It Was At This Moment Artyom Knew He Fucked Up

Artyom s’en veut terriblement.

Il avait beau essayer de s’y préparer mentalement depuis des semaines, des mois, même… et pourtant, comme à chaque fois, il échoue. Il ne peut passer au-dessus de sa peur des aiguilles, des souvenirs qui y sont associés- une peur qui le dévore, lui fait perdre le sens de la réalité et le plonge dans une panique, comme si sa vie était de nouveau en jeu.

Mourir ne l’effrayait pas- mais le militaire tenait à ses promesses, et l’une d’entre elle était de rester aux côtés de ceux qu’il aimait. Et, ne voulant ni effrayer ses camarades, ni affronter ce qui l’effrayait… sa seule issue avait été la fuite. Bien évidemment que cela n’était pas aisé, tout le monde était sûr ses gardes à cet instant- après tout, ce n’est pas la première fois que Artyom fait ce coup.

Mais cette fois, il s’était bien préparé, et avait usé de toutes les tactiques possible pour fuir, bien que les souvenirs d’avoir frappé Cassandre, son camarade, lui faisait mal au coeur… quelle honte pour un soldat, mais quelque chose en lui criait qu’il mourrait s’il prenait la moindre aiguille dans son corps.

C’est absolument pathétique, mais il faut qu’il fuit dans la toundra, dans cet endroit sans personne pour essayer de l’attraper, de le forcer contre son gré à devoir prendre quelconque produit qu’on veut lui injecter- un endroit qui lui laissera plus de temps pour se calmer, se préparer.

…

Si seulement cela aurait pu être le cas… Mais Tolstoï avait redoublé d’efforts, cette fois. Il n’était pas seul, avait réuni plusieurs de ses meilleurs atouts pour le poursuivre- et Artyom, dans sa panique totale, n’avait pas fait attention à effacer ses traces dans la neige. Non, tout son corps était concentré sur sa fuite, toute son adrénaline le poussait à courir sans s’arrêter, même si ses muscles le brûlent, que chaque souffle rapide est presque un supplice, mais il n’arrive pas à s’arrêter- s’il s’arrête, il va mourir.

C’est ce qu’il se dit constamment- et c’est ce qui le hante de plus bel lorsqu’il se retrouve face à Tolstoï, de toutes les personnes possibles.

Normalement, le militaire était toujours calme, refusait de montrer ses émotions comme le bon militaire qu’il doit être. Mais, sous la peur…

C’est un homme terrifié, essoufflé et affaibli autant par sa course désespérée que par le passé qui le hante encore et toujours à l’idée de recevoir des injections qui fait face au supérieur- quasiment rien n’effrayait Artyom à ce point, mais ce jour… Tolstoï pouvait sûrement voir de vraies émotions de la part du soldat- autant de terreur que de tristesse à ne pas réussir à surmonter ça, à devoir fuir même ceux qu’il aimait pour ne pas sombrer entièrement dans la panique et la folie pure.

Artyom voulait crier des excuses, d’être un soldat pathétique, de ne pas être capable de surmonter ses peurs, de ne pas être une bonne personne capable de tenir ses promesses- mais tout se bloque, sa voix refuse de sortir, sauf pour des gémissements de douleurs et de peurs étouffés et aussi tristes que l’être qu’il était en ce moment.

Mais l’homme se précipite sur le militaire, Artyom reprend son instinct de survie et s’apprête encore à fuir-

Et tout s’écroule, sans même qu’il puisse avoir le temps de réagir ou d’aller vers son supérieur pour le protéger. Il glisse, ne peut agir pour se sortir de là- et ses pensées se font brusquement interrompre d’un violent impact à la tête.

Plus de pensées… plus de stress, enfin du silence qui lui manquait tant- seul son regard peut encore suivre la forme de Tolstoï, blessé, qui s’engouffre dans cette caverne-

Et puis, plus rien. Un sommeil sans rêve.

