Quand il a reçu le coup de téléphone, il n’en a pas cru ses oreilles. Forcement, il se devait de faire une place dans son emploi du temps bien chargé – occupé à sauver le monde d’une Tsarine timbrée, rien de grave – pour accueillir cet invité de marque. Alastor Olsen en personne venait lui demander des conseils ! Oh, Sankta Morena, qu’avait-il fait pour qu’une telle chose se produise ? Il se sentait récompensé comme un brave petit soldat – sans aucun mérite, pourtant.

Il ne faut pas se mentir, Mikhaïl n’a jamais eu d’enfance alors les livres pour enfant, il les dévore comme des petits pains. Surtout quand ceux-ci sont à double-lecture comme ceux d’Olsen. Si il avait été un littéraire et non un historien, il aurait sans doute décortiqué les textes de l’auteur pour en trouver tous les sens. Oui, c’est dire à quel point il est fan du travail du bonhomme, alors voir ce bonhomme en personne, ça le rends aussi heureux qu’anxieux, un mélange d’émotions qu’il ressent un peu trop ces derniers temps…

Il a mit son bureau en ordre, chose assez rare pour être notée. Les documents top-secrets et ceux concernant les Volkov ont été mis à l’abri des regards et il est même parti dans la matinée acheter un bouquet de belles gracidées précoces. Il a laissé l’honneur à Gwenivar d’arranger l’endroit comme bon lui semble tandis que Morgante prépare le thé.

Tout ce qu’il sait c’est qu’Olsen a avec lui des documents de type religieux en sa possession et qu’il en ignore la signification. C’est compliqué, tout ça. Mais le mystère lui donne l’eau à la bouche. Alors quand on vient frapper à la porte, il s’empresse d’ouvrir, affichant un grand sourire à son idole.

« Bienvenue, vous avez fait bonne route ? Thunduruska n’est pas toute proche et… Oh, ne faites pas attention au bazar, venez dans mon bureau, nous serons tranquille… Du thé avec votre su… Je veux  dire du sucre avec le thé ? »

Il s’emmêle un peu les pinceaux, l’historien mais ça trahit sa joie intense aussi bien que son stress qui lui tords les tripes. Avec tout ça, Alastor n’a même pas l’occasion d’en placer une avant de se retrouver assis sur le fauteuil installé devant le bureau de Mikhaïl, spécialement pour l’occasion.

« Bien, bien… Vous m’avez donc parlé de mystérieux signes religieux trouvés dans un livre ancien, je suis tout à votre écoute ! »

Et le voilà, les mains jointes posées sur son bureau, un grand sourire et une hâte enfantine de commencer son exposé historique sur les anciennes figures religieuses de la Strana des Tsars…

Feat Alastor Olsen

Aussitôt qu’Alastor confiait sa préférence pour le thé, Morgante et Gwinevar travaillèrent de concert pour lui offrir une belle tasse de thé noirs aux baies façon Stranaïte, tout chaud sorti du Samovar – espérons qu’Alastor aime le thé noir corsé. Pour sa part, Mikhaïl avait le regard fixé sur cette feuille, sur ces symboles. Il resta un bon moment silencieux jusqu’à ce qu’un piaillement inquiet de Gwinevar ne le ramène à la réalité. Il secoua la tête en se frottant les tempes.

« …Navré, j’ai… Je suis presque sûr d’avoir vu ces signes avant même d’étudier la théologie mais j’ignores où… »

Plus il essayait de creuser dans sa mémoire, moins elle lui revenait. Non, il n’arrivait pas à remettre une signification dessus, si ce n’est qu’un vague malaise. Enfin, ça n’avait pas d’importance, il finit par se lever et aller chercher un gros livre dans sa bibliothèque.

« Puisque ma mémoire défaillante refuse de nous guider, nous allons décortiquer ce symbole. Je m’avance peut-être un peu trop mais on dirait un mélange d’iconographie Arkéiste ainsi que de religions païennes. »

Il vint poser le livre à coté de la fiche couvertes d’inscriptions et s’attela à trouver des correspondances entre celles-ci et d’autres découvertes sur divers sites archéologiques ou lieux de culte de la région. Après un bon moment, il finit par rendre son verdict, c’était étrange mais savoir à présent à quoi correspondait tout ça le mettait encore plus mal pour des raisons qu’il ignorait.

