Dialogue de Muets

… D’une certaine manière, le “cauchemar” d’Artyom n’était pas encore terminé. La partie la plus violente et douloureuse était passée- mais les journées qui avaient suivi ne faisaient que l’inquiéter de plus en plus. A voir Rin et Tolstoï s’isoler chacun de leur côté… il s’en voulait, il se blâmait pour tout ceci. Mais le militaire n’avait pas eu la force de le dire.

Leurs émotions… elles étaient si fortes, venant d’eux, si douloureuses à observer, à entendre- il avait l’impression que sa simple présence les dérangeait… et il détestait ça, sans pouvoir lutter contre.

Les autres émotions des autres camarades, elles… elles sont plus faibles à ses yeux, mais toutes aussi bruyantes à leur manière- et c’était difficile pour Artyom à supporter, qui avait l’impression de subir des migraines à répétition et devait se traîner à l’infirmerie pour avoir le droit à des antidouleurs qui ne peuvent le sauver de son malheur. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était de s’isoler des heures, des journées même, dans son atelier à rester dans le seul coin “tranquille” qu’il possédait, laissant ses Pokémon chercher dehors ce dont il avait besoin quand il le fallait.

… Ses Pokémon, c’est les seuls à qui il arrive à “tenir” face à leurs émotions. Elles peuvent être fortes aussi- mais Artyom avait l’impression de mieux les comprendre, mieux les écouter ou les ignorer quand il en a besoin, sans jamais pouvoir complètement les faire taire : mais cela restait mieux que celles des humains, instables et fortes… Il détestait ce qui lui était arrivé, il détestait ce “don” qu’on lui avait injecté, qu’il ne comprenait pas- il détestait Piotr pour tout cela, et il était prêt à tout pour arrêter de vieux fou.

Des pensées bien tristes, lui qui ne cherche qu’à vouloir se concentrer ailleurs- mais il ‘ny arrive pas.

Jusqu’à ce qu’une voix soudaine, inconnue, semble lui chuchoter à l’oreille- aussitôt, il prend son arme à feu et la pointe dans la direction de la voix, son coeur loupant quelques battements- mais rien devant, si ce n’est que la porte de son atelier, toujours fermée… à laquelle on finit par donner quelques coups. Qu’est-ce que… ?

Summer… ? Mais.. Non, ça ne fait aucun sens. Elle ne parlait pas, et cette voix… elle était trop proche. Et si c’était ce qu’on lui avait injecté, qui “s’aggrave”... ? Non, non, il ne doit pas y penser- il ne faut pas. Ça va empirer le tout.

Artyom secoue la tête et se dépêche de ranger son arme pour aller ouvrir la porte- et… Summer était là, sans Cassandre ou Volodya… étrange. Mais pas plus étrange que cette voix qui recommence, alors que la jeune fille lui tire sur ses habits pour essayer de le tirer de là- et ce qui le choque le plus, c’est… c’est que cette “voix” colle aux actions, la façon dont agit Summer- et qu’elle connaît le nom de Tolstoï.

Un instant, Artyom reste figé, son visage ne cachant nullement son choc et sa confusion, alors que ses pensées essaient de se réordonner, de mettre un sens à cette situation bien trop étrange : mais jamais il n’avait eu autant de “nouvelles choses” à assimiler, et sa tête déjà douloureuse souffrait encore plus de tout ceci, bien qu’il tente de le cacher aux autres.

Qu’est ce qui lui arrive ?

La voix reprend, et achève de le convaincre, lorsque ses yeux bleus se reposent de nouveau sur Summer- il… l’entend. Et il hoche la tête par réflexe, sans même savoir si elle en est responsable, trop perdu par tout ceci.

- Grand… frère… ?

C’est tout ce qu’il arrive à murmurer sur le moment- tant d’informations, il était perdu… Et une envie d’essayer de vider ce poison de son corps naît encore dans ses pensées-

Non, il se secoue vivement la tête, ce n’est pas le moment, et ça ne changerait rien.  Il essaie difficilement de reprendre son air neutre habituel, se dépêchant de fermer la porte de son atelier derrière lui : il montre qu’il est prêt à suivre Summer, quoiqu’elle veuille lui montrer.

