Dear Daughter
A daughter is the happy memories of the past, the joyful moments of the present, and the hope and promise of the future.
Solo
Oktyabrin avait obtenu tout ce qu’il voulait de la Tsarine et pourtant, il ne pouvait s’empêcher de ressentir de l’amertume. Il n’était qu’une marionnette dont la rébellion amusait Genya, impossible d’être fier de s’opposer à elle dans ces conditions. Enfin, le plus important était tout d’abord de prévenir Volkov du danger que courant sa progéniture et aussi… Sortir C042 de cellule, enfermée dans les prisons impériales en attente d’une exécution annulée.
Il n’était pas serein, entouré de gardes Obsidiennes masquées clairement hostiles. Les « sœurs » de la Garde appréciaient peu les traitresses, les considérant clairement comme des fratricides. Et le salut de C042 semblait en énerver certaines, Oktyabrin sentait clairement qu’elles en avait aussi après lui et que sans directive de la Tsarine, il aurait fini transpercé à coup d’épées. Mais il tint bon, malgré sa faiblesse encore présente, malgré le malaise ambiant, C042 l’attendait. Il était la raison pour laquelle elle avait déserté après tout, même si il ne s’attendait pas à une telle dévotion de la part de la jeune fille.
Finalement, ils arrivérent devant la cellule où C042 regardait tranquillement par la fenêtre, sereine, comme si elle savait son rôle accomplit et son utilité sur terre « terminée ». Cela manqua de faire grimacer Oktyabrin, si elle savait la vérité, elle en serait mortifiée. Enfin, elle le serait, il ne comptait pas lui cacher la vérité, elle méritait de savoir. Aussitôt la porte ouverte, la jeune fille tourna vivement la tête et un sourire se dessina sur ses lèvres, elle se précipita aussitôt dans les bras de son « sauveur », ignorant alégrement les insultes de ses sœurs.
« Monsieur Fyodorovitch… Comment vous avez fait ? »
Il soupira et secoua la tête. Trop long à expliquer pour l’instant et il n’en avait pas l’énergie. Il se contenta d’accompagner la jeune fille vers la sortie de ce maudit cachot. L’existence même de celui-ci le débectait, il était le symbole même de la dictature impériale. Combien de personnes avaient-elles été exécutées sans procès entre ces murs ? Il l’ignorait et quelque part, il ne voulait pas le savoir. Parce que certaines de ces morts étaient de sa faute, parce qu’en tant que Ministre de l’Intérieur, il devait veiller à l’ordre publique et emprisonner les ennemis de l’état.
Après être sorti de cet enfer, il put « congédier » ses gardiennes. Il n’avait aucune autorité sur elles mais comme elles avaient remplit leur rôle, elle ne s’attardèrent pas plus. C042 échangea un regard inquiet avec son gardien, celui-ci esquissa un sourire qui sonnait faux et lui ébouriffa les cheveux. Ce qui ne rassura pas la gamine pour autant.
« Monsieur Fyodorovitch, vous êtes tout pâle. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Demanda-t-elle, anxieuse. « Comment Mère a-t-elle réagit à ma trahison et pourquoi suis-je libre ? »
« C’est… Une longue histoire. » Souffla Oktyabrin.
Il lui fit signe de le suivre, l’emmenant dans son bureau où il l’invita à s’asseoir face à lui. Il ne laissa pas l’occasion à la gamine de poser plus de questions, enchainant aussitôt sur ce qui devait être fait tout de suite.
« Nous allons te créer une identité, C042. Tu va recevoir un prénom et tu étudiera à l’académie Artikodin. Aux yeux du reste du monde, tu seras ma fille, souffrant d’albinisme. »
Cela se lisait clairement sur le visage de la jeune fille : elle ne savait si elle devait être heureuse ou s’inquiéter plus encore. Mais Oktyabrin lui fit clairement signe qu’il ne s’expliquerait pas tout de suite, pas entre les murs du Palais Pourpre en tous cas. Au lieu de ça, il se contenta de sortir une feuille et de la raturer de notes.
« Que dirais-tu de Dekabrina ? Un prénom assorti au mien. » La jeune fille hocha simplement la tête, regardant à présent le sol. « Notons donc, tu as quinze ans. Ton anniversaire sera le jour de notre rencontre, le 16 avril. Ta mère était une femme de la cour, Natachenka Barkov, morte en couche. Tu as été élevée à l’abri de la cour car je souhaitais que tu suives mes idéaux. Est-ce clair ? »
« Oui, Monsieur » Souffla la dénommée Dekabrina, complètement décontenancée.
« A partir de maintenant, ce ne sera plus « Monsieur », tu dois me nommer « Père ». Surtout en public, car il va de soi que tu assistera à présent à des évènements officiels. »
Il y eut un grand silence pendant lequel le seul bruit qui se fit entendre fut le bruit du stylo d’Oktyabrin raturant sa feuille de notes. Il leva les yeux d’un air interrogateur vers Dekabrina qui paraissait totalement perdue. Soupirant, il finit par ajouter d’un air plus compatissant.
« Je te laisserais le temps de t’adapter à ta nouvelle vie, je ne compte pas te lancer parmi les Sharpedo tout de suite. Tu seras tout d’abord scolarisée à l’Académie en cours d’année. Je sais qu’il te manque beaucoup de bases, c’est pourquoi le fils de la Première Ministre, Louison Arseniev, se chargera de te guider. »
« Et… Maintenant, qu’est-ce qu’il va se passer ? » Demanda-t-elle d’une voix timide. « Je veux dire… Tout de suite. Qu’est-ce que je dois faire ? »
« Ce soir, tu rentres avec moi. Une chambre a été préparée pour toi. Tu seras scolarisée dés que tes papiers d’identité seront en ordre. Pour le moment, tu resteras chez moi, interdiction de sortir. La Garde Obsidienne t’as dans le collimateur et elles profiteront de la moindre de tes fautes. »
Cela sembla être la phrase de trop car Dekabrina finit par sangloter en silence, Oktyabrin se leva rapidement pour venir la voir et lui caresser doucement les cheveux. Avec toute cette pression imposée par la Tsarine, il en avait oublié qu’il ne parlait qu’à une gamine qui n’avait rien connu d’autre que la Garde Obsidienne.
« Dekabrina… Tu es fortes, tu as déjà surmonté tant d’épreuves. J’ai confiance en toi, tu peux y arriver. »
« O-oui M-… Père, je tacherais de vous rendre fier. »
« Tu n’as pas à me rendre fier de quoique ce soit, Dekabrina… Je veux juste que tu sois heureuse, c’est tout ce qui compte pour moi. »
Il avait déjà tant sacrifié. Sans un mot de plus, il la prit dans ses bras et la serra contre lui. Il n’avait franchement aucune idée de comment se comporter en tant que père mais il apprendrait avec le temps. Comme il l’avait dit, le plus important serait le bonheur de Dekabrina.
Si il pouvait rendre au moins une personne heureuse, cela lui suffisait. Parce que ça justifierait son humiliation, son statut de marionnette et sa perte d’influence auprès de la cour. Dekabrina n’avait pas eu la chance d’avoir une enfance normale, mais elle aurait une adolescence correcte. Il s’en fit la promesse.
« Père… J’ai peur. »
« Tout ira bien, je t’en fais la promesse. »
Même si il devait se sacrifier pour elle, tout irait bien.
(c) 0tsana