« Comme je le pensais, il s’agit d’un mélange entre Arkéisme et vieilles religions. » Il pointa du doigt des images de parchemins ainsi que des photos de dépouilles datant d’un ancien temps. « Les Stranaïtes occidentaux témoignent des sacrifices humains faits aux premiers Saints Dresseurs chez les populations natives dès le 10ième siècle. La preuve en image avec ce corps retrouvé dans les ruines d’une ancienne église à Snoverkoutsk. »

Il aurait bien fait toute une exposition sur les croisades qui s’en suivirent pour « remettre les Stranaïtes orientaux dans le bon chemin » mais il doutait que cela intéresse Olsen. Quelque chose lui dictait plutôt qu’il devait s’attaquer un peu plus à la signification même de ces signes. Des symboles sacrificiels, certes, mais destinés à qui et pourquoi ? C’était une question un peu plus complexe. Encore quelques recherches et comparaisons s’en suivirent donc, d’autres ouvrages furent sortis, feuilletés puis reposés à leur place avant que Mikhaïl ne rende sa théorie.

Pointant du doigt le signe qu’Alastor avait trouvé mutilant le torse du pauvre gamin, Mikhaïl présenta son monologue.

« Ceci est un marquage pour désigner la victime du sacrifice. J’ignores simplement à quel Saint elle est destinée. Je dois vous avouer ne jamais avoir vu cette iconographie avant. Il faudrait peut-être s’attaquer au contexte de votre trouvaille. » Montrant le reste des inscriptions, il ajouta rapidement « Ceux-ci semblent être des prières plus contemporaines et classiques écrits en ancien Stranaïte. Mais encore une fois, le Saint est inconnu au bataillon. Peut-être que si vous pouviez m’apporter un peu plus d’éléments sur les circonstances de votre découverte, je pourrais être plus clair… »

Il leva le regard vers Alastor en lui adressant un petit sourire désolé.

« Dans tous les cas, je doute que l’on puisse en faire une histoire pour enfants… »

Feat Alastor Olsen

Tiens, trouver ça dans un livre ? Etrange évènements, il va sans dire. Si Mikhaïl était une personne sensée, il aurait peut-être commencé à se poser des questions sur Olsen. Mais Mikhaïl étant un passionné passa outre cette étape et réfléchit à cette information dans le plus grand des sérieux.

« Il va sans dire que l’utilisation d’une telle iconographie dans l’Arkéisme moderne n’a aucun sens… » Souffla-t-il, pensif. « Un signe ancien et un Saint qui n’existe pas, peut-être inventé de toutes pièces… Cela fait un peu « secte » sur les bords, si j’ose dire. »

Il se mit à pouffer légèrement de rire. De son point de vue ignorant, cette option était absurde. Une simple note trouvée dans un livre pouvait signifier un tas de choses, comme par exemple être l’œuvre d’un étudiant qui s’ennuie en cours et ayant oublié son marque-page dans un livre de bibliothèque. Cela lui paraissait bien plus crédible mais encore une fois, il aurait rapidement déchanté si il avait toutes les informations en mains.

Enfin, quelque chose le titillait toujours et il ne pu s’empêcher de le dire à haute voix, pensif.

« Cependant, ce symbole de Sankta inexistant… Je suis sûr que je l’ai vu, mais où… ? »

Encore une fois, sa mémoire se dérobait à lui et après un long silence, c’est un poing de rage qui vint frapper le bureau, faisant sursauter un peu tout le monde dans la pièce. Même Mikhaïl, après coup, fut surpris par son propre geste.

« Oh, euh… Pardonnez-moi. C’est légèrement frustrant pour un spécialiste tel que moi de ne pas se souvenir de ce genre de chose. Sans doute assez pour malmener ce pauvre bureau, j’imagine… »

Un grand malaise l’envahissait peu à peu, comme un instinct.  Quelque chose lui dictait que ce qu’il avait sous les yeux était important et qu’il devait absolument se souvenir de ce qu’il s’agissait. Mais les murmures du Spectrum accompagnant Olsen lui changèrent totalement les pensées, il leva l’œil vers ce dernier, incrédule. Faisant taire le spectre aussitôt qu’il remarqua le regard surpris de l’humain. Comme si il avait compris qu’on le comprenait.

