Cronch

… Il ne sait pas vraiment depuis combien de temps il est ici. Pas que ça lui change vraiment de Magnetongorsk ; avec le rythme de travail étrange de Viktor, Hippolyte s’était habitué à ne pas vraiment avoir d’horaires stables dans sa vie. Mais maintenant qu’il était loin de lui, de là ou il travaillait…

Ca le perturbait à présent qu’il ne pouvait plus rien faire, à part attendre ici.

Une cellule froide, bien fermée- d’habitude, c’est les cobayes qui sont enfermés, mais là… C'était lui, le prisonnier. Quelque chose comme ça. Rem et compagnie l’avaient amené quelque part dans le froid avant qu'il ne perde conscience, et maintenant qu'il était réveillé... ils le gardaient ici comme il était encore avec “l’ennemi”, contrairement à eux…

Ces traitres. Ils l'avaient kidnappé et tout- et c’est lui, le méchant, avec ceux de Magnetongorsk ?! Certes, les expériences là-bas peuvent être cruelles ; mais c’était pour le bien de Strana ! L'assistant de Kholodov ne comprenait pas pourquoi on l’avait traîné jusqu’ici- il ne voulait pas trahir son mentor et son travail en balançant tout ce qu’il sait ou n’importe quoi !

…

Hippolyte soupire alors qu’il essaie de se mettre plus à l’aise sur la chaise qui le retient- pas que ça soit facile vu comment ses mouvements sont assez retenus, mais… au moins, ce n’était pas au même stade que 147 avant sa fuite du laboratoire. Combien de temps allaient-ils le garder ici, comme ça ? Est-ce qu’ils essayeraient de lui tirer un maximum d’informations avant de le tuer ? Ou pire... De le retourner contre Kholodov ?

…

Pff, il doit vraiment arrêter de se prendre la tête et prendre des forces en se reposant…

Cronch

…

…

…

C’est insupportable !

- Combien de temps allez-vous me garder ici ?!

La voix de l'assistant de Kholodov se hausse d’un coup après de trop longues minutes de silence. Il avait perdu la notion du temps, il avait perdu le lieu dans lequel il travaillait et avait son “chez-soi”, il avait perdu son mentor- tout ça pour finir ici, seul, sans savoir ce qu’on allait faire de lui ! Hippolyte n’en pouvait plus de cette isolation forcée en terre hostile- alors qu’on ne l’écoute ou pas, le scientifique ne peut se retenir de crier sa frustration, ayant besoin de se défouler à défaut de pouvoir se mouvoir, retenu dans cette pièce et cette chaise qui limite ses mouvements.

- Je ne travaillerais pas avec vous, je ne vous donnerais aucune information, vous m’entendez ?! Je reste fidèle à mon mentor, que vous le voulez ou non !

Je préfère mourir plutôt que de subir vos idées stupides de me “sauver” de Kholodov !



La douleur s’abat aussitôt qu’il termine sa phrase, la concluant d’un cri aussi bien de surprise que de douleur- un truc venait de chiquer sa cheville comme un mini-piège à Lougaroc qui n’attendait de s’activer qu’au moment ou il chercherait à se rebeller ! Il siffla de douleur et sentit les larmes monter dans ses yeux, mais Hippolyte finit par souffler difficilement et regarder le responsable de cette attaque.

Un… Kraknoix. Il ne voit pas super bien bien dans cette cellule et sans ses lunettes, mais la forme du Pokémon lui était assez familière pour qu’il arrive à le reconnaître, bien qu’il ne reconnaisse pas son étrange couleur sur le moment. Par réflexe, l’homme tente de secouer son pied du mieux qu’il peut malgré le fait qu’il reste attaché, mais cela est totalement inutile- la bestiole n’en démord pas.

Le cri de douleur aura eu au moins l’avantage de faire sortir une certaine Polichombr de l’obscurité, venant s’approcher du Pokémon avec méfiance, et Hippolyte a bien espoir que celle-ci fasse quelque chose pour le débarrasser de là- mais le Pokémon spectre ne fait qu’observer le drôle de Kraknoix un instant, avant de commencer déjà à s’éloigner…

- H-hé ! Attends, tu ne vas pas me laisser avec ce truc !

Le Polichombr tourne un instant le regard, soupire, avant de disparaître par l’un des murs, laissant donc ce pauvre Hippolyte avec le machin toujours accroché à sa cheville par la force des crocs. Ca fait mal, sauf s’il évite de bouger… mais c’est terriblement frustrant- comme si toute la situation l'était pas assez !

… clic.

Le bruit de la porte lourde l’enfermant ici se faisant ouvrir attire son attention, bien que la lumière qui s’infiltre l’aveugle un peu- foutu yeux sensibles… il faut attendre que la personne arrivée s’exprime après avoir fermé la porte et approché un peu pour qu’Hippolyte le reconnaisse enfin.