Mais… il avait peur, si cela avait bien un rapport avec Ilya…  

Dialogue de Muets

Parler dans sa tête ?

… Ah, c’est vrai. Artyom allait en oublier tout ça, tant il était déstabilisé et perdu par cette étrange histoire qui s’ajoute à son lot de problèmes…

“D’accord.”

C’est ce qu’il pensera fort, ignorant si elle pouvait entendre ce qu’il pensait rapidement, ou s’il devait essayer de “parler assez fort” dans sa tête pour que Summer l’entende… Enfin, si c’est elle- mais c’est ce qui ferait le plus de sens de toute façon. Dans tous les cas, le voilà tiré à travers la base, suivant la jeune fille sans dire un mot- les regards et remarques de ses collègues sont ignorés. Il ne veut pas… les regarder. Les entendre. Leurs émotions et sentiments. C’est un piège qui n’attend qu’à être ouvert pour faire souffrir le militaire.

Il a mal, il serre les dents- et laisse toute sa confiance en Summer pour le diriger dans cet océan d’émotions trop fortes à subir, qui ne lui laissent pas l’occasion de voir ou est-ce qu’on l’amène. Dire qu’elle semble mieux tenir que lui… alors qu’il est l’adulte ici. Ce n’est pas digne d’un soldat comme lui.

Puis, sa voix revient raisonner dans sa tête- c’était… toujours surprenant, et Artyom sentait qu’il allait devoir s’y habituer. Mais au moins, il avait de quoi communiquer avec elle, à présent… Et dans ses “paroles”, aucun doute, il ressent bien l’inquiétude qu’elle ressent dans son coeur avec cette étrange situation, de quoi ne pas rassurer le pauvre militaire déjà épuisé. Mais si c’est pour rassurer la jeune fille et voir si Ilya va bien… il devait aller voir.

Il ne dit rien, ne sait pas quoi penser sur le moment- dialoguer n’était pas son fort, même de cette façon. Un “silence” règne entre eux, bien que la lecture des émotions constante continuait de ronger le pauvre Artyom : ce n’est que lorsqu’il entend les prochaines paroles qu’il est à présent bel et bien sûr que ce qu’on lui avait injecté… tout cela était de leur faute. Il avait subi le même sort que Summer, apparemment.

“Je crois. C’est de leur faute… je trouverais une façon de les arrêter. Mais d’abord, trouvons Ilya.”

Et pour cela, il faut atteindre son bureau- chose qui se fera après un certain moment passé à courir dans les couloirs des ruines. Il n’attend pas, cependant- Artyom frappe aussitôt à la porte, annonçant son identité en même temps, et espérant qu’il réponde au plus vite… chose qui lui rappelle que chose- et dont il “pose” la question à Summer dans sa tête.

“Comment connais-tu le prénom d’Ilya ? Il le garde précieusement secret d’habitude.”

Dialogue de Muets

Malgré l’ambiance pesante et le fait que quelque chose cloche définitivement… Artyom s’accroche, essaie de ne pas laisser ses propres émotions se mettre sur le chemin, alors que Summer lui offre une réponse à sa drôle de question. Une réponse qui, si elle l’aide à comprendre quelque chose, le rend curieux sur un autre point.

“... Attends. Tu veux dire que ceux qui ont le même sang que toi ou moi… On peut tous communiquer entre nous, ainsi ?”

Cela risquait de complexifier encore plus les choses… Le militaire allait devoir faire quelque chose pour se débarrasser de ça avant qu’il n’en devienne fou, il s’en fait le promesse, aussi irréalisable soit-elle. Le silence revient, alors qu’il avait tenté de nouveau de toquer à la porte… mais cette fois, Summer décide d’agir et ouvre la porte sans même laisser le temps à Artyom de réagir.

