C’était étrange, cette lettre qu’il avait reçu. « Une lettre d’un homme de noblesse » s’était contenté de préciser la jeune Garde Obsidienne qui lui avait porté. Mais cette lettre, elle mettait Oktyabrin profondément mal à l’aise. Tous les termes utilisés étaient étranges, aurait-on pu dire « illuminés », l’auteur de ces écrits prétendaient pouvoir lui donner la vérité et éclairer ses yeux aveugles.

Quelque chose n’allait pas. Instinct militaire ou juste bon sens, Oktyabrin avait d’abord décidé d’ignorer la lettre jusqu’à ce qu’il aperçoive ce symbole en signature. Un symbole qu’il avait cru dérivé des armoiries Rusalka, arborés par de nombreux nobles en bijoux et autres accessoires assez discrets mais là, on aurait dit tout autre chose. Le symbole d’une organisation propre, d’un système indépendant de la Tsarine. Et c’est sa curiosité inquiète qui avait triomphé de son bon sens.

La lettre lui donnait une adresse en banlieues de la Capitale, c’était stupide, il pouvait s’agir d’un piège pour tuer le Ministre de l’Intérieur mais il s’était senti obligé d’entrer dans ce vieil immeuble abandonné, passant inaperçu avec sa voiture banalisée qui ressemblait plus à celle d’un étudiant qu’autre chose. Il avait rapidement libéré Domovoï de sa pokéball et le laissait faire sa mission d’éclairage tout en le suivant d’un pas lent et silencieux.

Pourtant, même avec l’instruction de rester discret, le Pichu poussa un piaillement retentissant qui affola Oktyabrin et qui le poussa à rejoindre son pokémon à toute vitesse… Pour arriver dans une pièce à l’horreur sans nom. Tous ses symboles au mur… Il en connaissait certain de vue, étant presque convaincu de les avoir vu sur les armoiries et les apparats de nobles du Palais Pourpre, mais certains lui étaient totalement inconnus. Surtout celui centrale, une perversion totale de l’Artikodin Bicéphale.

Mais le pire, ce n’était pas ses symboles dont l’odeur d’hémoglobine ne laissait aucun doute concernant leur provenance, c’était le corps inanimé de l’enfant attaché à une chaise, au centre de la pièce éclairée par de faibles bougies. Le Ministre de l’Intérieur aurait pu déversé ses tripes au sol si il n’avait pas été militaire mais disons qu’il avait déjà vu plus horrible qu’un enfant égorgé attaché sur une chaise. Cela lui arracha cependant un violent rictus de dégout dans tous les sens du terme.

Inutile de prendre son pouls, une entaille comme celle-là ne pardonnait guère. Le brun se contenta de clore les yeux encore larmoyants de l’enfant en signe de respect, sachant pertinemment que quoiqu’il se soit passé ici… La police n’enquêterait surement pas. Il ne relevait qu’à lui de trouver le maximum d’indices pour tirer tout ça au clair, il était si concentré dans sa tâche qu’il n’entendit pas le second piaillement de Domovoï.

Quelques secondes plus tard, il était déjà en train de se débattre avec un inconnu qui lui avait passé une corde autour du cou et qui semblait bien décidé à débarrasser cette terre de sa présence…

Qui en avait sans doute trop vu à présent…

Oktyabrin commençait à manquer d’air et sa vision se brouillait. Oh, il connaissait ce sentiment, la mort était toute proche. Si il n’agissait pas rapidement, elle prendrait le dessus. Il réfléchissait à cent à l’heure, n’écoutant même pas ce que son agresseur lui disait en Galarien. Il fallait qu’il trouve une solution, il fallait qu’il s’en sorte, il devait rendre ça publique, cette ordure ne pouvait pas s’en tirer si facilement, non ?

Bordel, il en regrettait d’avoir dit à Dekabrina de rester bien sagement au Palais Pourpre. Une fois qu’il serait mort, elle serait à la merci des « sœurs » qu’elle avait trahi.

C’est du moins ce qu’il pensait avant d’entendre un cri de rage bien trop familier. Avec une rapidité surprenante digne d’une Garde Obsidienne, la jeune fille s’était précipité sur l’agresseur de son gardien et avait enfoncé la lame de son canif dans sa cuisse. La douleur lui fit relâcher son emprise, ce qui permit à Oktyabrin d’exécuter une roulade pour s’éloigner de l’assassin.

