Oktyabrin ne se fait pas d’illusions, il sait que Mishka ne l’aime pas et ne se sert de lui que d’un substitut. C’est douloureux mais le politicien a connu pire en terme de situation amoureuse, au moins il peut l’embrasser et l’étreindre sans barrière, en secret. Il s’en contente, c’est déjà bien. Mais essayer de ne pas être intrusif dans la vie du champion de Sankt-Duraluburg est aujourd’hui très compliqué. L’arène est restée déserte depuis bientôt une semaine depuis le retour de son propriétaire de Magnetongorsk. Oktyabrin se fait un sang d’encre et c’est après avoir mille fois pesé le pour et le contre qu’il a décidé d’y aller quand même.

Le chemin jusqu’à chez le champion ? Il le connait par cœur, à force, il essaye de dissimuler son identité du mieux qu’il peut, passer pour un mec lambda dans la rue et croiser le moins de gens possible avec l’aide de Domovoï qui ouvre la marche. Il ne veut pas attirer d’ennuis à Mishka et ne mentons pas, il tient un peu à sa vie privée aussi. Son plan de ramener le communisme à Strana ne prends pas en compte l’homosexualité dans l’équation. Arrivé devant la porte, Oktyabrin finit pas frapper quelques coups avec une certaine hésitation. Il a peur de ce qu’il peut découvrir.

Mais quand l’attente est trop longue, ça ne l’empêche pas de sortir son double des clés pour entrer. Un accord avec Mishka, un aperçut des cicatrices du blond par accident et une promesse de venir prendre soin de lui de temps à autre. Longue histoire. Mais là, tout est silencieux et en bordel, Oktyabrin se sent comme un intru dans cette ambiance étrange mais c’est son amour stupide qui le pousse à continuer son chemin. Finalement, c’est Gala qui repère son dresseur d’origine et qui roule pour venir le voir et le conduire devant le blondinet, assoupi devant une télé passant un vieil épisode moisi des Flambinos de l’Amour.

Oktyabrin fronce les sourcils avant de s’installer prudemment auprès du champion.

« Mishka ? Tu m’entends ? » Souffle-t-il en lui prenant doucement la main. « S’il-te-plaît, reprends toi, il faut que l’on discute. »

Pas de réaction, Oktyabrin soupire et son regard se baisse sur la table basse. C’est là qu’il la voit, la Kétamine. Il a vu bien assez de drogues en tous genres dans sa vie pour savoir ce que c’est. Il se relève presque immédiatement, vient saisir le blond par le col et le secoue comme un Repoirier.

« Putain, Mishka ! Ne me dis pas que tu consommes cette merde ! »

Il ferait bien de dégriser un peu, le champion, parce que là, c’est le Ministre de l’Intérieur en personne qui va lui foutre son poing dans la gueule. Et Mishka en a peut-être assez de s’en prendre, des tartes et des pains à longueur de journée – même si la plupart sont méritées.

Oktyabrin reste muet un instant, les yeux rivés sur les pupilles dilatées de ce con de blond qui lui assure que tout va bien et qui trouve même que c’est un miracle de ne pas ressentir son aura. Oh, Oktyabrin n’est pas né de la dernière pluie, il sait de quoi parle Mishka et il n’est pas très fier de savoir tout ce qu’il sait. Heureusement chez Mishka, c’est génétique, rien à voir avec le projet Nebulak qui lui provoque un frisson de malaise à chaque pensée pour celui-ci.

Les larmes commencent à lui picoter les yeux. Accepter de jouer le rôle d’un autre, il peut. N’être qu’une ombre sur qui on colle le visage de qui on veut, il peut. S’oublier lui-même il peut. Mais accepter que Mishka dégringole une piste noir à pleine vitesse, non. C’est hors de question pour lui. C’est un déclic, la baffe part toute seule tandis qu’il sent une larme couler le long de sa joue.