…

Artyom finira par revenir à lui, avec un grognement de douleur. Il se souvient de ce qui s’était passé bien rapidement, passe sa main à l’arrière de son crâne pour y sentir du sang séché, preuve que l’impact n’avait pas été léger… mais se remémore bien vite de ses derniers souvenirs, ceux de son supérieur blessé qui s’en allait- non, il devait se relever, le retrouver, s’assurer qu’il va bien et-

et il voit ses yeux bleu fixer directement les siens, à peine la tête relevée.

Le militaire grimace légèrement de peur et recule, pensant qu’il était fichu et que Tolstoï allait le massacrer autant par sa fuite que l’incident causé ici- mais lorsque son regard cherche désespérément une sortie… c’est là qu’il comprend que quelque chose d’anormal se passait.

Pas un, mais plusieurs Tolstoï l'observait en silence, d’un air neutre, en silence. Une scène terrifiante, même pour Artyom qui serre les dents et sent déjà sa respiration s'accélérer- mais il doit se calmer, vite. Il doit… comprendre. Trouver le vrai Tolstoï. L’aider à sortir d’ici.

… Fuir pour s’isoler ensuite et partir réfléchir seul.

Il laisse échapper un soupir qui ressemble presque à un léger son de douleur- de tout ce qui la tracassait, Artyom n’avait vraiment pas besoin de ça… mais il refusait d’abandonner Tolstoï, ou qu’il soit- c’était sa promesse, et malgré la peur qui le ronge, celle-ci valait plus que sa propre vie. Son regard bleu balaie à nouveau les lieux, essaie de trouver un “Tolstoï” différent des autres- mais tous semblaient sur leurs deux jambes, avec un air neutre.

Aucun d’eux ne pouvait être celui qu’il aimait… Il se souvient de cette jambe blessée, de cette marche étrange- et au vu de ce qui s’était passé, impossible qu’aucun n’ait de réaction alors que le supérieur aurait certainement cherché à le récupérer pour la base. Artyom ignore comment réagir- jusqu’à ce que quelque chose lui vienne en tête, une chose soudaine, mais qui pourrait peut-être l’aider à comprendre quelque chose.

- … N… Nemo… ?

C’était le nom du Zoroark de son compagnon…  celui qui était parfois comparé au militaire lui-même. Sa voix est faible, mais dans cet étrange lieu trop silencieux, elle fait écho et ferait presque mal aux oreilles de son propriétaire. Mais peut-être que celui-ci était dans les parages, et pourrait faire quelque chose, lui qui savait aussi changer de forme… ?

Il espère, mais Artyom ne veut pas perdre de temps si son supérieur est en danger. L’homme secoue la tête, laisse un air inquiet se dessiner sur son visage- et après un moment d’hésitation, il tente de se frayer doucement un chemin vers le fond de la grotte, là où il avait vu Tolstoï disparaître avant de perdre conscience- si cela se trouve, il était là-dedans…

 

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Frayer un chemin dans cet étrange lieu est douloureux, autant que c’est difficile. Artyom utilise les parois pour avancer sans perdre l’équilibre, se battant contre sa nausée et son stress, tandis qu’il essaie tant bien que mal d'avancer sans essayer de tourner son regard sur ces… “Tolstoï” trop silencieux et sans expressions qui le mettent clairement mal à l’aise. Cette situation ne lui plaît pas, mais il doit continuer pour retrouver son véritable compagnon.

Mais des bruits de baston lui parviennent bien assez vite, de quoi le motiver à accélérer et à courir- tout ça pour… voir lui-même en train de castagner des Zoroark ? Bon, il ne devrait pas être surpris avec tout ce qui se passe, mais… une telle scène à de quoi rendre les choses encore plus confuses, surtout avec sa tête douloureuse.

