Dès que Rin avait appris par Monsieur Tolstoï lui-même que lea champion.ne d’Okæn iel-même avait eu la mésaventure de tomber sur cette bête cargaison de tsvetok smerti frelatée, elle avait été piquée par la curiosité. Le championne semblait connaitre son nom, d’après les lettres qu’Artyom avait récupéré, certes, iel connaissait « Vladimir » et non Rin mais il n’en restait pas moins que le nom Demikhov était ressorti de l’ombre dans laquelle le Tsarisme l’avait plongé. Si le leader de la team avait parut concerné par cette information, Rin y avait vu une occasion…

…Une occasion de se faire « un amie », en quelques sortes.

Elle n’avait pas pu lea visiter à l’hôpital, trop risqué. Non, il avait fallu attendre que la champion se rétablisse de ses blessures. Puis un cobaye n’est optimal qu’en bon état après tout, inutile de presser les choses. Rin était patiente et elle avait attendu tranquillement jusqu’à ce que le grand retour de Yuri Potiomkine soit annoncé officiellement. Beaucoup étaient venu pour se mesurer à lea championne, certains doués, d’autres non. Le dernier n’avait pas vraiment calculé son coup, oubliant quelques détails sur la table des types, il s’était fait piégé par les attaques glaces de Potiomkine. Silencieusement, la jeune femme s’était levé et avait applaudit, attirant l’attention du championne qui lui dédia cette victoire.

Elle était descendu des gradins pour s’approcher avec un doux sourire aux lèvres, les cobayes l’attendrissaient toujours, leur dédication à la science était en quelque sorte le plus beau des sacrifices. En l’occurrence, Potiomkine avait une belle bouille et sa silhouette androgyne avait ses charmes. Pas vraiment le genre de Rin, mais elle pouvait comprendre pourquoi iel était qualifié.e de mignon.ne… Enfin, le plus important n’était pas là, le blanc de ses yeux était d’une couleur laiteuse et son costume pailleté ne laissait malheureusement pas voir les traces de sa blessure à l’épaule – reportée par Artyom.

« Ravie de vous rencontrer en personne, Potiomkine. Encore plus ravie de me voir dédier une de vos victoires ! Je ne suis pas dresseuse mais les combats sont toujours passionnants à regarder, surtout lorsque des professionnels entrainés dés l’enfance sont investis dans l’affaire… »

Une petite poigne de main malgré la barrière qui séparait les gradins de la patinoire. Rin ne comptait pas mettre un pied sur cette surface glissante, pas avec une jambe en moins.

« Je me présente, Katerina Petrova. Je ne suis qu’une humble étudiante de l’université de Thunduruska, de passage. » Elle ne mentait pas, c’était son occupation avant la chute de l’union Stranaïte, si on omettait son grade militaire. « Je ne pouvais pas manquer une occasion de venir vous voir à l’œuvre, j’ai toujours été tentée par les combats d’arène et je vous ai toujours admiré, vous et vos collègues. »

Bon, là encore, c’était un mélange de vérité et de mensonge, Rin n’avait jamais vraiment été passionnée par le coté challenge de la course aux badges. Les combats l’intéressaient d’un point de vu scientifique et non sportif. Quand à ce qu’elle admirait chez les champions, c’était leur enrôlement dés le plus jeune âge pour faire d’eux des dresseurs exemplaires, dignes de représenter la vaste Strana. C’est donc toujours d’un air bienveillant qu’elle lui tendit une petite boite de chocolats – au prix assez faste, Potiomkine était un cobaye de choix après tout.

« Voici un cadeau de la part d’une admiratrice pour fêter votre grand retour. » Elle marqua une pause et ajouta d’une voix un peu hésitante « Puis-je vous demander un entretien autour d’un verre ? Je serais ravie de recevoir les conseils avisés d’une personne comme vous en matière de dressage. »

Rin se contente de suivre lea championne, tranquille. L’arène est déserte, pas une âme qui vive, tant mieux. C’était une très bonne idée de se rendre à Okæn malgré l’hiver, une telle opportunité n’aurait sans doute pas été possible en saisons chaudes. L’endroit vers lequel la mène le champion est assez isolé, sans doute pour le confort des usagés, on dirait presque qu’iel cherche l’endroit parfait pour disparaître. Rin se contente d’un sourire courtois, tout du long mais au fond d’elle, elle trépigne d’impatience. Alors quand la championne porte enfin à ses lèvres la boisson droguée, elle souffle un « hum » satisfait qui n’est pas remarqué par Potiomkine.

