Big girls don't cry

Mauvaise journée, Yakov n’avait pas dormi de la nuit à cause des voix qui hurlaient dans son crâne, Usagi n’avait rien pu faire. Il avait lutté contre les envies de se blesser jusqu’au petit matin qu’il attendait avec impatience. Là, il s’était rapidement préparé pour aller, comme à son habitude, soigner l’impératrice avant de prendre congé et de retourner dans son bureau aménagé en laboratoire sommaire. Les analyses du sang de C025 n’avaient rien donné encore une fois et pourtant, il était persuadé que ces quelques gouttes d’hémoglobine contenaient quelque chose d’important. Impossible de rationnaliser tout ça par contre.

Piotr se foutrait de sa gueule, ou pas, après tout, Yakov avait toujours agit par instinct concernant la science et cela avait toujours porté ses fruits. Mais là, c’était une impasse et il ne comprenait pas pourquoi.

Trop épuisé pour y réfléchir d’avantage, il avait fini par quitter son laboratoire au bout d’à peine une heure pour se rendre dans les quartiers de la Capitaine de la Garde Obsidienne. C’est là que se trouvait C025 en général et il avait besoin de compagnie, il savait qu’elle ne lui refuserait pas – et cette certitude était toujours rassurante. Pourtant, quand il arriva sur les lieux, la jeune femme n’était nulle part. Son errance dans le château avait commencé et l’inquiétude grandissait au fur et à mesure de ses recherches. Il espérait de tout cœur que cette disparition soit volontaire, il ne voulait pas imaginer que Piotr ait mit la main sur elle, cette pensée lui brisait le cœur, elle lui faisait profondément mal.

C’était complètement con, C025 n’était qu’un échec cuisant du projet Nebulak et sa fixette sur elle n’était sans doute que le fruit de son désir névrosé d’être utile. Il ne savait même pas quoi lui dire quand il la trouverait, c’était profondément stupide. Mais même en ayant conscience, il ne pouvait s’empêcher de chercher tout en s’inquiétant profondément. Il ne restait plus que les jardins impériaux. Il priait juste pour ne  pas y croiser la Championne de Stolista et son aura nauséabonde. Et il espérait que C025 ne l’ai pas croisé non-plus.

Finalement, il retrouva enfin la jeune femme, bien cachée derrière les feuillages et blottie contre son Arcanin. Son aura de tristesse et de fatigue a l’effet d’un coup de marteau contre sa tempe et il titube un instant, trahissant sa présence. C025 parait ne pas vouloir qu’il s’attarde mais elle oublie qu’il a un rôle à tenir. Il retire son masque, se frotte les tempes en soupirant pour se remettre de ce choc émotionnel et se reprends rapidement. Il vient aussitôt aux cotés de la jeune femme et commence à ausculter ses jambes avec attention.

"Des douleurs plus fortes que d’habitude ?"

Demande-t-il d’une voix neutre malgré l’inquiétude qui le bouffe de l’intérieur.

"C025, tu dois absolument me prévenir en cas de crise de douleur, tu le sais pertinemment."

Il préfère penser que c’est une douleur physique, parce qu’il peut agir sur le physique. Le psychologique, ça le dépasse complètement. Pourtant, il a beau faire comme si de rien était, il sait pertinemment que l’aura de tristesse ambiante n’est en rien due à une quelconque souffrance. Du moins, pas physique. Il déglutit avec difficulté et finit par baisser les yeux, lâchant d’une voix pleine d’amertume.

"Je suis navré de faire preuve d’une incompétence flagrante. Si j’étais un scientifique digne de ce nom, tu ne serais pas…"

…Coincée dans un fauteuil roulant.

Mais la phrase refuse de sortir en entier. Il soupire et reprends son examen, après un bon moment, il touche un point sensible sur la cheville de la jeune femme. Encore quelques examens en demandant si ça fait mal à divers endroits, il finit par rendre son verdict.

"Le Triceps Sural doit être déchiré. Tes jambes sont particulièrement fragiles, C025, cela ne m’étonne pas que tu pleures ainsi. Pour une personne normale, ceci doit être extrêmement douloureux."

Pour une personne normale mais pas pour lui. Lui qui ne ressent rien à par de la douleur psychique à force d’entendre les voix lui crier dans sa tête qu’il n’est qu’un incompétent qui s’attarde trop sur le sort d’un tas de viande ne répondant qu’aux signaux électriques d’un système nerveux défaillant.