Et quand il reçoit un doigt d'honneur de la part de son “clone”, c’est ce qui suffit à lui faire rendre compte que c’était Nemo. Mais… Pourquoi son apparence ? Et pourquoi s'attaquer à ces Zoroark qui ne semblent… pas hostiles ? Artyom plisse des yeux, mais se dépêche de réfléchir- sûrement que le Pokémon devait avoir une raison, lui qui protège Tolstoï de base…

- Où est-il ? Il faut que je le protège…

C’est ce qu’il parvient à sortir- chaque mot est difficile à exprimer au vu de son état, mais Artyom avait besoin au moins d’une direction, n’importe quoi, pour venir en aide à son chef. Si son propre Pokémon était occupé à bastonner du Zoroark, sûrement qu’il avait une bonne raison- mais être à deux sur la même tâche risquait de ne pas être efficace. Quitte à être deux pour venir en aide à Tolstoï, autant en avoir un qui s’occupe des Pokémon et l’autre de retrouver l’homme en question.

Mais en voyant Nemo être hostile face à ces Zoroark, Artyom ne peut s’empêcher de jeter par moment des coups d’oeil à deux qui le suivent- il espérait que ceux-ci ne deviennent pas subitement hostile, surtout qu’il doit encore chercher son vrai compagnon… Maintenant, le militaire était bien sur ses gardes, même s’il reste encore ici pour voir s’il ne peut pas tirer des informations de son “clone”.
 

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Une simple question- mais une qui fera rapidement bouger les choses, et qui poussera bien vite Artyom à se préparer au pire. Et le pire… Oh, il le voit, un simple moment- mais un qu’il aura le temps de voir, malgré la rapidité de Nemo pour le sauver.

Ces formes, ces apparences, ces aiguilles… C’était comme si son passé l’avait rattrapé sous forme physique- comme si l’on voulait le plonger dans celui-ci et l’empêcher de fuir sa peur. Mais malgré tout, malgré cette horrible vision- le Zoroark continue à le traîner, de l’empêcher de sombrer… et cela aide Artyom à se réveiller- à se rendre compte qu’il n’était pas seul ici, qu’on n’allait pas le laisser ainsi. Ce n’était sûrement que pour aider Tolstoï à la fin- mais la présence du Zoroark, d’un “camarade” comme lui avait de quoi le rassurer, à le faire revenir sur terre, et à courir avec lui. Il se fiche de la douleur des griffes de Nemo- il tolérerait n’importe quelle souffrance, pour le bien de leur mission… !

Même si le malaise continue de le prendre, un différent de celui de ses souvenirs et de son passé- Artyom tiens bon, serre les dents et tente de se concentrer sur le présent et leur fuite- bien que celle-ci s’arrête lorsque Nemo ne semble plus entendre les Zoroark qui les chassaient… mais il ne pouvait trouver de chemin à suivre dans l’ombre à présent.

Artyom souffle avec lui, essaie de contrôler sa respiration- ils devaient se dépêcher de trouver quelque chose, de prendre un chemin- mais faire demi-tour n’était pas possible, trop dangereux. Ils pourraient les rattraper bien rapidement. Et parler… c’était peut-être trop risqué là-aussi, vu l’écho des lieux. Mais en attendant, pas d’indice ne semblait se montrer…

…

Il se concentre, son regard passe sur les chemins possible- et difficilement… il essaie de se vider la tête. De ne plus penser au passé, à ce qui risquait de lui arriver ici- même aux aiguilles et tout ce qui s’était passé, tout ce qui compte, c’est trouver Tolstoï. Prendre des décisions en tant que militaire n’était pas aisé- mais ici, il ne peut faire confiance qu’à rien d’autre que son instinct et son désir de venir aider Tolstoï.

Même s’il devait risquer sa peau ou finir transpercé d’aiguilles à la fin… si c’est pour sauter son compagnon, Artyom était prêt à tout.

Alors, il laisse son coeur choisir, comme il avait choisi d’aimer Tolstoï et Rin- il avait fait des bonnes décisions ainsi, peut-être qu’il trouvera le bon chemin si c’est pour son compagnon.

