Hidden in plain sight

Le militaire avait enfin quitté Kolowal après une longue période- l’accident à Magnetongorsk et ce qui en a suivi avait eu un sacré impact sur le pauvre militaire qui avait bien failli perdre la raison à plusieurs reprises. Mais maintenant que Summer le protégeait avec l’aide de son don… Le calme était revenu. Enfin, pas totalement- mais c’était plus que suffisant. Il pouvait enfin revoir le monde de la même manière qu’avant, sans ce bruit constant lorsque les gens l’approchent : mais en contrepartie, il devait sacrifier quelques heures pour recharger l’énergie dépensée dans ce but. Autant dire qu’on lui avait bien fait comprendre que si il décide de bloquer toutes les émotions, il allait devoir récupérer d’une façon ou d’une autre ce qu’il dépensait.

S’amuser à jouer le militaire insomniaque, c’est fini- mais ça… trouver le sommeil était encore difficile. Encore plus lorsque les émotions reviennent d’un coup à la charge. Mais il finira par y arriver…

Au moins, cette protection lui permettait de reprendre enfin du service, lui qui stressait à l’idée d’être un poids mort pour la Team Stal. Sa première mission qu’il s’est donné ? Aller directement dans la capitale pour essayer d’en apprendre plus sur la sécurité du Palais Pourpre, de la Garde Obsidienne ou sur la Tsarine, en général. Un jeu sacrément dangereux vu qu’il reste quand même quelqu’un qui se fait passer pour “disparu” ou “mort” administrativement, et qu’il reste aussi les scientifiques fous de Magnetongorsk qui lui courent encore après.

Mais si c’est pour aider la Team Stal dans ses objectifs, et donc aider Ilya et Rin à enfin faire stopper pour de bon le projet Nebulak… Artyom était prêt à courir les risques qu’il fallait.

L’homme se mêlait donc aux habitants et touristes comme il pouvait, maintenant qu’il avait l’occasion d’ignorer leurs émotions pendant quelques temps encore- il écoutait discrètement ce que les gens se disaient, portant souvent plus d’attention si ceux-ci semblaient vivre dans la capitale ou mieux, travailler dans les alentours : toute information est bonne à prendre. Aller dans le palais était impossible pour quelqu’un de son genre, alors il fallait faire avec les moyens du bord. Qui sait, peut-être qu’une occasion se présentera pour s’y infiltrer sans danger et en apprendre plus…

Mais pour l’instant ? Artyom reste sur ses gardes, se concentre sur sa mission et essaie de faire attention à son “don”. Il doit faire précieusement attention à ne pas s’épuiser inutilement, même si cela est difficile à ne pas faire- une petite charge mentale qui fatigue, mais qui est mieux que de simplement subir toutes les émotions à ce stade… Ses rares moments de pause, il se les permet en se “cachant” dans des ruelles assez isolées ou pas très visibles non loin du palais- ça lui laisse au moins le temps de se poser, d’écrire quelques notes (codé, bien évidemment) et de se préparer mentalement à la suite.

Toute cette foule… ça ne lui manquait pas, d’être seul dans son coin. Mais pour la Team, Artyom était prêt à tout.

Hidden in plain sight

Le chemin qui le prend et l’amène vers une impasse était calme- du moins, vraiment bien plus calme que les rues aux alentours. C’était pile ce qu’il fallait à Artyom : il se prépare d’avance en sortant son carnet qui lui servait à griffonner quelques petites notes… et surtout, il laisse le don de Summer au repos progressivement, faisant augmenter de nouveaux les “murmures” et autres voix que les gens aux alentours expriment par leurs émotions. Un son désagréable, confus, mais un qu’il supporte pour laisser ses batteries se recharger. Tant qu’il ne se trouvait pas dans une foule et assez loin de tout ce peuple, il pouvait tenir.

