La confusion

…

Une convocation dans le bureau de Tolstoï.

C’est ce qu’on avait donné de si bon matin à Artyom, directement de la part d’un autre militaire qui semblait avoir croisé le chemin du chef avant lui. L’homme était habitué à recevoir des messages ou autre de sa part, que cela soit pour une mission ou juste pour ses… étranges lettres dont les mots étaient bien complexes à comprendre, s’il arrivait à les comprendre tout court parfois.

Mais une convocation ? Ce n’était pas banal. Quand ça arrive… c’est souvent pour parler de choses assez graves ou de sujets qui sont à garder secret- mais en tout cas, c’était très souvent sérieux. Pour les choses plus simples, souvent, Tolstoï venait directement leur rendre visite (et va savoir comment, même quand Artyom se planque dans des endroits vraiment paumés ou étrange dans la base, le chef arrive quand même à le trouver) pour causer de ce qu’il avait besoin, que ça soit juste parler ou faire des demandes que le militaire ne comprend pas, parfois… souvent, en fait.

Du coup, il s’était préparé mentalement à tout ça, Artyom- il avait déjà même préparé des affaires au cas où on devait l’envoyer en mission, dans un coin éloigné de Strana. Sac à dos chargé avec le matériel nécessaire, arme à feu prête à être embarquée et utilisée, gros manteau pour braver le froid de la toundra, tout était bon pour aller de suite en mission dès qu'ils auraient le feu vert.

Quand l’heure d’aller au bureau du supérieur arrive… Il est là, toujours à l’heure, le militaire- mais sa tête se penche légèrement sur le côté, signe de curiosité et de légère confusion, lorsqu’il voit que Rin semble aussi être présente devant la porte. Pas de question n’est posée : son expression devait dire assez pour que Rin comprenne que son camarade se demandait si elle était aussi là pour la même raison…

Une partie de lui est aussi étonné que Tolstoï veuille potentiellement leur redonner une mission sérieuse aussi vite- surtout que le coup du poney des neiges ne remonte à pas si longtemps… mais bon, au moins, Arty est déjà prêt à y aller, au pire.

La confusion

Voir Rin en même temps que lui arriver au bureau de Tolstoï est déjà curieuse, mais sa tenue… ? Il en a, des questions, le militaire. Mais pas le temps de dire quelque chose ou de poser plus de questions lorsque ça parle de ses vêtements- le fameux supérieur ouvre la porte, Arty se met au garde-à-vous pour et se laisse être… regardé quelques instants, avant qu’on leur demande d’entrer- chose qu’il fait aussitôt avec Rin, finissant enfermés tous les trois dans la pièce.

Étrange… quand on leur donne une mission, la porte est souvent laissée ouverte pour que le militaire puisse partir au plus vite. Avaient-ils quelque chose de très secret à discuter… ? En tout cas, le militaire commence à douter avec le silence qui règne et la manière dont on les regarde. Avait-il mal compris quelque chose ? Dans tous les cas, Tolstoï s'assoit- et Arty fut le dernier à s’installer, attendant habituellement qu’on l’invite à le faire.

Du silence encore… et c’est quand même après autant de temps gaspillé qu’il commence enfin à se dire que ce n’était peut-être pas pour une mission top secrète ou importante qu’on allait lui donner aujourd’hui.

Et quand le silence est brisé… ouais, non, il est perdu le militaire, sa tête penchant légèrement d’un côté tout en fixant son supérieur en silence, signe qu’il n’avait absolument aucune idée de quoi il parlait- et c’est à Rin que revient la tâche d’en parler, qui semblait plus calée que son camarade sur le sujet… pas que ça soit difficile, là. Le regard bleu froid du militaire se place donc sur elle, l’écoutant avec attention et essayant déjà de comprendre qu’est ce que ça fout là et le rapport à la convocation ici.

