Broken shards

Les derniers jours avaient été… eh bien, épuisant. Vraiment fatiguant. Hippolyte n’avait pas autant bossé depuis… depuis… hm, peut-être avant son amnésie ? Il l’ignore, mais reste que l’homme avait des cernes qui s'accumulent sous ses yeux et que sa patience avait tendance à être bien plus courte qu’habituellement. La seule bonne nouvelle dans son malheur, c’est que son mentor, Viktor, était d’excellente humeur et semblait mettre plus facilement de côté ses erreurs et autres oublis liés à son état.

Depuis qu’il avait attrapé ce cobaye, celui avec un don- voilà qu’il était à bosser encore plus que d’habitude, à en louper encore quelques heures de sommeil pour le “bien de la science”. Évidemment que ça n’aurait pas dérangé Hippolyte en premier lieu, si son mentor ne s’amusait pas à le traîner avec lui dans ce rythme de travail mortel. Mais non, comme celui-ci le dit si bien…

Heureusement, l’argument de la fatigue liée à son rétablissement en plus de son travail acharné rien que pour réapprendre à travailler ici arrivait à un peu convaincre Viktor… bien qu’il devait quand même l’aider pour le travail. Bon, pour l’instant, il ne le laissait pas directement agir sur ce cobaye “merveilleux”- trop précieux et il lui fallait encore du temps et de l’expérience à gagner avant de pouvoir agir sur quelque chose d’aussi important à ses yeux, mais l’homme devait malgré tout préparer les choses et aider à préparer les rapports.

Autant dire qu’une nuit de sommeil complet lui donnait terriblement envie… comment faisait-il à l’époque pour tenir de la même manière ? Ah, qu’il espère vite retrouver ses anciennes habitudes… !

Mais peut-être qu’aujourd’hui serait le jour où il pourrait enfin se reposer un peu. Viktor avait prévenu qu’il voulait préparer des choses pour de potentiels futurs cobayes intéressants, comme si tout ce qu’ils avaient déjà ici ne suffisait pas ; reste qu’il voulait s’occuper de ça au plus vite, et le faire soi-même. Donc, pas dispo pour le reste de la journée- tout ce qu’il laissait à faire pour son apprenti, c’était de s’occuper de son cobaye pour les soins, remplir si besoin un peu de paperasse s’il observe des choses intéressantes durant son absence et… bah, essayer de voir s’il peut travailler sur sa mémoire ou sa méthodologie de travail- sa façon de dire de ne juste pas faire de conneries en son absence.

Du coup, il avait rejoint Viktor lorsque celui-ci en avait fini avec ses expériences du jour sur son cobaye “favori”- quelques indications sur ce qu’il avait fait, les choses à prendre en compte pour ses soins et tout ce qu’il faut pour s’en occuper de la façon qui convient au mentor… bref, il n’avait pas traîné, et avait déjà laissé Hippolyte se débrouiller pendant que lui retourne s’épuiser sur ses expériences.

Hippolyte soupira légèrement, ignorant où son mentor trouvait cette énergie constante… mais sourit doucement en se disant que peut-être, il arrivera à être aussi doué et endurant que lui avec l’expérience.

Sans plus attendre, il fait son chemin dans la petite salle d’expériences que Viktor avait utilisée- rien que l’odeur métallique et caractéristique de sang et de sueur lui frappent en plein nez malgré son masque en prenant un seul pas dedans… Bon sang, l’apprenti espérait que son mentor n’avait pas mis le cobaye dans un état critique et laissé le plus gros du souci à lui ! Ses pas s'accélèrent pour vite faire face à 1013 attachée sur une table d'auscultation, ôtant de l’une de ses mains son gant pour vite vérifier le pouls de la blessée et écoutant sa respiration en même temps- oh, il y avait quelque chose, heureusement pour eux...

Hippolyte soupire légèrement, rassuré- il ignore si ce cobaye est encore conscient ou non, mais…

- … Pauvre petite chose.

Et il pensait passer une mauvaise période, mais… Quand il voit les gens ici, il se dit qu’il s’en sort vraiment bien en comparaison. Pas qu’il veuille ressentir trop de pitié, mais pour une raison qui lui échappe, il ne peut s’empêcher de se sentir mal pour ces cobayes, au fin fond de lui… mais avec un peu de chance, l’aide de Viktor l’aidera à faire taire ces idées de son coeur- bien trop de petites émotions embêtantes pour bosser convenablement, mais bon, il finira par les vaincre- il y arrivait avant d’être amnésique, non ?