« Oh, j’ignores où les auteurs de ces symboles peuvent se trouver actuellement mais vouloir « s’en débarrasser au plus vite » n’est-il pas légèrement extrême ? Il ne s’agit sans doute que d’un groupe d’étudiants voulant jouer à créer une société secrète. »

Oui, oui, il s’adressait tranquillement à Luka devant Olsen sans la moindre explication. Mais bon, il avait déjà l’air d’un dingue au naturel, ça n’allait pas améliorer son cas mais pas l’empirer non-plus. Mais maintenant que Luka savait que Mikhaïl pouvait décrypter son langage, peut-être qu’il cesserait d’essayer de réconforter son dresseur en lui promettant la mort prochaine de tous les bourreaux d’enfants de cette « secte » devant l’historien.

Feat Alastor Olsen

Mikhaïl eut un sourire amer. Un rappel de mauvaises expériences, hein ? C’est un œil plein de compassion qu’il leva vers le Spectrum visiblement bougon puisqu’il refusait à présent de prononcer le moindre mot. Mais bon, si Olsen avait ses secrets, Mikhaïl avait les siens et ce n’est pas à tout le monde qu’il avouerait avoir été un Rattata de laboratoire pendant toute son enfance et adolescence.

Non, il se contente juste de quelques mots d’excuses.

« Désolé, mon cher Luka, je ne voulais pas vous offusquer. Il était malpoli de ma part d’écouter ce qui ne m’est pas destiné. » Il hésite un instant avant d’ajouter timidement. « J’ai moi-même un passé assez difficile et je suis vraiment navré si cet entretient vous rappelle de mauvais souvenirs. »

Sur ce, Mikhaïl se frotte le menton en regardant à nouveau cette étrange gravure qui l’obsède en quelques sortes. Il sent un certain inconfort aussi bien physique que psychologique et peine à garder son calme. C’est donc silencieusement qu’il vient effleurer le signe du papier, comme si ça allait changer quelque chose. Il essaye de se plonger une dernière fois dans ces souvenirs, perds la notion de réalité, de présent. C’est avec une horreur qui se trahit par un rictus qu’il arbore quelque secondes avant que son œil se perde dans le vide.

« Nous sommes nés du sang, faits hommes par le sang, défaits par le sang. Craignez le sang des Saints. » Il revient dans le présent et regarde autour de lui d’un air confus avant de se tourner vers Olsen. « Qu… Où en étais-je ? »

Il garde longtemps son air sombre avant que son œil ne s’illumine d’un éclat de satisfaction.

« C’est… Un pacte de sang ! Bien-sûr, comment ai-je pu oublier une info pareils ! »

Il lève le regard vers Olsen qui a l’air de réfléchir au sens de ses paroles, il se sent donc obligé de préciser de quoi il s’agit. Il tourne quelques pages de son gros manuel archéologique pour montrer un autre parchemin aux magnifiques enluminures montrant avec beaucoup de détails Sankta Morena, Sainte dresseuse de Giratina, faisant offrande de quelques gouttes de son sang au Légendaire.

« C’est une vieille légende, les Saints auraient utilisé leur sang pour se lier à leurs pokémons. La légende raconte qu’ils gagnèrent des pouvoirs semblables à leurs créatures de par ce procédé mais ça relève plus du conte de fée, à mon avis. » Il remets ses lunettes en place et finit par conclure son verdict. « Un pacte sacrificiel pour se lier à un pokémon Légendaire en somme. On dirait que des abrutis essayent de créer un nouveau Sankta, toujours est-il que je privilégie les bêtises entre étudiants à une quelconque secte. »

Feat Alastor Olsen

Mikhaïl a le sentiment que Olsen n’est pas satisfait ou plutôt que ce qu’il a apprit ne lui plaît pas, ce qui le travaille un peu. Il garde silence un bon moment avant de se sentir obligé de s’excuser.

« Nous savons au moins qu’il s’agit d’un pacte de sang et d’une offrande en sacrifice… Le Sankta désigné me reste inconnu, j’en suis navré mais… »

Mais quoi ? Pourquoi Olsen voudrait-il s’attarder sur des choses qu’il ne peut pas utiliser dans ses livres ? Inutile/20, Mikhaïl, c’est pathétique. Il soupire lourdement avant de se gratter la tête nerveusement tout en se mordant la lèvre. Puis ça le reprends, cette impulsion, ce besoin fondamental d’épauler l’auteur dans ses recherches. C’est ça, être un Volkov ? Devoir faire les choses au feeling ? C’est un peu effrayant mais bon… Mikhaïl a signé pour et les ancêtres doivent avoir une bonne raison de vouloir guider Olsen sur ce cas étrange.