… Bon déjà, c’est pas bien parti vu que ça parle de romantisme, chose que le militaire n’est pas habitué du tout à gérer et qu’il ne comprend pas super bien accessoirement. Le concept d’âmes sœurs ? Non plus, ça c’est encore pire, il ne connaît pas le mot et ne pige pas plus. Mais celui de relation charnelle… Ouais, il comprend mieux la tenue de Rin là-dessus.

Mais bon, il plisse les yeux : Comment ont-ils réussi à tous les deux comprendre deux choses aussi différentes en une convocation, entre “relation charnelle” et “mission top secrète”, il y a quand même une sacrée différence…

Et ce n’est certainement pas Tolstoï qui va l’aider là-dessus. Quand l’homme prend la parole… Passer du temps ensemble dans un cadre “romantique” ? Toute la journée ? Des Lovedisc ?

… Quoi ?

Artyom plisse d’autant plus les yeux, surtout qu’apparemment… Rin ne comprend pas, et le militaire partage un petit hochement de tête à sa camarade, tout autant paumé qu’elle sur ce bordel monstre à ses yeux… et se sentant un peu mal pour son amie, triste de la comparaison. Il réfléchit, essaie de comprendre…

Mais comme on parle d’Artyom, il faut pas espérer non plus.

- … Peut-être qu’il les aime beaucoup et veut qu’on s’habille comme eux, et il se tourne vers son supérieur avant de lui poser une question avec tout le sérieux du monde, vous voulez qu’on se déguise en Lovedisc pour vous ? En capturer serait bien plus efficace, et vous auriez de quoi en avoir à vos côtés plus qu’une journée.

Il hausse les épaules, se lève- l’homme pense sincèrement avoir compris plus ou moins ce qu’on lui demande, et est déjà en train de se préparer à se barrer, potentiellement.

- Je peux aller vous en récupérer le plus vite possible pour que vous puissiez profiter de cette… fête. Je demande permission de partir immédiatement en mission pour ceci.

… Au moins il demande, le con. Mais il a l’air vraiment sérieux. Enfin bon, qu’attendre d’un gars dont suivre les ordres est toute sa vie et qui aime être sur le terrain... ?

La confusion

Contrairement à Rin, Artyom ne calcula absolument pas que Tolstoï voulait se foutre de sa gueule vu sa théorie éclatée qu’il avait eu en essayant de comprendre les mots de son supérieur. Du coup, il ne peut que montrer une mine confuse quand ça parle de blesser ses sentiments- parce qu'il voyait pas le rapport bien évidemment- mais quand ça lui fait signe de revenir, le militaire s’exécute, toujours aussi paumé.

Du coup, une fois le cul de nouveau posé sur son siège, Artyom reste sage et écoute son supérieur parler plus en détail de cette histoire de Saint-Valentin, de quoi ne pas l’aider à comprendre plus ce qui se passe- surtout que le concept d’être appelé ici alors qu’on ne sait pas quoi faire, ça dépasse le militaire qui penche encore sa tête sur le côté avant de l’ouvrir, sans trop réfléchir.

- … Si c’est impossible, ne vaut-il pas mieux demander à des gens plus doués dans le domaine que nous ?

Ah là là, ce cher Artyom, qui déjà ne comprend toujours pas qu’il est dans une relation et qui pense que son idée va avancer les choses. Mais bon, à la place… ça parle de teambuilding- et avec ce qui s’était passé avec Cassandre et Volodya parce qu’on lui avait expliqué qu’il les avait quand même bien mis dans la merde avec ce Teddiursa qu’il avait volé… Le militaire regarde d’abord Rin, puis Tolstoï- plisse les yeux, et pose encore une question à côté de la plaque, bien entendu.

- Teambuilding… ? Est-ce que cela implique de se mettre gravement en danger et de finir à l’infirmerie là aussi ? Je doute que Livre ait le temps de gérer des blessés en plus qui puissent être évités.