Même si la situation était de sa faute… Le militaire ne peut s’empêcher de garder sa main avec celle du Zoroark qui avait son apparence- et même si cela lui fait mal, il ne voulait pas abandonner son camarade non plus, et bien qu’il est plus doux… Artyom essaie de mener Nemo avec lui sur le chemin du milieu, lui jetant un coup d'œil déterminé- il ne partira pas d’ici tant qu’il n’aura pas sorti lui et Tolstoï de là.  

Humain ou Pokémon, un allié reste un camarade précieux aux yeux du militaire.

 

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Malheureusement, Artyom faisait partie de ceux qui n’avait pas vraiment de connaissances en Histoire, de ce côté-là. Oui, il aimait lire des choses en rapport avec Strana- mais affectionnait surtout les livres de la période communiste, et ne s’est donc jamais vraiment penché sur le côté “religieux” de la région. Enfin, il n’était lui-même pas religieux, n’étant intéressé que par les choses militaires dès l’enfance…

Malgré tout, il restait assez “curieux” de ces dessins, bien qu’il ne pouvait s’y attarder- mais d’un autre côté, le militaire ressentait cette étrange et inquiétante sensation lorsqu’il regarde ces fresques, ou qu’il s’enfonce de plus en plus dans les lieux avec Nemo. Tout cet endroit était étrange… mais il doit continuer- il faut trouver Tolstoï au plus vite.

Nemo l’arrêtera à nouveau dans sa course- plus spécifiquement, ils stoppent leur avance devant une de ces fresques, une qui semblait… plus étrange que le reste, comme si tout ceci ne l’était pas déjà assez. Mais ce qui suit ? Artyom n’aurait pas pensé voir quelque chose d’aussi étrange un jour.

Instinctivement, il recule un peu, se met sur ses gardes et en position de défense si cette chose voulait l’attaquer- mais Nemo s'interposera entre le militaire et le “Pokémon”. Un Pokémon pareil, il n’en a jamais vu- et sortir d’un mur comme ça ? C’est si étrange… et clairement, il n’était pas à l’aise face à cette “chose” qui leur fait face- étaient-ils vraiment en état de se battre face à ça ?

L’espace d’un instant, l’homme se demande s’il n’y a pas une issue, mais… entre ce truc qui bloque la voie, et faire demi-tour qui risquait de les ramener vers les Zoroark fous… Non, pas le choix* ils allaient devoir continuer quoi qu’il en coûte, même s’il faut souffrir pour ça. Abandonner Tolstoï n’est pas une option !

C’est ainsi qu’une Pokéball est lancée- laissant le Poussacha d’Artyom se pointer et se retrouver aux côtés du Zoroark. Oh, elle n’était pas la plus habituée aux combats, Svyazat… mais elle est protectrice de son grand con, et voir le Pokémon qui leur fait face suffit à déjà faire sortir les griffes. Un ordre, un simple est donné : “Feuille Magik” est prononcé de la part du militaire, laissant la Poussacha jeter les feuilles et les projeter en direction du Pokémon inconnu.

Elle n’est peut-être pas aussi forte que la chose en face, mais il n’allait pas laisser Nemo seul là-dedans- et quitte à affronter un adversaire inconnu, autant utiliser une attaque qui est sûr de le toucher… Bien que dès qu’il pourrait, Artyom prendrait le premier moment possible pour tirer les deux Pokémon avec lui et continuer leur chemin le plus vite possible.
 

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… Ah.

C’est la seule réaction qu’aura Artyom en voyant la terrible bête disparaître pour prendre la forme d’un énième Zorua. D’un côté, ça rassure de ne pas avoir affaire avec une bête plus dangereuse, mais de l’autre… Perdre du temps qui pourrait être utilisé à sauver Tolstoï l’embête- surtout qu’il n’est pas non plus dans sa meilleure forme, le militaire.

Mais cette irritation dégage aussi vite pour de l’effroi lorsqu’un cri perce ses oreilles- le petit Pokémon avait beau ne pas être si fort, ça n’empêche pas qu’il restait tout de même un Zorua de Hisui, et son cri faisait froid dans le dos- assez pour en redonner des souvenirs de ces Zoroark qui avaient pris l’apparence de sa phobie… !