Enfin, penser à tout cela ne l’aidera pas…. le scientifique se dépêche d’aller chercher du matériel de soin et de commencer à nettoyer le sang séché de plaies, à préparer des produits et d’autres objets pour soigner et soulager ce pauvre cobaye en piteux état, “pour le bien de la science” et pour les buts de Viktor.

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Hippolyte remarque bien vite que ce cobaye n'est pas exactement endormi ou évanoui malgré le supplice évident qu'elle a dû subir entre les mains de Viktor... mais ce qui compte avant tout, c'est qu'elle est en vie. Il avait bien sûr entendu les larmes et les sons de la jeune femme, mais contrairement à Viktor, il lui restait encore assez de cœur pour ne pas voir cela comme du "vacarme ennuyant"- enfin, pour combien de temps encore ? Bref, il se hâte de soigner un peu ses blessures et nettoyer toute cette scène, ne cessant qu'en entendant la voix du cobaye lui parler.

Lui qui pensait que Viktor l'aurait probablement assez épuisée pour qu'elle ne veuille pas parler ou juste qu'il parte au plus vite...

- Je sais.

Viktor jubilait à chaque fois qu'il expérimentait sur Jodie. Certains de ses collègues ne comprenaient pas cette fascination, en étaient même dégoûtés -comme Rem-, et Hippolyte... Il est curieux, mais pas autant que son mentor- pas au point d'être aussi sadique que lui. Pour l'instant.

Est-ce qu'il allait vraiment être comme ça, lorsqu'il retrouverait ses habitudes de travail avant cette amnésie... ?

D'autres questions le sortent de ses pensées- au moins, ça lui permet aussi de voir qu'encore une fois, la jeune femme semble guérir assez vite pour que les blessures ne soient pas difficile à gérer et qu'il n'ait pas trop de travail... pratique. Hippolyte réfléchit un instant, regarde la porte de sortie qui était fermée- il n'avait pas vraiment le droit déjà de parler avec ses collègues sauf pour le travail, ordre de Kholodov oblige, et encore moins avec les cobayes, mais...

...

Il n'est pas là pour l'instant, et parler à des gens lui manquent un peu. Viktor n'en saura surement rien.

- Je suis Hippolyte. Hippolyte Isola. Je pense que c'est facile à savoir, mais... je suis l'assistant et l'apprenti de Viktor Kholodov. Il m'a chargé de m'occuper de vous pendant son absence.

Boulot auquel il se remet rapidement ; il continue de nettoyer la jeune femme de blessures et autres produits qu'aurait utilisé son supérieur sur celle-ci, et se permet même de mettre quelques produits pour soulager et aider les plaies à se soigner seul. Ce n'est pas grand chose et il n'est pas obligé, mais Hippolyte essaie quand même de bien faire son boulot pour que Viktor en soit fier.

- ... Et vous, quel est votre nom ? Viktor n'est pas capable de se souvenir des prénoms des gens, donc il préfère user de matricules ; mais je les trouve plus difficile à se remémorer que des prénoms.

Au début, Hippolyte pensait vraiment que son supérieur était méprisant et détestait retenir les identités de ceux en dessous de lui- mais lorsqu'il a vu sa tendance à oublier même les gens les plus proches de lui ou son carnet sur les gens qu'il connaît... dire qu'il était brillant et un excellent scientifique derrière, le destin a un sacré humour. Mais l'amnésique, lui, s'il est doué, n'est pas forcément un génie avec les chiffres, et préfère user des noms et prénoms pour reconnaître les gens. De toute façon, ce n'est pas comme si le scientifique remarquerait si Hippolyte retient de nouveaux prénoms, il ne verrait même pas de qui il parle. Le voilà à soupirer légèrement en pensant à ça... mais il se ressaisit et prend de nouveau la parole.

- J'ai bien vu vos dons de régénération, mais... j'ignore si vous ressentez de la souffrance malgré vos plaies déjà guéries en majorité. Si vous avez besoin d'un antidouleur, faites-moi signe.

En attendant ? Il reste attentif, tout en s'assurant que tout ce qui reste soigne bien.

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Hippolyte se fige un peu lorsqu’on le remercie pour ses réponses- bordel il n’est déjà pas habitué à recevoir des remerciement de qui que ce soit, même de son mentor, alors un cobaye… ? Il secoue légèrement la tête, hausse les épaules et reprend les soins ; il ne sait comment réagir aux rares paroles ou gestes gentils qu’on lui offre. Viktor avait dit qu’il ne fallait plus perdre de temps avec des choses aussi futiles que des paroles de ce genre lorsque quelques secondes peuvent être gagnées durant les expériences.