Merci Arty pour les questions importantes, surtout. Enfin, d’un côté, ça leur fera une certaine mission à faire dehors, non ? Eh bien non- parce que ces Pokémon qu’ils recherchent, il y en à pas à Strana- et faire le trajet pour quitter la région pour quelques poissons, c’est peut-être pas ce qui est le plus efficace avec eux. Mais oh miracle, apparemment, ils en auraient en réserve… une bonne nouvelle, en soi !

… Arty réfléchit, ne dit plus rien pendant quelques secondes- et ses yeux bleus étaient parti fixer le sol, dans un air légèrement plus neutre- perdu encore bien sûr, mais… légèrement attristé ? Il ne peut s’empêcher de murmurer quelques mots en direction de sa camarade, bien que le militaire n’ose plus vraiment la fixer sur le moment.

- … N’y-a-t’il pas des sbires qui sont chargés de ranger comme il se doit les Pokémon des entrepôts… ? Est-ce… une mission pour nous dire que nous ne sommes pas assez utiles ou efficaces même pour être capable de gérer un stock de Pokémon... ?

Coup dur pour le soldat qui pensait avoir fait à présent une grosse connerie et qu’il le payait ici, avec un stage de “remise à niveau” dirigé par Tolstoï en personne. Après Rin qui se sent insultée par les Lovdisc, c’est au tour d’Artyom.

Bravo les andouilles qui ne gèrent pas la communication.

La confusion

Un rire. A entendre ça… Artyom voit son inquiétude grandir- avait-il eu bon ? Était-il si incompétant… ? Il s’apprête à s’excuser d’être un mauvais soldat- mais Tolstoï le coupe, pour le rassurer, en disant qu’ils étaient parfaits- et qu’ils étaient la meilleure chose qu’ils lui étaient arrivée.
…

- Je… suis vraiment désolé pour vous, si nous sommes la meilleure chose qui vous soit arrivé.

Aïe, là, il était pas bien le militaire et se sent honteux- avoir des clowns comme lui être la meilleure chose ? La vie était vraiment cruelle envers leur supérieur, assez pour que lui-même sent un pincement dans son cœur. Au moins, il aura parlé pour Rin sans le savoir…

Enfin, Tolstoï s’exprime à nouveau pour corriger encore ce bazar infini avec les soucis de communication assez grands : finalement, plus de teambuilding ? Hm, peut-être qu’ils avaient vraiment mal compris quelque chose. Mais juste avoir leur compagnie ? Parce qu’il les apprécie ? Artyom reste toujours aussi confus. Juste pour la Saint-Valentin ? Non, il n’arrivait pas à faire de lien entre son appréciation, la fête et tout ça en général… c’est un véritable chaos.

Pas le temps d’y réfléchir plus- Tolstoï rompt le silence un grand coup et fait même sursauter le militaire avec ses mains frappées contre son bureau, manquant de pousser le militaire à s’excuser pour son incapacité à comprendre cette histoire… enfin, il l’aurait fait si son supérieur ne commençait pas à s’exprimer de nouveau, avec le sourire. Qu’il pensait avoir été assez clair sur leur relation… alors que les deux concernés ne comprennent pas, Artyom pensant juste à une relation soldat et supérieur sympathique.

Et puis, “Je vous aime”.

Avec sa camarade, Artyom fronce aussi les sourcils, mais plus par réflexion intense, laissant le silence s’installer un peu. Je vous aime ? Ce n’est pas quelque chose qu’un supérieur dit à ses soldats. Peut-être qu’ils avaient eu des moments où ils pouvaient se libérer un peu plus, parler plus sincèrement sans jouer leurs rôles, et même des moments charnels qu’on ne tolérerait jamais dans la société… Mais tout de même- il pensait juste que Tolstoï avait des moments où il avait besoin de camarades de confiance pour faire ce genre de choses, tout simplement.  