« Je pense que nous manquons d’éléments pour faire une analyse tout à fait juste de ces symboles. » Conclut-il avant d’ajouter avec un petit sourire. « …Mais je serais ravi de vous aider à déchiffrer d’autres trouvailles de votre part si vous choisissez d’enquêter sur ce groupuscule rocambolesque. Mon petit doigt me dit que cette quête vous tient à cœur. »

Façon assez spéciale de dire « Les ancêtres Volkov me pressent de vous aider » mais il ne peut pas faire mieux. Tout comme Olsen, il doit mentir par omission. Peut-être qu’ils finiront par découvrir leurs vérités propres mais pour l’instant, c’est mieux ainsi. Mikhaïl a confiance en les ancêtres, si ils croient en Olsen pour une quelconque raison, il le croit aussi.

Après cela, il finit par prendre la tasse de thé noir qui trainait à sa disposition depuis que Morgante avait terminé sa tâche. Les quelques gorgées délicieuses le revigorent, ce n’est pas du thé spectrale mais ça reste très bon.

« Si vous voulez convenir d’une prochaine visite, je ferais de mon mieux pour me renseigner de mon coté afin d’élucider le mystère qui plane encore sur vos trouvailles. Histoire d’être mieux préparé pour la suite. » Un petit rire et il conclut avec un sourire cordial. « Si vous avez d’autres questions qui sont dans mon domaine d’étude, je suis tout ouïe. »

Feat Alastor Olsen

Olsen parait encore  choqué par le fait que Mikhaïl ait pu décrypter le langage de son Spectrum sans problème, l’historien esquisse un petit sourire presque empreint de fierté si les origines de ce don ne lui donnaient pas froid dans le dos encore aujourd’hui. Il reste silencieux un instant à touiller sa tasse de thé sous le regard de Morgante qui paraît mécontente.

Il soupire.

« Oui, tu as raison, je vais lui dire mais… Il faut trouver les mots, ce n’est pas tout les jours qu’on trouve un type bizarre qui prétends parler aux spectres et ce serait regrettable de passer pour un fou. » Le Polthégeist fait la moue et l’historien pouffe de rire. « Tu n’as jamais su faire dans la bienséance de toute façon, ma pauvre Morgante… »

Il se retourne ensuite vers Olsen, reprend le livre et en tourne les pages pour montrer ce qui l’intéresse, cette page a une sale tronche, annotée de tous les cotés avec du texte surligné et des symboles diverses recopiés sur les bords des feuilles. Tout cela contraste fortement avec le respect que semble avoir connu le reste des pages du livre. Après avoir été perdu un instant dans sa contemplation, Mikhaïl déglutit avec difficulté et commence son explication qui est, pour lui en tous cas, fortement déplaisante.

Mais bon, Olsen est sympathique et les ancêtres lui font confiance alors… Il peut bien lui confier ce secret là, mais il l’avertit quand même.

« Je vais vous faire une confidence mais… S’il-vous-plaît, gardez cela pour vous. Même aujourd’hui, cela relève du secret d’état. Dans les dernières années de vie du Régime Communiste, ils ont désespérément recherchés à faire des « armes vivantes » en usant de ce genre de méthode. » Il se gratte le cuir chevelu avant d’ajouter d’une petite voix timide. « C’est pour comprendre ce que j’avais vécu au sein de leurs camps que j’ai choisit de faire ce métier. Etonnant de constater qu’un régime dictatorial repoussant si fort la religion en revienne à de tels rituels, pas vrai ? »

Il conclut ses paroles par un rire forcé, clairement mal à l’aise. Mais il secoue la tête et prends une grande inspiration suivit de quelques gorgées de thé et d’une petite étreinte avec Gwenivar qui semble ressentir l’anxiété de son dresseur. Après un silence un jeu gênant, il s’empresse de reprendre.