Oktyabrin est un politicien, il sait qu’il ne faut pas parler sous le coup de l’émotion. Bien des choses sont passées sous silence mais son regard blessé et furieux trahit son silence. Pas sûr que Mishka comprenne ceci-dit, défoncé comme il est. Sans même faire preuve de douceur, il lâche le blond qui s’affale à nouveau dans son canapé. D’un geste sec, il vient saisir cette maudite drogue et sort Bogatyr de sa pokéball. Mishka n’a sans doute pas le temps de bien comprendre mais quand il se redresse, c’est pour voir le brun bruler cette maudite drogue à l’aide des flammes de son Dracaufeu.

Puis il revient s’installer à coté de Mishka, muet et les yeux embués de larmes. Il se souvient encore des injections forcées de tsvetok smerti qui se révélaient être de cuisants échecs, il se souvient encore de la cure du Docteur Demikhov qui a bel et bien failli lui couter la vie. Il frissonne rien que d’y penser et savoir que Mishka veut se droguer volontairement lui donne un sentiment amer d’humiliation. Comme si… Comme si il se foutait de sa gueule en fait, même si Oktyabrin sait pertinemment que Mishka ne sait pas tout ça.

Il reste un long moment silencieux avant de déclarer froidement.

« La Kétamine c’est terminé pour toi. » Il se tourne vers le blond, lui montrant le contraste entre sa voix glaciale et ses yeux pleins de larmes. « Que mon amour ne soit pas réciproque, je peux l’accepter. Être le substitut de Svantovit, je peux l’accepter. Mais ça ?! Non. Je ne te laisserais jamais faire, tu m’entends ? Même si je dois mettre ta résidence sous surveillance policière ! »

Oktyabrin lance un regard mi-incrédule mi-furieux à Mishka. Ses lèvres tremblent et les larmes tant retenues finissent par couler. La suite, il ne maitrise plus trop, une claque part, comme le blond s’y attendait. Bien plus violente que la première, le genre de claque qui fait bien sentir qu’Oktyabrin a un entrainement militaire dans les pattes. Sa respiration devient erratique tandis qu’il serre les dents à s’en faire mal aux mâchoires. Milles insultes manquent de sortir de ses lèvres. Mais au lieu de cela, il tient fermement Mishka par le col et le fusille du regard tout en sachant pertinemment que c’est inutile.

C’est après un bon moment de silence qu’il réussit enfin à articuler une phrase tremblante de colère et de douleur.

« Tu sais ce que tu es, Beliaïev ? Un putain d’égoïste. Tu ne pense toujours qu’à ta petite gueule et tu te fous bien de savoir à quel point tu peux foutre en l’air les autres avec tes conneries. »

Le brun est secoué de sanglots, la passivité de Mishka lui est insupportable et la troisième baffe part encore une fois toute seule. Moins forte que les autres, plus un acte de désespoir qu’autre chose. Oktyabrin essaye de reprendre son calme, prenant une grande respiration en essayant de stabiliser son souffle. Quand ses poumons lui permettent enfin de parler, il ne manque pas de cracher quelques mots.

« Je vais de ce pas avertir Potiomkine pour lui faire part de tes immenses « progrès » en terme de gestion de soi. Je suis sûr qu’iel sera ravie… »

Le blond retombe une nouvelle fois sur le canapé, juste lâché comme un vulgaire déchet. Oktyabrin s’empresse de saisir son portable et d’envoyer un rapide message au champion d’Okæn. Quelque chose de bien simple, le prévenant juste que son très cher ami de Sankt-Duraluburg se drogue au lieu de chercher un psychiatre. Pas le temps pour Mishka d’intervenir que le message est déjà parti et Oktyabrin range son portable, virant sans ménagement le bras du blond qui s’était posé sur le sien pour tenter de l’arrêter.