Et quand il réagit, entre dans la pièce… Son cœur semble s’arrêter en voyant l’état catastrophique du bureau- Tolstoï n’avait pas toujours celui-ci d’ordonné lorsque les choses étaient compliquées, mais jamais à ce point ! Et ce sang, Artyom reconnaissait trop bien cette odeur pour en avoir le moindre doute…

Pas le temps d'y penser plus- son don maudit revient l’attaquer, l’aggriper à la gorge, le frapper au ventre avec une violence comme il n’en avait jamais ressenti auparavant dans sa vie, plus douloureuse qu’une balle qui traverserait son corps- il n’a pas le temps de voir Summer, ou de fuir, c’est trop fort pour lui- son corps expulse cette douleur de toutes les façons possible, notamment, en lui agressant assez les tripes pour en rendre ce qu’il avait de repas ; c’est à dire peu, vu son état de ces derniers temps… comme si ça allait arranger sa tête à la fois légère et terriblement douloureuse. Comment il restait en vie lui était presque une surprise plus qu’autre chose…

Mais s’il tient, c’est pour Rin et Ilya- et cette pensée le ramène vite à la réalité et le force à se relever malgré la fatigue, ses yeux se concentrant tant bien que mal sur ce sang qui était dessiné sur le sol comme des flèches les menant à Ilya.

Des flèches qui mènent dehors.

La peur s’installe dans le cœur du militaire, qui ne sent rien de bien se présager- et entre ça et la violente vague d’émotions négatives… Il devait retrouver Ilya, quoi qu’il en coûte ! Et sans attendre, Artyom décide de prendre le même chemin que son supérieur semblait avoir pris, passant par la fenêtre d’un geste rapide- il serait prêt à traverser le monde pour sauver son compagnon et amour.

Dialogue de Muets

Artyom n’aura pas de réponse à sa question après ce qui se passa- pas que cela soit le plus urgent… non, le cas d’Ilya l’inquiète bien plus que tout, surtout après cette vague d'émotions violente qui les a agressés et ces traces de sang par terre. Alors sans attendre, il décide de suivre la piste en sortant par la fenêtre et…

Oh. Entendre les pas derrière lui rappellent aussi vite la présence de Summer, qui semble aussi prête à tout pour le retrouver, reniflant étrangement l’air pour ce faire. Une drôle d’action- jusqu’à ce que le militaire se rappelle qu’avec leurs “dons”... oui, c'est vrai qu’il connaît encore si peu là-dedans, tout semble possible avec. Peut-être que c’est le moment pour rendre le sien utile, pour une fois…

…

… Ah. C’est faible, mais en se concentrant mieux, il le ressent enfin- des “traces” invisibles d’émotions, du passage récent de celui qui devait être son patron : au vu des émotions ressenties… ça doit être lui- bien que la souffrance ne lui plait jamais à “voir”, cette détermination… qu’est ce qui avait bien pu le pousser à partir ainsi, d’une telle façon, de son bureau ? Avec autant de sang perdu ?

Réfléchir ici n’allait pas aider. Il devait avancer, quoiqu’il arrive ; et Artyom n’attend pas pour accélérer le pas et suivre ce chemin dessiné jusqu’à Ilya. Enfin… jusqu’à un certain point, ou ce sang disparaît complètement avant de se changer en trace de sabots. Autant de sang perdu… déjà ne pas l’avoir trouvé évanoui à son bureau était un miracle, mais avoir la force de monter sur un Pokémon et continuer ainsi sa poursuite ?

Mais qu’est ce qui s’est passé ?

Un contact le tire de là ; celui de sa manche tirée… par Summer. Elle insiste pour le suivre, pour l’aider- et d’un côté, Artyom aurait refusé et l’aurait renvoyé à la base; mais… c’est elle qui a prévenu pour Ilya, et elle semblait savoir pas mal de choses pour l’aider, lui qui ne connait encore rien à ses dons. Oh, Cassandre allait le tuer s’il savait, mais avec la vie d’Ilya sûrement en jeu ?

Désolé Camarade, il sera prêt à subir les conséquences s’il le faut- mais certains choix doivent être pris.

Ni une ni deux, Metel est appelé hors de sa Pokéball, avant qu’Arty se tourne enfin vers la jeune fille, un air déterminé dans ses yeux.

“Fais attention à toi, dans ce cas.”

Il ferait de son mieux pour la surveiller et la protéger s’il faut- mais la prévention avant tout. Sans attendre, il vient aider la jeune fille à monter sur le dos du Bourrinos avant de grimper à son tour, et d’expliquer ce qu’il veut à son Pokémon- autant par des mots que par ses émotions.

- Suis les pas, Metel ! Il faut qu’on les retrouve au plus vite !