Il tremblait comme une feuille à présent, son corps devait regagner le peu qu’il lui restait d’oxygène et ce n’était pas une mince affaire. Il en avait la nausée et ce serait largement laissé aller dans l’inconscience si Dekabrina n’était pas là. Se relevant en tremblant, il interrompit le semblant de combat qui commençait à avoir lieu entre les deux individus en pointant son pistolet vers l’homme masqué. Sa voix était peut-être tremblante mais elle ne manquait aucunement de détermination.

« Stop, finit de jouer ! Vous allez me dire tout ce que vous savez sur ce qu’il s’est passé ici, il est hors de question que vous vous en tiriez avec la mort de cet enfant. » Il prit une grande inspiration avant de continuer de sa voix tremblante et à bout de souffle. « C’était ça, le plan, hein ? M’attirer ici pour me tuer ? Cela aurait pu fonctionner, oui… »

Il rageait de l’admettre mais si Dekabrina ne l’avait pas suivi en douce, il serait déjà mort à l’heure actuelle. Un regard vers celle-ci, malgré son don de force et de rapidité surhumaine, elle portait déjà quelques traces d’hématomes. Il se plaça donc rapidement devant elle, malgré les protestations de la brunette.

« Vous allez vous battre contre quelqu’un de votre taille à présent. »

Un piaillement indiqua rapidement à Oktyabrin la présence de Phobos et Nerissa, les Mystigrix jumeaux de Dekabrina. Ils semblaient avoir tiré Domovoï d’affaire contre les pokémons Spectre de l’agresseur.

Pas de doute, il devait vraiment beaucoup à sa fille adoptive, mais il était hors de question de l’admettre et de l’encourager à se mettre en danger ainsi. Il se promit donc qu’une fois tout ce bordel terminé, il la disputerait comme il se doit.

Le visage d’Oktyabrin se crispa dans une colère sourde. Cette ordure osait penser qu’il était l’assassin, donc. Sois il mentait, sois il n’avait vraiment rien à voir avec la mort de ce pauvre gamin et était venu au contraire pour le sauver – un peu trop tard. Il était absorbé par cette réflexion quand Dekabrina voulu repartir à l’assaut, chose qu’il stoppa net, comme il put étant donné la puissance dantesque de la gamine.  

« Dekabrina, reste en dehors de ça ! » Ordonna-t-il d’un air sévère.

Un air qui devait ressemblait à celui que son père utilisait pour le gronder quand il était jeune. Une imitation qu’il espérait réussie. La jeune fille se redressa tout du long et fusilla son père du regard.

« Cet homme vous a attiré dans un piège et OSE vous accuser de ce meurtre atroce, Père ! » Cracha-t-elle, furieuse. « Une telle insulte ne peut rester impunie ! »

Oktyabrin soupira et massa sa gorge encore douloureuse. Après un long moment de silence où l’assassin semblait attendre quelque chose – des aveux peut-être, ou qu’il baisse son arme, le brun finit par demander d’une voix encore tremblante et essoufflée.

« Qui vous envoie et de quel Sankta parlez-vous ? Comment savez-vous autant de chose sur cette scène de crime si vous n’êtes pas vous-même l’assassin ? » Il enchaina immédiatement pas la question la plus importante à ses yeux. « Et ces formes étranges que certains nobles portent en bijoux, c’est le symbole d’une secte, peut-être ? »

Il tendit un peu plus son arme, visant la tête de l’assassin et retirant le cran de sécurité dans un calme glacial. Son visage était neutre malgré ses yeux brillants de colère et de dégout.

« Vous m’excuserez, mais j’ai peine à croire que vous soyez un justicier masqué, vous vous êtes jeté sur ma fille sans l’ombre d’une hésitation. Egorger un enfant ne devrait pas être trop barbare pour vous. »

Dekabrina échangea un bref regard avec son « père », un regard suppliant. Si quelque devait payer pour le meurtre de cet individu barbare, elle préférait que ce soit elle. Mais Oktyabrin restait impassible, attendant une réponse, une explication, une justification de la présence de cet homme ici et de… Tout le reste.