« J’aimerais avant tout vous exprimer mon admiration. Vous qui avez été formatée dès l’enfance pour être un dresseur modèle, pour ne jamais avoir d’autres ambitions que celles que l’on a choisit pour vous et vous qui exprimez même une certaine fierté quand à votre statut d’esclave. » Elle lui accorde un sourire des plus francs. « Vous et moi avons beaucoup en commun. »

Yuri ne doit pas trop comprendre, à cet instant, son esprit doit déjà commencer à s’embrouiller un peu. Cela se voit dans son regard, iel plisse les yeux et s’apprête à ouvrir la bouche pour dire quelque chose mais Rin ne lui en laisse pas le temps. Elle continue tranquillement ce petit jeu qui est plus amusant qu’elle ne le pensait. Comme un gamin qui prépare une bonne blague, oui, c’est réellement comme ça qu’elle voit les choses.

« Le pokémon qui me pose problème, voyez-vous, est un Rattatac amateur de viande fraiche. Oh, les doses tsvetok smerti qu’il a reçu n’étaient pas du tout adaptées, j’ai peur que son organisme ne soit endommagé de façon irrémédiable. » Son sourire prends presque une douceur inquiète quand Yuri recule en titubant. « Oh, ne soyez pas effrayé, je veux juste m’assurer que ma petite création n’ait eu aucun effet grave sur votre organisme. »

Quitte à désobéir aux ordres de Tolstoï, autant le faire jusqu’au bout. Rin libère le pokémon qu’elle a « emprunté » à la team, un petit Tarsal rose qui semble tout heureux d’être là. Aussi candide que Rin, il s’inquiète un peu de voir lea Monsieur-Madame tanguer comme si iel était sur un bateau. Et quand il tombe, Rin se précipite pour la rattraper dans sa chute. Le visage de Yuri trahit la terreur et l’incompréhension, Rin réalise que ses explications n’ont peut-être pas été assez claires.

« Pas d’inquiétude, voyons. C’est une simple concoction de venin de Viskuse que vous venez d’ingérer, rien de mortel. Je ne vous veux aucun mal, vraiment. Détendez-vous, ce ne sera pas long. »

Murmure-t-elle en caressant doucement la joue de lea champion, comme si iel était un gamin s’étant cogné le genoux en tombant. Rin se contente de tourner la tête et de faire un signe au petit Tarsal qui use rapidement de Téléport, sans aucun témoin gênant pour arrêter cet enlèvement. Quelle idée, aussi, de rester si tard dans son arène…

Le nouveau décor ne doit pas être fait pour rassurer la championne d’Okæn, une cave anonyme, un endroit inconnu, des outils de médecine comme de torture un peu partout dans la pièce. Oh, vraiment, iel doit être terrifié. Mais Rin est persuadée que ses mots ont suffit pour l’apaiser, c’est sans difficulté qu’elle lève ce corps sans force pour le placer sur la table d’opération. Tout a été aseptisé sur son ordre auparavant, l’endroit est moins insalubre qu’il n’en a l’air. Rin s’en voudrait si Potiomkine venait à souffrir d’une infection de par son manque de professionnalisme.

« Je vais effectuer quelques prélèvements basiques pour commencer. » Murmure-t-elle doucement en caressant les cheveux de son cobaye, tout comme sa mère caressait les siens quand elle pleurait à chaude larmes. « Continuez comme ça, vous êtes très courageuse. »

Rin s’occupe tranquillement de ses instruments, prépare les cotons imbibés de désinfectants et s’apprête à procéder à la prise de sang quand elle entends la voix faible du championne. La jeune femme fronce les sourcils avant qu’un sourire doux ne vienne éclairer son visage, elle secoue doucement la tête et murmure de la voix la plus tendre qu’elle puisse faire.

« Je n’agis pas en leur nom, soyez rassuré. »

Sur ce, elle continue ce qu’elle était en train de faire : c’est-à-dire remplir quelques flacons de sang pour mener divers tests dessus avant de les étiqueter soigneusement pour les entreposer dans une glaciaire médicale. Pour la suite, elle parait légèrement gênée mais ce sentiment laisse bien vite place à son habituelle curiosité scientifique. Même si elle s’excuse d’avance.

