Ce n’était plus un secret pour personne chez les Stal, quelque chose clochait sérieusement avec les convois interceptés dans la toundra. Toujours des enfants natifs des îles Khaline ou Kury et toujours marqué de l’Artikodin Bicéphale. Cassandre pouvait se concentrer sur son travail jusqu’à là pour oublier la plaie béante et infectée qu’était en train de rouvrir cette affaire. Jusqu’à ce qu’elle voit les infos, que le scandale éclate et que la Première Ministre, Mélisandre Arseniev, sa propre mère, ne démente tout au nom de la Tsarine. Cela avait été la goutte de trop, elle avait besoin de sortir de Kolowal, de prendre l’air et d’oublier tout ça.

Surtout que Summer souffrait également horriblement de cette condition, Artyom lui avait vite-fait expliqué le délire des auras. Elle y croyait comme elle croyait en son petit frère quand ce dernier affirmait pouvoir parler à son Zorua et voir à travers ses yeux. C’était juste quelque chose de surnaturel mais d’existant sur lequel Mint ou Rin auraient sans doute adoré se pencher si ils n’avaient pas l’interdiction formelle de mener la moindre expérience sur la gamine. Mais tout ça avait aidé Cassandre à comprendre que peu importe à quel point elle cachait ses émotions négatives derrière un beau sourire, Summer comprenait qu’elle était morte de l’intérieur.

Alors forcément, la chute de l’une a entrainé la chute de l’autre. Une vraie catastrophe, des sables mouvants dont l’albinos n’arrivait pas à se tirer, déchirée par la question que Nikita n’avait pourtant posé qu’une fois, en montrant les dessins torturés de Summer sur son passé d’enfant-esclave.



Rien. Cela ne voulait rien dire. Si elle y croyait de toutes ses forces, peut-être que ça serait le cas et qu’elle pourrait à nouveau regarder la gamine dans les yeux. Summer sentait bien que quelque chose n’allait pas et on aurait dit qu’elle s’en sentait coupable. Elle était déjà toute blafarde quand Artyom l’avait ramené couverte de neige la dernière fois – elle lui en voulait encore énormément – mais là, ça empirait de jour en jour, elle touchait à peine à son assiette. Voilà pourquoi le déclic s’était fait d’un coup, voir sa propre mère mentir devant des milliers de personne lui avait brisé le cœur une fois de trop.

Volodya avait été d’accords pour la balade à Snoverkoutsk. Plus calme que Thunduruska, enfouis dans les bois et fleurie de toutes parts – on arrivait au printemps après tout, la ville avait l’air charmante. Ils y avaient fait de nombreuses activités, essayant maladroitement de réfléchir à deux à ce qu’une gamine normale aimerait faire. Mais Summer n’était pas normale et une simple glace coco-chocolat noir ne rendrait pas ses traumas plus faciles à supporter.

Alors la journée était tombée, la gamine avait toujours l’air sombre mais été épuisée. Cassandre avait finit par la prendre sur son dos pour marcher, refusant de la laisser à un pokémon par peur qu’elle ne fasse un violent cauchemars comme elle avait l’habitude d’en faire quand elle était toute seule. Volodya dû prendre ça pour une façon de crâner, ce qui fit soupirer l’albinos, mi-agacée, mi-amusée. Mais de tous ses sentiments, ce fut la lassitude et la fatigue qui gagnèrent la partie.

Volodya dû la comprendre car il proposa d’emblée l’hôtel huppé du coin, arrachant un autre soupire au communiste. Bah, tant pis. Puis Summer n’avait jamais connu « le luxe », peut-être que cette nouveauté lui ferait du bien. Alors ils avaient réservé une chambre. Cassandre, trop crevé, ne remarqua même pas le regard suspicieux de la meuf de l’accueil ni le pourboire versé pour la faire taire. Summer se retrouva ainsi bordée dans son lit, serrant fort sa peluche de Ponyta contre elle. Un dernier regard ensommeillé vers Cassandre, elle lui adressa un sourire qu’elle lui rendit, emplit de tristesse. Cette journée était un échec mais tant-pis, l’une comme l’autre auraient finit barjo à rester à Kolowal, surtout avec l’ambiance pourrie qui s’était peu à peu installé.

Elle laisse la gamine à son sommeil et vint rejoindre Volodya. L’observant un instant s’affaler sur son canapé en louant le système capitaliste et crachant sur la lutte des classes. Oh, elle aurait dû s’énerver mais… Trop fatigué pour ça. Trop fatigué pour penser net aussi, pusqu’elle finit par s’affaler à coté de Volodya pour poser sa tête contre son épaule, ne pouvait s’empêcher un soupir d’aise. Le luxe, c’était un truc de merde mais c’était tout de même vachement confortable.