Il ne savait pas vraiment dans quoi il venait de mettre les pieds mais cela s’annonçait bien sombre et bien dangereux…

Voilà que le meurtrier se foutait de sa gueule, lui reprochant de ne pas se tenir informé de l’actualité. Oktyabrin se mordit la lèvre de rage, il se foutait bien de ce que les journaux pouvaient dire, il voulait des réponses, des vraies ! Parce qu’en vérité, aucune de ces choses étranges découvertes sur les scènes de crimes du « Revenant » n’avaient été communiquées au ministère de l’intérieur. Un tabou qui régnait, peut-être était-ce pour ça que ce mystérieux noble voulait « ouvrir les yeux » du ministre.

Mais la suite, il ne pu en contrôler les conséquences. Le meurtrier avait choisi la pire des façons de parler de son lien paternel avec Dekabrina. De rappeler à celle-ci qu’elle n’était qu’une Garde Obsidienne comme les autres. Un constat inacceptable pour la gamine qui poussa un véritable rugissement de Némélios avant de se jeter sur l’assassin.

« Espèce de fils de pute ! »

Malgré les attaques de Nerissa et de Phobos, le Spectrum du criminel fonçait dangereusement sur la jeune fille. Seule chose qu’Oktyabrin puisse faire, se jeter sur elle pour se prendre le coup de griffe spectrale à sa place et la tirer en arrière pour éviter les coups de l’assassin. Voilà qu’il était à présent désarmé, son pistolet à quelques mètres de lui, au sol et Dekabrina serrée dans ses bras, encore tremblante de rage.

« Racontez ce que vous voulez, Dekabrina reste ma fille. Même si mon sang ne coule pas dans ses veines… Mais je suppose que ce n’est pas quelque chose que vous puissiez comprendre. » Souffla-t-il avec difficulté, sentant ses forces l’abandonner peu à peu face au sang qui coulait abondamment de son flanc. « Allez, soyez honnête, si ce n'est pas cette pute de Tsarine qui vous envoie, qui est-ce ? »

Il tenta de se relever, sans succès, réussissant seulement à aider Dekabrina à se remettre sur ses deux jambes. Ce n’est qu’à ce moment qu’il découvrit qu’elle pleurait, le criminel avait appuyé là où ça faisait mal et rien que pour ça, le brun avait envie de l’envoyer en enfer. Heureusement, Phobos et Nerissa vinrent rapidement faire barrage entre le criminel et la jeune fille. Dissuadant l’un comme l’autre d’attaquer.

« Je suis désolé, Dekabrina, je t’ai encore attiré dans un piège, je ne suis pas-… »

...Digne d'être ton père.

Elle l’interrompit bien vite d’un regard sévère.

« J’ai choisi de vous suivre de mon plein gré, Père. » Se retournant vers l’assassin, elle pointa sa lame vers lui et lui cracha d’une voix menaçante. « Alors maintenant, dites-nous tout ce que vous savez sur ce meurtre et ces symboles ou je vous prouverais moi-même que je suis bien plus forte et déterminée qu’une simple esclave de Genya 1ière »

Face aux explications du meurtrier, Oktyabrin reste silencieux un bon moment tandis que, déboussolée, Dekabrina finit par baisser son arme en jetant un regard désemparé à tous ces symboles. D’une voix absente, elle finit par murmurer un simple :

« C’est vrai que j’ai déjà vu certains d’entre eux quand ils nous entrainaient… Au laboratoire. »

Le ministre relève la tête, intrigué par ces paroles vagues. Il tente de se relever une nouvelle fois, sans succès encore. Ce spectre a bien fait son travail ou alors Oktyabrin est un militaire bien rouillé, sans doute un peu des deux. En tous cas, la tension retombe peu à peu de son coté et il finit par s’adresser à l’inconnu d’une voix claire, voulant éclaircir un horrible malentendu.

« Vous m’apprenez bien des choses, pour ma part, la seule information que je possède est que l’homme qui m’a donné rendez-vous était noble de naissance. » Il marque une pause, serre les dents et finit par se relever, non sans faire couler son sang un peu partout au sol. « J’ignores si votre venue était prévue et si il s’agissait d’un piège pour l’un de nous deux mais… Force est de constater que nous sommes tous arrivés trop tard. »

Il boite vers Dekabrina et lui pose doucement une main sur l’épaule, la serrant un peu contre lui, comme pour la rassurer. Peu importe ce que l’autre abruti peut penser de cet amour un peu maladroit, il ne peut pas comprendre.