« Mais tout cela est derrière moi. Toujours est-il que pour vous répondre… J’ignore encore comment ils s’y sont prit car c’est le noir total concernant cette époque dans ma mémoire mais… Voilà, je parle aux spectres. » Il pose doucement son doigt sur ses lèvres avec un petit sourire. « Mais chut ! Pas un mot de cela, je vous fais confiance pour garder votre langue dans votre poche ! »

Puis son regard se perds à nouveau sur la page et il est prit d’un léger frisson d’horreur, déglutissant avec difficulté.

« Maintenant que j’y pense… » Murmure-t-il d’une voix inquiète et hésitante. « …On dirait les mêmes symboles qu’ils utilisaient sur nous à l’époque. » Puis il secoue rapidement la tête, tentant de se rassurer. « Sans doute des étudiants, je ne vois que ça… »

Cette fois, cette affirmation relevait du mensonge. Mais songer ne serait-ce qu’une seconde que le projet Nebulak continuait à avoir lieu lui retournait les tripes…

Feat Alastor Olsen

Mikhaïl ne put d’empêcher d’émettre un petit rire gêné. Il ne se considérait pas « traumatisé » puisqu’il avait oublié tout son vécu lors des expérimentations qu’il avait subi. Alors il se contenta de quelques mots pour l’expliquer à son interlocuteur.

« Traumatisme est un bien grand mot… Dans mon cas, je m’en sors plutôt bien. »

Et même dans le cas où cette affirmation serait fausse, l’historien n’était pas prêt de l’admettre consciemment. Oui, les traumatismes et les cauchemars étaient bien là où ils étaient : coincés dans son inconscient sans l’embêter plus que ça. L’idée que Olsen ait vécu des difficultés dans sa vie lui-aussi ne lui traversa pas l’esprit, pas par manque d’intérêt mais plutôt par étourderie.

Quand ce dernier reprit la parole pour lui dire qu’il préviendrait les auteurs de ces dessins de leur erreur, un étrange frisson lui parcouru l’échine. Il ne savait pas trop d’où ça venait mais… Et si c’était plus qu’un simple jeu entre étudiants. Si c’était plus dangereux, une secte ou quelque chose du genre ? Tout lui murmurait qu’Olsen voulait poursuivre ses recherches mais n’était-ce pas trop dangereux ?

Il ne pu donc s’empêcher de demander timidement.

« Si… Hum, si jamais il s’agissait de quelque chose de plus sérieux qu’un simple jeu de jeunes adultes trop curieux, j’aimerais que vous me teniez au courant. » Il se gratta nerveusement la nuque avant de se justifier comme il pouvait « Les spectres de Dusknograd sont particulièrement agités ces temps-ci, quelque chose de mauvais approche, j’en ai bien peur. Je connais personnellement le champion Volkov, nous pourrions agir si besoin. »

Il ne se sentait pas vraiment de lui dire que toute une tribu de spectre le pressaient d’obtenir des résultats sur cette étrange affaire de symboles et qu’il ne voyait pas vraiment le lien entre son affaire de Dinglu libéré et celle de ces symboles mystérieux. Sauf si…

Il déglutit avec difficulté.

Sauf si le projet Nebulak avait reprit sous les commandes de la Tsarine. Devait-il se sentir en danger dans ce cas-là ? Après tout, il avait été considéré comme un « sujet concluant » à l’époque… Mieux valait ne pas y penser.

« Ne soyez pas trop dur envers les étudiants qui ont usé de ces symboles sans en comprendre la triste signification. » Dit-il en saisissant le livre pour venir le ranger avec attention là où il l’avait prit dans sa bibliothèque. « En revanche, si ceux qui ont fait ça ont agit en connaissance de cause, je doute qu’ils méritent le moindre signe de pitié. »

Il se surpris lui-même à prononcer de tels mots. Des mots qui étaient sortis du coté sombre de son esprit, de son inconscient. De là où il ne fallait pas s’aventurer. Des mots stupides, donc. Il secoua la tête et esquissa un petit sourire maladroit à l’attention d’Olsen.

