Crash date

La Saint-Valentin… quelle fête de ses morts.

Laorañs écrase au sol ce qui reste de sa clope avec le talon de sa chaussure, regardant l’horizon- et les quelques “couples” qui marchent, qui fêtent probablement cette journée ensemble. Évidemment que lui est seul : il n’est présent dans la région que depuis quelques mois, et à rester un peu dans son coin et à ne pas toujours réussir à communiquer dans la langue… ouais, déjà le fait qu’il s’entend quand même avec quelques collègues relève du miracle.

Alors une personne avec qui partager son coeur ? Pff, quelle bonne blague. Le jour où il aura quelqu’un dans sa vie, probablement qu’il sera déjà rentré à Yantreizh. Et dire qu’un de ses jours de congé était cramé aujourd’hui… Quelle merde. Cette balade dehors pour se changer les idées était finalement une idée de merde. Autant commencer à rentrer- et puis, Jetin arriverait à le trouver facilement, le Goélise était bon pour voir les gens intéressants, et son dresseur ? Pas compliqué avec sa gueule à repérer. Ca fait un moment qu’il est dehors, et de toute façon, il connaît le chemin jusqu’à son appartement. Il saura taper à la fenêtre.

A défaut de passer une bonne journée de congé, Laorañs gardait l’espoir que celle-ci ne soit pas non plus une catastrophe- mine de rien, sa malchance l’avait pas encore vraiment emmerdé. Mais déjà, voir tous ces couples était bien emmerdant, en soi.

Mais lorsqu’en marchant dans un lieu plus calme, il voit sa mouette de la mort se poser sur son épaule en tirant une de ses gueules… un mauvais pressentiment l'agrippe à la gorge. Ce pressentiment se confirme lorsqu’une voix le stoppe, agressive- et bien qu’il ne saisit pas tout du premier coup, l’homme sent déjà les emmerdes lui foncer dedans de ce qu’il peut décortiquer. Du coup, il se tourne vers la personne, une femme à peine plus grande que lui : et celle-ci le défigure salement… putain, dommage qu’il a pas sa tenue de ranger ou peut-être que ça l’aurait calmé.

Mais non, sa malchance s’est enfin pointé pour bien le foutre dans la merde.

Du coup, il écoute tant bien de mal tout ce que la meuf lui balance- heureusement elle parle pas comme une flèche, mais Laorañs plisse les yeux et se concentre un max… Et quand il comprend, il regarde son piaf avec autant de surprise que de rage soudaine- oiseau qui comprend vite qu’il doit se casser, manquant de se faire choper en plein vol par son dresseur qui l'insulte de tous les noms dans sa belle langue qu’est le Yantreizhoneg, soupirant lourdement quand le Goélise quitte son champ de vision- et rapidement, il regarde de nouveau la femme, autant irrité que gêné par tout ça.

- Alors, euh… Bon, déjà, désolé pour Jetin. Si ton… “date” a des origines de Port Tempères, il peut pas s’empêcher de les taper.

Et honnêtement… il sait pas vraiment quoi dire de plus- non parce que entre la proposition de remplacer ou de se faire fracasser, aucun des deux le tente plus que ça. Mais venir avec un bras cassé risquait d’être pire pour le boulot ou autre chose…

- Putain de bordel de Goélise…. qu’il murmure dans sa langue celtique, avant de reprendre dans la bonne pour communiquer avec son interlocutrice, j’fais ce que tu veux mais j’ai jamais été dans un “date” de ma vie par contre. J’sais pas comment ça marche, moi !

Foutu pour foutu, autant prendre le choix moins risqué… et accessoirement être honnête qu’il est nul en date. Et, avec un peu de chance, la petite dame comprendra avec son accent Kalosien qu’il faudra pas lui parler n’importe comment pour qu’il pige tout ce qu’on lui sort.

Crash date

Comment avait-il réussi à en arriver là, sérieux ? Il passait déjà une journée pas super fun (comprendre pas du tout) mais en plus, son abruti de Goélise qui s’était réfugié sur le premier toit venu avait réussi à l’enfoncer de plus belle en gâchant le date d’une meuf qui avait l’air d’être tout sauf super sympathique ou stable, tiens.