« Pardonnez-moi, mon cher, je vais devoir effectuer des vérifications visuelles. Notamment votre épaule. Je vais devoir vous dénuder un peu mais ce sera rapide. »

Elle s’empresse aussitôt de mettre ses paroles en actes, Potiomkine se retrouve bientôt à moitié nue – sa ceinture de pokéballs est évidemment confisquée et bien mise à l’écart, dans le désintérêt le plus total de Rin si ce n’est que pour sa cicatrice à l’épaule qui la laisse interloquée. Après un bref silence, elle finit par afficher un air satisfait et cherche quelque chose dans ses outils chirurgicaux. Cela ne doit pas être évident pour la champion de voir un scalpel s’approcher de sa peau, mais une fois de plus, Rin tente de lea rassurer.

« Oh, vous ne sentirez rien. Et je n’ai besoin que d’un minuscule échantillon. »

S’appliquant à la tâche, la scientifique ne prête que peu d’attention à son cobaye mais finit par siffloter d’une voix franchement curieuse.

« Vous devriez être en état de parler normalement d’ici peu, Potiomkine. J’aurais quelques questions à vous poser. » Elle tourne la tête et siffle, une ombre surgit du coin de la pièce pour bondir sur son épaule, un Rattatac épie lea championne qu’il semble reconnaitre dans un sifflement hostile. « Tout doux, 003. Il s’agit d’une invitée de marque. »

Le Rattatac est calmé à coup de petites caresses sur le coin du museau, son hostilité se transforme en curiosité et il épie la jeune personne de ses yeux violacées d’un air indescriptible. Mais il est visiblement plus attiré par le morceau de viande de Tauros que lui donne la scientifique que par la chair fraiche du champion.

« Il semble que 003 vous reconnaisse malgré sa consommation excessive de tsvetok smerti, c’est une bonne chose. Et vous, vous souvenez-vous de lui ? »

Quelques échantillons sont encore récupérés avant que Rin ne range tout dans sa glacière et ne tire une chaise pour s’installer aux cotés de Potiomkine, toujours souriante, candide, comme si la situation n’était aucunement problématique et qu’il s’agissait d’une interview de star comme une autre.

« Vous devriez pouvoir vous exprimer librement à présent. » Murmure-t-elle. « Je souhaiterais que vous m’expliquiez en détail les symptômes ultérieurs et postérieurs à votre état second. Je sais que cela peut être difficile mais c’est une étape nécessaire au progrès de la science. Je n’ai jamais eu d’être humain ayant eu l’occasion de survivre à la tsvetok smerti sous la main, voyez-vous. Votre témoignage est donc des plus précieux. »

La scientifique penche la tête sur le coté aux éclats de voix de Potiomkine. Hum, elle aurait dû s’y attendre, même si elle avait tout fait jusque là pour que l’entente soit cordiale entre les deux partis. Mais le championne demeurait résolu à ne pas se montrer coopératif. N°003 vint donc feuler sur son épaule, montrant les griffes, prêt à attaquer. Si on ajoutait à cela le coté traumatique des choses, il aurait été aisé de faire parler Potiomkine par la force mais…

Non.

Rin ne pouvait cacher une certaine déception tout en tapotant tendrement la tête de son Rattatac pour le calmer un peu. Celui-ci poussa un petit couinement qui semblait vouloir dire « et maintenant ? », la scientifique réfléchit un moment aux paroles de lea champion.ne avant de se mettre à pouffer de rire. A y repenser, c’était ridicule.

« Je suis peut-être folle, oui. Enfin, je ne souffre pas de troubles mentaux assez graves pour me qualifier ainsi, je pense plutôt que vous parlez de mon manque de cette fameuse « éthique », n’est-ce pas ? »

Elle s’avance d’iel et le dévisage de prêt, ses prunelles noisettes brillantes sous les lampes de la table d’opération. Son sourire ne l’a pas quitté, elle essaye juste de se demander ce qu’il se passe sous cette petite caboche pour ne pas fonctionner correctement et choisir la facilité plutôt que de s’exposer au danger pour rien.

« Je ne me cacherais pas derrière une cause noble. Le progrès de la science n’en est pas une, c’est un chemin taché de sang. Je souffres sans doute d’une curiosité morbide en quelque sortes, je la mets juste au service de la postérité. »

Elle se lève finalement, tranquillement, préparant un second set de seringues. Elle ne perds pas son temps pour administrer le premier à sa victime terrifiée, ne prenant cette fois pas la peine de lui expliquer de quoi il s’agit. Ce n’est pourtant rien d’autre de plus que la solution qui l’immobilise actuellement sur cette maudite table d’opération. Mais à voir le contenu violacé de la deuxième seringue, Potiomkine doit froler la crise cardiaque.