Ces formes, ces aiguilles… Non, non, non- il ne veut pas revivre ça, même si ce n’était qu’une image, qu’une cruelle illusion- il devait faire taire ce Zorua avant qu’il recommence, avant qu’il n’attire vraiment les autres sur eux ! Artyom panique, fouille au plus vite ses poches- une Pokéball vide, il la sort aussitôt qu’elle entre en contact avec la paume gantée de sa main, et la lance sans aucune douceur sur le Zorua effrayant.

Il serait désolé de son geste plus tard, quand le calme reviendra- mais dans la panique qui revenait de plus belle en entendant du bruit se faire doucement mais sûrement derrière eux… Artyom ne voulait plus prendre de risque. Sa Poussacha bien évidemment s’inquiète pour son dresseur, veut l’aider en le câlinant- mais il la rappelle bien vite dans sa Pokéball pour la protéger. Promis, Svyazat. Tu auras un bon moment de câlins pour rattraper ceci si on s’en sort, le militaire y pense fort- mais il faut d’abord vite chercher Tolstoï et sortir de cet enfer !

La Pokéball du Zorua effrayant récupéré, Artyom fait signe à Nemo de venir, de s’enfoncer encore plus dans cette caverne : ils n’avaient qu’un seul chemin possible, et faire demi-tour serait se jeter dans la gueule de ces autres Pokémon tordus. Le militaire n’avait pas envie d’affronter encore plus sa phobie, il le faisait déjà bien assez aujourd’hui- autant dire que dès que le Zoroark d’Hisui de Tolstoï se bouge, l’homme se grouille aussitôt de courir du plus vite qu’il peut, le plus vite ils retrouveront Tolstoï, le plus vite ils pourront s’en aller… !
 

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Il ne s’arrête pas. Il refuse, et de toute façon, Artyom est bien trop paniqué pour s’arrêter. Il voit bien que des choses étranges sont inscrites sur les parois, que ces fresques montrent des choses étranges et glauques- mais sa panique est bien trop importante pour penser à ça. Non, son cerveau est coincé sur deux buts : trouver Tolstoï, échapper aux vagues d’aiguilles qui risquent de l’attaquer s’il ne peut fuir les lieux… Un simple coup d'œil dans son dos avait suffit à faire revenir toute l’adrénaline dans son sang pour redonner la force de courir, de courir plus vite que toutes les fuites faites auparavant.

Son PTSD est à pleine puissance, il peut sentir de nouveau la panique et la peur tordre ses expressions… mais dans tout ça, pourtant, il n’oublie pas- il doit chercher et sauver Tolstoï.

Et sa voix.. il l’entend. Il en est sûr, c’est sa voix ! Ses yeux s’écarquillent, et ses jambes tentent tant bien que mal d’accélérer le rythme de sa course, comme s’il voyait le bout du tunnel et de cette affaire- il s’en fiche que ça soit d’étranges prières ou autre chose, tout ce qui compte, c’est sauver son compagnon et sortir de là !

- … Ilya… !

Sa voix est douloureuse, bien trop sèche, doit utiliser les parois pour faire écho et devenir audible… mais Artyom essaie de l’appeller, dans sa fatigue, mais son espoir d’enfin le trouver.

Il est si fatigué. Il sait qu’il devra reprendre sa fuite plus tard… mais le militaire voulait juste retrouver son amour maintenant. Il veut juste tenir sa promesse…

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Artyom le voit enfin.

Il court, il est essoufflé, s’écroule presque et termine à genoux devant le dos de Tolstoï, respirant lourdement sans cacher sa fatigue- mais un sourire se dessine sur son visage lorsqu’il retrouve son camarade, avec sa Gardevoir à côté. Mais…

Mais il voit bien à la réaction du Pokémon, et au fait que Tolstoï ne réagit pas, que quelque chose ne colle pas. Il entend encore ces prières- voit la statue de ce Pokémon vu avant… qu’est ce qui se passe ici ?