Il fallait qu’il soit le moins influencé par les émotions pour redevenir le merveilleux collègue qu’il était avant pour son mentor, même si par moment,il avait encore du mal. Mais ce jour viendra à force d'entraînement, Hippolyte en est convaincu.

D’ailleurs… à sa question, malheureusement, le cobaye finit par juste répéter son matricule. L’apprenti laisse échapper un petit “tss” ennuyé- pff, ce n’est pas comme si Viktor saurait pour son nom, et ça serait plus simple à retenir pour lui, mais bon… au moins, ça plaira à son supérieur de voir dans son rapport que 1013 commence à se faire à sa condition de cobaye ici. Mais il notera ça plus tard ; contrairement à son mentor, Hippolyte ne s'éparpille pas sur plusieurs tâches en même temps… enfin, il n’y arrive pas trop, surtout.

Les derniers soins sont terminés- mais au moins, la demoiselle accepte son offre d’antidouleurs. Bon, ça sera au moins ça de pris, et ça l’aidera peut-être à être plus docile en attendant que Viktor revienne avec ses autres idées d’expériences. Sans plus attendre, Hippolyte s’éloigne pour récupérer dans un placard un gobelet de métal qu’il remplit d’eau, et quelques médicaments stockés encore dans la salle ; eh oui, contrairement à beaucoup de gens ici, il n’a pas encore le sadisme nécessaire pour vouloir injecter des trucs à tout va et avoir des effets quasi-immédiats.

Ça, et sûrement que Viktor ne serait pas content de voir son apprenti utiliser de tels outils sur son cobaye favori- alors des antidouleurs, c’est discret.

Il approche avec le médoc et le gobelet en main vers Jodie- avant de se rendre compte que pour qu’elle puisse le prendre.. il faudrait la détacher.

Quelques secondes de réflexions passent, mais Hippolyte finit par poser ce qu’il avait dans les mains pour détacher entièrement la jeune femme et la laisser au moins s’asseoir, lui tendant ensuite le récipient et les quelques comprimés antidouleur.

- J’ai déjà assez de problèmes ici. Mais tant que vous ne dites rien sur ce qui se passe en ce moment-même, il ne remarquera sûrement rien. Je préfère juste m’assurer que vous soyez en meilleure forme possible pendant son absence.

Après tout, Viktor n’aurait sûrement aucun souci à lui faire regretter si quelque chose arrivait à son cobaye favori du moment. Donc honnêtement, Hippolyte ne fait que prendre toutes les précautions possibles pour sauver sa peau avant tout, quitte à devoir faire quelques trucs dans le dos du mentor pour assurer que la demoiselle soit en excellent état à son retour.

- … Honnêtement, je suis surpris que vous ne semblez pas avoir abandonné l’envie de vivre. A voir comment Viktor vous traite, comme un Ponchien- voir un jouet… je sais qu’il est fasciné par les dons, mais j’ignore si je voudrais rester en vie après autant de temps et d’expériences.

Ce qu’il dit, c’est de la simple curiosité. A ne jamais pouvoir interagir comme il le souhaite avec les cobayes, l’amnésique était assez… curieux de ce qui poussait certains à tenir le coup. D’un côté, il se demande si “l’extérieur” était si intéressant que cela.

Viktor lui interdisait de sortir d’ici. Il ne savait quasiment rien de la ville où il travaillait, ou de la région de Strana, si ce n’est quelques détails que son mentor lui avaient offert en parlant de choses qui voyait comme “intéressant” ou “importants”- mais rien qui ne donnait envie à l’apprenti d’être plus curieux encore.

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Au moins, la jeune femme promet de rien dire à qui que ce soit, tirant un petit sourire d’Hippolyte qui répond avec un simple “tant mieux”- il n’allait pas partager à Viktor qu’il s’était permis de dialoguer avec son cobaye favori… pour une fois qu’il peut jouer un peu avec les règles à son tour.

Mais les paroles qui suivent après avoir partagé son honnête avis sur l’envie de ne plus vivre à force de rester ici ? Il est intrigué, mais surtout, réfléchit à propos de cette amie que mentionne 1013. Ca lui dit quelque chose- mais il faut que ses méninges veuillent bien fonctionner et tentent de creuser un souvenir qui lui reste pour ça. En attendant, Hippolyte écoute et essaie de réfléchir en même temps- bien que la demoiselle ait de bonnes questions.