« Et oui, pauvre con, tes actes ont des conséquences. C’est bizarre, hein ? » Lance-t-il d’une voix aigre. « Je devrais lui dire mot pour mot ce que tu viens de me balancer à la gueule, « sois ça, sois le rasoir ». Belle connerie, tiens… »

Il serre les poings, croit un instant qu’il va en foutre un à Mishka mais non, l’affection est trop grande pour passer ce cap. Il s’en veut déjà pour les baffes précédentes, même si elles étaient toutes méritées à son avis. Il a envie de le secouer comme un Repoirier, encore et encore jusqu’à ce que son cerveau se cogne assez contre la parois de son crâne pour qu’il retrouve la raison. Mais encore une fois, ce n’est pas aussi simple, une telle violence ne servirait à rien.

« Tu sais ce que c’est d’être drogué contre son gré et de garder des séquelles à vie, Monsieur « La kétamine est une solution à tout » ? Oh, bien sûr que non et je suis sûr qu’à l’heure actuelle, tu t’en contrefout royalement. » Il émet un rire plein d’amertume. « Mais bon, je te laisse faire, hein, « tu gères ». Tu gères aussi bien que le reste de ta vie, oui… »

Il sent ses derniers nerfs lâcher une bonne fois pour toute et se laisse retomber lourdement sur le canapé pour partir dans des pleurs incontrôlables. Si Mishka voulait le faire ressentir misérable et inutile, il a bien réussi son job. Il devrait suivre le conseil de ce petit con, tiens. La drogue n’étant pas une option, autant tout de suite passer au rasoir.

« Pourquoi faut-il que tu sois aussi con… »

La question de Mishka est tellement absurde qu’elle arrive à calmer les sanglots d’Oktyabrin. Il lève la tête, incrédule, face à un blondinet tout à fait confus. Il pensait l’avoir dit pourtant, qu’il l’aimait. Il n’a pas été assez clair, c’est ça ? Il est prit d’un rire nerveux et finit par lâcher quelques mots tremblants.

« Je pensais que c’était évident, pourtant. J’ai suffisamment l’air d’un con, non ? Je t’aime, c’est tout. Je me fous bien que ce sois pas réciproque, ça me fait juste chier de te voir dans cet état… »

Et tout ce qu’il trouve à faire, c’est gifler et gueuler. Parce que le traumatisme de la drogue qui lui brûle les veines est encore bien présent, que voir Mishka se droguer par désir est insupportable, parce qu’il a peur de le perdre comme il a perdu tant de camarades dans des histoires d’overdose ou de sevrage brut. C’est une peur maladive, peut-être irrationnelle et disproportionnée mais elle est là, suffisante pour le faire pleurer comme la dernière des merdes.

« Tu te rends pas compte ce que c’est que cette merde, ça te bouffe de l’intérieur… Tu peux plus t’en sortir après… T’en a toujours besoin de plus en plus et… »

Il ne peut pas finir sa phrase. Il se revoit attaché au lit de sa cellule, suppliant les scientifiques pour avoir sa dose, convulsant de douleur et de cette « faim » dévorante. Il se souvient avoir manqué de mourir. Mishka n’y survivrait pas, c’est une certitude. Son regard qui s’était perdu dans le vide revient vers Mishka dans un air désespéré. Il a l’air pathétique avec les larmes qui coulent encore sur ses joues et son air de Ponchiot battu. La presse se délecterait de cette figure pour détruire son image publique.

« Mishka, je t’en prie, arrête cette merde. Tu ne sais pas dans quoi tu t’engages… »

Il se recroqueville peu à peu sur lui-même, son regard quitte celui encore embrumé de Mishka pour se baisser vers le sol. Il a l’impression d’avoir froid, très froid. Comme lors de ses premières missions dans la Toundra à l’époque du communisme. Mais c’est tellement loin… Non, ça ne doit être qu’un souvenir invasif. Il rigole encore, sans trop savoir pourquoi cette fois.