- … Qu’est-ce que ce Pokémon fait ici ?

- Je te retourne la question, 147.

La mention du nombre fait grincer des dents le soldat- malgré son état de santé et ce qui lui était arrivé… il semblait insister pour garder la cellule lorsque Rem avait des choses urgentes à régler qui le poussaient à s’éloigner de là. Le voir être libre, et pas en train d’être utilisé comme cobaye, énervait l'assistant au plus haut point- dire qu’il avait failli tuer Viktor et qu’il était libre, maintenant, contrairement à lui… ! Et c’était même lui qui s’amuse à vérifier les liens qui le retiennent sur cette chaise à présent- ça lui plaît, d’avoir inversé les rôles ?!

- … Aucun signe de destruction. Pas de signe de fuite. Sa présence est une anomalie, mais rien ne montre qu’il est là pour libérer le prisonnier.

Apparemment, Artyom avait décidé de faire comme si Hippolyte ne disait rien, de quoi lui donner une raison de lever la voix encore…

- Arrête tes sottises, 147- j’ai autre chose à faire qu’être ici, à me faire bouffer la cheville ! Alors bute-moi ou torture moi, mais je ne veux pas trainer ici une seconde de plus avec toi ou Rem sur le dos– ARGH !

Les dents de la bête se resserrent aussitôt que la seconde phrase est prononcée, comme si ça n’avait pas plus au Kraknoix, de quoi faire de nouveau gémir ce pauvre Hippolyte de douleur et même lui arracher quelques larmes. Il n’était pas résistant à la douleur, clairement… Et le militaire ? Il regarde, fronce les sourcils, et s'accroupit pour regarder le Pokémon Sol de plus prêt, en silence, si l’on ignore les petits sons du prisonnier en souffrance.

- … Tes paroles l’insupportent.

Quoi ?

- Elle n’aime pas les émotions qui sortent de tes mots. Ça la pousse à te mordre pour te faire taire.

Hippolyte le regarde comme s’il était devenu taré, l’espace d’un instant- avant de se rappeler du don de lecture d’auras du militaire. Putain, c’est vrai qu’il a ça…

- Pff… et alors ? Ce n'est pas mon souci. Ramène-la dans sa cage.

- … Non. Elle semble inquiète pour toi.

Là ? Il tire la gueule, Hippolyte. Puis son regard jaune revient sur le Kraknoix qui avait un peu desséré la machoire, avant de revenir sur le militaire, toujours avec un regard noir- mais Artyom se dépêche de préciser sa pensée, toujours d’une voix monotone.

- Rem devrait bientôt te retrouver. Je le préviendrais de l’intrusion de ce Pokémon. Mais celle-ci semble chercher à t’empêcher de dire n’importe quoi pour ton bien. Donc je ne ferais rien pour agir là-dessus.

… Il se foutait de lui ?!

- T’es vraiment devenu timbré, toi ! Tu vas vraiment laisser ce truc me bouffer le pied ?!

Un haussement d’épaules, avant qu’Artyom décide de faire demi-tour vers la porte, poussant évidemment l’assistant retenu prisonnier à lui demander de ne pas le laisser ici avec ce truc et à l’aider- mais tout ce qu’il fera sera de lui offrir quelques dernières paroles.

- Prend sa présence comme un signe d’arrêter de t’agiter et de crier. Tu ne gagnes rien à faire ça… à part être mordu. Elle te lâchera si tu te calmes.

Et avec ça, il disparaît. Tout ce qui reste, c’est Hippolyte et ce Kraknoix à son pied… et Absentia aussi qui reste à flotter dans un coin de la pièce, en silence. Hippolyte finit par soupirer, n’appréciant guère la situation- mais avait-il beaucoup de choix, à ce niveau-là… ?

- Hmpf… Désolé d’avoir crié ça. J’arrête, alors tu peux me lâcher, s’il te plaît ?

…

…

…

La morsure se défait enfin, et Hippolyte peut enfin pousser un soupir soulagé maintenant qu’on l’avait lâché… la blessure était douloureuse, mais étonnamment, son pantalon avait empêché à ce pauvre assistant de ne pas finir avec du sang qui coule- juste des égratignures là ou les dents l’avaient pincé.

Putain, quel enfer, cet endroit… Peut-être que Rem sera assez sympa pour virer ce truc de sa cellule, quoique, vu son comportement…

…

Un regard rapide au Kraknoix un peu teubé lui fait vite comprendre qu’avec un truc pareil à ses côtés capable de l’empêcher de s’agiter, il risquait pas de s’en débarrasser bientôt.