L’eau savonneuse coule sur le sol tandis que Rin rince les longs cheveux de « C097 », la gamine se laisse faire même si elle a l’air d’ignorer l’intérêt d’une telle méthode. Ils n’ont pas vraiment le luxe d’avoir du shampoing ou du gel douche dans les locaux de la team, un simple savon à la rose fait donc l’affaire. La scientifique se retrouve à laver la gamine perdue comme on toilette un Couafarel et cette dernière ne fait rien, assise, elle se laisse décrasser sans broncher. Rin a beau lui parler, elle ne semble pas vraiment réceptive, la seule chose la faisant réagir étant la promesse d’un bon repas bien chaud.

Cette petite a véritablement des airs de pokémon affamé, maigre comme elle est, c’est à se demander comment elle n’est pas morte dans la toundra. Pour l’instant, personne ne sait que la gamine est là, on est en pleine nuit et N°005 a aidé le petit monde à se téléporter discrètement. Tous les autres systèmes de sécurité, Rin les connait bien et est rapidement parvenue à l’intérieur du bâtiment. Sa chaleur était la bienvenue après quatre jours de voyage dans la toundra. Quand elle aura fini de « toilette » C097, elle se lavera sans doute elle-même.

Une fois tout cela fait, la gamine se retrouve avec un pull en laine trop grand pour elle au point d’avoir l’air d’une robe plus qu’autre chose et des collants, eux aussi en laine. Rin s’habille bien chaudement également, c’est peut-être la fin de l’hiver mais il faut se méfier du froid tout de même. Comme promis, la gamine a le droit à son repas bien chaud, un bon ragout de Tauros pour lui remplir l’estomac. Elle s’endort peu après dans le lit de Rin qui se retrouve à devoir trouver un autre endroit pour s’assoupir. Enfin, en théorie.

Elle a beau être fatiguée par son long voyage, elle n’a pas sommeil. Le flacon de liquide rouge est toujours en sa possession. Elle n’a pas besoin d’en étudier le contenu, elle sait de quoi il s’agit car c’est sa découverte et on ne change pas une recette qui gagne. Alors elle prépare tout, installe son garrot, désinfecte la parcelle de peau à piquer et prends une grande inspiration. L’injection sera douloureuse, très douloureuse. Elle doit tenir et ne pas s’arrêter en plein milieu, la quantité injectée doit être suffisante pour créer une réaction. Il faut juste prier pour que cette réaction soit positive.

Bon, elle s’y était préparé mais la douleur est tout de même insoutenable, tout ce qui la fait tenir cette étape, c’est cette haine farouche contre Piotr. Une fois l’injection terminée, elle se laisse tomber au sol et se recroqueville en position fœtale. Tout son système sanguin semble en ébullition, la douleur lui coupe le souffle mais elle refuse de faire le moindre bruit, étouffant ses gémissements de douleur entre des dents bien serrées. Plus le temps passe, plus la douleur augmente. La scientifique se demande un instant si elle a fait la bonne chose, si elle aura un don et si elle sera compatible. Le cas inverse serait désastreux.

Mais la douleur finit par s’atténuer suffisamment pour la laisser se relever après ce qui semble être des heures. Titubant vers son matériel de laboratoire, elle y efface toute trace de cette maudite injection. Juste à temps avant de sentir la fièvre monter, il est pourtant hors de question de se rendre à l’infirmerie. Son lit étant déjà prit et son cas demandant une observation particulière, elle choisit de s’installer dans une des cellules réservées aux cobayes « VIP ». Le lit de la cellule est moins confortable que le sien mais l’épuisement la gagne vite et malgré la douleur, elle s’assoupit. Non sans avoir demandé auparavant à N°006 de veiller sur elle.

Elle n’a qu’une seule certitude, si Ilya ou Artyom apprenaient ce qu’elle venait de faire, ils seraient furieux. Mais elle est prête à subir leur courroux, la haine contre Piotr est plus forte que la raison. Quel que soit le « don » qu’elle obtiendra, elle compte bien en faire plein usage contre lui et tous les autres Tsaristes qui se mettront sur son chemin.