux, encore une fois. « Si tu ne veux pas que je fasses tout à ta place, te cacher là-bas te donnera au moins l’occasion de monter un plan pour te sortir de ces fiançailles ridicules. »

Elle réfléchit encore quelques instants avant de proposer d’un air un peu moins sûre d’elle. Mais puisque Anushka prétends être comme leur mère, peut-être saura-t-elle mieux que sa jumelle si ce plan est en mesure de fonctionner ou pas.

« J’ai mis la main sur des écrits de Mère, des écrits que je pourrais falsifier en menaces contre l’impératrice. Je pourrais éventuellement la faire chanter pour te faire gagner du temps, qu’en penses-tu ? »

Un regard de la part de sa jumelle et elle fronce les sourcils, finissant par déclarer d’un air blasé.

« Oh, je sais bien. Tu me déteste, certes, mais ce n’est pas réciproque. Et je te préviens que je suis bien plus motivée pour t’aider que tu ne l’es pour te laisser couler ! »

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Agrippina ne tarde pas à rejoindre sa jumelle sur le dos du Cerbyllin « de location », tant bien que mal. Il se peut même qu’elle se soit un peu aggravé sa blessure au bras dans l’équation mais elle n’en montre rien et se contente de soupirer lorsqu’Anushka lui précise qu’elle n’aura aucune reconnaissance de sa part.

« Pour la énième fois, Ania, je ne fais pas cela par désir de reconnaissance. Dans « amour inconditionnel », il y a le mot « inconditionnel », tu sais. »

Elle se retient de dire qu’elle comprends puisque Nina ne leur a jamais offert ce genre d’amour là. Parce qu’elle est presque sûre qu’Anushka serait foutue de lui dire « Maman t’a aimé » alors que c’est faux. On peut s’attacher à une poupée mais pas l’aimer, si Nina l’aimait vraiment, elle ne l’aurait pas laissé s’humilier comme ça pour protéger sa sœur. Du moins elle n’aurait pas fait semblant de ne rien voir.

Maintenant, Agrippina a Igor pour lui offrir l’amour dont elle a besoin mais Anushka, elle ? Elle n’a personne, personne à part sa sœur. Alors même si elle doit se faire trainer dans la boue et engueuler comme une vieille Limonde, Agrippina continuera d’aimer sa sœur. Un point c’est tout.

« Dire quoique ce soit à Mère à ton propos ? Je doute que ce soit une bonne idée, elle ferait le lien évident. Non, je dirais que j’avais besoin de prendre l’air et que j’enviais ton Zorua… Je lui dirais que je suis partie en chasser un, bête comme elle pense que je suis, ça devrait passer. » Elle marque une pause puis esquisse un sourire plein d’ironie. « Puis après tout, ce n’est pas totalement faux, je suis convaincue que le poil de Kotik est très doux. »

Le paysage passe dans un silence reposant, Agrippina mentirait si elle disait ne pas avoir envie de dormir un peu mais elle se reprends bien vite. Elle doit trouver un moyen de pression sur sa mère, quel qu’il soit. Les lettres ne fonctionneront pas, si Anushka a tord sur un point – personne n’a la confiance de la Tsarine, elle a raison sur le fait que ça risque fort de ne pas fonctionner. Elle doit se creuser la tête, trouver quelque chose absolument. Quitte à se rapprocher dangereusement de cette Séviper de Victoria Lanskoï.

Puis elle revient subitement à la réalité en remarquant un petit détail.

« Euh, hum… Anushka ? Il me semble avoir vu plusieurs fois ce coin de route. J’ai l’impression qu’on tourne en ronds… »

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Agrippina sursaute légèrement à l’arrivée du Zoroark Baron, mauvais souvenirs tiens. Elle ne peut s’empêcher une grimace de dépit, ce qui contraste un peu avec le calme de sa sœur. Pas paniquée, elle est surtout dans l’inconfort de se retrouver dans cette situation car elle a confiance en Peccatum et Millicent pour combattre l’énorme renard spectrale. Elle se souvient surtout du fait que le dernier Zoroark qu’elle a croisé lui a enfoncé ses griffes dans l’épaule.

Mais bon, vu qu’Anushka n’a pas les pokémons nécessaires avec elle, l’albinos s’exécute immédiatement quand il s’agit d’envoyer ses pokémons au combat. Peccatum et Millicent semblent un instant étudier l’ennemi avant que la chienne de feu de se décide à foncer sur lui pour lui mettre un simple coup de patte, le désarçonnant et… Brisant l’illusion. Aggripina laisse s’échapper un petit rire, mi-soulagée, mi-attendrie.

« Et bien, quand on parle du Lougaroc. Je suppose que ce sera plus crédible si j’en ramène un avec moi. » Elle descends avec douceur du Cerbyllin et observe le Zorua s’ébrouer de loin avant de soupirer et d’ajouter. « Peccatum, Millicent, revenez. On va faire un combat à la loyal. »

Pas vraiment qu’elle ait un grand cœur ou quoique ce soit mais si elle veut une bonne relation avec ce Zorua, il va falloir procéder autrement que par passage à tabac. Elle sait bien quel genre de lien unit Kotik et Anushka et n’a pas envie d’en forger un semblable avec ce pokémon-là. Et puis… Camellia a bien besoin de s’entraîner un peu, non ? La petite lionne entre dans la danse et ouvre les festivités avec un Coup d’Boule sans effet, à sa grande surprise. Agrippina ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel et de pester contre Arkæ.