Souffle-t-elle d’une voix ensommeillée.



Soupire-t-elle avant de rire. Il y a quelque chose de rigolo dans cette situation mais elle est trop fatigué pour discerner clairement quoi. Elle continue donc dans sa lancée en pouffant de rire.



Encore un petit rire stupide qui s’amenuise vite et se transforme en grognement agacé.


         
         Halloween

Le manque de sommeil n’aide clairement pas Cassandre à penser très net, elle écoute tout de même ce que raconte Volodya, les yeux mi-clos, et ne crache pas sur un peu plus de contact physique, elle commence vraiment à se lover comme un Chaglam contre lui… Oh, la Cassandre de demain sera morte de honte, mais ça, c’est son problème. La Cassandre du présent, elle, elle veut un peu de réconfort après une période bien difficile pour sa santé mentale.

Une brève période de silence s’installe après que Volodya ait prit parole. Une période pendant laquelle il doit croire que son amie s’est bel et bien endormie comme le dernier des sac mais non, elle finit par reprendre parole d’une voix encore plus ensommeillée qu’avant.



Encore un moment de silence, elle baille comme un Dodoala avant d’ajouter d’une voix amusée mais presque absente, comme complètement déconnectée – et décomplexée.



Elle ramène ses mains vers son visage pour couvrir ses joues rouges avec ses manches à dentelle bien élégantes. Sentir le tissu contre sa peau la fait ricaner bêtement tandis qu’elle ajoute encore un peu de profondeur de la tombe de cringe qu’elle creuse pour la elle-même du futur.



Encore un ricanement débile qui la fait rougir un peu plus avant qu’elle ne finisse par poser doucement sa tête contre le torse du binoclard. C’est vrai qu’il a raison, le calumet de la paix a jamais été aussi délicieux. Cette proximité, cette chaleur, ce contact physique, ça lui ferait presque oublié les souvenirs qui lui pourrissent encore la mémoire.

Peut-être qu’elle pourrait même dire à Nikita qu’elle va bien sans mentir, cette fois.
         
         Halloween

Tout ce que Cassandre fait lorsque Volodya complimente sa robe – et sa beauté par la même occasion, c’est d’émettre un petit rire en rougissant couleur Ceriz. Maintenant qu’elle est là, tête posée sur son torse, elle peut entendre ses battements de cœur mais aussi sentir son odeur, mélange musqué de parfum de luxe et d’une odeur corporelle naturelle qu’elle connait bien puisque celle-ci est encore présente sur les robes que le binoclard lui refile.

Et elle pouffe à nouveau de rire face à l’anxiété soudaine de Volodya, parce qu’elle est un peu trop fatiguée pour en comprendre la source. …Regretter ? Oh, il y a bien des choses que Cassandre pourrait regretter de dire mais cela n’en fait pas parti, parce que depuis le temps que ça lui pèse, elle serait soulagée que ça sorte. Alors c’est avec ses yeux couleur Pêcha qu’elle vient toiser Volodya tout en se redressant maladroitement, posant une main de chaque coté du binoclard pour se retrouver pile au-dessus de lui.



Là c’est bien au moins, elle est tellement à coté de la plaque qu’elle n’a pas le loisir de se mordre les doigts sur ses révélations. Peut-être qu’elle sera embarrassée demain, mais elle sera aussi soulagée et ça, c’est un avantage non-négligeable. Pouvoir compter sur Volodya comme plus qu’un ami lui permettrait bien de tenir psychologiquement parlant.



Elle se rapproche un peu de lui pour que leurs visages ne soient plus qu’à quelques centimètres, pas de doute que la Cassandre du futur se lamentera sur la connerie de la elle du passée. Mais bon, est-ce qu’on s’en foutrait pas un peu ? La première tentative, c’est juste leurs lèvres qui s’effleurent, histoire de vérifié la température, voir si le binoclard la repousse pas et comme elle semble avoir champ libre, elle revient à l’attaque pour lui rouler un pelle, pas trop pudique mais pas trop osée non-plus. Un juste entredeux. Et une fois ça fait, elle se relève et pose ses yeux couleur Morganite sur son ami et lui adresse un petit sourire espiègle.