Ni une ni deux… le Pokémon se lance à pleine vitesse, suivant comme il peut les traces de sabot laissés devant eux.

Dialogue de Muets

Le vent et les pas de Metel dans la neige sont la seule chose que l’on peut entendre aux alentours : ils sont seuls pour le moment, même si Artyom espère entendre, trouver Ilya et son Pokémon au plus vite… Il ignore ce qui se passe, mais chaque seconde passée sans savoir ne fait que l'inquiéter de plus belle. Il est vrai que le Spectreval était bien plus rapide que le Bourrinos, mais endurant qu’il est, ils finiraient bien par le rejoindre à un moment ou à un autre…

Un moment qui finira par arriver, la silhouette du Pokémon Spectre impossible à confondre avec celle d’un autre- qui semble s’être retrouvé seul, dans un endroit que le militaire connaissait que trop bien.

Metel s’arrête après avoir rejoint Titania- mais est curieux bien rapidement de voir que son dresseur n’était pas descendu de suite, comme à ses habitudes… Oh non, Artyom était quelque peu “coincé” de nouveau dans son passé, dans ce qui s’était passé ici… et de nouveau, la peur qu’on lui prépare un coup, une frappe au moment où il baisserait sa garde… elle revient, et refuse de le quitter quelques instants.

Mais… mais il a confiance en Ilya. Il ne ferait plus ça- et il est venu ici en premier… non, c’est que c’est différent, cette fois.

Artyom prend une grande inspiration, souffle doucement, et descend enfin de sa monture, laissant le Blizzeval at home traîner avec le Pokémon de son compagnon tandis qu’à son tour, il s’enfonce dans ce maudit dédale…

Oh, il n’a clairement pas oublié ce qu’il y avait eu ici et cet endroit l'inquiète autant qu’il l’effraie, mais l’envie de trouver et sauver Ilya était tellement plus importante qu’elle lui offrait l’occasion de passer outre et de continuer sans hésiter. Quoiqu’il arrive, Artyom ne quittera pas ces lieux tant que la vérité sur ce qui se passait ne sera pas révélée.

Ses pas continuent de l’amener plus profondément dans ces lieux- jusqu’à ce qu’encore, une vague d’émotions négatives reviennent l’attaquer, comme avant. Une vague qui vient l’affaiblir à nouveau, comme s’il ne l’était pas déjà assez… Le voilà qu’il s’écroule sur ses genoux avec un gémissement de douleur, comme si quelque chose frappait sa tête de l’intérieur et ça fait mal et il veut que ça s’arrête et-

Et les mains de Summer viennent bloquer ses oreilles et faire taire tout cela, comme si cette douleur n’était pas réelle, comme si tout cela était un cauchemar duquel il venait de se réveiller. La nausée, la migraine… elles s’en vont aussi rapidement, sans rien demander d'autre. La seule chose qui vient à la place de tout ça, c’est la “voix” de Summer qui est bien plus agréable que tout ce qui l’avait attaqué jusqu'à maintenant.

“Merci…”

Comment avait-elle fait ça ? Lui avait bien essayé à maintes reprises de bloquer ces émotions insupportables des autres de toutes les façons possibles, sans rien y faire. Et pourtant, Summer… Summer arrive à le faire. Ça le dépasse, tout cela….

Pas le temps de demander plus de détails ou de poser d’autres questions. L’enfant enchaîne, parlant de la position d’Ilya- et aussi vite, le militaire tourne sa tête dans la direction en question, se concentre, et… en effet. Cette émotion qu’il connaît et déteste tant, il la perçoit aussi à son tour. Mais cette émotion porte en elle la position d’Ilya, et c’est tout ce qui importe.

Artyom ne peut pas le laisser seul… pas avec ce qu’ils avaient vu, pas après l’aide de Summer encore avec lui. Le militaire serre les dents, part dans un sprint désespéré en espérant rattraper son supérieur le plus rapidement possible, même si ses jambes souffrent rapidement de ce sprint bien trop intense sans échauffement avant- de toute façon, il n’arrêterait pas tant qu’Ilya ne serait pas à ses côtés.

