Les crises de colère ne sont pas étrangères à Vania. Il les connait et les subit depuis l'enfance, sans les comprendre, mais il les accepte, un peu blasé.
Ce qui est plus rare en revanche, c'est que la colère reste. Qu'elle s'imprègne dans son esprit et dans sa peau. Il se dit toujours que pour attirer sa rancœur, il faudrait vraiment faire quelque chose de grave. Il considère en effet ce cas comme une urgence, bien que Louison ne soit pas de son avis.

Papa aurait une admiratrice à la cour. Une admiratrice qui se permet de lui envoyer des lettres sur du papier parfumé à la rose avec des mots d'amour qui feraient presque vomir l'adolescent s'il n'avait pas déjà eu envie de les dire à son meilleur ami. La différence, ici, c'est qu'il ne vole Louison à personne. De son point de vue, cette étrangère est un obstacle à la relation avec son père, déjà assez fragile comme ça.
Il aimerait trouver cette femme et lui toucher deux mots. Lui dire que si papa n'a pas le temps pour lui, il ne risque pas d'avoir le temps pour une gourgandine comme elle, qu'elle ferait mieux d'arrêter, que de toute façon, le seul amour d'Igor était et restera sa mère biologique, et que personne ne remplacera madame Nightingale dans son cœur.

En soi, il y a beaucoup de choses qui fusent dans sa tête. S'il était plus mature, il réaliserait peut-être que cette discussion, il ferait mieux de l'avoir avec son père. Mais il n'a que quinze ans. Et à quinze ans, on est con. C'est qu'il a le crâne aussi dur qu'un Tiboudet, en plus. Louison n'arrête pas d'essayer de le convaincre que ça n'en vaut pas la peine. Que c'est immature et futile. Que s'ils s'aiment, il ne pourra rien y faire.

Il fait la sourde oreille, et son ami le suit avec dépit, probablement par peur qu'il ne se foute dans la merde.

De toute façon, il n'aurait rien d'autre à faire à ce gala. C'est l'anniversaire de... de qui déjà ? Juste un vieux croûton du gouvernement. Vania s'en fout. Il n'est venu ici que pour trouver l'insolente qui veut le séparer de son père. Il a encore la lettre dans sa poche. Voler, c'est mal, certes, mais n'est-ce pas ce que cette inconnue essaie de faire ? Pour Vania, la fin justifie les moyens.
Il lit et relit les mots qui l'ont enragé. Les fait lire à Louison qui étrangement, ne partage pas sa fureur et grimace en le voyant froncer les sourcils.

Je suis sûr que tu comprendrais si un sale con essayait de draguer ta mère, pourtant, souffle-t-il. Il suppose que c'est difficile pour le jeune garçon de se mettre à sa place, je te jure que c'est important. Il faut qu'on la trouve avant papa. Je veux pas le mêler à ça, grogne-t-il, inconscient de sa propre naïveté.


Elle lui donne rendez-vous sur un balcon... il doit y en avoir au moins une douzaine ici ! Comment trouver le bon ? S'il s'écoutait, il les écumerait un par un, mais le temps d'explorer, le rendez-vous risquerait d'avoir eu lieu.
Vania soupire. Il tremble comme si le sort du monde entier reposait sur ses épaules.

Oh, je sais ! s'exclame-t-il soudain, Koschei pourrait nous servir d'espion, non ? On saurait où la trouver. Ou à quoi elle ressemble. Ou son nom ! Affaire classée !

Il arbore un grand sourire plein de fierté, mais Louison ne semble pas partager son enthousiasme. Peut-être qu'un petit regard de Vivaldaim le fera changer d'avis ?

Louison finit par céder avec un soupir que Vania ignore, trop occupé à sourire. Visiblement, Koschei non plus n'a pas très envie de participer à son petit jeu, mais il obéit à son ami, partant espionner Igor Belinsky dans son ombre.

Profitant du départ de son Zorua pour laisser apparaître ses émotions négatives, Louison se met à grommeler. Les propos de Vania ne lui ont pas plu. C'est le moins qu'on puisse dire. Il serait heureux pour sa mère qu'elle tombe amoureuse, et pense qu'il devrait en faire de même pour son père. Honteux, l'adolescent baisse les yeux et bégaie.