« Je… Je pensais aussi que les gens que l’on aimait étaient remplaçables. Mais à chaque fois que je perds un de mes amants, je perds une part de moi-même… » Murmure-t-il d’une voix faible et tremblante. « Je ne veux pas te perdre, Mishka, c’est tout… »

Oktyabrin se rends bien compte que sa colère a un peu trop parlé dans cette histoire et il n’est pas vraiment étonné de voir Mishka utiliser les pics lancés contre lui pour justifier le bénéfice de la fin de son existence. Oktyabrin est trop occupé à essayer de contrôler ses larmes pour le moment. Tout qui s’effondre d’un coup, encore. D’habitude, personne exceptée Domovoï et Bogatyr n’assistent à la scène. La Dracaufeu vient d’ailleurs poser ses griffes sur les épaules de son dresseur en signe de soutien.

« Je n’en sais rien, moi, pourquoi je t’aime… » Souffle-t-il avec un agacement qui se noie dans la fatigue et la culpabilité. « Je ne sais pas à quel moment te voir à chaque réunion de champion a commencé à me mettre de bonne humeur. Puis il y a eu cette nuit… Je ne sais pas ce que as lu dans mon aura à ce moment-là mais si tu n’as pas su y lire mon amour… »

Gala vient rouler jusqu’à ses pieds et lui adresse un regard inquiet. Oktyabrin la ramasse avec douceur et vient lui donner l’attention qu’elle mérite pour être rassurée sur la situation. Elle lui  lance un regard insistant, comme si elle avait entendu toute la conversation et qu’il était temps de faire la grande révélation. Ou alors elle a juste faim, va savoir…

« Je t’ai offert Gala dans l’optique que tu ne saurais jamais d’où elle vient. J’ai toujours imaginé que notre relation serait comme ça. Que tu ferais ta vie et que je t’observerais de loin mais… »

Mais Mishka avait tout changé en un baiser. Et Oktyabrin était tombé dans « le piège ». Il n’avait pas eu la force de le repousser. Il lui avait rendu son baiser, lui avait donné plus encore. Cette première fois entre lui et Mishka avait été brouillon et un peu désordonnée mais Oktyabrin s’en souvient comme l’une des étreintes les plus douces qu’il ai jamais eu à donner ou à recevoir. Cette pensée lui arrache un rapide sourire.

Rapide sourire qui s’évanouit lorsque Mishka rappelle les mots du brun pour le qualifier un peu plus tôt. Ce dernier soupire et secoue la tête. Il lève son regard larmoyant vers Mishka d’un air fatigué et finit par s’expliquer.

« Tu agis comme si personne ne t’aimait, mais tu as une famille, des amis et… Enfin, tu auras sans doute un mec bien dans ta vie. » Il soupire et continue péniblement. « Je sais que c’est pourri comme truc à dire dans ce genre de cas mais on tient tous à toi, tu ne peux pas faire comme si on existait pas. Après… Je ne sais pas si c’est de l’égoïsme à proprement parlé, je n’ai pas vraiment réfléchit quand je l’ai dit… »

Il lève les yeux vers Mishka pour les détourner aussitôt, il a des belles traces sur ses joues le pauvre. Oktyabrin aurait bien envie de le prendre dans ses bras, il en crève d’envie mais pas sûr que le blondinet soit partant après ça. Il reste donc silencieux et prends une grande inspiration.

« Ecoute, je… J’ai appris récemment pour la mission que cette salope t’as fait faire avec Volkov. J’ignores si tu as commencé à cause de ça mais… Qu’est-ce qu’il s’est passé à Magnetongorsk ? »

Rien que prononcer le nom de cette ville lui procure un frisson tout le long de l’échine. Mishka n’est pas le seul à y avoir vécu des horreurs et Oktyabrin aurait voulu avoir la force de lui dire qu’il pouvait comprendre, que lui aussi avait été un cobaye à une époque. Mais ce sont encore des paroles évasives et maladroites qui s’échappent de sa bouche.