Rin pose une question après un certain moment, ne comprenant pas cet amour dont-il parlait- mais… ça permet à Artyom d’avoir une potentielle idée. Ok, il l’admet, ses idées jusqu’à maintenant étaient… à côté de la plaque, mais à ce stade, autant continuer et essayer de voir s’il finira par enfin réussir quelque part. Qui sait. Il se dépêche immédiatement de lui parler, sans laisser à Tolstoï le temps de s’expliquer.

- Hmm… C’est assez flou dans mes souvenirs- mais je me souviens avoir lu un livre où une personne importante tombe amoureuse d’une employée ou de quelqu’un inférieur dans une hiérarchie, un livre de “romance impossible”. Je n’ai… jamais vraiment compris ce genre de choses exactement, et c’est le seul livre du genre que j’ai donc lu, mais…

Son regard bleu passe vite fait sur Tolstoï- puis immédiatement sur Rin, en penchant légèrement la tête.

- Est-ce que… c’est quelque chose de similaire ? Peut-être qu’il veut juste vivre cet amour avec toi, mais qu'il ne savait pas l'exprimer avec ce statut de supérieur.

Artyom, tu es si proche du but, si proche ! Dommage qu’il ait oublié de s’inclure dans l’équation, n’ayant pas exactement pensé à l'existence de relations à plusieurs... et qu'il avait compris deux trois trucs de travers, mais il essaie. Vraiment.

La confusion

Et ça se refile la patate chaude- directement, Rin le regarde embarrassé avant de dire qu’on parle plutôt de lui, de quoi faire pencher encore la tête du militaire qui regarde sa camarade avec de grands yeux surpris. Lui ? Honnêtement ? … Non, il ne voyait pas ça arriver, et secoua la tête pour le dire par ses gestes vu qu’il n’arrivait pas à dire quoi que ce soit sur le coup.

Mais Tolstoï finit par rétablir en disant qu’ils avaient tout les deux eu juste sur ce point… et si on ne pensait pas ça possible avant, voilà qu’une légère teinte rose se dessine sur les joues du militaire, les lèvres légèrement tremblantes alors qu’il veut dire quelque chose, mais enregistre encore l’information qu’on vient de lui donner.

Il les aime tous les deux, autant l’un que l’autre. Et ça ne semblait absolument pas être une blague pour faire rire le chef ou autre chose… il était sérieux, sincèrement sérieux- prêt même à accepter d’être amis si ce n’est pas réciproque.

L’amour… l’homme n’avait jamais vraiment pu connaître ou apprendre à vivre ça avant. A vouloir prendre son rôle de militaire modèle au sérieux tout le temps, à ne jamais penser à autre chose… Artyom ne s’est jamais penché sur cela. Il n’a jamais imaginé toutes ses connaissances plus que des connaissances ou des camarades, voire amis pour les plus proches. Mais, de l’amour… ?

Rin pose une autre question en rapport- et c’est là qu’Artyom se souvient aussi de ces “moments” entre lui et Tolstoï, parfois avec Rin présente aussi… lui voyait ça comme des requêtes du supérieur pour se détendre, des ordres que le militaire devait suivre- mais pas en tant que moments à partager entre amoureux… Et honnêtement, entre l’embarras et les émotions qui lui sautent un peu dessus, le militaire regarde de nouveau par terre- mais pour cacher son regard et ses joues vraiment rouges à présent, en repensant à tout cela.

- Un… un couple est possible avec 3 personnes… ? J-je… je n’ai jamais entendu parler d’une telle chose.

Désolé Rin, tu ne seras pas beaucoup aidé avec lui. Mais… Artyom ne veut pas laisser non plus du silence gênant, ne pas offrir de réponse à son pauvre supérieur qui devait sûrement s’inquiéter et tout- un peu comme dans les bande-dessinées de romance de Kanto à Rin, où la fille était en panique et stressait à chaque seconde de silence. Il soupire, secoue la tête et la lève enfin-

Si il y a un bon moment pour quitter sa façade du militaire parfait, c’est le moment où jamais d’être honnête et laisser ses vraies émotions parler… !