Putain, il aurait balancé encore un torrent d’insulte à Jetin s’il n’y avait pas le risque que la fille lui demande ce qu’il sort, ou pire avec sa malchance, qu’elle le prenne mal sans même comprendre ce qu’il dit et qu’il finisse vraiment avec le bras en pls. Non, Laorañs se contenta de soupirer à nouveau dans son malheur- au moins, cette Lumi sera assez sympa pour ralentir son rythme de paroles et l’aider à mieux piger ce qu’on lui sort.

- Laorañs. J’suis de Kalos. T’attends pas à c’que j’comprenne tout c’que tu dis du premier coup… ou l’inverse.

Après tout, les erreurs de son côté arrivent aussi vu qu’il est encore à apprendre- surtout que bon, quand il est stressé ou/et en colère, les bourdes, ça devient vraiment commun. Oui, le ranger ne s’emmerde pas, il se protège de ce qu’il peut avant même que ça puisse arriver… il tient à son bras, faut bien pouvoir réussir à manier son capstick à tout moment s’il veut garder son boulot, merde !

Par contre… quand on parle de lui tenir la main, pendant un instant il pense se planter dans la traduction mais en réfléchissant… non elle déconne pas et la regarde avec autant de confusion que de jugement possible- et honnêtement, peut-être que le petit Kalosien aurait tenté de lui en foutre une si elle avait pas précisé ce qu’elle avait en tête. Pfiouh, c’est pas passé loin, la cata… Mais ça l’emmerde quand même.

Mais bon, entre sa main ou le bras, Laorañs sait faire le bon choix et donne cette dernière à Lumi, un peu en regardant ailleurs parce que bon, c’est quand même la honte à ses yeux de marcher en tenant la main d’une personne ! Tant mieux qu’ils seront pas les seuls cons à faire ça, au moins, ils pourront se mêler aux autres abrutis et esquiver des regards moqueurs et ce qui va avec.

Du coup, ben les voilà à marcher comme un adorable couple de kassos, et bien sûr, le ranger fait tout pour regarder ailleurs que sa “copine”- le moins il aura à la regarder, le mieux il se portera… ça et accessoirement, il surveiller aussi Jetin qui traine jamais loin, au cas où- parce que si le piaf attaque encore quelqu’un, désolé Lumi, mais ton date se cassera à la première occasion venue.

Enfin, ça, c’est ce qu’il aurait espéré- parce qu’il n’a pas remarqué ce joli petit café non loin, avec quelques couples présents aux tables extérieurs- dont les boissons étaient justement de base cher mais avec des petites offres spéciales Saint-Valentin si tu viens avec ton date… ça serait quand même pas de bol de finir dedans, hein.

Crash date

Il est gêné, il ne se sent pas dans son élément, bref, Laorañs a très trèèèès envie de se casser de là et d’abandonner Lumi en fond avec. Mais bon, hein, il est pas dans les trucs amoureux et tout de base, il y connaît rien ! Et franchement, vu comment il veut fuir pour Kalos dès le premier moment venu… réfléchir à trouver l’amour ici ne l’intéressait pas.

Malheureusement, pas le temps de réfléchir à un potentiel plan de fuite ou autre chose du genre- parce que la petite dame elle a de la force et le tire fort, autant de ses pensées que de la route qu’il suivait sans réfléchir et manque de se ramasser- heureusement, il est agile et se rattrape bien vite… mais quand ses yeux bleus voient vers ou il se dirige, peut-être qu’il aurait préféré bouffer le bitume.

Un café, décoré pour la saint-valentin… putain quel enfer- elle aurait pas pu choisir plus sombre ou moins éclaté niveau déco ?! Mais non, le ranger n’aura pas le courage de le lui faire savoir, tenant à sa peau- mieux vaut la laisser en confiance et… attendre le bon moment pour fuir. La galanterie, très peu pour lui. Non, à la place, Laorañs se laisse traîner sans trop regarder les gens, préférant détourner le regard ou il peut et espérer que si il regarde personne, les autres l’ignoreront- et heureusement, Lumi s’occupera de demander pour la table et le bordel… bien sûr en le faisant passer pour un timide.
Il l’aurait défoncé s’il ne tenait pas autant à ne pas attirer l’attention… ou à son bras.

