Née dans les étendues enneigées de la toundra, la famille de Elena appartient à la tribu des Orok, des nomades. Ils vivent de pêche, de chasse et d'élevage de cerfrousses. Les cerbyllin sont nombreux chez eux, puisqu'il s'agit de leur principal moyen de locomotion. Parfois il leur arrive de s'approcher d'autres tribus ou des villes pour faire des échanges, néanmoins les Orok préfèrent rester dans leur coin. Le clan étant relativement peu nombreux, et n'aimant pas les étrangers, on retrouve beaucoup de consanguinité au sein de ce dernier... Considérant ça, la jeune femme s'en sort plutôt bien, autant physiquement que mentalement. Pas de déformation, pas de trouble mental – hormis si on considère l'hystérie comme tel, puisque c'est ce dont on l'affuble aujourd'hui pour la décrédibiliser.

Lorsqu'elle est venue au monde, Elena portait un autre nom. On l'a nommée Ehawee au sein de sa tribu, du fait que son premier son fut non pas des pleurs, mais un rire. La petite naît d'un chasseur et d'une tisseuse, habituée très tôt à ce que papa parte la matin pour revenir le soir, tandis que maman s'occupe de la tente. Les Orok n'ont pas de maison fixe, la toundra entière est leur maison. Ils étaient autrefois nombreux, mais les divers génocides ont eu raison de leur population. Et de leur confiance en toute personne extérieure à la tribu. Parfois des étrangers arrivent à s'intégrer, souvent par amour pour un membre du clan, mais ils sont rares. Moins rares sont ceux qui quittent les Orok pour partir vivre avec la civilisation. Car il faut l'avouer, la vie n'est pas facile dans la toundra.

Il faut braver les tempêtes, le manque de ressources, et les éventuels conflits avec d'autres tribus. Celles qui ont survécu essaient de rester en bons termes, mais ce n'est toujours évident avec les histoires de territoire. Dès le plus jeune âge Ehawee est ballottée partout dans la toundra, à dos de cerbyllin, avec les affaires de la famille. L'enfant n'est pour l'instant pas plus que ça : un objet encombrant qu'on emmène avec soi. Elle ne deviendra utile au clan que plus tard. Malgré cette vision, ses parents l'aiment, ne sont cependant pas très démonstratifs. Ils ont plus important à gérer que leur petite fille, comme se démener pour leur survie. Chez les Orok, la tribu passe avant tout, c'est la première règle qu'on lui apprend. Ainsi elle n'est pas choquée quand on abandonne un blessé derrière. Aussi cruelle que soit cette doctrine, elle fait loi, et personne ne la remet en cause.

En tant que fille, on enseigne à Ehawee toutes les tâches qu'elle devra accomplir plus tard. Le tissage, comme sa mère, bien sûr, mais aussi la cuisine, ou les soins à porter aux troupeaux. Autant dire que ce sont les femmes qui font la majorité des choses. Mais Ehawee n'est pas intéressée par tout ça. Non, ce qui la passionne, c'est de rester aux côtés de la chamane du clan, et de l'écouter parler aux esprits. Ici on ne vénère ni Arkae, ni les saints dresseurs, mais d'autres divinités de la nature. Ce sont ces divers esprits qui protègent les troupeaux, ou chassent les tempêtes pour leur permettre de survivre. Tout le monde y croit dur comme fer, et la petite décide vite que sa voie se trouve auprès de la chamane. Dommage que ses parents ne soient pas du même avis.

Vraiment dommage, car la chamane elle-même était prête à la prendre en tant apprentie, ayant senti la forte énergie spirituelle de la gamine. Et elle n'avait pas tort, puisque depuis toujours Ehawee possède ce qu'on appellerait des pouvoirs paranormaux. Un don des esprits à n'en pas douter – sauf que ses parents n'ont jamais voulu l'accepter. Leur fille, différente ? Impossible. Surtout que la voie de chamanisme condamnait à une sorte de solitude, à l'interdiction de se marier et avoir des enfants. Pile ce qu'ils attendaient de la jeune fille. Personne ne lui a appris à maîtriser ses pouvoirs, il lui a fallu se débrouiller seule. Ou presque. Par un étrange coup du sort, Cheyenne lui est apparue, comme destinée à devenir sa partenaire.