« Et bien… Je suis ravi d’avoir pu vous aider dans cette affaire et… Si jamais vous avancez dans vos recherches, contactez-moi et nous conviendrons d’un nouveau rendez-vous. »

Il ne le dit pas mais il a un peu hâte d’éclaircir cette affaire. Quelque chose dans ces symboles le met profondément mal à l’aise, lui ferait presque peur. Mais bon, tout va bien, hein ? Il n’est pas « traumatisé »…

Feat Alastor Olsen

Mikhaïl hoche la tête aux dires de l’écrivain, ravi qu’ils soient d’accords sur ce point – même si il ne revient toujours d’avoir lui-même prononcé les paroles qui ont suivi sa demande de clémence. Il remets un peu d’ordre dans sa bibliothèque en sifflotant avant de venir serrer la main de l’écrivain et que les dires du Spectrum ne lui arrivent aux oreilles. Et il ne peut s’empêcher de pouffer de rire avant de se retourner d’un air malicieux.

« Eh bien, on dirait que vous aussi avez eu une jeunesse rocambolesque, Monsieur Olsen ! » Il se laisse partir dans ses pensées en ajoutant d’un air distrait. « Je me demandes parfois ce que c’est, l’adolescence. Vous savez, faire de grosses bêtises, tester les limites et s’essayer aux paradis artificiels… »

Morgante vient tourner autour de son dresseur en sifflants quelques mots moqueurs qui font soupirer l’historien qui fait faussement la moue en croisant les bras comme un enfant.

« Le thé spectrale n’est pas une drogue, ma chère ! » Rétorque-t-il d’un air faussement grognon.

Un coup d’œil vers Alastor et il ne peut s’empêcher d’éclater de rire, le pauvre écrivain lui lance un de ces regards. Enfin bon, il se reprends bien vite et essuie une larme de rire au coin de son œil, finissant par dire avec plus de forme et de politesse.

« Merci encore pour votre visite, Monsieur Olsen. Il est rare que les gens viennent directement à la source pour puiser mon savoir. J’avais oublié le plaisir d’avoir un invité. »

Il finit par raccompagner Olsen vers la sortie, le rendez-vous étant terminé et l’écrivain semblant avoir affaire. C’est du moins ce que suppose Mikhaïl en remarquant chez le Spectrum une pointe d’impatience. C’est au pas de la porte qu’il fait ses dernières salutations.

« Vous habitez à Thunduruska, il me semble ? Ce n’est pas tout proche, faites bonne route. Je vous souhaites une excellente journée… Et peut-être une excellente semaine d’ici notre prochaine rencontre. » Un dernier hochement de tête en guise de salut. « Bonnes recherches, surtout. Mais évitez de vous mettre en danger, cela me chagrinerait si ma curiosité vous causait des ennuis. »

Il regarde Alastor s’éloigner et ne referme la porte que quand il est suffisamment loin. Une fois retourné, c’est le Lamento Mori qui l’accueille à la sortie du couloir. Mikhaïl toise son regard unique -  comme le sien – plein de jugement et de sévérité. L’historien se sent obligé de se justifier.

« Oui, bon, bien sûr. J’ai remarqué les âmes qui flottaient autour de lui et alors ? Vos confrères semblent vouloir que je lui fasse confiance. » Puis il laisse son coté enfantin parler en ajoutant d’un air boudeur. « Puis de toute façon, j’aime bien ses livres. Si ça se trouve, toutes ces âmes sont celles de ses fans ou quelque chose du genre, rien de plus ! »

Il sait très bien qu’il ment, le Zorua borgne aussi. Donc il soupire et se passe une main dans les cheveux, légèrement anxieux. Si il s’attendait à ce que son auteur préféré soit aussi « hanté » que ça, il aurait… Tout de même voulu le rencontrer malgré tout. Et il ne regrette pas de lui avoir proposé une nouvelle entrevue. Aussi bien pour ses curiosités scientifiques que pour profiter de la présence agréable de l’écrivain.

« Allez venez, Lamento, je vais vous préparer un curry dont vous me donnerez des nouvelles. On verra si vous êtes toujours renfrogné après ça ! »

Sur ce, il s’éclipse dans sa cuisine. Si il y a bien une chose dans lequel il est doué mis à part ses domaines d’étude, c’est la cuisine du curry. Le seul plan qu’il sait faire sans que ça finisse en catastrophe carbonisée. Lamento Mori se contente de lever le regard au ciel, laissant s’échapper un petit glapissement en signe de soupir, se demandant ce que le reste de Volkov a bien pu trouver de spécial à ce jeune homme borné et un peu trop naïf. Une naïveté telle qu’on dirait qu’il fait exprès de l’être…

Feat Alastor Olsen