Envoyé par sa patronne à Magnetongorsk pour faire affaire avec son joli petit minois comme garantie, Milivoj ne passe pas un bon moment dans cette ville industrielle. Il la trouve incroyablement laide, c’est terrible que quelqu’un d’aussi soigné sur lui se retrouve au milieu des machines et de la fumée. Le petit bureau dans lequel on le reçoit est rudimentaire, une table, deux chaises et de merveilleuses affiches de femmes en lingeries. Super, ce sont des beaufs.

Ça l’arrange un peu.

Il suffit de faire de beaux sourires et de se pencher sur le bureau pour insister sur son décolleté pour avoir l’attention d’un homme qui souffre sûrement de misère sexuelle. Oh il ne laissera pas le toucher, le designer a des standards. Mais le faire rêver ? Il peut.

Le rendez-vous se passe relativement bien et il obtient des matières premières pour l’échoppe et d’autres un minimum travaillées. Une poignée de main scelle le deal et c’est avec un clin d’œil et un signe de la main que le jeune homme s’en va avec les précieux documents à ramener à sa patronne.

▬ Prêt à rentrer Miru ?

Demande-t-il au Nymphali qui l’accompagne désormais tous les jours. Celui-ci ne semble pas l’écouter, les oreilles dressées à l’écoute d’autre chose. Inquiet, le pokémon chromatique pousse un cri avant de s’éloigner de son dresseur, attendant tout de même d’être suivi un peu plus loin. Curieux ? Milivoj ne l’est pas spécialement. Mais si ça peut faire plaisir à son pokémon, le blond est prêt à se prêter à son jeu.

C’est après avoir arpenté plusieurs petites rues que voilà le duo confronté à la source du bruit : une toute petite Forgerette qui a la sacré capacité de pleurer sans s’arrêter. Le spectacle est d’une tristesse que Miru baisse les oreilles et s’approche doucement du petit pokémon pour lui essuyer ses larmes avec ses rubans. C’est sans compter celles-ci qui ne cessent de couler à chaque fois que le Nymphali en enlève. Il abandonne donc et préfère demander ce qu’il se passe mais la Forgerette n’arrive pas à articuler un mot.

▬ Que veux-tu que je fasse de plus ?

Demande Milivoj quand Miru vient à lui, le regard suppliant d’aider la pauvre créature. Mais si même son adorable compagnon n’a pas réussi, que peut-il faire de plus ? Puisqu’il ne pourra pas rentrer sans son pokémon qui est prêt à rester planter là aussi longtemps qu’il le faudra, le couturier soupire et s’approche à son tour de la petite boule rose en s’agenouillant à sa hauteur.

▬ Tu es blessée ?

Même si elle ne lui répond pas, le blond l’ausculte du regard. Ce n’est pas ça.. Se serait-elle perdue ? Il y a d’autres Forgerettes dans le coin, ses cris auraient dû les alerter si c’était vraiment le cas. Ostraciser du groupe alors ? Et pourquoi ? Milivoj réfléchit tout en l’observant. Elle n’a pas l’air malade, semble parfaitement constituée.. Oh. N’est-elle pas censé avoir un hochet ?

▬ Où est ton hochet ?

A ces mots, la petiote redresse enfin la tête, pointe le ciel et se remet à pleurer de plus belle. On lui a donc volé.. Pauvre choupette. Et Miru qui presse son dresseur pour qu’il arrange la situation ! Qu’est-il censé faire ? Il est couturier, pas forgeron ! Mais il a bien quelque chose sur lui fait dans un matériau plus noble que ce qu’elle devait avoir. Il plonge donc la main dans son sac et en sort une jolie paire de ciseaux décorés qu’il tend au pokémon.

▬ Est-ce que ça te plairait ?

La Forgerette hoquette, tend ses mains pour accueillir cet étrange objet. L’humain vient lui montrer comment s’en servir et ses yeux s’illuminent, arrachant un rire léger au blond.

▬ Ils sont beaux, ne trouves-tu pas ?

La demoiselle hoche la tête avant de s’approcher timidement du sac à la recherche de plus d’exemplaires de ce si joli objet. Mais l’humain secoue la tête et referme sa besace.

▬ Il s’agit de la seule paire que j’ai amené, les autres se trouvent à mon atelier. Tu voudrais les voir ?

C’est une invitation à le suivre, elle le comprend bien. Elle voit aussi qu’il n’est pas d’ici et que ça veut dire quitter tout ce qu’elle a toujours connu. Ça fait un peu peur mais le Nymphali la regarde si gentiment et vient lui caresser la tête pour la rassurer. Puisqu’ils ont été si gentils avec elle, la Forgerette accepte. Puis elle a tellement hâte de voir d’autres ciseaux et d’apprendre à s’en servir encore mieux.

Milivoj, lui, est satisfait. Voilà une demoiselle qui pourrait l’assister dans son travail. Cette journée s’est relativement bien passée, assez pour qu’il décide de rentrer sans tarder. Plus rien le retient ici mais il est content d’y être venu.