Anastasia est une jeune femme qui frise les un mètre quatre-vingt-dix, autant dire qu’elle a tout le loisir de regarder les gens de haut. Si on compte en plus sa fine musculature et sa force brute, on évite de l’embêter car la Demoiselle a un sacré caractère et ce n’est pas l’étiquette de noblesse qui retiendra son poing dans la gueule. Questions formes, on ne va pas se mentir, elle a de belles formes mais elle n’en joue pas à son avantage, n’ayant pas vraiment les aptitudes sociales pour comprendre totalement les tenants et aboutissants de la séduction.

Pour des raisons pratiques, ses cheveux sont coupés court, couleur neige marqué de mèches ébènes. Son visage est rarement porteur d’expression et le regard qu’elle porte sur le monde qui l’entoure parait blasé en permanence. Il y a tout de même un éclat dans ses yeux qui mets mal à l’aise les gens en général, comme si elle en savait plus sur eux qu’eux n’en savent sur eux-mêmes. On ne va pas se mentir, Anastasia ressemble à Genya 1ière, c’est flagrant pour tout le monde, les traits de son visage ne portent peut-être pas la colères de ceux de la souveraine mais elles se ressemble comme deux gouttes d’eau. Seule différence, ces mèches Cornèbre et ces yeux d’un rouge sombre. Facile d’assumer que la jeune femme est une bâtarde Rusalka…

…Et ce n’est pas Anastasia qui va le démentir. En fait elle ne confirme ni ne déments quoique ce soit sur les rumeurs qui circulent sur elle. C’est une des rares choses qui l’amusent encore, voir le doute et la peur qu’elle peut susciter. Car oui, l’ennui marqué sur son visage n’est pas une simple apparence, ça la bouffe de l’intérieur. Elle avait un but dans la vie, il y a longtemps mais le sachant impossible à atteindre, elle se retrouve à… Juste être vivante sans envie de l’être, sans savoir pourquoi. Et c’est d’un ennui. Alors elle ne refuse jamais une occasion de s’amuser et elle n’a pas le concept d’amusement pareil au reste du monde, c’est le moins qu’on puisse dire.

On ne peut pas dire qu’Anastasia soit cruelle ou sadique, bien que certains de ses actes le laissent penser. Elle n’a juste jamais vraiment connu la douceur et la bonté là où elle est née et a grandi et ce n’est pas son job d’assassin au service de la couronne qui a développé son empathie. Elle n’aime donc pas la souffrance d’autrui, elle s’en contrefout plutôt. Ce qu’elle aime surtout, c’est susciter la peur ou le malaise, voir même le dégout ou la colère car au moins, on réagit à son existence. On peut faire semblant de l’ignorer pour lui déplaire mais c’est risquer un coup de pied ou de poing bien placé.

Oui, la Demoiselle est entrainée au combat et s’entraine un peu plus chaque jour pour rester au top. Pour elle, les plus forts mangent les plus faibles et elle ne veut pas se faire bouffer. Ce n’est pas une conviction ou même un état d’esprit, c’est une simple observation. Elle sait qu’elle ne peut pas compter sur ses mots pour se défendre alors compte bien compter sur ses poings. Elle use souvent de la violence, sans doute car elle est un peu en colère contre le monde entier au fond d’elle-même. Elle ne sait pas pourquoi on lui a donné naissance et ça la frustre. Ou bien elle sait pourquoi elle existe et ça la frustre encore plus de constater l’inutilité de la tâche et l’impossibilité d’un autre chemin.

On pourrait donc penser Anastasia sans cœur, blasée et indifférente à tout mais ce n’est pas totalement vrai. Ses sœurs, les membres de la Garde Obsidienne, elle les chérit plus que tout au monde. C’est sa véritable famille, la plupart ne sont encore que des adolescentes, elle est donc leur aînée et fera tout pour les protéger de ce monde injuste. Surtout de la Tsarine qui les traitent comme du bétails. Les sœurs d’Anastasia sont les seuls personnes qui l’empêchent d’être totalement nihiliste et de tout faire péter par soif de chaos et d’action. Elles sont son garde-fou.

Pourtant, certaines d’entre-elles sont évidemment vouées à la mort, c’est naturel chez les soldats de mourir pour leur cause, non ? Mais l’idée répugne Anastasia et ne fait qu’accroitre sa haine envers celle dont elle a tant désiré l’amour : sa « mère », Genya 1ière.

Dans la mémoire d’Anastasia, pas d’orphelinat ni de parents maltraitant, tout commence dans un laboratoire. Elle se voit jouer avec les pokémons en cage, visiter discrètement les cobayes humains pour leur arracher quelques informations sur le monde extérieur et de bien répondre si ils ne veulent pas être « punis ». Elle se souvient des nombreux tests effectués sur elle, pas toujours concluants mais toujours encourageants. Elle était une œuvre d’art, c’est ce que Madame Katarina ne cessait de lui dire.