D-désolé... je voulais pas... il reprend son souffle. Il ne démord tout de même pas de son idée. Mais je ne veux pas que mon père me laisse de côté pour quelqu'un d'autre... "il m'a déjà abandonné une fois", se retient-il de dire.

Il n'a aucune rancœur envers son paternel pour avoir envoyé son épouse à Keros le temps que les tensions à Strana s'apaisent, mais dans la panique actuelle, il voit cette histoire comme une raison de plus de s'inquiéter. Et s'il le renvoyait à Keros pour passer plus de temps avec sa nouvelle petite amie ??

Voilà Koschei qui revient au rapport. Apprendre que son père semble inquiet fait déglutir Vania, qui a désormais la boule au ventre. Inquiet ? Qu'est-ce qui peut bien l'inquiéter ? Il a l'air de lancer des regards de-ci de-là... il chercherait quelqu'un ? Une idée vient à Vania. Une qui l'angoisse encore plus que l'idée d'être remplacée par une amante.

Tu penses que...

Le nom de la duchesse Mikhaleva ne lui dit pas grand chose... il aurait dû écouter quand son père lui présentait les divers membres de l'aristocratie. Toujours est-il qu'il ne lui fait pas confiance. Pas plus qu'à cette "nouvelle maman" imaginaire.

C'est peut-être un piège ?! le voilà blanc comme un linge à l'idée que son père soit en danger, Louison ? Qu'est-ce qu'on doit faire ? demande-t-il à son ami en lui attrapant et serrant fermement les mains, on devrait le prévenir ? Je vais le prévenir.

Ça sonne comme un bon plan de merde, mais Vania est bien décidé à se frayer un chemin à travers la foule.

Lorsque son père lui rappelle que sa présence le gêne, Vania ne peut s'empêcher de se sentir rejeté. Sa moue se transforme en expression crispée, changeant sa tristesse en colère. Il n'en dit rien, cependant. Ce n'est vraiment, mais alors vraiment pas le moment de montrer ses émotions en public. En plus de se couvrir de honte, il risquerait de ruiner la réputation de son père.
Il ne laisse pas son fils en placer une. Vania soupire, mais après tout, il suppose que si papa doit "être prêt à agir", il doit également être prêt à se protéger si quelqu'un lui veut du mal. Du moins, il l'espère.

Mais Koschei ravive vite ses angoisses en hérissant son poil et en grognant. Suivant son regard, Vania croise celui de la fameuse "duchesse", qui, il l'aurait juré, était en train de les fixer. Pas le temps de demander ce qu'il se passe, puisque Louison a déjà traduit. Qu'est-ce qu'il veut dire par "rien de bien" ? Voilà qu'une centaine de nouveaux scénarios catastrophe se bousculent dans la tête de Vania.
Une part de lui se rappelle qu'il n'est qu'un enfant. Qu'il ne devrait pas se mêler à ça sous peine de se mettre en danger, d'autant qu'il ne peut pas faire grand chose. L'autre se souvient qu'il est le fils d'Igor Belinsky, qui cherche encore désespérément comment montrer sa valeur à son père. Il a beau savoir que ce dernier est infiniment plus malin et fort que lui, il se met en tête de le protéger.

Ok. On ne la laisse pas s'approcher de mon père alors. Si elle essaie je jure que...

Que quoi ? Il ne sait pas du tout. D'autant que Vania n'a jamais été un garçon violent. On ne peut cependant pas lui reprocher sa détermination.
Il part s'assoir sur un fauteuil en compagnie de Louison, qui semble plus inquiet pour lui que pour Igor. Le pauvre ne doit pas beaucoup s'amuser à cette fête, maintenant que Vania s'est mis en tête de fixer la duchesse comme un Étouraptor, étudiant ses moindres faits et gestes.

La duchesse finit par faire ce qu'il craignait plus que tout : s'approcher de son père. Elle semble lui murmurer quelque chose à l'oreille, bien trop bas pour que Vania ne puisse entendre quoi que ce soit. Il lance un regard inquiet à Louison, mais le jeune garçon a l’œil unique qui fixe le vide. Il est en train de voir à travers son Zorua, pas vrai ? Vania a beau savoir pour les pouvoirs de son ami, il est toujours aussi fasciné quand il les voit en action...