Cheyenne n'était encore qu'une jeune natu à l'époque, retrouvée gelée dans les étendues enneigées. Persuadés que l'oiseau ne passerait pas une nuit de plus, les adultes s'en détournèrent. Mais Ehawee l'emporta discrètement dans son épais manteau, et lui offrit toute la chaleur dont elle avait besoin. Le pokemon mit plusieurs jours à se remettre, mais elle y parvint. Les parents de la jeune fille furent furieux en le découvrant quelques jours plus tard. Ils se heurtèrent au premier gros caprice de leur enfant, qui demanda à garder la natu. Son apparition était un signe des esprits, de ça elle était certaine. Le pokemon devait devenir son amie, pour l'aider à dompter ses pouvoirs. Face à sa détermination, ils n'eurent d'autre choix que de plier.

Dans la toundra, les Orok ne se préoccupaient pas vraiment des luttes de pouvoirs de la civilisation. Pourtant, lorsque la nouvellement tsarine décida d'offrir aux tribus une île, on en fit leur problème. Les plus dociles acceptèrent de se laisser emmener là-bas. Mais une partie du clan refusait de quitter leur territoire, refusait cet exil forcé. Ehawee vit ceux-là se faire massacrer sans autre forme de procès. Parmi eux il y avait ses parents. Elle posa les pieds sur l'île Kury avec les images de ce carnage dans son esprit. De sa tribu, il ne restait même pas une dizaine de personnes. Bientôt elle découvrit que d'autres avaient aussi été victimes de ce sort. Une île gracieusement offerte ? Non, on les rassemblait tels du bétail à un seul endroit, sous un prétexte fallacieux. Ce jour-là débuta la grande bataille d'Ehawee.

Tout d'abord, elle décida de quitter l'île pour rejoindre la civilisation. Clairement pas une tâche facile, quand tout est sombre chez soi, de la peau, aux cheveux, en passant les yeux. Chez elle on la considérait comme une belle jeune femme, à l'extérieur, son physique dérange. Au moins autant que son caractère fouteur de merde. La chance incroyable qu'elle eu, ce fut de rencontrer un journaliste qui décida que Ehawee serait parfaite pour s'ériger en porte parole des minorités. Elle rattrapa avec lui toute l'éducation manquée par des années dans la toundra : lecture, écriture, mathématiques, il lui offrir tout ça en échange de l'aider à faire entendre les voix des gens comme elle. Contrairement à la jeune femme, il n'avait pas la peau foncée, mais ses grands parents provenaient d'une tribu nomade. Un semblable en somme.

Officiellement, Elena est une ambassadrice provenant de l'île Kury, venue à Stolista pour discuter de l'avenir des peuples là-bas. Elle mène un combat qui dérange plus d'un, qui dérange tout un gouvernement en fait, puisqu'elle revendique les mêmes droits pour les autochtones. En parallèle, la jeune femme assiste son confrère journaliste, spécialisée dans les plus gros scandales possibles. Ça a été la première à parler du massacre des clans de la toundra. Si il y a de nouvelles rumeurs à entendre, vous pouvez être sûrs que Elena est déjà en train d'écrire un article dessus. Oh oui c'est une sacrée épine dans le pied cette fille qui semble n'avoir peur de rien. Une sacrée fouteuse de merde.

On a déjà tenté de la faire taire, heureusement Ehawee peut compter sur son alliée de longue date : Cheyenne. Sans cesse à la recherche de l'adrénaline qui la fera se sentir vivante, elle continue à gueuler le plus fort possible pour les droits des peuples natifs.