« On la reconnait à l’odeur, pas vrai ? Il est facile d’y succomber rien qu’en la respirant mais avoir cette solution dopante directement dans l’organisme est autre chose. » Elle soupire et croise les bras comme une maman en colère face à son enfant refusant de prendre son médicament. « Il va falloir faire un choix, Potiomkine, me faire votre petit compte-rendu ou bien vivre à nouveau les effets de la tsvetok smerti pour voir ses effets sur vous en direct. Personnellement, les deux me conviennent parfaitement. »

Ceci dit, si Yuri mettait trop de temps à faire son choix, l’injection de tsvetok smerti serait vite faite et les effets détaillés précieusement dans un carnet d’observation. Les observations qu’elle a faite sur Yuri sont déjà très enrichissantes, il lui tarde de passer à la suite des évènements.

En fait, elle espérerait presque pouvoir voir de son propre œil encore valide l’effet de sa douce drogue sur lea championne.

Potiomkine se décide à être raisonnable, ça en serait presque décevant. De plus, il n’apporte pas beaucoup d’informations véritablement utiles, la scientifique a dû formuler sa question de façon trop vague. Elle secoue doucement la tête, toujours souriante pour montrer qu’elle n’est pas en colère malgré ses paroles un peu réprobatrices.

« Votre compte-rendu manque cruellement de détails. Avez-vous ressenti autre chose que des pulsions violentes ? Une confiance en vous inhabituelle, par exemple. Ou bien un état d’alerte constant. » Son regard se prends dans le vide un instant, soucieuse. « A moins que vous ayez perdu conscience avant cet enchainement d’effets secondaires. »

Rin parait réellement soucieuse, sans rien dire, elle s’éloigne de Yuri et prépare rapidement un échantillon de sang à étudier au microscope. Après une longue observation, elle finit par rendre son verdict.

« Ceci est étrange, la drogue est toujours présente dans votre organisme. Vous devriez présenter ce genre de symptôme, même si la drogue avec laquelle vous avez été affecté était frelatée. Dans tous les cas, la tsvetok smerti a eut le temps de faire une part de son travail. » Elle tourne la tête vers lea champion, toujours aussi candide. « Votre blessure a cicatrisé en si peu de temps, cela ne peut pas être dû au repos ou a la chance. Ma petite création a fais ses effets, l’organisme a accéléré la cicatrisation. C’est tout bonnement incroyable. »

C’était en effet incroyable de son point de vue qu’une drogue de si piètre qualité ai pu avoir cet effet tout de même. Que donnerait la tsvetok smerti a son plein potentiel ? Serait-elle capable d’aider Monsieur Tolstoï, rongé par un mal étrange auquel elle essayait de remédier depuis des années en vain ? Enfin, il ne fallait pas qu’elle se limite à elle-même, combien de pokémons et d’humains pouvaient être aidés par cette drogue si elle était administrée à juste dose ? La jeune femme avait l’air sincèrement heureuse et finit par se tourner vers son cobaye, se sentant obligée de partager sa joie et son enthousiasme.

« Tout ceci est fascinant, n’est-ce pas ? Je n’ose imaginer ce que cette drogue pourrait donner à son plein potentiel... Oh, j’ai encore tellement de travail ! Bientôt, ils ne pourrons plus s’en servir comme une simple drogue de combat et il n’y aura plus de cas comme vous ou comme ces Rattata anthropophages. »

Elle se permit même une petite étreinte avec N°003 qui, ignorant le pourquoi du comment de ce câlin, se contenta de l’accepter sans rien dire. Sans doute que lui aussi pourrait être soigné par une tsvetok smerti à son plein potentiel. Le seul problème était la composante même de cette dernière, visiblement, Potiomkine et N°003 avaient été affectés par la variante N75, une variante à base de venin de Nidoking, rapidement abandonnée par Nebulak en raison de son coté incontrôlable et trop violent.

Après tout, à quoi servirait des soldats « parfaits » s’entredévorant avant même d’entrer sur le champ de bataille ? Non, il était évident que le seul usage de cette variante serait de servir de drogue de combat pour la team Stal et pour les gugusses avides de spectacles sanglants. Monsieur Tolstoï ne voulait pas qu’elle en vienne là ? Fort bien, qu’il interdisse l’usage de la tsvetok smerti à ses sbires de bas étage, alors !