« Ce sont ces maudits scientifiques, hein ? Ils sont de retour… Je savais que la fin du communisme ne changerait rien. »

Il baisse à nouveau le regard, mais cette fois c’est une colère contenu qui gronde dans tout son corps. Tolstoï risque bien de s’en prendre plein la gueule à leur prochaines retrouvailles. Le marché passé entre eux était censé mettre un point final au projet Nebulak, et de toute évidence, ils ont échoués...

Oktyabrin est fatigué émotionnellement parlant, trop fatigué pour débattre sur l’égoïsme avec Mishka en tous cas. Il soupire juste et hausse les épaules avant de venir essuyer ses larmes d’un revers de main. Il sent cependant une pointe de jalousie en imaginant ce que Mishka a dû pensé en recevant Gala, que c’était un cadeau de son Grisha adoré. La plupart du temps, il peut rester dans l’ombre du champion de Snoverkoutsk sans bouder mais là il est trop épuisé et le frapperait sans doute si il l’avait en face de lui.

« C’était peut-être égoïste en y repensant, oui. Mais comme la plupart de mes histoires d’amour tournent mal, je n’avait pas envie d’engager celle-ci. On peut donc aussi parler de lâcheté, je présume… »

Oktyabrin ne s’imagine rien du tout en réalité. C’était à l’époque où il connaissait encore trop peu le jeune homme pour se rendre compte que son acte ferait plus de mal que de bien. Puis après cela, Mishka semblait bien attaché à Gala, alors il ne s’était pas posé plus de questions que ça. Inutile de dire que maintenant il se sent bien con, un truc à ajouter sur le liste des milliards de trucs qui le feront craquer un jour et passer la corde autour du cou.

Encore une fois, entendre Mishka se dénigrer sur sa vie sentimentale lui rappelle qu’il n’est rien, si ce n’est que l’ombre d’un putain d’abruti aveugle et sourd. Il ricane doucement tandis qu’un relent de larmes lui envahit les yeux. Des fois, c’est trop dur à supporter, il n’est pas un Sankta, juste un être humain qui aimerait que son amour soit réciproque. Ça ne sera jamais le cas, il le sait très bien, mais une foutue part de lui espère toujours. Mishka doit vivre la même chose en y repensant. Cruelle ironie.

Enfin, les mots suivants de Mishka balayent ses idées noir et lui font lever les yeux vers le blond. Ses yeux viennent automatiquement chercher les bras, puis les mains de Mishka du regard. Elles sont gantées. Il ne comprends pas. Cela fait longtemps qu’ils n’ont pas passé une nuit ensemble alors mis à part des scarifications qui lui ont déjà donné une claque mentale, il ne sait pas ce qu’il y a sur les bras du blondinet.

« Tes bras ? Qu’est-ce que tes bras ont… »

Puis l’information traverse pleinement son esprit, Mishka s’est fait injecté quelque chose, il ne sait pas quoi. Oktyabrin se lève brusquement et vient saisir le menton de Mishka pour le pousser à le regarder, il l’observe attentivement, pas de teinte mauve dans le blanc de ses yeux, pas d’odeur florale même ténue. Donc, il reste une possibilité qui le fait légèrement frémir.

« L-la seringue, quelle était la couleur de son contenu ? Violet, pourpre, transparent ? Essayes de t’en souvenir, je t’en prie, c’est très important. »

Il sent à nouveau les battements de son cœur s’accélérer et sa respiration partir en cacahuète. Ils ont fait ça dans son dos, la Tsarine n’en a vraiment rien à cirer de son autorité, c’est à peine si il fait parti de gouvernement. Mais injecter « cette substance » à Mishka est la pire idée qui puisse exister, il se laisserait emporté dans la tombe par la douleur insoutenable, c’est certain. Et… Et le gouvernement trouverait une excuse de merde pour couvrir sa mort.

Un suicide, tiens, puisque Mishka semble adepte de l’idée.