Pas le temps de réfléchir- voilà que la horde de formes trop familières et armées d’aiguilles arrive enfin. Son cœur loupe un battement, il sent sa respiration s’arrêter et la panique l'étouffer- mais rien à faire, sa phobie l’empêchait de fuir à présent qu’il était piégé… et Artyom pouvait presque ressentir la mort approcher, attendre le bon moment pour le frapper et l’achever.

Plus de fuite, plus rien n’est possible- mais dans ce qu’il croit être ses derniers moments, Artyom se lève et écarte ses bras, ferme les yeux, s’interposant entre ces fantômes de son passé et son compagnon priant encore- s’il doit mourir ici, il le fera pour protéger Ilya…

…

Pourtant, rien ne se passe. Timidement, le militaire ouvre un œil- puis l’autre, en remarquant que ce qui l’effrayait quelques secondes avant avait disparu, pour être remplacé par de nombreux Zoroark partis imiter son supérieur. Artyom reste figé, encore sous le choc de tout ce qui était arrivé, pendant de longues secondes- jusqu’à manquer de tomber, sa tête devenant légère par le manque d’oxygène après avoir respiré aussi fort et fait tant d’efforts pour fuir. Il avait presque l’impression d’être dans un rêve fiévreux…

Mais rêve ou pas, reste qu’il faut sauver Tolstoï. Le militaire ignore ce qui le coince ici, ce qui le fait ignorer la situation- et, décidant de suivre encore ce que son coeur dit, Artyom se permet de doucement enlacer l’homme, toujours le dos face à lui- trouver des mots était bien trop difficile… et il avait besoin d’avoir un peu de contact physique avec celui qu’il aime et adore, qu’il voit avec admiration. Aurait-il encore le droit de l’approcher après tout ça, et même après qu’il tente de fuir encore et toujours le jour des vaccins ? Qui sait, mais le militaire ne voulait pas l’abandonner.

- … Ilya, s’il vous plaît… Partons d’ici.

Il s’en fiche comment, il s’en fiche s’il faut courir- Artyom ne veut pas le laisser ici. Et pour ça, il commence même à tenter de le porter, de le prendre dans ses bras pour le transporter ailleurs- hors de question de le laisser dans un endroit si dangereux encore longtemps.

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Y retourner ? Leur dû ? Le militaire n’avait aucune idée de ce qu’il racontait- mais ce qui est certain, c’est qu’Artyom n’allait pas le laisser retourner. Il continue de le porter malgré la douleur dans son propre corps, l’épuisement qui veut le faire tomber au sol- hors de question de lâcher Ilya maintenant qu’il était avec lui. Il était l’heure de le faire sortir d’ici, d’une façon ou d’une autre.

Le cri de douleur lui fait mal au cœur autant qu’à sa tête, l’épuisement mental et physique restaient présent et l’adrénaline ne pouvait tout couvrir- mais Artyom n'arrête pas, le garde contre lui pendant qu’il le porte- cette jambe blessée… Il espérait qu’il s’en sortira vite. Mais lorsqu’il entend son prénom être prononcé, c’est là qu’enfin… il sent soulagé, presque heureux, en laisse un sourire léger mais heureux se montrer sur son visage-

Une joie qui est de courte durée lorsque l’agitation reprend- d’abord avec un cri qui lui en ferait presque revenir sa propre peur, mais aussi avec les Zoroark qui redeviennent agressifs autour d’eux. Apparemment… les Zoroark ne voulaient pas que Tolstoï quitte les lieux- mais Artyom refusait de laisser son compagnon entre leurs griffes !

Pas le temps de plus réagir cependant, un clignement d’yeux, et les voilà soudainement dehors- comme si tout ceci était la fin d’un cauchemar, et que le militaire dormait debout depuis tout ce temps… Mais la douleur, l'adrénaline qui retombe, et la présence de son compagnon dans ses bras montre que tout ceci est bien loin d’être l’invention de son imagination.