Sur ce, elle retourne à sa place initiale, blottie contre Volodya, à moitié assoupie et souriant doucement. La seule différence étant la vive couleur Tamato de ses joues contrastant avec la pâleur du reste de sa peau. C’est un moment tellement doux pour elle qu’elle sent qu’elle pourrait rester là pour toujours.

Pour Volodya, par contre, ça doit être une autre histoire mais difficile de s’en soucier quand on est à moitié en train de dormir.
         
         Halloween

La jeune femme est légèrement boudeuse d’avoir perdu sa position dominatrice sur Volodya et n’hésite pas à le faire savoir en lui faisant les gros yeux. Pas pour longtemps en réalité car la pluie de bisous sur les joues qu’elle se prends la fait rigoler bêtement, encore une fois trop épuisée pour s’énerver sur quelque chose qui lui aurait donné envie de râler si elle avait été dans son état normal.



Qu’elle piaille en riant comme une gamine avant de prendre le binoclard par surprise en réussissant à l’embrasser malgré sa rapidité. Inutile de préciser que ce baiser-là, il est bien plus suave que les précédents, Cassandre laisse un peu Volodya faire parce qu’il s’y connait le mieux dans ce genre de truc mais c’est pas pour autant qu’elle reste inactive. Elle fait de son mieux pour tenir le rythme et c’est à contrecœur, pour reprendre leurs souffle, qu’ils rompent le baiser.

L’albinos s’apprête à repartir dans l’action quand elle prends conscience de sa tenue. Avec tous ces mouvements chaotique, son décolleté laisse apparaitre une partie de sa poitrine (certes plate pour l’instant mais tout de même) et sa robe relevée laisse apparaitre ses cuisses. Elle déglutit avec difficulté et s’empresse de se relever pour remettre un peu d’ordre dans sa tenue.

Quelque chose la rends soudain profondément mal à l’aise, une part d’elle sait pourquoi, l’autre l’ignore et ces deux parts là ne s’écoutent pas l’une l’autre. Cassandre est confuse, honteuse et silencieuse. Elle a perdu son beau sourire et le rouge de timidité et maintenant un rouge de honte sur ses joues.



Elle ne trouve pas ses mots et secoue la tête, tentant de tout son être de retenir la nausée qui lui bouffe soudain les tripes. Elle tente de se relever du canapé, de tituber vers le lit de Summer pour voir si la gamine dort bien mais elle se retrouve rapidement à genoux, en train de chialer à se remémorer la même scène encore et encore. Et aussi la scène où elle frappe Louison de toutes ses forces, qu’elle le rends borgne parce qu’il a osé lui rappeler…



Souffle-t-elle en essuyant ses joues humides et en tentant une nouvelle fois de se relever. Quel merdier, et dire qu’elle s’était bien appliqué pour son maquillage, l’eye-liner est waterproof mais maintenant, le reste doit être un véritable bordel. Ce constat ne peut que la faire sangloter d’avantage. Et dire qu’elle était si heureuse il y a à peine cinq minutes.
         
         Halloween

TW : Mention de viol

Les mains serrées autour de ses vêtements comme par peur qu’il disparaisse, c’est un regard rempli de détresse qu’elle rends à Volodya. Elle a honte, terriblement honte qu’il se sente coupable. Il faut qu’elle lui explique, comme elle a voulu lui expliquer quand elle était clouée sur son lit à l’infirmerie, sans succès. Cette fois, il faut qu’elle réussisse. Elle ne veut pas blesser Volodya, rien de tout cela n’est de sa faute alors elle ravale ses larmes et essaye de s’expliquer.

Pas facile à faire quand les souvenirs sont flous et qu’on s’est forcé à oublier.



Elle revoit son géniteur puant l’alcool à plein nez le fixant d’un air… Qu’elle ne préfère pas qualifier avec des mots. Elle se souvient de tout, ça se rejoue en boucle dans sa tête tout d’un coup, tout ce qu’elle pensait avoir oublié vient inonder sa mémoire d’immondices.



Elle renifle et essaye de calmer sa respiration, ne sachant ce qu’elle ressent à l’heure actuelle. Une plaie fraichement ouverte dont elle a enfin reconnu l’existence. Nikita lui avait pourtant bien dit qu’elle et la sexualité, ça clochait. Même avec la féminité, des fois, elle a du mal. Par exemple, à présent, elle se sent vraiment comme une poupée de porcelaine.

Sans vraiment prévenir, elle se réfugie dans les bras de celui qu’elle aime et se colle fort contre lui. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle se permets enfin de pleurer sans retenue. Elle a l’air bien pitoyable maintenant, secouée de sanglots, les cheveux en bataille et tremblante à souhait.