A ce stade, il est difficile de cacher sa peur-panique, mais il prends une grande inspiration et essayes de rationnaliser sa peur. Si Mishka a paniqué, c’est sans doute un sédatif que l’autre con lui a injecté. Inutile de s’alarmer ainsi, pas vrai ? En vérité, il n’en sait rien, il ne sait plus de quoi Genya est capable…

« Ecoute… Je vais faire en sortes que tu puisse prendre un petit mois de repos, ton arène sera close temporairement, tu ne peux pas travailler dans ces conditions. » Souffle-t-il d’une voix tremblante. « Pour la kétamine, tu dois trouver un moyen d’arrêter. Ne me regardes pas comme ça, je ferais tout pour que tu arrêtes. C’est non-négociable. »

Il ressent les larmes monter à nouveau alors qu’il demander à Mishka d’une voix de plus en plus tremblantes.

« Genya, cette femme… Je ne sais pas de quoi elle est capable. Je veux que tu me prévienne si jamais… Si jamais ce genre de chose devait se reproduire. Je peux trouver un moyen de te sortir de ce merdier, même si ça fout ma carrière en l’air. Je m’en fout, je ne veux pas qu’elle finisse par te tuer avec ses conneries. » Il s’empresse d’ajouter d’une voix presque sévère si elle n’était pas tremblante à souhait. « Et crois-moi, tu ne veux pas mourir comme ça. »

Le brun est prit totalement au dépourvu par la vision des bras noircis de Mishka, il manque de reculer de quelques pas. Ce vision a quelque chose d’effrayant après tout mais non, il reste sur place et écoute le blond avouer qu’il ne pense avoir que la kétamine comme solution, que sans, il craquera un jour. D’une façon ou d’une autre. Oktyabrin reste muet un bon moment, ses lèvres tremblent un instant puis il finit par soupirer en venant essuyer ses joues couvertes de larmes.

« Mishka, il… Il y a une autre solution mais… » Un bref regard vers ces bras noirs charbon. « …Au point où l’on en est, je pense que je peux te confier cette information. »

Il commence à faire les cents pas, une étrange peur viscérale lui tenant les tripes. Sans doute parce qu’il ignore ce que sont ces brulures sur la peau de Mishka. Mais surtout parce que Genya a exactement les même que lui et que cela ne veut sans doute rien dire de bon. Il se garde bien de lui dire ça, le pauvre champion est déjà assez malmené comme ça pour être tiré dans des intrigues politiques qui ne feraient que creuser sa tombe.

Non, il préfère aller droit au but, quitte à être prit pour un fou tout droit sorti d’une secte Arkéiste.

« Il nous faut du sang… » Finit-il par lâcher avant de se rendre compte que la phrase en elle-même n’a aucun sens en plus d’être assez effrayante. « Il nous faut le sang de quelqu’un qui ai un don bien particulier. Je ne connais que Belinsky qui le possède. Je peux essayer de marchander avec lui pour obtenir ce que nous voulons. »

Mishka n’a pas l’air de suivre. Pire, il a l’air franchement effrayé. Oktyabrin secoue la tête et essaye de préciser ses pensées brouillons encore secouées d’émotions. Il doit se concentrer pour expliquer ce qu’il a en tête, pas faire croire à celui qu’il aime qu’il est adepte des sacrifices humains. Pourtant, l’un n’est pas si éloigné que l’autre, c’est cela qui est frustrant.

« Je sais que cela va te paraître absurde mais je te permets de te rappeler que tu as été brulé par un artefact maudit tout droit venu des catacombes. Ce genre de chose ne devrait pas t’effrayer plus que ça. » Il essaye d’introduire le sujet en douceur avant d’aller droit au but. « Il existe un rituel qui permet à ses auteurs de partager leurs dons. Un pacte de sang, si tu veux. Belinsky possède le don de… Comment dire ? D’étouffer les autres dons ? C’est le seul moyen que je vois pour t’en sortir. La kétamine suffit peut-être pour l’instant, mais elle ne te sauvera pas éternellement. »