Mais non, il serre les dents et s’accroche, malgré la frustration qui boue dans son petit corps. Le voilà sur une table avec l’autre en face… comme s’il avait besoin d’avoir sa gueule constamment devant ! Et en plus elle veut le faire payer ? Putain, il croirait presque à une arnaque, là… Laorañs soupire, mais finit tout de même par rompre le silence de son côté.

- Abuse pas non plus, j’ai pas envie de devoir te faire sortir de là en roulant.

A défaut de pouvoir fuir ou autre chose, il lui chuchote des trucs pas très sympa, hein, mais faut bien évacuer la frustration d’une façon ou d’une autre déjà- et il pourrait être plus méchant s’il voulait. Avec un peu de bol, peut-être que ça lui suffira à pas vouloir commander trop de trucs. Et bien sûr, quand le serveur arrivera pour demander ce qu’il veulent, hein- il prendra juste un café. Noir. Comme son âme qui voulait juste crever de se retrouver dans cette situation.

… Et s’ils regardent la fenêtre juste à côté d’eux, ils pourraient voir un certain Goélise qui les regarde tous les deux comme s’ils étaient des cons et qui gardait le bec grand ouvert, comme attendant qu’on le nourrisse accessoirement.

Super le romantisme, avec le gars emmerdé et la mouette débile qui les mâte.

Crash date

Évidemment qu’en plus de l’emmener dans un café pile dans le thème du jour, il fallait que la serveuse semble être curieuse d’eux… dire que Laorañs déteste être regardé ou remarqué en général, cet endroit l’emmerdait sérieusement et lui coupait tout appétit, comme s’il en avait pas déjà avec tout ça. A défaut, voilà qu’il s’amuse à faire un peu le con pour se défouler comme il peut. Il loupe pas le sale regard de la meuf, mais ici… il sait qu’il est en paix, pour l’instant, alors il profite le petit con.

- ‘Faudra déjà réussir à te lever de la chaise avant.

Simple mais efficace- pas qu’il ait le temps de remettre une couche, vu que la serveuse vient prendre commande. Au moins, Lumi ira pas commander toute la boutique, mais putain, ça emmerde le Kalosien de perdre du fric sur la bouffe d’une meuf osef à ses yeux. Et pire que tout… elle prend bien son temps, celle-là, pour bouffer ! En plus de faire le con devant Jetin qui continue de faire sa gueule de mouette qui attend sa bouffe… bien sûr Laorañs la regarde comme si elle était vraiment conne, ne manquant pas une occasion de juger son “date”- il espère vraiment ne pas la revoir dans le futur.

Au moins… Il arrive à tenir, à garder sa colère en lui sans exploser malgré tout, un miracle qui sera récompensé après avoir sorti l’argent par sa libération annoncé par la meuf- putain, il était si heureux malgré le fait qu’il tirait vraiment la gueule et qu’il ne gardait pas son regard mauvais vers la fille. Clairement que le ranger n’allait pas rester plus longtemps ! Et même Jetin revient finalement sur son épaule, en pensant que l’homme avait récupéré à manger pour lui et qu’ils allaient enfin partir à la maison…

… Enfin, pas sans avoir fait quelque chose vu la dernière phrase qu’elle lui sort. Laorañs roule des yeux, soupire- mais finit par esquisser un petit sourire, pendant qu’il patpat sa mouette de l’enfer.

- Nah, j’veux pas gâcher ce qui était réservé à ta “date” de base. Mais à défaut d’la retrouver… T’auras l’pardon du Goélise !

Aussitôt, la mouette est attrapé d’une main, ouvrant le bec sans un bruit par confusion et surprise- et Laurent colle la gueule de Jetin sur celle de la fille, laissant celle-ci avoir le droit à un drôle de bisou de la part du Goélise.

Malheureusement, avant même de lui laisser le temps de réagir ou quoi que ce soit, Laorañs relâche aussitôt son piaf pour se barrer en sens inverse, s’enfonçant dans des ruelles et usant de sa taille et son agilité pour fuir avant qu’on cherche vengeance- tandis que Jetin, bien que surpris, avait vite pigé qu’il devait se casser, chose qu’il fait en s’envolant aussitôt vers les cieux.

Le ranger avait eu sa vengeance envers à la fois la meuf et le Goélise. C’était au moins ça de gagné, aujourd'hui.