Dialogue de Muets

Rien n’allait arrêter le militaire dans ce dédale. Même s’il avait toujours peur suite à ce qui s’était passé ici… Artyom continuerait d’avancer. Ilya, c’est tout ce qui importe- de le sauver, de le sortir de là, quoi qu’il se passe. Cet endroit était dangereux- pour n’importe qui, pour lui, pour son compagnon, ou même pour Summer qu’il avait traîné ici sans chercher plus loin. Mais… mais elle aussi voulait aider, et l’avait protégé aussi de ces émotions qui l'attaquaient par moment- il devait aussi la laisser l’accompagner, c’est grâce à elle qu’ils en étaient arrivés là.

Avec la vitesse prise et le fait qu’ils étaient concentré sur leur objectif à tout prix, Artyom et Summer étaient rapidement arrivés dans les fonds de ces dédales familières, avec ces dessins et fresques de cet étrange Pokémon qu’il avait “rencontré” (enfin, plutôt Ekho qui faisait ses tours d’illusions, avant d’être son Pokémon) mais surtout, en avancant un peu et en approchant cet endroit à la lumière jaune…

Il le voit- l’entend ensuite, mais aucun doute : c’est Ilya devant eux. Et il… tirait un pieu ? En insultant le vide ?

Quoi qu’il se passe, Artyom n’aimait pas ça du tout- et il sentait comment un horrible pressentiment lui fendre le cœur en voyant son compagnon s’acharner ainsi sur cet objet glauque. Pressentiment qui s’aggrave en se rendant compte que quelque chose ici n’allait pas- quelque chose qui semble moqueur, caché partiellement sous la forte colère d’Ilya qui étouffait le militaire malgré ses efforts pour tenir bon… est-ce que ça serait un tour de ces foutus Zoroark qui traînaient par ici, ceux qu’ils avaient vu la dernière fois ?

Pas le temps d’y réfléchir plus- Summer est la première à se lancer sur Ilya pour essayer de le tirer en arrière, en vain- et même l’homme ne semblait pas réagir à son effort… de quoi ne pas rassurer Artyom, qui avait peur que son compagnon soit hypnotisé ou quelque chose du genre.

Alors, sous la panique mais aussi parce qu’il l’aime et s’inquiète pour lui, le militaire fonce de toute sa vitesse possible sur Ilya n l’approchant par le dos, pour y attraper ensuite chacun de ses poignets et y exercer le plus de force possible, autant pour le forcer à lâcher que pour le tirer en arrière- c’est peut-être dangereux, stupide, mais le militaire s’inquiétait trop pour le laisser faire n’importe quoi.

- I-Ilya, reprends tes esprits… ! Ne te laisse pas berner !

Toute sa force était concentrée dans tirer Ilya hors de cette situation et de l’empêcher de vouloir essayer de se rapprocher de ce pieu étrange- quitte à finir blessé dans la foulée ou pire, mais Artyom était prêt à tout pour le protéger, quitte à y laisser des plumes.

Dialogue de Muets

Il avait essayé, pourtant. Toutes les forces qu’il possédait (enfin, ce qu’il lui reste après tout ce qui était arrivé), il les avait mises pour tirer Ilya de là, de toutes les façons possibles. Mais ce n’est que lorsqu’il essaie de retirer les mains de son compagnon de ce foutu pied et qu’il manque d’y toucher…

Le coup est violent, incroyable- et envoie Artyom en arrière comme s’il n’était qu’un vulgaire morceau de chiffon qu’on balançait au loin. L’arrière de son crâne prend le sol en premier, suivi bien vite du reste de son corps qui roule dans l’élan. Tout résonne un instant dans sa tête, autant les mots incompréhensibles d’Ilya que les émotions qui hantent les alentours- et la nausée revient aussi vite que sa garde est baissée par la fatigue et la surprise. Mais il n’était pas à terre, pas encore- et le militaire avait une mission à mener.

Sa main vient constater la présence de sang à l’arrière de sa tête, là ou l’impact avait eu lieu- au moins, ça ne semblait pas couler à flot, mais il allait devoir aller rapidement voir un médecin après. Il se dépêche de serrer les dents, d’essayer d’ignorer la douleur pour se relever, utilisant le mur comme support et éviter de tomber avec la nausée qui le hantait. Un moment est nécessaire pour remarquer qu’Ilya avait enfin lâché ce foutu pieu et était finalement parti se mettre contre un mur.