Dommage qu’il n’avait que peu de réponses à offrir, soupirant en se rendant compte qu’il était plutôt faible aussi et que c’était assez pathétique, pour un scientifique comme lui…

- … Si seulement je savais. Enfin, je devais savoir à une époque, mais j’ai eu un accident qui m’a rendu amnésique. Viktor m’a pris sous son aile pour que je reprenne le travail correctement, mais il refuse de me dire grand-chose sur ce qu’il travaille- je ne serais pas encore prêt, apparemment. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il est acharné à l’idée de trouver des façons de créer des “humains parfaits”, sans aucun défauts ou maladies, avec des pouvoirs hors du commun, et qu’il est prêt à tous les sacrifices pour ça. Toute personne qui ne partage pas son but d’une façon ou d’une autre, ou qui n’est pas un scientifique en général… ça n’est que des personnes inférieures à ses yeux. Des “outils de travail”.

Il hausse les épaules ; honnêtement, il y a des jours ou Hippolyte se demande s’il n’en serait pas un, tiens… mais ça ne ferait pas de sens, il n’aurait pas été sauvé et Viktor ne serait pas aussi acharné sur l’idée de refaire de lui un scientifique d’élite… pas vrai ?

Et voilà que 1013- Jodie, donc, fait une drôle de demande au scientifique qui ne cache pas un peu de surprise à sa demande… une demande assez triste quand on y pense, mais Hippolyte fait de son mieux pour ne pas laisser ses émotions et sentiments trop prendre le dessus- il ne faut pas que Viktor se doute de la moindre chose.

- Jodie… Oui, je m’en souviendrais- si je ne souffre pas à nouveau de ma maladie, en tout cas. Vous avez ma parole.

… Je ne pensais pas que j’aurais autant de points communs avec quelqu’un que Viktor voit comme simple “cobaye”. Lui qui passe son temps à me dire de ne plus me mêler avec plus bas que soi, il faut croire que même quelqu’un d’aussi intelligent que lui peut faire d’aussi grossières erreurs. Moi non plus, je n’ai personne dehors. Enfin, je crois, je ne sais plus vraiment grand chose pour être honnête. Et comme par sécurité, je n’ai pas le droit de quitter les lieux… bref, je pense que vous comprenez un peu, dans ce cas.

Un petit rire jaune échappe de ses lèvres- il devait avoir l’air pathétique, pour un assitant, surtout celui de Viktor ! Heureusement qu’il n’a pas Piotr sur le dos en plus… Va savoir comment il pourrait utiliser ça pour lui en mettre plein la gueule à son tour, comme si les horribles expériences ici ne suffisent pas.

- Pff, je suis supposé vous ramener dans votre cellule une fois que vous êtes rétablie, mais… ça vous dérange pas de rester encore un peu ici et parler ensemble ? Vous pouvez rire si ça vous chante, mais ça me manquait étrangement, de parler avec quelqu’un sans avoir peur qu’on me trahisse ou qu’on balance que je suis en train d’enfreindre les règles de mon mentor.

D’ailleurs, il se permet pendant qu’il dit ça d’aller récupérer quelque choses dans les quelques dossiers qui traînent ici, recherchant surtout le dossier de Jodie qu’aurait fait Viktor et fouillant dedans un moment- jusqu’à ce que quelque chose attire son attention. Aussitôt, il se met à fouiller un peu plus frénétiquement dans les autres papiers importants, et…

- Ah, trouvé !

Aussitôt qu’il exclut sa découverte, il la récupère et revient vers Jodie, lui tendant un dossier devant elle.

- Vous parliez d’une amie présente ici, c’est ça ? Les cobayes ici ne sont rarement autorisés à rester ensemble sauf si cela peut apporter quelque chose dans les recherches- et autant dire que Viktor n’a donc pas vraiment de cobayes avec des liens entre eux… mais il m’a bien parlé d’une amitié potentielle entre deux très brièvement. Et si ses notes sont exactes… est-bien d’elle dont vous parlez ?

Le dossier ? Il contient des notes de Viktor sûrement impossibles à lire pour Jodie- mais la photo de Manya dedans devrait suffire à avoir une réponse, non ?