Cette petite incompréhension de la table des types de la part de la lionne permets au Zorua de répliquer avec un méchant coup de Griffe Ombre qui envoie valser l’Hélionceau un peu plus loin dans la neige. Cela doit déclencher quelque chose chez elle car… Elle se relève, terriblement furieuse et réplique avec Psycho-Crocs suivit d’un Coup d’Boule non pas destiné à blesser le pokémon mais à mieux l’éloigner pour préparer l’attaquer suivante. Avant même que cette dernière ne prépare Vindicte, elle se fait toucher par un Eclair Fou qui la rends chancelante. Camellia s’apprête à répliquer avec Flammèche mais…

Agrippina la rappelle dans sa pokéball, la félicitant au passage. Puis elle s’approche de la petite renarde blessée, pas trop proche tout de même et l’observe des pattes à la tête. Un sourire se dessine sur les lèvres de la jeune femme tandis qu’elle se saisit d’une pokéball vacante.

« Celui-là a un pelage particulièrement touffu, il me plaît bien. Mais il a un sale caractère, rien que de là où je suis, je sens qu’il a envie de me mordre. » Elle lui lance la pokéball et le capture sans trop de problèmes. « Bah, ce sera un problème pour la « moi » du futur, reprenons la route. Ce petit idiot nous a fait perdre bien assez de temps comme ça. »

Sitôt dit, sitôt fait. Le Cerbyllin reprends son chemin tranquillement tandis qu’Agrippina reprends place derrière sa sœur, observant avec intérêt la pokéball du nouveau membre de son équipe. Elle réfléchit à un nom à lui donner mais n’en trouve pas vraiment, pas inspirée sur le moment.

« Il faudra que je lui trouve un prénom particulièrement stupide si je veux que notre histoire tienne. »

Un commentaire plus pour elle-même qu’adressé à Anushka. Cependant, si cette dernière a des idées, elle est la bienvenue pour en donner. Elle doit bien avoir une idée de ce que la « stupide petite Agrippina » donnerait comme surnom à son Zorua touffu, non ?

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« Fluffy » ? Hum, pourquoi, l’idée lui plaisait bien et si c’était « assez stupide pour venir d’elle », c’était parfait. Contrairement à ce qu’Anushka pensait, les chances que l’histoire d’Agrippina en elle-même passe étaient assez probantes. Tout est juste rendu plus compliqué par le mensonge simultané de sa jumelle mais comme elles n’étaient pas parties au même moment, ou du moins que Nina n’avait pas remarqué leur absence en même temps, il leur restait un peu de chance pour rouler la rouler dans la farine.

Enfin, cela mit le temps que devant mais elles rentrèrent enfin en terres habitées. Le ciel commençait déjà à prendre des teintes orangées. Elles étaient arrivées juste à temps pour organiser leur petit plan. Agrippina aurait bien voulu s’assurer qu’Anushka aille bien à la gare et ne retourne pas dans ces foutues ruines mais elle devait se rendre à l’évidence : les voir toutes deux à la gare très fréquenté de l’Orient Express n’aiderait pas à crédibiliser leur version déjà fragile des faits. Lorsqu’elle descendit du Cerbyllin à son tour, il lui fallu l’aide du propriétaire du pokémon.

« Ça va ? » Lui demanda-t-il, inquiet.

Agrippina se contenta de hocher la tête avec un sourire. De son coté, elle fit quelques papouilles au Cerbyllin avant de partir, histoire de le remercier comme il se doit de cette « petite balade mouvementée ».

Se retrouvant seule avec sa jumelle en sortant de la rue, elle peuvent enfin parler du plan. Quand Anushka parle de coup de fil, l’albinos a déjà sorti son téléphone à la coque en aussi bonne état que peut l’être une coque de téléphone ayant subit de nombreux chocs de chute de Cerbyllin. Car oui, ce qu’Agrippina n’ose pas dire à sa sœur, c’est qu’elle n’est pas venu à pied mais que son Cerbyllin a dû la trouver trop impatiente car il l’a faite tomber dans la neige pour mieux s’enfuir. Autant lui laisser croire qu’elle est déjà stupide de base et qu’elle voulait y aller à pieds donc.

« Attends-moi là. » Indique-t-elle juste en s’éloignant pour que la conversation soit la plus privée possible.

L’appel, du point de vue d’Anushka, doit être drôle à voir. En quelques sortes. Agrippina gesticule théâtralement dans tous les sens façon Paldéenne en colère tout en essayant de se justifier devant quelqu’un qui a l’air de l’engueuler au bout du fil. Chose à noter : elle ne mentionne pas sa blessure et indique seulement qu’elle rentrera dans quelques jours. C’est surtout d’Anushka que ça parle et Igor finit par capituler à contrecœur. Agrippina a dont ce qu’elle veut sans devoir rendre trop de comptes pour l’instant, c’est le principal. Alors elle revient vers sa sœur, un petit sourire au coin des lèvres.

« Voilà, c’est fait, la domestique qui s’occupe de la demeure viendra t’acceuillir à la gare quand tu sera arrivée. Elle est un peu grognonne mais pas méchante, elle te fichera la paix, je pense. »

Il y a un petit silence avant qu’Agrippina ne soupire et ne vienne une dernière fois enlacer sa jumelle.

« Ce n’est pas grave si tu me haïs, je t’aimerais toujours de tout mon cœur, Ania. »

Et c’est sur ces mots qu’elle s’éloigne, libérant Nausicaa pour qu’elle la guide vers l’hôpital le plus proche. D’ici elle trouvera forcement un taxi pour la ramener à son hôtel. Enfin, il y a surement des moyens plus simples de procéder mais la jeune femme n’a pas l’air très concernée par son sort.

Anushka va bien, alors tout va bien, c’est tout.