- Je n’ai jamais été amoureux avant. Je… Je ne suis pas encore sûr, je n’ai jamais été autorisé à m’attacher vraiment aux gens jusqu’à récemment… Mais il n’y a qu’avec vous deux que j’arrive à ne plus être le militaire modèle sans avoir peur ou être traité de faible- à être... moi-même.

J’imagine que… si être amoureux veut dire avoir une confiance absolue en quelqu’un, alors… je vous aime aussi.

Arty essaie de le dire sans s’arrêter- mais sa voix tremble un peu alors qu’il bute sur quelques mots, cherche désespérément ses mots sans pour autant essayer de trop y réfléchir pour être le plus honnête possible… et le temps de se rendre compte lui-même de ses paroles, le revoilà de nouveau à regarder le sol pour cacher ses joues rouges et son air embarrassé.

Putain, il avait beau essayer, il avait du mal à quitter son “rôle” très longtemps encore. Artyom aura besoin de temps et d’entraînement pour ça.  

La confusion

Une jolie bande de gens pas douée en amour… en tout cas, c’est ce qu’on pourrait dire juste en voyant ce trio. Bon, encore Tolstoï peut s’en sortir si on ignore qu’il n’a jamais capté que ses deux “amoureux” n’avaient pas compris être en relation, mais Artyom et Rin ? Ouais non, en comprenant ENFIN ce qu’ils avaient loupé, ils étaient tous les deux très très con, rouges comme des Tamato. Et même si le militaire essaie de remonter le moral de sa camarade avec quelques tapes sur l’épaule… lever sa tête n’est pas possible, tant il est gêné.

Mais si lui est simplement embarrassé d’avoir mal compris depuis tout ce temps… c’est lorsque Tolstoï vient voir la scientifique de plus près qu’enfin, Artyom lève son regard bleu vers elle et qu’il remarque que toute cette situation semblait la toucher, plus que ce qu’il aurait pu penser- à en lui faire couler quelques larmes. Des paroles à propos de son père, qui n’avait jamais vu l’amour comme une bonne chose- en tout cas, pas une compatible avec la science et qui, d’une manière ou d’une autre, ne devait pas être donné à Rin. Le militaire se souvient de conversations où elle admettait ne pas s’attacher facilement aux Pokémon de base, pas aussi aisément que lui- mais avec ce qui était raconté, c’est sûrement lié à tout cela, donc.

Et d’un côté, Artyom arrive un peu à comprendre sa situation- enfin, lui avait appris à ne jamais s’attacher trop aux gens qu’il risquait de perdre à tout moment avec son rôle de militaire-pion remplaçable. Il faut croire que beaucoup de choses qu’on leur avait enseignées étaient erronées- mais se débarrasser de ces acquis était plus facile à dire qu’à faire. Cependant… quels mots utilisés pour rassurer Rin à propos de tout ceci ? Cette fois, le militaire avait peur de dire quelque chose, et de blesser encore plus son “amie”, ou amoureuse, peut-être… ?

Heureusement- Tolstoï doit bien comprendre que ce n’est pas aisé aussi pour le militaire, cette histoire : c’est lui qui sort des paroles raisonnables, qui les rassure comme il peut… au moins, Artyom doit l’admettre : même si comprendre son supérieur n’est pas toujours aisé, il arrive tout de même à avoir des moments où ses mots peuvent être entendus et mettre du baume au coeur.

Une main est tendue devant le militaire qui est légèrement surpris, toujours un peu rouge Ceriz- mais au sourire qu’on lui présente… Il fait confiance, accepte de donner sa main à son tour pour venir le rejoindre, et c’est une belle accolade qui se forme pour rassurer et aimer Rin, qui avait bien besoin de réconfort plus qu’autre chose. Sa main caresse le dos de son amante avec douceur, comme pour essayer de ne pas la brusquer, le temps de chercher quelques mots qui pourraient être utiles- n’importe quoi qui peut aider.

