Yakov est un scientifique brillant, pourrait-on dire visionnaire et porteur d’espoir du point de vue de son mentor, Piotr Demikhov. Après tout, il l’a modelé pour en arriver là et cela se voit. Déjà sur sa peau dont les cicatrices de brûlure recouvrent plus de 70% de son corps, n’épargnant qu’une partie de son visage, son cou et le haut de son épaule droite. Des châtiments corporels ? Des expériences menés par Piotr ? Par lui-même ? Personne ne le sait. Mais Yakov s’amuse souvent à expérimenter sur sa propre personne, poussé par une forme d’autodestruction maladive.

Des dons, il en a acquis trois. Déjà que certains ne supporte pas d’en avoir un seul, physiquement ou mentalement. Yakov a une tête de déterré en permanence car il ne sait plus faire la différence entre les auras, la voix des morts où celles qui étaient dans sa tête depuis le début et que Piotr n’a jamais cherché à faire taire. Il l’écoute parfois, ce bordel cacophonique qu’il a dans le crâne et en tire quelques expériences assez étranges. Beaucoup disent qu’il n’est qu’un parvenu et que son « père » lui donne le droit de faire n’importe quoi pour le plaisir.

Mais ce n’est pas vraiment le cas, d’apparence on pourrait le croire mais si on creuse les choses, le projet Nebulak carbure bien avec les expériences de Yakov. Il manque d’éthique et de discernement mais suit Piotr comme un petit Ponchien parce que ce dernier lui a promis un avenir pour son petit frère Feliks et une façon de mettre du silence dans sa tête. Il n’est pas rare de voir le jeune homme se parler à lui-même isolé dans un coin du laboratoire. Un vrai timbré en somme.

Pour son corps, il est pâle, horriblement pâle et marqué de brûlures ad vitam eternam. Les marques de greffe à certains endroits sont encore visibles. On ne peut que deviner l’envergure de la brulure du jeune homme. Il cache souvent cette peau diaphane sous une blouse médicale et porte aussi un masque pour couvrir les balafres de son visage. De toute façon, on lui a déjà fait la réflexion que son regard mettait mal à l’aise alors autant faire de son mieux pour s’intégrer. Voilà un autre problème en effet.

Yakov n’a qu’un seul ami et c’est son frère, mais ce dernier est resté à Magnetongorsk. Ce qui provoque c’est le jeune homme des poussées d’angoisse aussi bien que des crises dépressives assez violentes. Il a peur pour son petit frère, trop gentil pour le monde de Nebulak et espère que « Père » sera clément avec lui en cas de bêtise. Ce dernier ne cesse de le répéter : « Devenez comme Katarina, abandonnez-vous à la science. » Plus facile à dire qu’à faire mais ce boulot plait bien à Yakov, peut-être parce qu’il n’a jamais connu mieux dans la vie, peut-être parce qu’il n’arrive pas à communiquer correctement avec les autres.

Bipolarité, Schizophrénie, trouble de l’anxiété, trouble paranoïaque, on pourrait trouver milles problèmes à Yakov. Il le sait et ça lui fait peur, car si il n’est plus parfait, on aura plus besoin de lui. Et il sait pertinemment ce qui arrive aux cobayes inutiles…

Yakov et Feliks se souviennent peu de leur enfance, ils n’ont après tout qu’un an d’intervalle et ne se souviennent que d’une mère d’origine de l’Ile Khaline leur criant sans cesse qu’ils avaient gâché sa vie. Yakov a juste compris, plus ou moins, que Papa était un haut-fonctionnaire venu de l’Occident et qu’il avait promis une place de princesse à sa conquête d’un soir. La réponse toute naturelle du gamin fut de répliquer qu’il était déjà stupide d’y avoir cru et évidemment, les coups ne se firent pas attendre.

Mais Yakov s’en fiche, tout comme son frère Feliks, il ne ressent pas vraiment la douleur, se blesse par accident et les coups de Maman ne font plus effet depuis longtemps. A l’école du village, quand les gamins le poussent ou le tabassent parce qu’il est un freak, il ne dit rien et ne se défends pas, n’en comprenant pas l’intérêt. Et ce n’est pas sa mère qui va l’aider à comprendre, elle qui veut qu’il se comporte « comme un homme ». Yakov s’en fiche, il est bien comme il est et ne voit pas le problème. Il n’aime pas la violence de toute façon. Pas pour l’instant.

