Mishka ne se souvient pas avoir ressenti une peur aussi viscérale depuis sa sortie du laboratoire.

Arkée doit bien rire depuis son petit nuage, de voir un homme adulte terrifié à l'idée d'ouvrir la porte à sa petite sœur. Il aurait presque aimé mettre ça sur le compte d'une hallucination, mais "malheureusement", il se sait sobre.
C'est la vraie Tanya qui frappe à sa porte et lui gueule d'ouvrir à moins de vouloir subir les conséquences.

Mais Mishka n'est pas con. Il sait très bien que les conséquences arriveront quoi qu'il fasse. Il s'est condamné à partir du moment où il a décidé de faire le mort plutôt que de contacter ses chères cadettes. Il est seul depuis si longtemps que la compagnie lui fait peur. Et puis... qu'est-ce qu'elles vont penser de lui ?
Qu'Oktyabrin le voie défoncé et les bras zébrés est un peu humiliant, mais ils se connaissent depuis peu... ses petites sœurs, en revanche ? Il ressemble à un zombie. Il tremble comme une feuille toute la journée. La terreur qu'il a vécu à Magnetongorsk se lit encore sur ses cernes.

Il ne veut pas que Tanya soit en colère contre lui.
Mais il veut encore moins qu'elle ait pitié de lui.

Il est censé être le grand frère, même s'il sait très bien qu'à ses yeux, il sera toujours une petite chose à protéger. C'est peut-être vrai, mais il n'en est pas fier. Et il s'en doute bien... Tanya va cafter. Elle a toujours été si proche de leur père. Et si leur père apprend, leur mère le saura aussi. Maman ne doit pas savoir. Maman ne doit rien savoir. Parce que ça la tuerait d'inquiétude et qu'il ne veut pas lui faire regretter de ne pas être venue elle-même à Strana.

Il doit rester digne pour elle. Rester fort. Survivre, même à un fil.
Pour ce qui est de la dignité, ça sera pour plus tard. Il n'a rien de digne à se rouler en boule entre ses vêtements, planqué dans son placard comme un enfant qui aurait peur du Carchacrok-Mitaine.

Il s'en doutait et pourtant il s'est laissé espérer... voilà que sa porte se fait défoncer sans autre forme de procès, et il tremble dans son coin comme si c'était un assassin qui était venu le chercher et pas sa petite sœur adorée.

Adorée, mais il la craint quand même. Il n'est pas fou. Il sait de quoi Tanya est capable, surtout quand elle se met en colère, et ce même si elle a hérité de la silhouette de leur mère. Parce que Megara, elle, est une femme douce et un peu passive sur les bords, contrairement à sa fille. Il admire ce côté assuré qu'elle a... sauf quand il se retrouve dans une situation semblable.

Oui, il a presque aussi peur de mettre Tanya en rogne de Genya. Ça devrait en dire long.

Il peut entendre les pas du monstre s'approcher, le son de ses talons claquant contre le parquet. Elle ouvre et claque toutes les portes, celle de la cuisine, celle de la salle de bains... bientôt il ne restera plus que la chambre...

Elle est là. Il peut sentir sa présence, son aura brûlante de rage, de l'autre côté du placard. Il prie, prie pour que Tanya devienne soudainement stupide et ne cherche pas dans la cachette la plus évidente d'une partie de cache-cache, prie pour se réveiller d'un cauchemar, de préférence à Keros, dans les bras de sa mère, qui prend soin de lui pendant ce rêve fiévreux.

La porte s'ouvre en grand.
La silhouette de la terrifiante créature d'un mètre cinquante apparaît.

Sans trainer, Tanya l'attrape par le bras et le tire avec une force surprenante. Il n'est pas bien lourd pour un gars de sa taille, mais quand même... il s'attend déjà à se faire étriper, mais étonnamment, c'est une forte étreinte qui l'attend. Ce qui le met presque plus mal à l'aise que si elle l'avait frappé.
Il ne sait pas pourquoi... c'est probablement la honte de s'être caché, d'avoir joué les fantômes... il n'est pas à l'aise dans ses bras et ne lui rend pas son câlin, se contentant de l'accepter comme un Chacripan qui aurait trop peur de griffer un bébé trop affectueux.

Il répondrait bien à Tanya en lui expliquant tout ce qu'il a vécu. En lui faisant tout un exposé sur pourquoi il n'osait pas les contacter, dire à voix haute les pensées qui tournent en boucle dans sa tête depuis qu'il les a aperçues à la télévision. Mais rien ne sort, à part un simple mot d'une voix étranglée.

Désolé...

Désolé de quoi ? D'un peu de tout en fait.
Il aimerait se laisser croire que Tanya va le pardonner et lui foutre la paix maintenant qu'il s'est excusé, mais ça serait mal connaître la jeune femme. Il va avoir droit à un interrogatoire, et il n'est pas prêt. Pas le moins du monde.