Artyom soupire, prend quelques instant pour que sa tête se stabilise un minimum et reprend quelques pas pour aller près de son compagnon, dont les paroles restaient bien difficile pour lui à comprendre- toute cette histoire était confuse, et le militaire n‘avait littéralement pas l’énergie ou la force mentale de décortiquer l’affaire- merci les migraines et blessures liés à ce “don” maudit.

Don qui revient le frapper à la charge, lorsqu’Ilya laisse sa colère se déverser à présent. Urgh, il sent déjà ses jambes recommencer à vaciller… Et le militaire doit se forcer à aller contre le même mur qu’Ilya pour espérer ne pas tomber pathétiquement devant tout le monde.

Il n’avait pas l’énergie pour quoi que ce soit, et pourtant, le voilà à puiser dans ses réserves pour comprendre ce qui énerve son supérieur et essayer de former une réponse un minimum compréhensif, alors qu’il tente en même temps de garder une posture la plus neutre possible, bien que son mal-être était visible à des kilomètres.

- Tu avais une promesse à lui tenir, Ilya.

Sa tête fait un léger mouvement en direction de Summer, geste aussitôt regretté en sentant son cœur battre dans son crâne douloureusement- mais ça n’allait pas l’arrêter dans ses explications.

- Et sans elle, je n’aurais pas pu t’atteindre. Pas avec… Toutes ces émotions.

Émotions qui le dévorent, à l’intérieur- autant les siennes que celles qui l’entourent.

Artyom en avait marre au point d’être malade de devoir les subir, et c’était un miracle qu’il n’ai pas encore tenté de bêtises pour “essayer” de se débarrasser de cette saloperie de malédiction dans son sang. Un fardeau qui pesait de plus en plus et finirait par le pousser à bout, un jour.

- … J’ai cru que quelque chose de grave était arrivé en voyant tout ce sang, dans ton bureau. Nous avons eu peur, et nous devions venir t’aider. Mais Summer m’a proposé sa précieuse aide, et sans elle… je n’aurais jamais pu te trouver.

Si tu veux t’en prendre à quelqu’un, c’est à moi et moi uniquement.

Bah, pourrait-il le supporter ? Aucune idée. Son mental était fissuré de partout dans son état, et n’importe quoi pourrait le briser. Que ce soit son don ou Ilya, quelque chose finira par le pousser à bout. Artyom sait que ça arrivera, inévitablement. Alors il attend, attend de voir si son compagnon serait assez raisonnable pour repartir pour Kolowal avec lui et Summer, ou s’il devait subir des engueulades dans un lieu clairement trop dangereux pour eux. Son air est impassible, mais ses émotions à la fois pleines de peine, de douleur et de colère... elles étaient difficiles à contenir.

Dialogue de Muets

Tant d’émotions, tant de douleur.

Artyom se sent de nouveau vaciller et aurait presque envie de vider ses tripes, s’il restait encore quelque chose vu qu’il n’était pas à sa première fois aujourd’hui. Mais cette fois…

Cette fois, il tient bon- et cela lui permettra un instant d’ignorer le boucan émotionnel lorsqu’il verra la main de son compagnon être tendue vers lui. Le regard bleu du militaire, faible mais laissant y apercevoir une petite lueur rassurée, de réconfort, se pose d’abord sur la main puis dans le regard d’Ilya- le protéger… de cette chose qu’il ressent depuis avant ?

Que cela soit ça ou non, le militaire ne pose pas de question. La main est prise rapidement mais fermement, comme s’il avait peur de perdre son camarade s’il ne serre pas assez fort mais sans que ça aille jusqu’à lui faire mal. Et Artyom n’attend pas plus, aussitôt que le contact est fait, il se dirige, tire ses compagnons vers la sortie pour ne pas les laisser souffrir plus longtemps ensemble.

Ils avaient besoin de repos… de réfléchir. Mais il faut retourner à Kolowal, ici était bien trop dangereux, et Artyom le savait tant bien que mal. Son pas rapide suffit à le dire, malgré son état de fatigue et de souffrance- il veut sauver Ilya et Summer de cet endroit, les protéger, les mettre à l’abri à présent, quoi qu’il en coute.