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La première question de Jodie lui fait instinctivement tourner la tête sur le côté- comme si lui-même était au courant, que tout cela était évident, mais qu’il ne pouvait rien faire, et que cela le blesser plus qu’il aimait l’admettre.

- … Il dit que c’est pour éviter que je ne fasse une rechute et que personne ne puisse m’aider. Ce qui est un argument valable… si je retombe malade, ici, il y a ce qu’il faut pour m’aider et Viktor sait comment me sauver. Mais j’aimerais quand même voir l’extérieur de mes propres yeux, un jour- même si je n’ai certainement aucune occasion pour cela, pas pour le moment.

Il était presque comme un Ponchien avec un collier électrique… plus ou moins littéralement ; Viktor lui avait “donné” (enfin, attaché de force) un bracelet qui sonnerait s’il essayait de sortir d’ici- et qui signalerait bien vite à Viktor et aux gardes qu’il s’apprête à quitter les lieux. Même en essayant de le convaincre que ça n’arrivera pas et qu’il ne veut pas aller dehors pour qu’il lui arrive malheur, son mentor ne voulait prendre aucun risque, apparemment.

Au moins, Jodie était d’accord pour parler encore un peu ensemble- et sans même se moquer… voilà qu’Hippolyte ne peut s’empêcher de sourire doucement, rassuré plus qu’il ne veut l’admettre que quelqu’un ici semblait prêt à lui parler sans le trahir ou rien- les scientifiques ici… Viktor lui avait dit de ne pas se mêler à eux surtout, pareil pour les cobayes- mais eux étaient moins dangereux, au moins.

Et puis… une petite proposition- une simple, mais une qui donne presque quelques étoiles dans le regard ambre de l’apprenti.

- … V-vraiment ? Si cela ne vous gêne pas… j’aimerais en savoir plus, s’il vous plaît. Enfin, je dois juste voir quelque chose, avant…

Cette chose qu’il voulait voir, c’était à propos de Manya, de son dossier, qu’il présente donc à Jodie- et bingo, il avait bien trouvé la bonne personne ! Au moins, il pourra “repayer” les informations de l’extérieur avec celles sur Manya…

- Je n’ai pas le droit d’agir directement avec certains cobayes, mais de ce que j’ai pu voir de loin et des travaux de Viktor, tout semble aller bien de son côté. Il ne semble pas chercher à lui faire trop de mal ou quoi que ce soit, ses recherches sont très légères pour le moment. j’ignore ce qu’il a vraiment en tête avec elle, mais… ce qui est sûr, c’est qu’il est encore assez calme à son sujet. Désolé de ne pas pouvoir aider plus.

Il aurait voulu la guider à elle, la lui présenter, et tout- mais Viktor était toujours dans les laboratoires. Et déjà, ce qu’il faisait ici, l’apprenti, c’était contre ses règles… alors les enfreindre encore plus et risquer la peau de tout le monde ? Hors de question.

- Mais… si il faut, je peux toujours essayer de faire passer un message de votre part. Je ne sais pas si j’aurais l’occasion de lui parler à un moment donné, mais… si je peux faire quelque chose, autant tenter.

Ça pourrait briser un peu le côté monotone et triste de sa vie- et peut-être lui permettre d’en savoir plus sur l’extérieur. En tout cas, Hippolyte est très attentif à un potentiel message à transmettre.

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Donc, Jodie ne souhaitait pas prendre l’offre d’Hippolyte, d’abord par inquiétude pour lui- mais aussi parce qu’elle ne veut pas inquiéter son amie. Cela lui fait bizarre, de voir un des cobayes ici être “sympathique” alors qu’il est un scientifique aussi et qu’il participe aux horreurs ici… Mais il hoche la tête en silence, acceptant sa décision sans plus insister.

A la place, voilà que la jeune femme commence à lui parler de l’extérieur, et l’apprenti écoute attentivement, curieux, intrigué… de ce monde qui est si proche et pourtant, si loin de sa portée. Les descriptions sont simples, mais honnêtement ? Ça lui suffit. Il imagine comme il peut, et ça lui donne un petit sourire rêveur.

- La mer salée… ça me dit quelque chose, oui. Je me demande si je pourrais m’y baigner…

Honnêtement, on dirait presque un gamin qui découvre le monde à sa manière. Tant de choses avaient été ôtées de sa mémoire, de ses connaissances, avec cette foutue amnésie et maladie qu’on essayait de vaincre ici. Et une partie de lui espérait qu’un jour, il guérirait pour pouvoir enfin partir d’ici. Même s’il devait sa reconnaissance éternelle à Viktor de l'avoir sauvé, il ne se sentait pas à sa place… Peut-être qu’il pourrait lui en parler.

