Crownless and PatheticSolo

Son calme n’est que de façade, il a bien jouer le jeu devant Gunin et Yukimura mais maintenant, enfermé dans son bureau, c’est une autre histoire. Il fait les cents pas, tremblant de toute part, déglutissant avec difficulté, prit tour à tour de nausée et de vertige.

Pourquoi a-t-il été assez con pour le laisser partir sans se poser de questions ?

Demikhov l’avait retrouvé et Arkæ seul savait quel genre d’horreur Artyom subissait en ce moment même. Un long frisson parcours son échine lorsqu’il se rappelle des sévices qu’il a lui-même subit au nom de la science. Il manque de vomir à l’idée que son compagnon soit souillé de la même manière qu’il l’ai été dans son enfance, les larmes lui viennent au yeux et il sent la panique monter d’un cran.

« Merde… Tu es censé être un leader, calmes-toi… » Murmure-t-il en venant enfoncer ses ongles dans son cuir chevelu. « Ils te prennent déjà pour un bouffon qui agit sur les coups des émotions, ne leur donne pas raison… »

Depuis quand est-il comme ça exactement ? A une époque, il n’hésitait pas une seconde à se débarrasser de ses amants et amantes diverses, juste des outils pour lui servir ou l’amuser, à l’image d’Oktyabrin. Artyom était censé n’être qu’un vulgaire « jouet » parmi tant d’autres, qu’est-ce qui a merdé à ce point ? A présent, l’idée même de n’avoir perçu le militaire que comme un amuse-gueule le répugne et ne fait qu’augmenter sa nausée.

Demikhov m’a retrouvé.

Cette phrase tourne en boucle dans son esprit comme un vieux vinyle rayé. C’est à peu prêt à ce moment qu’il perds le contrôle de sa respiration et la sent s’accélérer brusquement. Incapable de faire plus de mouvements, il se laisse glisser contre le mur et se roule en boule, en pleine crise de panique. Il a beau se répéter qu’il est un chef et qu’il doit rester fort et fier, rien n’y fait.

Putain, et dire qu’il n’a même pas eu l’occasion de lui dire au revoir avant son départ…

Impossible de lutter contre les abysses, il se noie dans ses propres souvenirs, se souvient à contrecœur de toutes ses souffrances, imagine avec horreur Artyom subir de même et commence à manquer d’air tant sa respiration est erratique et sifflante. Les coups à la porte le font sursauter et paniquer de plus bel.

Merde, merde, merde… Il doit absolument se reprendre, ce n’est pas le moment. Il va perdre définitivement toute crédibilité si ses sbires le retrouvent dans cet état ! Son cœur manque de s’arrêter lorsque la porte s’ouvre.

Il aurait dû la verrouiller, quel con…

Heureusement, c’est Rin qui entre la première. Un bref coup d’œil de la jeune femme sur le Leader de la Team Stal et une instruction clair et net donnée à la personne qui l’accompagne – sans doute Gunin.

« Restes ici, nous devons parler en privé avant tout. »

Rin referme la porte et a l’excellente idée de la verrouiller, elle, contrairement à son abruti de patron et compagnon. Il la regarde et émet un rire nerveux, essayant de parler malgré sa respiration qui part totalement en vrille.

« J-je s-s-suis pit…Pitoyable… P-pas vrai ? »

Aucun jugement dans l’œil unique de la jeune femme qui soupire lourdement et vient s’agenouiller à son chevet. Une main vient se poser sur son épaule tandis qu’une autre vient caresser ses cheveux blonds ondulés.

« Calmes-toi, respire et compte avec moi… Un, deux, trois. Un, deux, trois… »

Une méthode qui fonctionne lentement mais sûrement, Ilya réussit à reprendre un semblant de calme et son corps se décrispe peu à peu. Avec la présence de Rin, il arrive à peu prêt à balayer les horribles pensées qui lui parcourent l’esprit contre son gré.

« Je… Je n’ai jamais eu aussi peur pour quelqu’un, Katerina… » Souffle-t-il d’une voix faible. « Je ne peux pas continuer à les diriger dans cet état, je ne suis qu’un faible… Un bon à rien… Mère avait raison, je n’aurais jamais dû n-… »

Il n’a pas le temps d’en dire plus que la scientifique se jette dans ses bras et le serre le plus fort possible. Il ne sait pas trop si il hallucine ou si il l’entends vraiment sangloter. Instinctivement, il vient la serrer contre lui.

« J’aurais dû le tuer… » Bredouille-t-elle misérablement. « J’aurais dû lui coller une balle dans la tête mais… Je le voyais toujours comme mon père… C’est ma faute… »

Ilya reste un instant muet, comprenant avec difficulté de quel instant peut bien parler sa compagne. Une altercation entre elle et son père… ? Depuis quand… ? Peu importe, l’idée même qu’elle se sente coupable de tout cela l’enrage soudain et lui redonne un peu plus de force.

« Non, ce n’est pas ta faute. » Siffle-t-il, peinant à retenir sa rage soudaine. « Et même si tu ne peux pas t'en convaincre… Portons cette culpabilité ensemble… D’accords ? »

Rin s’éloigne un peu, essuyant ses larmes et hochant tristement la tête, pas tout à fait convaincue mais ne trouvant rien d’autre à dire. Ilya essuie les larmes restées sur ses joues et lui offre un baiser avant de se relever et de l’aider à faire de même.

« Si séparément, nous ne sommes rien, alors luttons ensemble. Donnes moi la force de gouverner et je te donnerais la force de tuer. » Il lui tends la main, petit doigt levé avec un sourire triste. « Nous le ramènerons ensemble, c’est une promesse. »

Sourire tordu par le chagrin rendue par Rin qui vient serrer son petit doigt contre le sien façon Kantonienne. Après un moment de silence, elle lui demande d’une voix faible.

« Tu es prêt ? »

Un bref coup d’œil dans le miroir accroché sur le mur. Il a l’air fatigué, fatigué mais décidé. Mieux que rien.

« Oui, je le suis. »

Le tsar sans couronne devrait réapprendre à régner sur son domaine.

Mais il ne le ferait pas seul.