Good Old Friends

Même dans la capitale, les gens semblent s’ennuyer des pires façons possible… et cette histoire de marche était terriblement ennuyante et frustrante pour Viktor. Il ne voyait l’événement que comme une perte de temps, et surtout de moyens : quand il avait appris que certains “collègues” s’étaient enfuis pour ce genre de choses à Magnetongorsk ou ici… ça l’avait énervé au plus haut point.

Malheureusement, aujourd'hui, il avait pu plus ou moins voir de ses propres yeux toute cette “fête”- il était forcé à se déplacer à Stolista dans le cadre de ses recherches, plus précisément, il a un compte-rendu à faire sur le travail effectué là-bas. Au moins, la bonne nouvelle dans cette histoire est qu’il avait de bonnes nouvelles sur l’avancée des travaux- s’il peut en tout cas en premier lieu aller les donner aux personnes concernées.

Il faut être honnête : ce palais était un véritable labyrinthe. Enfin, les laboratoires de Magnetongorsk aussi- mais dans ce genre de lieux, Viktor savait s’y retrouver. Ici ? Non. Il s’était très bien habillé pour l’occasion et tout, et il pourrait presque se mêler aux gens haut placés ici si l’on ignore son masque- mais ce n’était certainement pas son but. L’idée même de devoir aller demander aux gens ici pour son chemin le faisait soupirer d’avance…

Mais alors qu’il continue de s’avancer, mallette en main et quelques cahiers sous l’autre bras, une personne se met sur son chemin. Jeune fille aux cheveux noirs, qui le regarde d’un mauvais air…

Il ne faut que peu de temps pour que Viktor “comprenne” que si lui ne reconnaît pas la personne, celle-ci semble définitivement connaître son identité. Ses yeux jaunes perçants fixent la demoiselle, se plissent et ne cache pas une certaine colère et irritation alors qu’il se fait incendier d’insultes en tout genre. De quoi attirer un peu l’attention en plus d’autres personnes extérieures ici, mais sans aucune intervention…

Comme s’il n’était pas assez ennuyé, aujourd’hui.

Avec un soupir presque dramatique, le scientifique laisse sa malette toucher le sol tandis qu’il récupère l’un des livres sous son bras, le feuilletant l’air presque trop serein- de quoi lui permettre de confirmer que la personne en face n’était pas dans sa liste de connaissance. Pas le choix : il allait devoir tenter de résonner avec les quelques rares indices qu’il possède pour comprendre cette histoire bien trop ennuyante et irritante à son goût.

Le livre se referme avec un bruit lourd, tandis que son regard froid revient se visser dans celui de la demoiselle et que sa voix mielleuse résonne enfin.

- Voyons voir… Quelqu’un qui ne semble pas me voir d’un bon œil, donc certainement pas un scientifique haut placé. Ni un de Magnetongorsk. Vous êtes bien trop jeune pour avoir un poste important en lien avec moi, de toute façon.

Une cobaye, donc. Une qui semble avoir eu la “chance” d’être hors de ma portée d’une façon ou d’une, vu comment vous osez employer de tels mots dans ce lieu.

Ses épaules se haussent- il sentait presque un début de mal de tête le prendre, avec ça.

- … Navré, mais pour être franc avec vous… Les échecs ne restent pas dans mes notes et autres profils intéressants. Peut-être que si vous levez votre manche, je me souviendrai de quelque chose. Peut-être.

C’est la seule conclusion qui lui vient sur le moment, la seule qui ait le plus de sens, en tout cas. L’homme entend bien les murmures et remarque bien que cette étrange interaction faisait tâche parmi les gens aux alentours- mais venant de Viktor, faut-il s’étonner ? Il est curieux de choses étranges, et vu la garde obsidienne ici… sûrement que peu oseraient se faire remarquer du scientifique qui avait sûrement expérimenté dessus.

S’il fait traîner un peu les choses avec elle, peut-être qu’il pourra blâmer un potentiel retard sur la demoiselle et voir à quel point elle est “intouchable”. Juste par pure curiosité.

Good Old Friends

Un rire, et de nouvelles provocations. La demoiselle devant lui parle, au moins, et cela laisse à Viktor l’occasion d’en savoir plus, de comprendre la situation et de chercher l'identité de cette fille ennuyante.

Mais pas le temps de répondre, surtout lorsqu’une claque impacte sa joue et le force à prendre un pas en arrière sous la surprise, tout en plaçant vite sa main sur son masque et sa joue blessée- l’impact avait été tel que son masque en avait était légèrement défait et menaçait de tomber s’il ne le retenait pas.

Ça attire l’attention, fait fuir les rares gens ici pour aller dans d’autres pièces histoire de ne pas se mêler à la scène, tout ça, mais surtout, ça lui fait perdre son temps, et le scientifique est plus ennuyé qu’en colère envers l’odieuse demoiselle au sale caractère. La demoiselle avait beaucoup, beaucoup de confiance- sûrement qu’elle ne devait pas venir de nulle part. Il lui faut quelques secondes- mais finalement… sous son masque, un sourire se dessine.

Et lorsque Dekabrina repart s’asseoir… quand elle se retourne et qu’elle se pose sur le banc, elle pourra constater la présence de Viktor, près d’elle, le masque finalement laissé tombé et révélant son sourire si doux et cruel accompagnant son regard jaune perçant, l’observant presque comme si elle n’était qu’un Ponchiot agressif.

- Tu sembles aimer sous-estimer mes capacités, C042.

La voix douce, mielleuse, presque murmurée… il faisait tout pour s’amuser à son tour.

- Mais tu as bien grandi depuis ton départ, je ne t’avais presque pas reconnu- jusqu'à ce que ton petit caractère ressort. Je ne pensais pas que les échecs pouvaient empirer leur état d’eux-mêmes à ce niveau-là, cependant. Enfin, peut-être que cela t’intéressera de savoir que très bientôt, les “échecs” du passé seront plus ou moins à l’honneur dans nos recherches- nous avons bien du travail à faire, juste pour en faire des choses grandioses comparés à ce qu’ils étaient.

Il s’amusait bien à préparer ses futurs plans avec les autres scientifiques et Piotr, notamment pour remettre la main sur 147 et 358. Il en avait bien hâte- même s’il se souvient encore du premier “retour” de 147 pour avoir un don, il restait aux yeux de Viktor un échec par sa fuite et le manque d’expériences encore à conduire dessus. Mais surtout, avec ses paroles, il veut voir s’il peut un peu s’amuser avec la demoiselle en les tordant un peu.

- Je doute que cela t'intéresse de venir me passer le bonjour à Magnetongorsk- alors ne te fais pas remarquer si tu ne veux pas y être envoyée pour punir la vilaine fille que tu es, hm ?

Bien sûr, comme il aimait toujours le faire avec ses cobayes… Viktor s’amuse à poser sa main gantée sur la chevelure de la demoiselle pour lui caresser les cheveux un coup, avant de remettre son masque en place- et de repartir prendre sa mallette. Il devrait peut-être se hâter un bon coup avant que ça ne lui tombe vraiment dessus…