- Prends ton temps. Nous sommes ici pour toi. Nous ne partirons pas.

Exprimer ce que l’on ressent n’est clairement pas aisé- mais… Rin le connaît bien, sait comment comprendre ses mots- elle saura qu’il cherche à lui dire qu’elle peut pleurer autant qu’elle le souhaite, et que lui et Tolstoï n’allaient pas l’abandonner. C’est l’avantage d’être avec des gens que l’on apprécie beaucoup, d’arriver au moins à se comprendre d’une façon ou d’une autre.

Mais le militaire n’oublie pas non plus son autre amant- même si cela n’est pas simple pour eux, va savoir comment ça doit l’être pour lui qui n’arrive pas toujours à faire passer ses idées du premier coup mais qui essaie quand même d’être rassurant… C’est assez hésitant, et Artyom songe encore à son idée quelques petits instants, mais il finira par user de son autre main pour offrir une caresse sur la joue de l’homme, une douce, comme celle qu'il lui avait offerte peu avant et cela accompagné d’un sourire- comme pour le rassurer un peu, et montrer son affection.

Il avait tant à apprendre, que cela soit pour s’habituer ou pour communiquer, mais si une chose est sûre… Les actions étaient bien l’une des façons de se parler et de se comprendre sans prendre quoi que ce soit de travers.

Artyom avait toujours préféré laisser les actions parler plus que les mots de toute façon.

La confusion

Tolstoï incompétent en amour ? Artyom n’y croit pas vraiment- certes, il y a eu pas mal de confusion sur de nombreux points, mais… entre lui ou Rin qui n’y connaissent rien du tout, il est sûr que les choses auraient été différentes s’ils avaient un peu plus de connaissances sur le sujet. Mais tout comme son “amante” à présent, il n’a pas le temps de contester, d’expliquer son point de vue- c’est un baiser de la part de son “amant” qui le fait taire, lui fait tourner le regard ailleurs par manque d’habitude, avec ses joues de nouveau à reprendre leur teinte Ceriz… qu’il n’est pas habitué à tout cela.

Mais avec le temps, cela devrait aller mieux, non ? Il faut juste qu’il se persuade qu’il n’y a rien de gênant à recevoir des gestes d’affection ou d’en offrir.

Tolstoï reprend la parole, et si au début Arty ne s’en rend pas compte… c’est lorsque la fameuse promesse est redonnée qu’enfin, il comprend qu’on parle de cette mission, celle où lui et Rin auraient bien failli perdre la vie s’ils n’avaient pas été chanceux et déterminés à se sauver mutuellement. Mais… entendre Tolstoï se remémorer tout cela, et à présent faire la même promesse envers eux- le militaire ne sait comment réagir sur le coup, mais le léger sourire qu’il laisse se dessiner sur ses lèvres…

Il est sincèrement touché. Un militaire ne devrait pas l’être, il ne devrait pas être protégé par quelqu’un d’autre- mais ici et maintenant, il avait mis ce rôle de côté pour juste être… lui-même, que les personnes présentes avec lui n’étaient pas que de simples camarades ou supérieurs.

Avec Rin, il prononce aussi un remerciement, et cette dernière prononçant le prénom Ilya- qu’il n’utilise que lors de ces moments où ils arrivent à être eux-mêmes sans se cacher. Si seulement il pouvait le prononcer plus souvent, sans mettre celui-ci en danger…

- … Merci de croire en nous, Ilya.

A défaut, il profitera des rares fois où il pourra. De quoi donner encore plus d’importance à celui-ci… A nouveau, on lui vole un baiser- mais cette fois, Artyom n’attend pas et fait de même, offre un court et rapide baiser à ses amours peut-être maladroit mais sincère- ce concept de Saint-Valentin n’est pas encore aisé à entièrement comprendre, mais… juste pour avoir ce genre de moments avec Rin et Ilya ?

Peut-être qu’il était prêt à accorder plus d’importance à ce jour, à présent.