Enfin. Il y a urgence. Il secoue la tête et se concentre de nouveau sur le capitaine et la femme blonde. Quoiqu'elle lui ait dit, ça l'a convaincu de quitter son poste pour la suivre. Vania a un mauvais pressentiment. Très très mauvais. Il se lève en furie mais une main le retient. Louison est revenu à lui mais son regard n'a rien de rassurant. Il semble avoir peur de ce que la duchesse va faire. Ou ce qu'Igor va faire plus précisément ? Ses mots sont trop ambigus et Vania n'a pas envie d'y réfléchir davantage. Il attrape la main de Louison, autant pour le forcer à lâcher prise que pour l'emmener avec lui.

Raison de plus pour les suivre ! Je vais pas la laisser... je sais pas ce qu'elle veut mais je la laisserai pas faire ! Personne touche à mon père !

Heureusement, avec la foule ce soir-là, il n'est pas difficile de filer le duo discrètement. Leurs pas ne seront pas entendus et vu la taille des deux adolescents, personne ne va les voir non plus. Il reste à une distance raisonnable, mais toujours prêt à se jeter dans la gueule du- non ! Prêt à agir si nécessaire !

Il faut à Louison quelques secondes pour reprendre ses moyens - physiques comme psychologiques, et il en profite pour enfin arrêter Vania avant qu'il ne fasse une connerie. Il tente de se débattra quelques instants, mais se détend en réalisant que son ami n'essaie pas de l'empêcher d'aider son père, qu'il ne veut que son bien, et qu'avec quelques pas de plus, il aurait risqué de tout faire capoter.
Il lui obéit bien gentiment, se tait, et tend l'oreille pour mieux entendre des bribes de conversation.

Est-ce que Vania a l'imagination un peu trop fertile ? Ou un esprit trop enfantin ? Rien qu'à entendre la voix de la duchesse, il jurerait qu'il s'agit d'une méchante sorcière. Ou une méchante belle-mère. Ce sont souvent le même personnage dans les contes de fées. Il n'est pas sûr de tout comprendre, ne sait pas qui "elle" est, mais il comprend bien la colère qui émane de son père, immédiatement partagée.

Il se fige sur place en entendant la duchesse le mentionner, comme si elle l'avait vu. Pourtant, elle ne fait qu'insinuer son existence. Pas de quoi se détendre. Un mariage ? Elle parle bien de lui ? Il n'est qu'un gamin ! Depuis quand marie-t-on des enfants ? Enfin... depuis longtemps, selon ses cours d'histoire, mais il s'est justement laissé penser que ce genre de choses n'arrivait plus... du moins pas à Strana... du moins, pas avec lui.
Et son paternel est du même avis, puisqu'il répond d'un non sec et catégorique. S'il n'était pas aussi inquiet, Vania serait ému d'entendre son père le défendre de la sorte... Louison ne paie pas de mine non plus. Il transpire, jure en kalosien - et depuis le temps, Vania connait bien la signification de ces mots... devrait-il agir ? Devrait-il pas ? Il hésite, ne remarque même pas la douleur des ongles de son ami enfoncés dans sa chair. Trop de choses se passent, à la fois dans la réalité et sous son crâne.
Il hésite, il hésite...

Puis un bruit. Il n'est pas fou, pas vrai ? C'est le son d'un pistolet ! Pas besoin de voir pour savoir : il s'imagine déjà la scène. Cette horrible dame blonde, menaçant d'une arme son cher père. Il bouscule ce pauvre Louison et entre en claquant la porte.

Je veux bien épouser votre fille !

Il pourrait presque entendre Louison désespérer derrière lui. Le voilà devant la porte, debout comme un plot. Les deux adultes le dévisagent, avec confusion.

Vania, qu'est-ce que-

Les regards se croisent... les yeux d'ambre de Vania se laissent tomber sur les mains de son père et son visage se décompose. Ce n'est pas la duchesse qui tient un flingue. C'est son père.

Vania sue à grosse gouttes. Ses yeux sont pleins de question mais aussi de peur. Pourtant, il connait son père. Enfin, il croit ? Mais il l'aime ! Et il ne ferait jamais une chose pareille, pas vrai ? Même s'il avait une bonne raison... même s'il avait une EXCELLENTE raison, Vania refuse de voir ça. Refuse que son père se salisse les mains. Il ne veut pas risquer de le perdre.

