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Agrippina était tellement heureuse de voir que le jury lui avait accordé la seconde place mais lorsqu’elle a vu le nom de la grande gagnante, elle n’a pu s’empêcher de sautiller de joie. C’était une véritable bonne surprise de voir Anushka participer, c’est sans doute parce qu’elle n’avait pas besoin de cacher de vilaines cicatrices avec des vêtements trop encombrants qu’elle a gagné… Puis franchement ? Elle ferait une très bonne coordinatrice ! Si seulement elles pouvaient travailler en duo… Ah, Agrippina en meurt d’envie.

Sauf que voilà, quelque chose la calme d’un coup sec. Alors qu’elle descends de scène, elle voit la mégère approcher dangereusement d’Anushka et la gifler. Des mots sont hurlés devant une foule d’enfoirés qui n’agissent pas.  Agrippina est un moment paralysée par la peur que Nina lui inspire, comme lors de la nuit où Anushka a voulu mettre fin aux souffrances de sa jumelle comme aux siennes. Mais les paroles rebelles de sa jumelles sont un déclic.

Et alors que Nina lève cette fois un poing rageur, elle accoure et lui tire violemment les cheveux en arrière avant de lui refiler la baffe la plus forte qu’elle ai jamais foutu à quelqu’un. Mais ça ne suffit pas, sa colère est toujours présente, alors elle siffle, elle crache, comme un Persian fou-furieux.

« Ne touches pas à ma sœur, sale pute ! »

Une autre gifle part, puis une autre. Il y en aurait eu bien d’autres si une main n’était pas venu stopper ses mouvements. Elle se débat rageusement pendant un moment avant de reconnaitre Igor, l’air inquiet comme jamais. Et quand elle voit du coté de sa sœur, c’est la Capitaine Isola qui est au chevet de sa sœur et lui murmure quelques mots à voix basse. Quelque chose pour lui demander si tout va bien ou quelque chose du genre, Agrippina est encore aveuglée par la rage et n’arrive pas à écouter.

« Laisses-moi la tuer, Igor ! Elle ne mérite pas de vivre, elle empoisonne tout ce qu’elle touche, cette pauvre garce ! Je la hais ! Je la hais !!! »

Elle crie à s’en arracher les cordes vocales. Elle sait bien qu’elle doit passer pour une hystérique mais là maintenant tout de suite, elle s’en moque, ses nerfs ont lâché, ils ont tenus pendant bien trop longtemps et l’explosion de rage est spectaculaire. Nina parait complètement décontenancée, ce n’est pas assez pour Agrippina qui voudrait voir la terreur dans ses yeux. Elle arrive un moment à défaire l’emprise d’Igor sur son poignet pour agripper la chevelure de sa mère et tirer si fort dessus qu’elle la fait tomber en arrière. Elle s’apprête bien à la frapper au sol mais elle se sent soulevée de celui-ci.

« Agrisha, ça suffit ! Calmes-toi maintenant ! »

La jeune femme se débat encore mais finit par abandonner après un bon moment, épuisée. Ce n’est qu’à ce moment qu’Igor accepte de la lâcher, elle fait de son mieux pour ne pas fondre en larmes et fusille Nina du regard.

« Un jour, il n’y aura personne pour me stopper, Mère. » Crache-t-elle, pleine de haine. « Mais ce jour-là ne pourra jamais nous rendre tout ce que vous nous avez volé, à moi et à ma sœur ! »

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Elle tremble et sa respiration est encore sifflante lorsqu’elle entends les paroles d’Anushka. Ce sont des yeux brillants de larmes et de colère qu’elle tourne vers sa sœur jumelle. Sa voix est tremblante, fatiguée, plus besoin de faire semblant d’être forte puisque Nina n’est plus de la partie.

« Jusqu’à combien de temps ? » Rétorque-t-elle simplement avant de faire volte-face. « Tout ça c’est de ma faute… »

Si elle n’était pas née, si elle était morte à la naissance ou si Anushka avait réussi à la tuer, rien de tout ça ne serait arrivé. C’est peut-être totalement faux mais pour l’instant, elle en est convaincue dur comme fer. Alors elle ne laisse même pas le temps à Igor de lui parler ou de la rattraper, elle cours vers un endroit où elle sait qu’elle se sentira bien. Les toilettes publiques ne sont pas un endroit parfait pour ce qu’elle compte faire mais c’est mieux que rien. Elle s’enferme dans l’une des cabines et bénit Arkæ d’avoir emmené avec elle sa lame malgré la peur qu’Igor ne tombe dessus.

C’est avec un soupire de soulagement qu’elle recommence à rouvrir ses vieilles cicatrices. C’est le seul moyen qu’elle a de se calmer, de se punir d’exister. Son beau costume est taché d’écarlate mais elle n’en a rien à faire sur le coup. Maintenant plus que jamais, elle se déteste profondément. Elle a besoin d’extérioriser ça, de transformer ce sentiment ardent en actes punitifs. Ce n’est qu’une fois totalement épuisée et au bord de l’anémie qu’elle s’arrête et se permets de sangloter.

Il ne lui reste plus qu’à attendre maintenant, attendre que les personnes partent pour s’éclipser discrètement. Enfin, c’est son plan de base, jusqu’à ce qu’elle entende la voix d’Igor l’appeler. Elle se fige et commence à paniquer, si il la voit comme ça, il sera furieux. Pourtant, lorsqu’il frappe à la porte de sa cabine, c’est une voix morte d’inquiétude qui parvient aux oreilles de la jeune femme. Une voix auquel elle ne peut qu’obéir en ouvrant doucement la porte d’une main tremblante, craintive.

Tout ce qu’elle a le temps de murmurer est un « désolée… » pathétique avant de sentir les bras du Capitaine l’enlacer. Il lui murmures des excuses, il lui dit qu’il aurait dû agir, faire plus, se maudit même de ne pas avoir frappé Nina lui-même. Que peut-il dire d’autre ? Il n’en a aucune idée. Voir Agrippina dans cet état est toujours aussi douloureux.

Décidemment, Nina a toujours eu le don pour transformer la joie de ses filles en souffrance.