Enfin, il était temps de remercier la championne pour tous ses services rendus. Rin rangea rapidement la seringue avec laquelle elle avait "menacé" Potiomkine pour en sortir une aux teintes plus sombres mais avec la même odeur florale.

« Je vais vous injecter une variante plus appropriée… Oh, s’il-vous-plaît, ne faites pas cette tête, ce sera à faible dose et le seul sentiment que vous aurez sera celui d’apaisement et une grande envie de dormir. La base est une simple toxine issue du gaz d’un Fantominus, vous allez avoir l’honneur de gouter à la tsvetok smerti originale. »

Même si Potiomkine aurait voulu se débattre ou même en foutre une à son bourreau, il n’aurait pas pu. La jeune femme ne pensait même pas à lui faire du mal en réalité, elle pensait même « rendre service », achever de guérir cette mauvaise plaie à l’épaule de lea championne. C’est donc avec une précaution et une tendresse toute particulière qu’elle injecta la drogue couleur indigo sombre dans le creux du coude, massant doucement la peau pour bien répandre la substance dans l’organisme après coup.

La variante originale avait pour particularité de désinhiber totalement les paroles du sujet, Rin se demandait ce que cela allait donner. Des insultes de la part de Potiomkine, un racontage de vie interminable ou bien, comme elle l’espérait, une description détaillée des effets de la drogue sur sa psyché ? Une chose était sûre, iel se sentirait sans doute partir, peut-être mourir, sans ressentir la moindre crainte à ce propos.

L’effet des toxines issues d’un spectre pouvait s’avérer véritablement fascinant, bien que d’autres, plus « sains d’esprit » l’auraient sans doute qualifié de glauque.

« Laissez-vous aller. » Souffla doucement Rin. « Laissez vos paroles couler et abandonnez-vous au sommeil. Quand vous vous réveillerez, tous ça ne sera plus qu’un mauvais cauchemars… »

Rin observe sans rien dire lea championne revivre en boucle ses traumatismes d’enfance, pas vraiment concernée. Elle la rhabille juste consciencieusement, reboucle sa ceinture de pokéballs, désinfecte ce qui doit être désinfecté et finit par jeter un dernier coup d’œil à Potiomkine, soupirant d’un air désolé.

« Votre mère n’était peut-être pas fière de vous, mais moi je le suis, Potiomkine, réellement… » Elle s’approche, les yeux du champion sont déjà perdus dans le vide, iel doit sombrer dans l’inconscience. « Oui, vous êtes mon plus beau cobaye, vraiment. »

Elle attends encore quelques minutes, le temps que Potiomkine sombre vraiment dans le sommeil le plus profond. Elle se demande soudain si iel se souviendra d’elle, ce serait dommage d’oublier… Ou peut-être mieux comme ça. Rin sait qu’elle n’est pas faite comme les autres et que ses raisonnements sont souvent « bancales » pour les autres, surtout en ce qui concerne l’empathie. Elle a pourtant fait de son mieux pour en faire preuve auprès de son cobaye mais non, rien.

Artyom a sans-doute raison, la communication avec les pokémons doit être plus aisé car N°003, semblant remarquer son amertume, vient lui donner un petit coup de boule affectueux. Elle le remercie en lui donnant un petit bout de viande de Tauros avant de se tourner vers le Tarsal rose emprunté à la team. Elle lui fait signe d’approcher avant de soulever doucement lea champion d’Okæn, il est temps de rentrer à l’arène pour reposer ce colis un peu trop compromettant là où elle la trouver. Téléport permets de se retrouver exactement là où tout à commencer, la boisson droguée est toujours sur la table, maintenant froide.

Yuri se retrouve allongé avec précaution sur l’une des banquettes du coin « pause-café » avant de se retrouver recouvrir d’un petit châle pour lea protéger du froid. Pour sa part, Rin se contente d’effacer toutes traces de sa présence, seul ce châle d’origine inconnu restera. Tant pis, ce n’est même pas le sien. Un dernier coup d’œil bienveillant vers Yuri et un doux sourire, elle ne lui sera jamais assez reconnaissante pour ce qu’iel a apporté à la science.

Et c’est sans un bruit qu’elle sort de l’arène et se confronte au froid extérieur, frissonnant un peu. Un petit coup d’œil vers le Tarsal rose… Elle peut le considérer comme une part de son équipe maintenant, non ?

« Allons, 005, rentrons à la maison… »

Et Rin disparait, comme si elle n’avait jamais été là. Comme si tout ça n’avait été qu’un vilain cauchemars de Yuri Potiomkine…