À travers l’entrebâillement de la porte, Vania peut voir Louison le regarder, son œil trahissant la panique. Sans un bruit, il mime "Koschei" de ses lèvres. Ils vont avoir besoin d'une distraction - d'une illusion pour se sortir de là... probablement... mais Vania est certain que même s'il survit à cette situation, il risque cher quand même...

Un cri se fait entendre, lorsqu'une bête énorme entre dans la pièce en poussant un hurlement de tous les diables. C'est le cas de le dire : Giratina en personne vient d'apparaître sous les yeux ébahis de la duchesse. Vania ne réagit pas, il sait bien quel espiègle renard se cache sous les traits du Renégat. Son père, lui, est encore sous le choc de ce qu'il a manqué de faire. Et surtout, sous les yeux de son fils.

Un cliquetis résonne... et le revolver tombe au sol. Avant que Vania n'ait pu réaliser ce qu'il se passait, deux bras qui lui paraissent géants viennent le serrer fort. Il a l'impression de se faire étrangler par un Ursaking... mais ne se débat pas. Il s'agrippe aussi fort qu'il le peut à l'uniforme de son père et laisse couler quelques larmes contre son torse, là où personne ne les verra.
L'affection entre l'homme et son fils est trop rare pour qu'il ne profite pas de ce câlin. Il lui murmure des mots pour le rassurer en lui caressant les cheveux. C'est égoïste, il le sait, mais l'entendre dire qu'il préfère rester avec lui que de retourner trop tôt à son poste lui fait du bien. Au diable Genya, oui ! Il veut juste profiter de son père autant qu'il le peut. Surtout après ce qu'il vient de voir.

Louison s'approche et Igor finit par se redresser, ne gardant qu'une main sur l'épaule de Vania. Oh, ce pauvre Louison... il a l'air bien mal en point. Lui aussi a du mal avec ses émotions, et avec tout ce chaos... sans compter les pouvoirs qu'il a dû utiliser... après que l'adolescent a donné la lettre mystérieuse à Igor, Vania s'éloigne un peu - mais pas trop de son père. Cette fois, c'est Louison qu'il prend dans ses bras.

Désolé de t'avoir embarqué là-dedans... je sais que c'était dangereux mais... merci à toi... et toi aussi, Koschei, dit-il d'un ton un peu amusé en voyant le Zorua reprendre sa forme normale, je... je sais pas ce que j'aurais fait sans vous.

Il serre encore une fois son ami contre lui. Pauvre Louison, lui qui a déjà à peine la force de tenir debout. C'est peut-être pour ça que Vania refuse de lâcher sa main. N'est-ce pas ?

Papa je... il hésite. Il aimerait reparler de la lettre rose. Demander ce qu'il se passait avec la duchesse. Mais une fois en face à face, il se sent bien moins assuré. Sa colère est retombée et la pudeur est revenue. Il n'ose plus se mêler de ce qui ne le regarde pas. Si jamais... si jamais il se passe quelque chose d'important... tu me le diras, pas vrai ?

Oui, Vania n'a que quinze ans, mais il estime être assez grand pour qu'on puisse lui confier des choses. Qu'on lui dise la vérité. Qu'on ne lui dise pas que les Békipan apportent les bébés et que les vieux Mastouffe partent vivre à la campagne. Son regard est presque larmoyant, mais on pourrait aussi y voir une étincelle d'assurance.

Après un soupir, Igor finit par tout avouer. La vérité fait mal, comme un coup dans les tripes, mais Vania reste impassible, pour le moment. Il doit digérer cette histoire.

Il avait vu juste. Papa fréquente une dame. Et c'est par sa faute qu'il s'est mis en danger, d'ailleurs... il manque de laisser échapper un rire jaune quand il mentionne le fait qu'il craignait qu'il ne se sente trahi. Si seulement il savait comme il a raison... Une part de lui est toujours amère à l'idée de devoir "partager" son père avec quelqu'un d'autre. C'est peut-être sa rage adolescente qui lui crie de ne pas le pardonner, de partir en l'insultant et de lui faire la gueule quelques jours.
Mais un simple regard hésitant vers Louison lui fait changer d'avis. Pas besoin de mots. Il peut les lire dans l’œil de son ami. C'est le moment où jamais de faire un pas vers l'âge adulte, de se montrer plus mature émotionnellement. Il baisse les yeux et finit par s'exprimer.

