Bon, Mélisandre n’avait pas été ravie d’apprendre que son fils avait été expulsé de l’Académie Artikodin pour deux semaines mais c’était plus par peur que par colère. Elle comprenait, disait-elle, mais elle lui avait tout de même fait promettre de ne plus faire de vague en ces temps de crise. Louison n’avait pas eu le cœur à refuser, sa pauvre mère semblait vraiment stressée ces temps-ci. Et d’après ce que lui avait dit Vania, ce n’était pas mieux du coté du Capitaine Belinsky.

Louison ignorait ce que la Tsarine avait en tête mais depuis un certain temps, il avait un mauvais pressentiment qui refusait de le quittait et qui le torturait même la nuit sous forme de cauchemars, peu importe à quel point Koschei et Sandwich étaient là pour le soutenir. C’est donc crevé qu’il avait lancé la proposition de sécher les cours de sport, passer par les vestiaires était déjà assez galère comme ça pour vouloir tenter l’expérience la tête dans le cul. Vania avait accepté avec joie, ils partageaient tous deux la haine des cours de sport après tout.

Puis… Comment dire que depuis sa punition visant à censurer ses dénonciations, il n’en avait clairement plus rien à foutre des études ? Tout ce qui le faisait tenir, c’était de savoir qu’il allait devoir aider une nouvelle élève bientôt. La fille de Fyodorovitch apparemment. Il n’avait pas encore mit Vania au courant, par crainte de la réaction de ce dernier à l’annonce que leur duo de bizus allaient devenir un trio de bizus. Parce qu’inutile de dire qu’avec un père gauchiasse comme le Ministre de l’Intérieur, c’était réglé d’avance pour la pauvre jeune fille.

C’est donc les pensées chargées qu’il marchait dans les rues de Stolista, un peu en mode automatique, laissant les commandes à Vania qui avait décidé qu’ils auraient le droit à une glace. Evidemment, son ami avait prit des goûts classiques qui faisaient passer le duo Violette-Coquelicot de Louison pour une œuvre d’art contemporain. Contrairement à Vania, il avait choisit un petit pot et non un cornet, c’est sans doute ce qui sauva sa glace lorsqu’ils furent tous les deux bousculés par… Un pauvre petit Négapi.

Louison et Vania échangent un regard et semblent se mettre d’accords d’emblée, ils ne peuvent pas rester comme ça les bras croisés. Koschei est rapidement sorti de sa pokéball et son dresseur lui demande silencieusement de les couvrir de ses pouvoirs d’illusions pour les rendre invisibles. Si le danger vient de cette ruelle discrète et un peu louche, autant aller jeter un coup d’œil bien à l’abri derrière le voile d’invisibilité du Zorua. Le Négapi, quand à lui, finit rapidement dans les bras du borgne qui lui permet même de grignoter un peu de sa glace.

A la demande de Vania, Louison ne peut s’empêcher de rester silencieux un bon moment avant de secouer la tête. Non, ils ne peuvent pas rester comme ça sans rien faire, c’est vrai. Un gamin normal aurait sans doute appelé des personnes adultes à l’aide mais Louison n’était pas un gamin normal, persuadé d’être adulte en avance. Un regard vers Koschei et il lui indique d’y aller, il se tourne vers Vania et lui donne à son tour des instructions.

« Je vais envoyer Koschei faire l’éclaireur. Et… Tu sais, je vais voir à travers ses yeux donc on devrait aller dans un endroit tranquille pendant que j’entre en transe. Ce serait risqué sinon. »

Ils s’éloignent un peu de la rue, mais pas trop et Louison s’asseoit contre le mur et ferme l’œil tandis que Koschei, toujours protégé par son illusion d’invisiblité, s’aventure sans peur – mais avec un peu d’agacement – dans l’antre effrayante d’où émanent les cris de douleurs. Louison prends une grande inspiration et serre le Négapi contre lui, contrairement à son Zorua, il ne peut pas se vanter de ne pas avoir peur mais bon… Leur esprit se lient et le garçon se laisse tomber contre l’épaule de son camarade assis à côté de lui.

Maintenant, tout ce qu’ils peuvent faire, c’est prier pour que personne ne grille la couverture de Koschei et que la liaison entre l’esprit de Louison et de son pokémon reste intacte.