Peut-être qu’il fera ça prochainement… rien de mauvais ne pourrait arriver s’il le fait, pas vrai ?

Mais il sort vite de ses pensées lorsque la jeune femme vient lui poser une question, un peu sortie de nulle part mais que le scientifique peut plus ou moins comprendre, dans un sens.

- Oh, vos Pokémon ? Ils sont en sécurité. Viktor les garde pour l’instant, surtout en cas de besoin s’il doit vous “persuader” pour certaines recherches ou autre… Mais je dois parfois m’occuper d’eux, et je fais attention.

Travail d’apprenti que Viktor n’aimait faire, mais Hippolyte aimait bien s’occuper de ces bêtes, même si souvent, elles n’étaient pas très sympathiques envers lui- pas qu’il ne comprenne pas. Devoir être maintenu en vie juste pour servir de potentiel outil de pression d’un scientifique fou… Personne n’aimerait ça. Et devoir annoncer ça comme ça à Jodie, c’était un peu triste- mais l’apprenti préférait être honnête là-dessus.

- Si vous arrivez à rester dans le bon côté de Viktor, il est possible qu’il vous laissera les revoir par moments. Je ferais en tout cas mon possible pour qu’il soit satisfait de vous dans mon rapport d’aujourd’hui.

Si je peux faire quoi que ce soit pour vous remercier de vos quelques mots sur l’extérieur… je ferais de mon mieux.

C’est la moindre des choses pour la remercier pour tout. Il n’avait pas le courage d’être aussi cruel que son mentor, donc il le cache comme il peut- et il aide un peu à sa façon, lorsqu’on lui offre de nouvelles choses dans sa triste vie- comme pouvoir parler avec quelqu’un qui est plus proche de soi que l’on ne l’imaginait….

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Des Pokémon fragiles ou malades ? Hippolyte allait devoir vérifier ça par lui-même ; au moins, avec son temps libre qu’on lui avait offert… Il pourrait tenter de faire un rapport et de voir s’il pourrait raisonner Viktor sur le fait de les garder en bonne forme, d’une façon ou d’une autre. Il fallait toucher des cordes particulières pour espérer être entendu par son mentor, malheureusement.

- Je ferai de mon mieux. J’irai vérifier leur état dès que possible.

C’était une promesse.

La demoiselle dit ne pas avoir fait grand-chose, mais l’apprenti secoue doucement sa tête avec un léger sourire. Il n’avait pas besoin de le dire- mais les paroles sur ce monde extérieur qui attisent sa curiosité… c’est beaucoup, pour lui. Tout comme cette discussion qui était bien l’une des plus plaisantes qu’il ait eu depuis… eh bien, son amnésie, il faut croire. Et clairement, Hippolyte garde l’espoir d’en avoir d’autres, des conversations sans avoir peur de dire des choses, ou pour parler de sujets plus intéressants que celui du travail.

Les mots de la jeune femme le font revenir à la réalité- il hoche bien vite la tête, et s’empresse de nettoyer en vitesse ce qu’il faut et de ranger les quelques dossiers qu’il avait sorti.

- Je vais vous escorter jusqu’à votre cellule dans ce cas… vous devriez être tranquille pour la journée, si Viktor respecte son emploi du temps prévu.

Ah, et… merci encore pour cette conversation.

Il affiche un petit sourire alors qu’il s’approche de nouveau d’elle une fois la paperasse rangée- et rapidement, il glisse quelque chose dans la main de la demoiselle, lui faisant signe de serrer un peu son poing- quelques bonbons, apparemment…

- … J’ai pu récupérer ça. Ce n’est pas grand chose… mais un peu de sucre vous fera du bien.

Un autre cadeau un peu surprise- il les avait trouvés dans un petit coin de la pièce proche des papiers… c’est peut-être à Kholodov, pour dresser ses cobayes ou leur redonner un peu d'énergie ? Bah, il savait très bien que laisser traîner des affaires de ce genre ici était bon à se les faire voler. Hippolyte ne s’inquiétait pas plus pour ça, et ça donnerait peut-être un peu d’énergie pour la pauvre Jodie.

Et avec cela… il était tant de raccompagner la cobaye- qu’Hippolyte voyait plus comme une vraie humaine, comparée à ces scientifiques parfois sauvages dans leurs expériences.