Mais en approchant de l’impasse, il se rend bien vite compte que celle-ci ne semblait pas vide- et sans la protection de Summer, son doute se confirme bien vite, voyant cette aura mal à l’aise dans le coin ainsi qu’une autre plus petite et simple. Malheureusement, ça reste mieux que la foule, alors Artyom se fait déjà à l’idée de devoir “partager” ce coin trouvé, en espérant que les autres personnes ne soient pas trop curieuses ou dangereuses. Attirer l’attention est la dernière chose qu’il veut…

Alors il tente de se cacher dans ses notes, de faire comme s’il était trop concentré pour faire attention à son entourage  dès lors qu’il rentre dans l’impasse- tactique inefficace, puisqu’il peut déjà sentir la présence de la personne à l’aura fatiguée l’approcher, et entamer un début de conversation avec rapidement une demande. Artyom lève finalement son regard pour voir son interlocuteur à l’aura- et l’apparence étrange aussi, entre ses yeux rouge et cette brûlure… quoi qu’il lui soit arrivé, il semblerait que la vie ne lui ait pas fait de cadeaux, à lui aussi.

Mais le militaire finit par secouer la tête, ne pouvant pas apporter d’aide- il n’avait pas pensé à avoir un briquet sur lui, cette fois. M’enfin, le drôle de type semblait de toute façon avoir de quoi faire, vu qu’il utilise directement l’aide de son Pokémon pour cela- surprenant, mais Artyom a bien vu déjà d’autres personnes le faire… L’homme pensait que cette conversation s’arrêterait là- mais il faut croire que qui se ressemble s’attire, et en l’occurence…

Il semblerait qu’il avait quelque chose avec les auras, lui aussi. Une révélation qui surprend autant qu’elle met Artyom en garde, maintenant plus attentif à cet étrange personne- les gens qui ont ce don… ce n’était jamais bon signe, d’une manière ou d’une autre, pour le militaire. Et au vu de sa mission, il devait à tout prix faire attention. Malgré tout… tant qu’il peut éviter d’attirer des ennuis, il essaie de se montrer quand même un peu courtois et de répondre à cette question si simple, mais si étrange en même temps.

- … Difficile d’être bien ou de se reposer lorsque les émotions des gens viennent vous agresser à la gorge au moindre moment de faiblesse. Mais je m’habitue. Pas comme si j’avais le choix.

S’il avait ce genre de don lui aussi, peut-être qu’il comprendrait. Et sinon ? Tant pis… ou tant mieux peut-être, vu la situation. Il devait encore bien jauger à quel point il peut faire taire l’environnement sans s’épuiser complètement et se mettre en danger… mais il finira par y arriver. Artyom garde cet espoir.

L’homme lui tend une cigarette, que le militaire refuse poliment- il n’avait pas envie de plonger là-dedans. Pas avec ses habitudes de vie et sa santé qui vacillaient parfois, en ce moment. Ce drôle de type aux dents pointues était bien curieux, et soyons honnête, les gens curieux n’avaient que rarement apporté de bonnes choses à Artyom… mais il veut essayer de rester discret. Partir comme ça ou devenir agressif serait stupide, il le sait pertinnement- alors il essaie de rentrer dans le jeu de ce type tout en restant attentif.

- Non. Je ne vis pas loin de Thunduruska. Je ne viens que très rarement ici.

Évidemment qu’il n’habite pas là bas non plus- mais dire qu’il était à Kolowal ou dans la Toundra ? Ça serait trop étrange. Une ville avec laquelle il était plus familière et plus proche de son lieu de vie serait moins risqué à pointer à ce stade.

- Et vous ? Vous profitez des endroits isolés pour vous reposer, vous aussi ?

A défaut d’être tranquille, peut-être qu’il pourrait en apprendre plus sur cet individu… et voir s’il a trouvé quelqu’un “comme lui”. Bien qu’il n’espère pas, personne ne mérite de souffrir avec ce genre de don- mais tant que Nebulak est dans le coin…

… Non, n’y pensons pas. Rien que de repenser à tout cela l’effraie et le met en colère. Il faut rester calme, impassible.