         Halloween

TW : Automutilation

Cassandre n’ose même pas regarder dans quel état est Volodya. Elle a l’impression de lui avoir balancé un tas de merde à la gueule pour lui dire ensuite de se démerder avec. Ce qui ne fait que redoubler ses pleurs, évidemment. Elle se sent égoïste d’avoir parlé, elle n’aurait pas dû. Elle qui impose ce même silence à Louison, elle aurait juste dû dire qu’elle n’était pas prête, qu’elle était une pucelle effarouchée. Même si elle ne l’est plus depuis ses onze ans.

Tout s’emmêle dans sa tête et c’est à peine si elle entends ce que Volodya raconte, merde, la panique qui monte en flèche… Elle va faire une crise. Non, pas maintenant, pas après ça, pas alors que Summer dort à côté. Elle serre les dents et essaye de contenir cette rage qui bouillonne, cherchant désespérément où elle peut avoir foutu ses putains de pilules. Mais elle n’a pas le temps de s’y attarder, sentir Volodya s’éloigner d’elle la détruit suffisamment pour la faire craquer.

Elle se relève en titubant, comme en mode automatique, ne voit même plus Volodya qui doit stresser de l’observer livide et le regard vide. Puis un déclic, Livre lui a toujours dit que c’était une connerie d’avoir toujours un couteau à portée de main. Elle avait toujours trouvé l’excuse de « c’est pour protéger Summer » mais bien évidemment, elle se ment à elle-même. Plusieurs coups nets et violents sont portés à son bras gauche avant que Volodya n’intervienne. Elle essaye de se débattre, aurait sans doute réussi à prendre le dessus si elle était au mieux de sa forme mais se voit bien vite maitrisée.

Et c’est là qu’elle s’entends parler, d’une voix chargée de haine et de colère incontrôlable, comme toujours au pire de ses crises.



Sa respiration est sifflante une fois son monologue terminée, elle s’aperçoit que son visage est trempé de larmes et qu’elle tremble comme une feuille, peut-être à cause de la fatigue ou de la perte de sang que Volodya essaye de stopper tant bien que mal. Elle essaye de toutes ses forces de revenir à la normale, de sortir de son état second et de faire ce que toute personne saine d’esprit ferait dans ce genre de cas : s’excuser platement. Mais elle n’y parvient pas.

Elle reste livide, le regard dans le vide, à cours de venin à cracher quand soudain, les pleurs de Summer se font entendre. Cassandre relève la tête à toute vitesse, la gamine semble dormir mais elle est encore en prise avec ses démons. Comme si la haine de sa mère avait influencé son rêve… Ce ne serait pas un truc d’auras, ça ? Et si Summer cauchemardait à cause d’elle ? C’est toujours à cause d’elle de toute façon. Winter est rapidement libérée de sa pokéball et sait instinctivement ce qu’elle a à faire, elle lèche la joue de sa protégée tel un Chacripan et s’allonge auprès d’elle, la calmant presque instantanément.

Cassandre tente de les rejoindre, de se relever ou même de bouger mais c’est un coup physique comme mental qui la fait s’effondrer dans les bras de Volodya, de plus en plus tremblante. La crise de colère se transforme en crise de panique silencieuse, une crise qu’elle culpabilise de faire avec Summer juste à côté – même si cette dernière paraît à présent calmée. Et c’est enfin qu’elle peut souffler les mots qui restaient coincés dans sa gorge depuis un bon moment déjà.



Elle s’accroche maintenant au binoclard comme si c’était sa bouée de sauvetage et dans le moment présent, c’est un peu le cas. Mais pour rien au monde elle ne veut rompre à nouveau se contact, elle veut rester dans ses bras, bien serrée contre lui. Elle ne sait pas jusqu’à quand, elle espère juste pouvoir s’endormir comme ça. Et avec un peu de chance, se réveiller de la même façon.

Et d’un autre côté, la culpabilité ne fait que grandir. Elle se sent tellement égoïste. Volodya n’aurait jamais dû apprendre tout ça, il n’aurait pas non-plus dû la voir dans cet état de colère froide à s’automutiler faute d’avoir un géniteur à émasculer, il ne devrait pas accepter son étreinte. Il ne devrait pas accepter son amour. Il devrait la rejeter, Summer aussi. Tout le monde devrait le faire.

Et pourtant, comble de l'égoïsme, elle supplie tout de même celui qu'elle aime avec son regard et ses paroles tremblantes.



         Halloween