« S’il-te-plaît, Dekabrina, dis-moi quels sont les symboles que tu penses avoir vu… Là-bas. »

Après un long silence pensif, la jeune fille en désigne quelques-uns d’une main hésitante avant de fermement pointer son doigt sur le symbole du Sankta inconnu au bataillon. Ce symbole qui ressemble tant à celui de Sankta Rusalka mais… En même temps si différent et si menaçant.

« Slava Sankta iz kosmosa, Slava Konets sveta… » Souffla-t-elle « C’est ce qu’ils répétaient tous le temps lors de nos…Baptêmes. Lorsqu’ils nous injectaient le sang des Saints. »

Oktyabrin sait bien qu’il est tombé dans un piège ridiculement évitable mais il reste la tête haute pour Dekabrina. Plus ça va, plus la jeune fille perds ses couleurs, comme si les signes tracés l’effrayait et faisait remonter de mauvais souvenirs. Il lui pose alors la main sur l’épaule et lui adresse un petit sourire.

« Merci, tu n’as plus à t’infliger ça. Nous devrions pouvoir nous en sortir avec… Ce que tu viens de nous dire. »

Le Sankta des étoiles, hein ? Certainement pas Sankta Sieba, on ne tue pas pour un.e Sankta qui exauce les vœux sans contrepartie. Du moins, c’est ce que se dit Oktyabrin. Surtout qu’aucun signe de Sieba n’est présent dans ses gribouillis.

« Ils ont tout fait pour dissimuler leurs liens à ces crimes, en tous cas… » Il relève la tête vers son agresseur et lui demande d’une voix neutre. « Inutile de vous poser la question, vous êtes le tueur en série dont parle les journaux. Et si vous dites juste… Ce… « culte » a bien plus d’adeptes que ne peut en compter la noblesse Stranaïte. »

Vénérer le Sankta venu des étoiles est une chose, mais la « fin du monde » qui va avec… S’en est une autre. Peut-être parlent-ils d’une sorte de renouveau ? Un groupe de nihilistes ? Aucun moyen de savoir exactement mais le Ministre de l’Intérieur finit par se frotter la nuque en soupirant.

« Dans tous les cas, il va falloir que je me penche sur cela d’une façon ou d’une autre. Si cela n’est pas parvenu aux oreilles du Ministère, c’est qu’il y a des gens importants derrière tout ça. Et je ne peux pas les laisser faire. » Un regard vers le tueur avant de se résigner. « Continuez votre besogne, vous êtes le seul qui puisse agir les mains libres et… Comme vous dites, ces enfants ont besoin de vous. »

Tout comme Dekabrina a besoin de lui, d’ailleurs, en parlant d’elle…

« Père… ? » Souffle-t-elle pour attirer son attention. « Je ne peux pas rester les bras croisés non-plus. Laissez-moi devenir Ranger, Ivanovsky est ouvertement hostile à la Tsarine, j’ai peut-être une chance de trouver une piste moi-aussi. »

Oktyabrin restait muet face à la demande de sa fille adoptive. Ranger, hein ? N’était-ce pas un peu dangereux ? Remarque, c’est le moyen le plus encadré qu’il avait pour gérer le coté un peu trop aventurier de cette pauvre enfant. Soupirant, il finit par hausser les épaules. Genya laisserait faire, il le savait, parce que quelque part, cela amusait la Tsarine de voir ses ennemis se débattre avant qu’elle les achève.

L’inconnu, lui, paraissait favorable pour que la gamine enquête de son coté, ce qui failli énerver un peu de Ministre qui lui aurait bien dit de s’occuper de ses affaires au lieu de songer à utiliser un ado de quinze ans pour sa quête de vengeance mais il n’en fit rien. Car l’inconnu aurait levé les yeux au ciel et que Dekabrina se serait mise en colère et que ça n’aurait servi à rien à part faire monter la tension qui venait de redescendre. Cependant, il n’eut pas le temps de donner son avis sur la question, un cri se fit entendre suivi d’un bruit de dégringolade. Quelqu’un venait de tomber dans les escaliers, Oktyabrin fut moins rapide que l’assassin et Dekabrina pour aller voir de quoi il s’agissait. Sa blessure au flanc restait douloureuse.