Pourtant… Tolstoï ne le lâche pas, comme si la peur restait ancrée en lui- et même ses propres Pokémon semblaient inquiets pour lui. Le militaire avait encore peur lui aussi, pour d’autres raisons- et pourtant, doucement, Artyom s'agenouille au sol, toujours en tenant l’homme contre lui- non, en le collant même encore plus, mais en faisant de son mieux pour ne pas faire bouger la jambe blessée de son amant.

- Tout va bien se passer, maintenant. Vous n’êtes plus en danger Ilya, je suis là...

Il tenait sa promesse, sans jamais l’abandonner- comme il s’accrochait lui aussi à son compagnon. Oh, il ne l’abandonnerait pas, il l’aimerait toujours… mais Artyom savait que sa phobie gagnerait toujours contre lui- et sa fuite se fera, inévitablement. Pourtant, malgré tout, il veut montrer qu’il l’aime quoiqu’il arrive- que s’il disparaît, même pendant longtemps, il finira par revenir… Que sa promesse de ne jamais l’abandonner sera toujours tenue.

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Pauvre, pauvre Artyom.

Il continue de garder Ilya contre lui, de le rassurer par son geste plus qu’avec des paroles, veut s’assurer qu’il ira bien avant toute chose- mais lorsque les mots lui parviennent enfin… Son cœur loupe un battement alors qu’il comprend ce qui se passe- et se retrouve à vaciller, à lâcher Tolstoï alors qu’il cherche désespérément à surmonter l’hypnose.

- … Pour… quoi… ?

C’est tout ce qu’il murmura, alors que ses yeux bleus essaient de se lever une dernière fois vers ce qu’il pense être la forme d’Ilya- mais avec la fatigue et le choc… il s’écroule dans la neige, perdant conscience pour de bon.

Quand Artyom se réveillera de ce sommeil encore sans rêve… il paniquera, bien évidemment- mais il ne peut bouger comme il le veut, comme si tout son corps pesait une tonne, et qu’il lui fallait faire un effort massif pour essayer ne serait-ce que de bouger. C’est inquiétant- comme les lieux qu’il finit par reconnaître… et la personne à côté de lui avec. Des excuses, "c’est terminé"… avait-il été ramené pour avoir ces vaccins ?

…

Il est si épuisé, voudrait presque retourner dans son sommeil pour espérer qu’il n’a vraiment pas été piqué- mais un simple coup d'œil à son bras suffit à comprendre qu’on avait joué de sa confiance et de son inquiétude pour le piéger et le ramener ici. Putain, il peut sentir son cœur s’emballer- mais par le stress et l’inquiétude, et les mauvais souvenirs de son passé qui reviennent le provoquer, qui disent qu’il n’avait aucune chance- qu’il aurait beau résister comme il veut, rien n’empêchera qu’on l’utilise comme expérience, qu’il en avait besoin pour être un bon soldat…

La nausée lui prend la gorge- bien qu’il ne montre rien sur son visage à l’exception de la fatigue… il est blessé par ce qui était arrivé. Pas que physiquement- mais aussi par ce qu’avait fait Tolstoï. Il savait que cette situation n’avait pas été un rêve. Ses yeux avaient réussir à apercevoir cette Pokéball usée pour le Zorua, le "je t'ai eu" qui avait marqué ses souvenirs... sa tête encore douloureuse du choc se tourne, se dirige vers le mur…

- … Partez.

C’est tout ce qu’il dira. Artyom avait mal pris ce sale tour, et avec son passé qui revient encore à la charge rien qu’à être sous l’effet de sédatifs et à être coincé dans cette fichue infirmerie… Il n’allait pas pardonner Tolstoï pendant longtemps. Trèèèès longtemps.

Un long séjour à la toundra s’impose dès qu’il n’aura plus les effets de ce sédatif. Il n’avait plus envie de rester ici une seconde de plus- il avait à méditer. Pendant quelques semaines au moins, sans doute.