Yakov et Feliks travaillent bien ensemble, ils forment une bonne équipe, doués en science et formant un duo de petits génies. Alors quand la rafle touche le village et que les enfants disparaissent les uns après les autres, les deux frères ne font pas exception. Yakov et Feliks se retrouvent enfermé dans des cargaison traversant la toundra vers Magnetongorsk. C’est bizarre quand même, l’état communiste commence déjà à vaciller et le projet Nebulak continue tout de même secrètement. Pour les deux gamins, c’est juste l’occasion de se débarrasser de leur mère indigne, mais ils ne sont qu’au commencement de leur souffrance.

Yakov est le premier à y passer, le produit qu’on lui injecte lui brûle le corps, grille sa peau et manque de le tuer. Pour la première fois de sa vie, il a mal, vraiment mal. Et pour la première fois de sa vie, il pleure et couine pour que ça s’arrête. Mais bien vite, on le remets à sa place, c’est sois lui, sois son petit frère. Alors le gamin arrête de se plaindre et encaisse en serrant les dents. Il y perds peu à peu son humanité, obtient des dons et est considéré comme une réussite. Mais à l’adolescence, c’est la dégringolade.

La schizophrénie se déclare pleinement et Yakov ne sait plus où donner de la tête, quelle sont la voix des spectres et celles qui ne sont que des imposteuse. Lire les auras devient également complexe et son don de guérison échappe à son contrôle, blessant souvient au lieu de guérir. Mais le jeune homme fait de son mieux pour avoir l’air « normal », il ne veut pas que Feliks paye de sa vie l’incompétence de son frère. Mais plus ça avance, plus il perds les pédales.

Il se mets à apprécier de faire souffrir les gens, il aime bien les malmener, leur faire croire jusqu’au bout qu’ils ont une chance de s’en sortir. Il aime faire croire au Père Noël, le gaillard mais au bout du compte, seul la mort attends ses chers cobayes. L’intérêt scientifique ne vient qu’après, il veut que les voix dans sa tête s’arrête et travaille d’arrache-pied pour trouver remède à ses maux. Il est aidé de Feliks dans ses recherches et le laborantin lui est d’une grande aide. Même si Yakov remarque bien vite, du haut de ses 15 ans que quelque chose cloche chez son frère.

Il est trop gentil, trop compatissant, ce n’est pas bon. Si il veut survivre ici, il va devoir être plus cruel. Pourtant, malgré son éthique trop présente et sa gentillesse parasite, Piotr Demikhov accepte avec joie d’adopter les deux frangins dès son retour sur scène. Ces derniers le craignent comme la peste, sachant de quoi il est capable. Et la paranoïa – ou le bon sens ? – crie maintenant à Yakov que son cadet est en grand danger, seul à Magnetongorsk. Seul raison de sa venue à Stolista ?

La Tsarine avait besoin d’un scientifique pour ses soins personnels, pas quelque chose qu’un médecin lambda puisse soigner. Yakov s’applique beaucoup dans son travail en espérant que la cheffe d’état encourage Piotr à être clément avec le jeune Feliks. Mais la vraie raison de sa présence au Palais Pourpre, c’est un secret entre lui et son frère. C025, un sujet Nebulak des plus inutiles a survécu en parti grâce aux efforts de son frère et ce dernier l’a supplié de prendre soin de son amie.

Yakov est un peu jaloux que Feliks se soit fait une amie et traite la jeune femme avec une certaine distance, peinant parfois à la voir comme un être humain. Il fait de son mieux pourtant mais ce n’est pas en claquant des doigts que l’on défait une dizaine d’années de lavage de cerveau. Mais surtout, Yakov s’intéresse de plus en plus à ces « échecs », ces « rejets », il veut étudier ça avec attention et mieux comprendre les effets du « Sang des Saints » sur l’organisme. Alors souvent, il embête Nastia en lui expliquant ses trouvailles du moment et lui demande l’autorisation de prélever des échantillons pour voir comment elle s’en sort.

Et parfois, il se surprends à avoir peur qu’elle ne meurt. Un peu comme un Rattata de laboratoire auquel on se serait trop attaché…