L’inconnu qui venait de dégringoler dans les escaliers, effrayé par le Spectrum de l’assassin, y avait laissé la vie. Son corps gisait sur le sol, sa nuque brisée contre le mur. Oktyabrin serra les dents et jura en silence, vu la dégaine du bonhomme, il était assuré qu’il s’agissait de son hôte ou du moins, de la personne qu’on lui avait « assigné » en quelques sortes. Cette tunique lui donnait des airs de Patriarche corrompu, le genre qui sacrifie des enfants à un Sankta inconnu, quoi. Soupirant, il allait se pencher malgré la douleur sur le cadavre pour le fouiller mais semblerait-il que Dekabrina ait été plus rapide.

Elle sortit simplement une lettre de la poche du macchabée. Lettre qu’elle tendit à son père. Etrangement, il y figurait la date et l’heure actuelle suivit d’un message qui lui arracha un frisson désagréable.

Un nouveau Moumouton égaré a besoin de la guidance de notre Sainte des Astres.

Soupirant, il tendit la lettre au criminel et lui lança un regard des plus concernés. Une idée était en train de germer dans sa tête et il ne savait pas si ce constat était « trop simple » ou au contraire, plus compliqué qu’il n’y paraissait.

« Cette Sainte des Astres, j’ai la désagréable impression d’être sous ses ordres… »

C’est tout ce qu’il se contenta de dire, laissant Domovoï examiner sa blessure au flanc avec inquiétude avant de grimper sur son épaule avec un petit piaillement. Oktyabrin avait les dents et les poings serrés, de stress mais aussi de colère. Car si la Tsarine était derrière tout ça, il se retrouvait totalement impuissant. A moins d’y jouer sa peau et par extension… Celle de Dekabrina.

Tout cela commençait à filer un mal de crâne terrible à Oktyabrin… Ou peut-être était-ce plutôt l’effet de la perte de sang due à ses blessures ? Enfin, peu importait, l’assassin avait raison, il ne servait à rien de rester là, ce serait s’exposer à plus de risques qu’il n’y en avait déjà au-dessus de leur tête. Le ministre fit un signe rapide à sa fille qui se releva d’un air incertain, comme si elle désirait pouvoir faire plus dans cette affaire.

La seule chose qu’Oktyabrin trouva pour l’apaiser fut juste quelques paroles murmurées.

« Je réfléchirais à ta candidature en tant que Ranger, Dekabrina. En attendant, partons, il n’y a rien de plus que nous puissions faire ici. »

Un regard vers l’inconnu et un hochement de tête en guise de salut. Au moins, cet homme pouvait agir directement contre cette étrange secte et même si cela ne suffisait pas à endiguer l’ampleur du mouvement, cela l’apaisait un peu. Un sourire amer se dessina sur ses lèvres.

« Je ferais de mon mieux pour vous aider et couvrir vos traces si nécessaires. Vous êtes pour l’instant mon seul moyen d’action et je crains déjà d’en avoir trop fait, je vais devoir montrer patte blanche pendant un certain temps. »

C’est sur ces mots qu’il quitta les lieux, accompagnée d’une Dekabrina de plus en plus inquiétée par la démarche vaseuse de son père. Une fois la voiture ouverte, il s’affala sur son siège de conduite et grimaça, retenant un bon gémissement de douleur. La jeune fille l’observa d’un air hésitant et il lui fit signe de venir.

« Retournes dans ta cachette, où qu'elle soit dans cette voiture, je ne veux pas que tu sois mêlée à tout ça. » Voyant que la jeune fille allait objecter, il la rappela rapidement à l’ordre. « Tu ne pourras pas enquêter à ta guise sur cette affaire si tu y es déjà mêlée de cette manière. Fais ce que je te dis et tout ira bien ! »

Quel était la suite du plan ? Trouver un endroit où se faire soigner, un endroit discret comme un vétérinaire clandestin par exemple – Oktyabrin en connaissait quelques un dont il pouvait acheter le silence. Quand à cette voiture, il faudrait s’en débarrasser aussi et payer grassement ses secrétaires et conseillés pour leur faire témoigner de sa présence au ministère pendant les faits incriminants. Il soupira en prenant en compte l’ampleur de la tâche avant d’actionner les clés et de démarrer le moteur.

Cela ne suffirait pas à le tenir à l’abri de tout ce bordel, il en était certain…