Je... j'ai peur que tu ne m'aimes plus si tu commences à fréquenter une dame, avoue-t-il, un peu honteux, mais tu as le droit d'être heureux, je suppose...

Niveau maturité, on a fait mieux, mais il faut admettre que le jeune garçon a un peu progressé depuis le début de la soirée, non ?
Igor grimace. C'est bien ce qu'il craignait. Il soupire de nouveau et se baisse pour arriver à sa taille. Les yeux dans les yeux... il tient à prouver sa sincérité.

Vania... personne ne pourra jamais m'empêcher de t'aimer.  J'aime cette femme, mais ça ne veut pas dire que je t'aime moins. Il y aura toujours assez de place dans mon cœur pour toi.

La bouche de l'adolescent se crispe. Il essaie, il essaie... il n'y arrive pas. Les larmes coulent de nouveau. Il faut dire que cette soirée était forte en émotions et ce n'est pas souvent qu'il a l'occasion de parler à cœur ouvert avec son père. Il aurait préféré, égoïstement, qu'il lui jure qu'il n'aime que lui. Mais il a fait preuve d'honnêteté et... il a peut-être raison. Les sentiments que Vania ressent pour Louison n'ont jamais atténué l'amour et l'admiration qu'il porte à son père. Quelque chose qu'il garde pour lui, évidemment. Mais il se sent un peu bête de ne pas avoir fait le lien plus tôt.

Je comprends... souffle-t-il en essuyant ses dernières larmes, désolé...

Un baiser sur le front. Un murmure "ne t'excuse pas". Vania aimerait que tous les jours avec son père soient aussi doux. Si seulement il n'avait pas un métier si important... si seulement ils avaient plus de temps à passer ensemble. Parfois, il regrette les cinq ans qu'ils ont passé loin l'un de l'autre, même si ses parents adoptifs restent à jamais ancrés dans son cœur.

Vania redoutait le moment où son père devrait immanquablement retourner à son poste. En tant que capitaine de la garde, il risquerait de se faire réprimander par la tsarine s'il manquait à sa tâche. Alors, quand il annonce à son fils qu'il préfère rester avec lui ce soir, ce dernier ne peut se retenir de sourire. Ce n'est pas très raisonnable, mais qui a besoin de raison en ces temps ? Il est juste heureux de passer du temps avec son paternel. Et Louison aussi. Même s'il avait dit qu'il les laisserait en famille, il est tombé de fatigue avant de pouvoir rejoindre son frère.
Vania ne le repousse pas, le laisse dormir sur son épaule avec un petit sourire timide.

Un sourire qui n'échappe pas à son père, d'ailleurs.

Il ne réfute pas ses "accusations". Ne les confirme pas non plus, mais ses joues rouges disent mille mots. Il ne savait pas que ses sentiments se lisaient aussi clairement, et il aimerait bien que Louison les comprenne, lui aussi. Il peut au moins ressentir un soulagement. Celui que, contrairement à beaucoup de Stranaïtes, Igor ne voit aucun problème à une romance entre deux garçons. Vania se demande s'il accepterait aussi Louison s'il connaissait son secret... mais ça, c'est le garçon borgne qui pourra décider si oui ou non il voudra se confier au père de son ami.

Igor promet d'être plus transparent sur sa relation. C'est avec pudeur et un peu de honte que Vania admet :

Je sais pas si je suis prêt à la rencontrer... c'est trop tôt...

Son père semble comprendre et lui caresse le dos pour le rassurer. Il serait ravi de pouvoir présenter sa bien aimée à son fils, mais chaque chose en son temps. Il est certain qu'une fois que Vania aura digéré la nouvelle, il posera des questions, curieux comme il est. Il est certain également, qu'ils s'entendront bien. Après tout, s'il les aime tous les deux, c'est qu'ils ont des choses en commun.
En attendant, il le laisse s'allonger contre son épaule à son tour. Ne le réveille pas quand ses yeux se ferment et son souffle devient régulier. Si qui que ce soit vient le déranger, il les renverra paître avec un regard glacial comme il sait les faire. Il n'est pas sûr que la tsarine comprenne, mais la tsarine sait-elle au moins aimer ?