L’endroit où Anastasia a grandi était un secret bien gardé, les communistes ne devaient pas savoir parce qu’ici, on travaillait pour la Tsarine. La petite, jusqu’à ses dix ans, n’a donc jamais vu le monde extérieur et si les cobayes ne foisonnaient pas, elle aurait pu croire qu’il n’existait tout simplement pas. Ils étaient la seule source d’information disponible, les scientifiques refusant d’en parlant, lui disant qu’elle devait être prête. Mais prête à quoi… ? Peu à peu, elle a compris son véritable lien avec la Tsarine et s’est prise d’affection pour cette femme qu’elle n’avait jamais vu.

Si ce n’est qu’une vieille photo dans un journal, montrant une photo de son couronnement. Elle pleurait sur l’image, Anastasia en était certaine malgré la qualité d’une photo des années 70, Genya devait vraiment être une femme très triste. Elle se jura de la rendre heureuse et se décida à dédier sa vie à cette femme à qui elle devait tout. Alors quand la Tsarine se décida enfin à poindre le bout de son nez au sein du laboratoire secret, Anastasia lui bondit dessus en l’appelant « Maman », ce qui lui valu une belle baffe tellement violente qu’elle en saigna du nez. Le regard que lui lançait Genya était emplit de dégout.

Anastasia en conclu qu’elle n’était pas encore digne de l’amour de cette femme, qu’elle devait travailler d’arrache-pied pour mériter son titre. Elle n’avait que dix ans et déjà, elle s’entrainait comme un militaire de l’armée Stranaïte. Elle accepta avec joie cette horreur douloureuse qu’on lui injecta dans les veines, elle qui voulait devenir le soldat parfait. Elle eut l’honneur d’en tirer un « don », comme si l’univers tout entier reconnaissait sa valeur. Mais elle se rendit bien compte que ce « don » était à double-tranchant, impossible maintenant de tenir la main de Madame Katarina ou de caresser les pokémons en cage. Elle leur volait quelque chose qui leur faisait mal, très mal et les rendaient malades.

Ce n’est qu’alors qu’elle reçut une seconde visite de la Tsarine, une promesse d’avenir et une place dans ce monde qu’elle ne connaissait pas en l’échange de la promesse de ne plus jamais l’appeler « Maman », c’était déchirant mais pour la rendre fière, elle accepta. Elle avait alors seize ans et le monde se reconstruisait doucement sous le règne de celle qu’elle considérait comme sa génitrice. Son travail fut bien vite d’assassiner, de faire souffrir, de faire disparaitre au service de Genya 1ière qui avait plus confiance en elle qu’en Volkov. Mais plus elle se battait pour rendre sa « mère » fière d’elle, plus elle constatait que cette dernière restait de marbre.

Elle dû bien vite se résigner, elle n’était qu’un instrument au service de la couronne, jamais elle ne rendrait sa « Mère » fière car cette dernière s’en fichait bien. Elle devint donc bien vite blasée, plus cruelle dans son travail, ennuyée par la vie et voyant tout le reste de l’humanité comme des pokémons moins évolués qu’elle. Après tout, Madame Katarina l’avait dit, non ? Elle était un chef-d’œuvre ! Et le potentiel de ce chef-d’œuvre était gâché par une vie insipide faite de meurtres et de douleur. Jamais Genya ne lui avait accordé ne serait-ce qu’un sourire. Cette femme avait-elle seulement un cœur ?

Elle commençait à en douter fortement.

Difficile de croire dans ses conditions qu’elles partageaient le même sang. Anastasia était totalement résignée et pourtant, un beau jour, Genya la fit convoquer dans son bureau, lui offrant une nouvelle possibilité de la rendre fière, de participer à la grandeur de Strana. La Tsarine croyait la jeune femme toute acquise de par l’affection qu’elle lui portait par le passé mais Anastasia accepté par pur désir de changer de vie, de devenir quelqu’un aux yeux du monde, de sortir de l’ombre pour la première fois de sa vie.

La voilà ainsi devenue Capitaine de la sinistre Garde Obsidienne, protégeant la Tsarine et ses sombres secrets. Elle reste impassible, ennuyée par l’horreur qu’elle côtoie pourtant au quotidien, elle ne s’adapte que difficilement à la vie de la cour, préférant l’action aux mots. Et elle erre maintenant, avec ses « sœurs » masquées dans les couloirs du Palais Pourpre, veillant à ce qu’il se passe entre ces murs reste entre ces murs…